Rapport Malivel

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Ce projet est celui d'une boutique des sciences où la société civile puisse questionner sa "recherche citoyenne", tant - selon l'évaluation des Académies des Sciences - "hors murs" que "participative", dans son souci d'une augmentation multi-cohérente de sa sapîence [1] humanumérique et éthitechnique commune de la multitude des "sapiens plus machina", et son application à l'étude de la capacitation technosociétale personnelle de chacun.
  1. Cette exploration réclame une extension terminologique introduite à son Glossaire.



Rapport en cours de formatage.























































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Rapport de stage

présenté pour l'obtention du diplôme ingénieur SAADS

Option DAAS

La Boutique des Sciences en Occitanie

Un dispositif de recherche par et pour la société civile

par Antoine Malivel

Mémoire préparé sous la direction de Pascale Moity-Maïzi

Maitre de stage : Robert Ali Brac de la Perrière

Année de soutenance : 2017

Organisme d'accueil :

Ce rapport rend compte du stage de deux mois que j’ai réalisé dans le cadre de ma deuxième année

d’école d’ingénieur SAADS. J’y détaille le contexte de la recherche collaborative et l’historique du projet

d’une Boutique des Sciences en Occitanie, porté par l’association BEDE. J’y précise ensuite comment

l’enquête dite « de préfiguration  » puis les ateliers de présentation ont été menés auprès des différents

acteurs concernés. Je rends ensuite compte des résultats obtenus par cette enquête, ainsi que des

échanges ayant eu lieu pendant les ateliers de présentations, en les analysants. Pour finir, j’ouvre sur

le déroulement prévu des ateliers de co-construction de la structure entre les acteurs intéressés, et les

perspectives d’évolution de ce dispositif.

Une Boutique des Sciences

C’est un dispositif non-lucratif de recherche collaborative, qui permet aux associations, éventuels

groupements d'agriculteurs, ou autres collectifs citoyens de s'adresser à des chercheurs pour identifier

ensemble des réponses à leurs questionnements. De ces demandes citoyennes découlent des projets

co-construits entre la société civile et le monde de la recherche. (BEDE 2017)

C’est donc un support de recherches indépendant et participatif, permettant de répondre aux

préoccupations de la société civile. Le terme «  Boutique  », assez marchand, est le résultat d'une

regrettable traduction de l'anglais « Shop  », qui pourrait aussi se traduire par « Atelier  », ou encore

«  Fabrique  ». De telles structures existent déjà à Lyon, Lille, et ailleurs en Europe et dans le monde. Une

description plus complète de leur fonctionnement général et du rôle des différents acteurs est détaillée

en annexe, dans le «  Livret de présentation  ».

L’association BEDE

L’association «  Biodiversité, Echanges et Diffusion d’Expériences  » (bede-asso.org) est une association

de solidarité internationale créée en 1994. Elle a depuis son origine pris en charge des questions de

préservation de la biodiversité cultivée, de promotion des savoirs et des agricultures paysannes pour

une gestion respectueuse du vivant. Dans cette optique, BEDE est donc aussi une des associations qui

a fondé en 2003 le Réseau Semences Paysannes (semencespaysannes.org), lequel comprend 23

associations membres en Occitanie, qui militent pour la promotion et la défense de la biodiversité

cultivée et des savoir-faire associés.

Le projet de Boutique des Sciences porté par cette association est conçu comme un prolongement des

«  laboratoires hors murs  », qu’elle a initiés et animés avec différentes unités de recherche entre 2013

et 2015 dans le cadre du projet de recherche-action OUTDOORS financé par Agropolis Fondation. Ces

laboratoires ont permis de co-définir entre chercheurs et paysans des programmes de recherche

adaptés aux besoins d’associations paysannes en Algérie, au Bénin et en France, mais ont également

mis en évidence des manques de lieux d’échanges et de financements durables pour leur

pérennisation. C’est pour répondre à ces problèmes que l’association BEDE a proposé de mettre en

place, avec tous les acteurs intéressés en Occitanie, une Boutique des Sciences qui s’intéresserait

principalement aux thématiques de l’agriculture, de la biodiversité et de l’alimentation.

Je tiens également à remercier Glen Millot, de l’association Sciences Citoyennes

(sciencescitoyennes.org) qui a aussi participé à la correction de ce rapport et m’a permis de mieux

comprendre ce milieu compliqué qu’est la recherche militante. Merci aussi à Mathieu Thomas, dont le

point de vue détaillé m’a aidé à parfaire ce mémoire, et à l’équipe de BEDE : Christine, Carole et Audrey

qui m’ont joyeusement accueilli aux bureaux de cette petite mais très dynamique association. Et merci

évidemment à Pascale et à Bob, qui m’ont suivi et encadré avec attention pendant ces deux mois !

Liste des acronymes  :

ALLISS  : ALLiance Sciences-Société (alliss.org) est une association partenaire de la MSH-SUD qui

cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs sociaux et acteurs économiques et à

produire des recommandations pour les puissances publiques basées sur ces expériences de

coopération.

BdS  : Boutique des Sciences

OSC  : Organisations de la Société Civile (à but non-lucratif) : syndicats, collectifs, associations, ONG,

collectifs d'habitants, ainsi que les mouvements et organisations qui de manière libre et distanciée à

l’égard du marché et des institutions, développent une lecture critique de la société et se mobilisent

pour la transformer.

CSTI  : Culture Scientifique Technique et Industrielle. Les CCSTI sont ainsi les Centres de Culture

Scientifique Technique et Industrielle

COMUE  : Communauté d'Universités et Établissements, présent dans les différentes régions.

MSH-SUD  : Maison des Sciences de l’Homme, Sciences Unies pour un autre Développement

(mshsud.org), est une fédération de recherche, membre de la COMUE du Languedoc-Roussillon. Elle

regroupe notamment l'INSHS (Institut national des sciences humaines et sociales), les Universités de

Montpellier (UM et UPVM3), l’IRD (Institut pour la Recherche et le Développement),

Montpellier SupAgro et beaucoup d’autres établissements de recherche. Cet organisme entend

favoriser et accompagner des dynamiques porteuses de propositions alternatives et innovantes au sein

du monde universitaire. Il est ainsi ouvert aux chercheurs de toutes les disciplines.

I] Contexte d’une recherche en lien avec la société en Europe, en France

et en Occitanie.

Les projets de recherche qui cherchent à se mettre en lien direct avec la société sont de plus en plus

fréquents dans le monde scientifique et suivent des méthodologies multiples, fondées sur des

conceptions différentes des interactions sciences-société. Pour simplifier les débats sur ces différents

types de recherches, nous détaillerons dans cette introduction la vision de la recherche en partant du

point de vue de l’association BEDE, qui regroupe les différents types de projets autour de trois formes

principales  :

- Les projets de « sciences participatives », qui renvoient plutôt à l’idée d’une aide apportée par

des citoyens à la science (amateurs volontaires, amateurs éclairés, spécialistes à la retraite,

etc.). Les citoyens volontaires peuvent ainsi – en respectant un protocole préparé ou validé par

des scientifiques - effectuer des observations, des mesures, des échantillonnages ou

comptages et transmettre ces données (brutes ou pré-traitées) afin qu’elles soient traitées et

analysées par les scientifiques (source). Ces projets sont alors définis comme relevant d’une

science participative et non de recherche participative, car les citoyens ne sont impliqués dans

le processus qu’au niveau de la collecte de données scientifiques et non dans la réflexion sur

l’objectif de la recherche.

- Les projets de recherche conventionnelle, qui sont des projets dans lesquels les chercheurs

déclarent de plus en plus souvent prendre en compte le point de vue des acteurs, en

développant des formes de participation des acteurs à certaines étapes de la recherche. Ils ne

mettent cependant pas en pratique les méthodes pour co-concevoir ou travailler ensemble aux

questions de recherche elles-mêmes, qui restent définies par des chercheurs sans réflexion en

lien avec les praticiens. Ces recherches aboutissent ainsi à des publications scientifiques qui ne

sont que rarement restituées aux acteurs du terrain et qui ne répondent pas forcément à leurs

attentes. Les citoyens et leurs interactions avec leur milieu y sont souvent les objets d’étude, à

la différence des projets de sciences participatives qui font davantage intervenir le citoyen

comme un « technicien  », par exemple pour des comptages d’insectes par des entomologistes

amateurs. Sont emblématiques de ce type de projet les diagnostics de type MARP  : Méthode

Accélérée de Recherche Participative. Le problème que les chercheurs se proposent d’étudier

est abordé à travers un diagnostic déjà orienté, étudiant par exemple les causes des limitations

de rendements à partir d’indicateurs produits par des scientifiques et sans être ouverts aux

autres indicateurs ou problèmes des agriculteurs.

- Les projets de recherche « coopérative  » ou « collaborative  » plébiscités par BEDE et ses

partenaires, prennent en compte tous les points de vues et compétences  : la définition du

problème (définition des hypothèses de recherche, méthodologie) est précisée entre tous les

acteurs au cours d’échanges. Parfois initiées par la société civile, ces recherches exigent que

les chercheurs travaillent en lien étroit avec les acteurs, parfois considérés comme co-

chercheurs, ou désignés par le terme de « tiers-secteur scientifique  ». Dans ce type de

recherche l’évaluation de l’impact de la recherche est également un aspect important (quoique

pas systématique), car en lien avec une réflexion sur le rôle de la science. L’utilisation et la

construction d’un langage commun entre tous les acteurs (et non la « vulgarisation  ») est

particulièrement important pour mener à bien ce type de recherche. Les produits de ces

recherches sont en général objets de publications validées ou co-signées par les différents

partenaires.

Les trois grands types de recherche ainsi définis sont relativement caricaturaux dans la mesure au

moins où les définitions même de la participation ne sont pas communément admises, non stabilisées,

renvoient à des écoles de pensée différentes, etc… Ainsi par exemple, la différence entre « science

participative  » et « recherche participative  » telle que retenue ici n’est pas utilisée de la même façon

par tous. Il s’agit ici de donner simplement un cadre de référence du contexte d’émergence d’une

Boutique des Sciences, à partir du point de vue de l’association BEDE et de ses principaux partenaires

scientifiques.

Lipinski et Larqué, membres de l’association ALLISS, distinguent d’une façon un peu similaire trois types

de liens sciences-société  : sciences participatives, collaboratives ou citoyennes, selon que le

programme de recherche et la création de connaissance sont pilotés par le chercheur, par les deux

bords, ou par l’association citoyenne.

1) Les Boutiques des Sciences en Europe

Le modèle des Boutiques des Sciences (BdS) est historiquement une des premières initiatives ayant eu

pour objectif de rapprocher la recherche scientifique de la société civile. Aujourd’hui environ une

centaine de BdS sont en activité dans environ 27 pays du monde, principalement en Europe.

Les Boutiques des Sciences sont apparues en 1973 aux Pays-Bas, portées par des syndicats d'étudiants

en chimie et des enseignants, avec pour objectif de faire remonter les questions des citoyens sur les

conséquences possibles des découvertes scientifiques, dans un contexte de financiarisation de la

recherche déjà fortement critiqué . Ce modèle a ensuite essaimé en Europe au sein des universités, et

la France comptait ainsi en 1980 seize boutiques de sciences, regroupées au sein de la «  Fédération

Nationale des Boutiques de Sciences et Assimilés  », aujourd’hui disparue.

Dans les années 90-2000, ces structures ont rencontré des difficultés. En France, leur disparition a été

le fait d’une réorientation des financements de l’Etat vers des dispositifs de «  culture scientifique,

technique et industrielle» (CSTI, cf p.11). Elles n’ont cependant pas disparu aux Pays-Bas, qui comptent

aujourd’hui 40 BdS, lesquelles mènent chaque année plusieurs milliers de programmes de recherches,

autour de thématiques liées aux problèmes environnementaux, à la santé, à l’éducation, aux conditions

de travail, au droit, à la demande de services sociaux, autour du développement des communes, des

problèmes du tiers monde etc…

Le réseau «  Living Knowledge  »

Depuis les années 2000 et suite à de nombreux projets sous financements européens, une réapparition

des boutiques des sciences a pu être observée dans les pays où elles avaient disparu. Ces structures,

restées assez marginales et ayant souvent risqué la fermeture faute de reconnaissance et de

financements stables, semblent actuellement être dans une nouvelle dynamique. La création en 2005

du réseau «  Living Knowledge  », financé par l'Union Européenne, a permis la mise en relation des

1 « Enquête: l’«Alliance Sciences-Société» et ses mystifications  », 2013. scienceetcitoyens.word-

press.com/2013/05/12/enquete-lalliance-science-et-societe-et-ses-mystifications/ Article critiquant par ailleurs

durement l’association ALLISS, et de façon générale toute tentative de « science citoyenne  »

2 livingknowledge.org

différentes Boutiques des Sciences européennes. Preuve de l’intérêt de l’Europe pour ces dispositifs,

différents programmes ont financé des initiatives de Boutiques de Sciences de façon quasi

ininterrompue, avec une vision de long terme (s’étalant jusqu’en 2021). Il faut cependant souligner que

les aides européennes n’ont pas vocation à financer de façon durable les BdS, mais les aident à

démarrer avant qu’elles trouvent des financements locaux. L’implantation durable des BdS dans les

territoires est ainsi dépendante du contexte politique et institutionnel local, c’est pourquoi l’avenir de

ces structures reste encore incertain.

En Europe le réseau «  living knowledge  » est fortement soutenu depuis ses débuts par des

financements européens, d’abord pour produire une réflexion et une formalisation des BdS (sans

chercher forcément à les standardiser), ensuite pour préciser les lignes directrices des futures

politiques de financements de ce type de dispositif.

L'économie européenne de la connaissance

Le réseau «  Living Knowledge  » est ainsi financé au niveau européen car les BdS sont considérées

comme des dispositifs relevant de «  l'économie de la connaissance  », autour de laquelle le Conseil

Européen de Lisbonne a décidé d'axer la politique économique de l'Europe en 2000.

La théorisation de l'économie de la connaissance, ou capitalisme cognitif, découle de l'importance

grandissante de la connaissance et de la technologie dans les économies modernes. Cette théorie pose

ainsi le savoir comme un moteur de productivité et de croissance économique, et cherche entre autre

à créer un marché de la connaissance dans lequel toutes les connaissances sont brevetables. Ces

brevets correspondent ainsi à des «  parts du marché de la connaissance  », qui permettent le profit des

entreprises industrielles qui en possèdent la propriété exclusive.

Des critiques font cependant remarquer qu'il s'agit d'une aliénation de ce bien commun qu'était

jusqu'alors la connaissance . D'autres critiques portent également sur le fait de transformer l'école, la

connaissance, la culture et les relations sociales en moyens au service de la croissance de l'économie  ;

ou encore sur le fait que la croissance prétendument infinie de cette « économie de la connaissance»

reste limitée par les ressources matérielles finies .

Le soutient de l’UE aux BdS est donc « à double tranchant  »  : sa logique de fond sert avant tout les

intérêts des industries, de la croissance économique, à travers notamment la « valorisation  » par des

brevets, des connaissances et innovations co-produites entre chercheurs et acteurs non scientifiques.

Mais en retour ces soutiens européens ne conditionnent pas les dotations financières à certaines

méthodologies ou à certains résultats (nombre de brevets attendus par exemple) que devraient

développer les BdS.

Ils constituent donc des instruments que certaines universités et/ou associations peuvent mobiliser

librement pour d’une part développer leurs propres conceptions des enjeux et des processus de co-

production de savoirs ou d’innovations, d’autre part défendre à travers eux des transformations des

3 Geneviève Azam, « Les droits de propriété sur le vivant », revue Développement durable et territoires, 2008.

developpementdurable.revues.org/5443

4 Eric Martin, « Qu’est-ce que l’économie du savoir ?  », 2012. iris-re-

cherche.qc.ca/blogue/qu%25e2%2580%2599est-ce-que-l%25e2%2580%2599economie-du-savoir

5 Jean-Marc Jancovici, «  La dématérialisation de l’économie : mythe ou réalité ?  », présentation devant l’assem-

blée nationale, 2007. assemblee-nationale.fr/13/cr-grenelle/jancovici-complts.pdf

Sur la société de la connaissance voir oecd.org/fr/sti/sci-tech/leconomiefondeesurlesavoir.htm, sur la vision de

la société de la connaissance par l'OCDE, et mots.revues.org/14263, une analyse critique de la vision

européenne de la société de connaissance

relations Science-société et des alternatives aux modèles industriels et capitalistes (de l’agriculture, de

la santé, etc). C’est dans cette « brèche ouverte  » que s’insèrent les projets de BdS portés par certains

collectifs en France et notamment celui de BEDE.

2) Les Boutiques des Sciences en France

En France, le renouveau des BdS s’est concrétisé par la courte mais significative expérience de la BdS

de Cachan en 2005, qui a précédé l’apparition de celles de Grenoble en 2011, Lyon en 2013 et Lille en

2015. Les boutiques existantes se sont rassemblées en 2015 dans un réseau francophone à l’intérieur

du réseau européen.

Je m’attacherai principalement ici à décrire la création, le mode d’hébergement et les sources de

financements des différentes BdS françaises, leur fonctionnement sera détaillé plus en avant dans la

synthèse des exposés de l’atelier de présentation (cf p.19).

Les Boutiques des Sciences précurseurs

Le renouveau des Boutiques des Sciences française a eu lieu en 2005, avec la naissance de la boutique

de Cachan. Cette boutique, à l’initiative d’étudiants, a ainsi permis de développer 2 études

bibliographiques (sur l’évolution de la biodiversité des blés et les outils de détections des plantes OGM).

D’autres demandes de la société civile ont été formulées mais faute de renouvellement des étudiants

porteurs et d’une absence de reconnaissance par l’administration cette boutique est à l’arrêt depuis

2008.

«  l’Echop’à Sciences  » de Grenoble en 2011, basée sur un fonctionnement et des financements

associatifs, peut également être considérée comme une des BdS précurseur. Le projet, porté par des

chercheurs impliqués dans la vie associative, ne correspondait cependant pas à la politique de

l'université de Grenoble. Il leur a ainsi été impossible de pérenniser l'activité de la boutique, qui s’est

arrêtée en 2013 malgré un engagement important des membres.

La boutique des Sciences de Lyon

Fortement soutenue par les financements de différents projets européens, une étude de

préfiguration de deux ans (2010-2011) à l’initiative du directeur de la COMUE financée par le projet

européen PERARES, a permis de préciser les chercheurs et associations intéressées et de faire

connaitre le projet de BdS-Lyon, puis de co-construire un premier projet pilote de recherche de 18

mois, sur les problèmes de pollution d'un cours d'eau à côté d'un jardin ouvrier, à la demande de et

en partenariat avec des associations de jardiniers et d’environnementalistes. Ce projet a également

été appuyé par la région et a permis de poser des bases de fonctionnement, d’identifier de bonnes

pratiques et des points de vigilance pour le dispositif ainsi créé.

En termes de budget le PALSE (Programme d'Avenir Lyon St Etienne) a financé le lancement de cette

BDS. Le dispositif est par ailleurs inscrit dans le projet d’IDEX (Initiatives D’EXcellence, projet faisant

partie du programme de financement national dit « investissements d’avenir  »), lauréat en mai 2017,

ce qui garantit son financement pour encore au moins 4 ans et donc une certaine pérennité.

La Boutiques des Sciences de Lyon est ainsi fortement intégrée dans la COMUE, (structure issue du

regroupement des universités de Lyon et de St-Etienne), hébergée au sein du Service « culture,

sciences et société » de l’université, d’où des financements stables et conséquents, ainsi qu’une

visibilité et une garantie pour les appels à projets.

6 Rapport d’activité 2014 de l’association grenobloise Adreca-Contrevent  : adrecacontrevent.files.word-

press.com/2015/02/adreca-contrevent-rapport-dactivitc3a9-2014.pdf. Ce document détaille la position de l’or-

ganisation qui est implantée dans l’associatif et accompagne les projets de recherche-action, mais abandonne la

structure de BdS tout en gardant un objectif de devenir «une forme de laboratoire ou de centre de recherche-

action, à base communautaire  ».

La boutique des sciences de Lille  :

La Boutique des Sciences de Lille fonctionne depuis 2015. Elle s’est constituée à l’initiative de 6

chercheurs issus de disciplines différentes, à la suite de la constitution en 2012 d’un groupement

temporaire de recherche « CiTé  », qui visait à favoriser les interactions sciences-société. Le comité de

pilotage, qui a porté l’enquête de préfiguration à la suite de la proposition de ce groupement de

recherche, était constitué de chercheurs en sociologie et en physique, d’un ingénieur de recherche en

physique, de deux étudiants, et d’un membre d’une association.

Cette préfiguration, commencée en octobre 2013, a été financée par la Région et par la communauté

urbaine de Lille, elle a duré un peu plus d’un an.

La préfiguration et la création de cette Boutique se sont ainsi faites en trois temps  :

Une première phase de bibliographie et d’enquête sur d’autres BdS, a permis de mettre en évidence

un intérêt fort des chercheurs et des étudiants pour un renouveau des méthodes de recherche.

Une seconde phase de diffusion des résultats de l’enquête a permis d’informer puis d’affiner les

attentes des différents groupes d’acteurs à travers des ateliers de réflexions restitués en plénière (50

participants). Cette phase a également permis d’identifier 20 personnes particulièrement motivées

pour participer à la phase de «  l’atelier scénario  ».

La troisième phase a donc été consacrée à la réalisation de cet atelier scénario, en deux sessions

réparties sur deux soirées de réflexion approfondie sur le dispositif. Ces deux sessions ont eu lieu de

18h-21h afin de s’adapter aux contraintes des participants, et un buffet était également offert. Suite

aux discussions, il a été décidé (et possible) de faire héberger cette BdS au sein de la COMUE de Lille.

Elle dispose de locaux mis à disposition par un organisme équivalent à la MSH de Montpellier, qui fait

ainsi partie de la COMUE. Elle a menée 2 projets pilotes en 2015-2016, et deux autres en cours pour

2016-2017. Suite à une alternance politique, une partie des financements a été supprimée. Cette

réduction du budget a donc mis en veille le fonctionnement de la BdS, un demi-salaire est toujours

assuré, mais la possibilité de financer les projets de recherches sur des fonds propres a disparue. Des

projets de recherche sont ainsi en attente de financements.

3) Les autres dispositifs de recherches collaboratives académique en France

Les boutiques des Sciences ne sont pas les seuls dispositifs qui veulent rapprocher le monde de la

recherche et la société civile. Nous détaillerons ici quelques-uns des dispositifs de financement passés

ou présent au sein des territoires français, et nous expliciterons les différences qui existent entre les

BdS et ces autres « tiers-lieux scientifiques  » tels que les fab-labs ou living-labs.

Les bourses de financement à destination du Tiers-secteur scientifique

«  Le Tiers-Secteur Scientifique est constitué d’initiatives de la société civile dans lesquelles des citoyens

lambda, des militants associatifs ou syndicaux, des usagers et des praticiens construisent

collectivement des connaissances qui leur sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs citoyens. Il

comporte cependant une grande diversité de structures, d’objectifs, de moyens et de pratiques.  »

Les appels à projets régionaux :

En Ile-de-France le Conseil régional a porté les PICRI (Partenariats Institutions-Citoyens pour la

Recherche et l’Innovation), entre 2005 et 2015. Ils développaient des projets assez proches de ceux

7 Définition 2012 du tiers secteur scientifique par Glen Millot de l’association Sciences Citoyennes  : sciencesci-

toyennes.org/le-tiers-secteur-scientifique-exemple-des-boutiques-de-sciences/

Sur le même sujet voir  : sociologies.revues.org/5207#ftn8, basé sur l’étude des ASOSC en Bretagne

portés par les BdS, avec cependant une orientation forte vers les doctorants et post-doctorants et des

budgets à compléter avec d’autres sources de financements, souvent sans mise à disposition

d’animateurs salariés pour faire le lien entre société civile et chercheurs. Dans le Nord-Pas de

Calais c’est un « programme Chercheurs Citoyens  » assez proche d’un PICRI qui a été mené par le

Conseil régional entre 2010 et 2016, mais qui n’a apparemment pas été renouvelé en 2017 pour des

raisons inconnues.

En Bretagne le «  programme de recherche pour l’Appropriation SOCiale des Sciences  » (ASOCS) porté

par le Conseil Régional a été créé en 2008, et a été en lien en 2011 et 2012 avec la tentative de création

du «  PERISCOPE  »  : Plateforme d'Échanges et de Recherches Interdisciplinaires entre Science et Société

Civile Organisée pour le Pilotage et l'élaboration de l'Expertise. Les dernières nouvelles en ligne de ce

programme de recherche datent de 2014.

En Auvergne, le Pôle «  Recherche, Enseignement supérieur et Innovation  » du Conseil régional a lancé

en 2012 un appel à projets grâce auquel deux projets ont été financés pour les années 2013 -2014. En

2017 il ne semble pas que ce type d’appel à projet à destination des associations existe encore.10

Les Conseils régionaux ont en fait initié et expérimenté des formes de financements à destination de

partenariats entre société civile et monde de la recherche, mais ces financements sont instables, et il

n’en existe actuellement plus. Malgré un investissement initial11, il semblerait que l’effet de mode soit

retombé.

Les PSDR (Pour et Sur le Développement Régional)

Ce sont des projets de recherches portés par l’INRA et les Régions, issus d’une dynamique continue

depuis 1993. Visant le développement territorial de l’agriculture, de l’agro-alimentaire ainsi que

l’aménagement de l’espace et autres dynamiques rurales, les recherches sous label PSDR (5AO conjoint

INRA/Région) sont pluri ou inter disciplinaires, impliquant des chercheurs des Sciences Humaines et

Sociales autant que des Sciences biotechniques aux côtés d’acteurs de la société civile liés au monde

agricole. L’accent est ainsi mis sur les relations entre partenaires scientifiques et de terrain dans la co-

construction de recherches en lien avec le réel.12

Il s’agit néanmoins d’un dispositif national essentiellement piloté par les centres INRA, puis décliné par

régions, chacune imposant par ailleurs ses normes spécifiques de gestion et de partenariat. Des conflits

institutionnels dont je n’ai pas réussi à saisir la nature ont cependant mis fin aux programmes PSDR en

Languedoc Roussillon.

Les bourses CIFRE : Conventions Industrielles de Formation par la REcherche

Ce sont certainement les dispositifs qui aboutissent au plus grand nombre de projets parmi ceux qui

ont été présenté ici. Initialement destinés aux entreprises, ce sont des subventions qui financent

environ la moitié du coût d’embauche d’un doctorant, pour des projets de recherche de trois ans

mettant en lien l’entreprise, un laboratoire de recherche et le doctorant autour d’un projet de

recherche objet de sa thèse défini par l’entreprise. Ces bourses permettent donc des collaborations de

8 mediations-sciences-societe.weebly.com/1/post/2011/04/lancement-de-priscope-avec-linstitut-universitaire-

europen-de-la-mer-iuem.html

9 alainpenven.blogspot.fr/2014/05/la-recherche-partenariale-et.html

10 Une recherche sur le site des appels à projets de la région ne renvoyant rien de concluant  :

auvergnerhonealpes.fr/89-guide-des-aides-appels-a-projet.htm?type=TYPE_APPEL&public=1

11 Article qui détaille l’engouement qu’il existait en 2014 pour le financement de ce type de recherche par les

conseils régionaux  : avise.org/actualites/recherche-action-et-innovation-sociale-des-conseils-regionaux-investis

12 psdr.fr/PSDR.php?categ=41&lg=FR

recherche entre entreprises ou associations et laboratoires publics, mais la deuxième moitié de chaque

bourse doit être financée par des fonds propres ou à travers un appel à projet.

En 2016 seuls 4% des bourses CIFRE ont été allouées à des associations ou à des collectivités13. Le

partenariat entre l’AVEM et l’INRA dans le millavois par exemple, a fait appel à ce genre de dispositif.

Les tiers-lieux scientifiques et techniques

Nous retiendrons ici la définition proposée sur le wiki du Movilab, un dispositif d'incubation de

«  modes de vie durables  » né en 2010 d'un appel à projet du ministère de l'écologie. Les « Tiers

Lieux  » y sont définis comme des « espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et

compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser.  »14

En ce sens, Living-labs, Fab-labs et Boutique des Sciences sont des tiers-lieux que nous appelons

« scientifiques et techniques  », à la différence des tiers-lieux de « co-action  », plus souvent désignés

comme des espaces de coworking, sur des projets d’habitation collective ou encore de jardinage

communautaire.

Les Living-labs et la CSTI

«  Un Living-lab est un écosystème d’innovation porté par les usagers, qui engage et motive toutes les

parties prenantes, stimule le co-design et la co-création de technologies, de produits, de services, créé

de nouveaux marchés et permet la transformation des comportements.  »15.

Issu d’un partenariat Public-Privé-Population16, le Living-lab cherche donc à tester ou développer des

services, des outils ou des usages nouveaux en faisant interagir ces trois mondes.

Dans ce contexte l’usager est considéré comme l’acteur central de l’innovation, en tant que co-créateur

et utilisateur. Son implication permet de favoriser l’alignement de l’offre sur la demande en terme

qualitatif, de développer l’acceptabilité sociale des avancées technologiques17 et de lui permettre de

« designer et d’expérimenter son propre futur  »18

Même si certains déclarent que ce dispositif « permet à une population d'influer sur les évolutions de

notre société et d'en appréhender les enjeux sociaux, technologiques et économiques»19 les objectifs

par ailleurs affichés de «  transformation des comportements  », «  d’acceptabilité sociale  », et une

orientation vers le développement de produits ou de services au profit essentiellement des entreprises,

différentient fortement les Living-labs des BdS du moins en France,, puisque ces dernières sont avant

tout maintenant des structures destinées à co-produire des connaissances pour et avec des

organisations sociales et sans but lucratif.

De plus, les acteurs de la CSTI se rapprochent aujourd’hui des Living-labs dans un objectif de médiation

scientifique20 et il faut rappeler qu'en France les BdS sont historiquement opposées au concept de CSTI

(Culture Scientifique, Technique et Industrielle), les financements initialement alloués aux BdS ayant

été réorienté vers les CCSTI (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle) dans les années

13 http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html##repartition

14 movilab.org/index.php?title=D%C3%A9finition_des_Tiers_Lieux

15 Définition de l’European Network of Living Labs, cité par l’INRA  :

inra.fr/rencontresia/content/download/3560/34549/file/5.Guyomard.pdf

16 Inmédia est un réseau regroupant un grand nombre de CCSTI  : inmediats.fr/living-lab-inmediats-des-reseaux-

methodes-et-outils-au-service-dune-innovation-ouverte-13/

17 techsapouest.com/LIVING-LAB-presentation.awp

18 alcotra-innovation.eu/progetto/doc/Short_guide_on_Living_Labs_and_some_good_practices.pdf voir page 4

19 www.quaidessavoirs.fr/test/-/asset_publisher/e43Udiv6bqai/content/fab-lab

20 inmediats.fr/wp-content/uploads/2014/12/Living-Lab.pdf

80. La stratégie nationale sur la CSTI a ainsi pour objectif d'« éclairer les citoyen(ne)s et leur donner les

moyens de renforcer leur curiosité, leur ouverture d'esprit, leur esprit critique, et de lutter contre le

prêt-à-penser, grâce aux acquis de la science et au partage de la démarche scientifique  »21. Les CCSTI

sont donc les lieux de vulgarisation du savoir scientifique auprès des citoyens les plus éloignés de la

science et de la culture.

Ainsi, tandis que les CCSTI diffusent une culture scientifique et industrielle (en évitant d’aborder les

sujets des technosciences  : OGM et brevetabilité du vivant, clonage, nanotechnologies, biologie

synthétique ; ou les controverses liées aux risques sanitaires, environnementaux, éthiques ou sociétaux

d’innovations scientifiques), les BdS ne refusent pas de travailler avec des associations qui posent

précisément ces questions (identification des cultures OGM par la BdS de Cachan, propriété collective

de semences locales par la BdS de Lyon, par exemple). Les BdS ont d’ailleurs historiquement été créées

par des citoyens, chercheurs et étudiants pour soulever ces questions d’impacts des innovations

scientifiques sur la société, tandis que les CCSTI ont été créés en sens inverse comme des « outils

d'adéquation rapides des sociétés en mutation aux contraintes de l'évolution technologique

moderne  »22

Enfin, si les BdS cherchent à co-définir de façon scientifique des problèmes sociétaux grâce à des

échanges entre membres de la BdS (incluant toujours des collectifs citoyens) puis à les résoudre

ensemble, les Living-labs visent à co-concevoir des produits ou des services à travers des interactions

avec des usagers intéressés, en utilisant des outils majoritairement numériques, pour des projets à

l’initiative d’entreprises ou de collectivités territoriales.

Les fab-labs et makerspace

Les fabs-labs et les Makerspaces sont des lieux physiques. Leur but est de permettre un travail en

commun autour de machines, d‘outils de programmation, ou parfois de processus industriels, et visent

l’échange de connaissances à travers la formation entre pairs. Les fab-labs se différencient des

Makerspaces par le fait qu’ils adhèrent à une charte rédigée par le MIT (Massachusetts Institute of

Technology, prestigieuse université et institut de recherche américain), qui met en avant l’obligation

d’une part de partager les connaissances entre tous les Fab-labs signataires, et d’autre part d’ouvrir ces

espaces au public.

Ces «  lieux  » permettent essentiellement à des citoyens d’échanger entre eux et de monter ensemble

des projets d’ingénierie. Ces projets ne demandent pas de «  recherche  » au sens scientifique du terme

mais cherchent à prototyper et à créer des objets manufacturés. Ce sont ainsi des lieux qui visent la

réappropriation des connaissances techniques par les citoyens, mais pas nécessairement la

réappropriation du processus de recherche scientifique en amont de ces connaissances techniques. De

plus, ce ne sont pas des lieux qui cherchent à mettre en contact le monde de la recherche scientifique

et la société civile, car les ressources des autres fab-labs et de façon plus générale les ressources en

ligne y sont considérées comme la source principale de connaissances extérieures à partager.

Les spécificités des boutiques des Sciences

En France les relations entre Sciences et Société sont donc souvent articulées autour de la diffusion des

savoirs par les savants en direction des profanes à travers les CCSTI. Or, d’une part les savoirs sont

multiples et peuvent également provenir de la société, et d’autre part la société peut avoir des

demandes précises sans que la communauté scientifique puisse y apporter une réponse immédiate.

21 enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid113974/la-strategie-nationale-de-culture-scientifique-technique-et-

industrielle.html

22 Rapport préparatoire de la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette sur le CCSTI de Guadeloupe, 1990

C’est pourquoi les boutiques des Sciences sont avant tout pensées comme des espaces de dialogues et

d’échanges entre chercheurs et membres de la société civile, mais elles sont aussi censées offrir des

facilités d’accès à des financements qui permettent de conduire des projets de recherche collaborative

à l’initiative de la société civile. Cette complémentarité de l’encadrement matériel et financier autour

des projets de recherche est également associée à la mobilisation de méthodes facilitant la formulation

des problèmes. C’est donc ce triple encadrement matériel, financier et méthodologique, qui permet la

réalisation d’une recherche collaborative répondant aux attentes des OSC comme aux exigences des

chercheurs.

Cela ne signifie pas qu’il est impossible pour des chercheurs et des OSC de s’entendre hors du cadre

d’une BdS sur une méthodologie adaptée prenant en compte les besoins de tous. Cependant, dans un

objectif de «  réplication  » de ces principes et postures encore assez marginaux, il est utile qu’un réseau

capitalise et réinvestisse les connaissances accumulées au cours des différents projets de recherche

collaborative ; d’où l’intérêt d’un réseau européen de BdS. Plus largement, les BdS et l’association

Sciences Citoyennes cherchent à faire évoluer les mentalités, les politiques et les institutions

d’encadrement et de financement de la science23, en montrant que la co-construction de projets entre

recherche et société civile n’aboutit pas à de la « mauvaise science  »24.

Le dialogue sciences-société en ce sens est ainsi plus difficile que ce que laissent croire les objectifs

affichés des diverses institutions et programmes de financements qui «reposent sur une collaboration

étroite entre laboratoires de recherche publics et organisations issues de la société civile dans toutes

leurs diversités»25, mais qui ne précisent pas les détails de cette collaboration.

Du côté des autres tiers lieux scientifiques, cet objectif de dialogue entre les différentes parties de la

société n’est pas prioritaire, et le risque d’entre soi dans le milieu des fab-labs a déjà été critiqué, car

malgré une exigence d’ouverture, ne rentrent dans le fab-lab ou le living-lab que ceux qui sont

disponibles et intéressés par la démarche. L’accent mis sur la co-création, souvent autour de projets

liés aux technologies informatiques, pose en réalité la question de qui participe à cette co-création et

avec quels objectifs. Les Boutiques des Sciences rencontrent évidemment le même problème de

disponibilité et d’intérêt des publics, mais les chartes des différentes BdS mettent cependant un accent

clair sur l’objectif d’amélioration des conditions de vie des participants, et sur l’importance de

s’adresser de façon spécifique au monde rural ou défavorisé. Les thématiques d’études au sein des BdS

sont ainsi d’un autre ordre que celles des fab ou living-labs, principalement autour de questions

environnementales ou sociales, et plus rarement autour de questions technologiques.

De plus les BdS, en cherchant à mettre en relation le monde de la recherche et la société civile,

affrontent concrètement 3 problèmes récurrents  : langages, rythmes d’actions et exigences de

validation des connaissances, qui différent entre ces deux mondes. Répondre à ces problèmes exige

une volonté forte de partage entre les différents acteurs mais surtout une méthodologie explicite, afin

d’obtenir des échanges réellement constructifs. La garantie que chaque acteur trouve un intérêt dans

les résultats de la recherche co-construite est indispensable pour l’investissement de chacun.

23 sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/

24 sciencescitoyennes.org/pas-de-fumee-sans-feu/

25 appel à projet PICRI 2015 iledefrance.fr/aides-regionales-appels-projets/partenariats-institutions-citoyens-

recherche-innovation-picri

4) Les «  laboratoires hors murs  » et l’émergence d’un projet de Boutique des

Sciences co-porté par BEDE et la MSH-SUD en Occitanie.

L’idée d’une BdS en Occitanie est issue à la fois des expériences de partenariats entre la recherche et

les paysans suivis par l’association BEDE et d’une volonté de différents acteurs locaux à Montpellier de

mettre en place un dispositif innovant articulant étroitement et concrètement Sciences et Société.

Les «  Laboratoires Hors Murs pour l’agrobiodiversité  »

Dans le cadre d’un projet monté en partenariat avec l’UMR INNOVATION et l’UMR CEFE, BEDE a initié

et coordonné, entre 2013 et 2015, un programme de recherche financé par Agropolis Fondation26

visant à construire sur le terrain des collaborations entre le monde agricole et la recherche grâce à un

dispositif appelé «  laboratoire hors murs  ». Ces collaborations ont permis de faire émerger en France,

mais aussi au Bénin et en Algérie, les questions des praticiens et des représentants d’organisations

paysannes locales autour de l’agrobiodiversité. Ces questions ont pu être discutées avec des chercheurs

d’universités nationales proches géographiquement ou thématiquement des communautés paysannes

(d’où émanaient ces questions), et reformulées entre paysans et chercheurs afin d’aboutir à des projets

de recherche co-construits.

Ces derniers ont permis entre autres de trouver des pistes de solutions de lutte agroécologique contre

des ravageurs du haricot niébé, d’entretenir la biodiversité cultivée au sein des vergers de figuiers et

de dattiers en Algérie, par exemple. Dans ce cadre BEDE a également travaillé avec l’association des

Semeurs du Lodévois-Larzac et l'Association Vétérinaires et Éleveurs du Millavois sur la question de la

démocratisation de la recherche et des formes que peuvent prendre les partenariats entre chercheurs

et associations.

Des documents de synthèse en matière de démarches collaboratives en agrobiodiversité ont

également été rédigés, mais tous les projets de recherche-action co-construits n’ont pu être menés à

terme par manque de financements pérennes.

Ce programme a pris place en même temps que le projet DARE27 (Democratizing Agricultural Research

in Europe) également porté par BEDE, qui entre 2013 et 2015 a permis l’organisation de 4 rencontres

constituant un premier réseau européen multi-acteurs (paysans, activistes, chercheurs) permettant

l’échange d’expériences sur l’innovation paysanne et la recherche collaborative en agriculture en

Europe.

Il s’agissait là d’une première étape d’un processus visant d’abord à réfléchir à une méthodologie, puis

à intégrer les différents acteurs de ces collaborations au sein de projets de recherche-action pérennes,

développant une gestion dynamique et une meilleure valorisation de la biodiversité agricole. Ces deux

ans d’expérimentation des «  Laboratoires Hors Murs  » ont ainsi ouvert de nombreuses pistes de

recherches mais ont également fait surgir le manque crucial d’un maillon  : un cadre de concertation

permanent où les agriculteurs puissent échanger de manière régulière avec un panel de chercheurs

autour de leurs questions. BEDE a donc besoin pour continuer son projet «  Laboratoire Hors Murs  »

d’un tel cadre de concertation associations/chercheurs, or un tel cadre correspond assez bien à ce qu’il

est possible de faire avec une BdS. BEDE cherche donc maintenant à faire naitre une BdS, qui ne serait

cependant pas à son usage exclusif, mais au sein de laquelle elle pourrait effectuer une étape de ses

projets «  Laboratoire Hors Murs  ».

26 agropolis-fondation.fr

27 http://www.bede-asso.org/collaborations-par-theme/coconstruction-savoirs-biodiversite-cultivee/oser-

democratiser-la-recherche-en-europe-dare-democratizing-agricultural-research-in-europe/

Parallèlement à ce projet, la Maison des Sciences de l’Homme de Montpellier faisait l’objet d’une

importante restructuration la conduisant à formuler un projet d’avenir et un positionnement original

pour garantir sa pérennité dans un espace régional en pleine reconfiguration. En effet, le Languedoc

Roussillon a fusionné avec Midi Pyrénées en 2016, mettant en danger l’existence d’institutions existant

dans l’une et l’autre région quand elles étaient distinctes.

Pour que la MSH-SUD de Montpellier conserve une place dans l’espace institutionnel régional il lui

fallait se positionner face à son «  homologue  » toulousain. Elle a donc produit un projet scientifique,

qui vise à favoriser la recherche interdisciplinaire à travers des appels à projets, l'hébergement de

plateformes de recherches et la formation des étudiants aux méthodes interdisciplinaires, mais

cherche également à développer les relations des citoyens avec le monde de la recherche. Cette

réflexion sur les liens entre citoyens et recherche est conjointe avec celle de l'association ALLISS

(ALLIance Science-Société), qui cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs

sociaux et acteurs économiques et à produire des recommandations pour les puissances publiques

basées sur ces expériences de coopération.

De ce projet scientifique émerge alors la volonté de la MSH d’aller à la rencontre du tissu associatif de

Montpellier pour identifier des moyens et innover en matière d’articulation sciences/sociétés, en

offrant son espace renouvelé dans les locaux de Saint Charles pour accueillir, promouvoir et participer

à l’animation de cette articulation. Les Assises Sciences-Société co-organisées par la MSH et ALLISS en

partenariat avec tous les organismes de recherche et de formation supérieure de Montpellier, sont une

traduction concrète de cette volonté. Elles ont permis aux chercheurs et acteurs de la société civile

d'échanger sur ce thème entre le 3 et le 5 juillet 2017, afin de faire reconnaître l'importance d’actions

collaboratives pour renforcer le soutien des institutions et des politiques publiques. Ces Assises ont

ainsi offert l’opportunité pour BEDE et la MSH de présenter le projet de BdS en Occitanie encore en

gestation, et de chercher des partenaires.

La vision de la BdS Occitanie par BEDE.

Le projet de créer une BdS initié par BEDE est ainsi inséré dans un projet plus large porté par la MSH-

Sud. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il reprendrait le concept de « laboratoire hors murs  ».

Pour BEDE, il s’agit de mettre en place les moyens d’un cadre de concertation pérenne entre

scientifiques et paysans, avec une structure qui survivrait aux ponctuels projets de recherche action

participative (d’une durée toujours limitée à deux ou trois ans), en s’appuyant sur des financements

institutionnels localisés et stabilisés en complément de financements plus classiques d’appels à projets.

La mise à disposition de locaux et l’engagement d’un salarié à la fois pour la MSH-Sud et la BdS,

permettraient en effet d’assurer l’animation de rencontres régulières, nécessaires pour la formulation

et la reformulation des questions paysannes, mais aussi de respecter les temps des chercheurs et des

paysans, avec des financements permettant d’engager et d’encadrer les opérateurs, étudiants en

master, doctorants ou chercheurs, qui pourraient ainsi mener à bien des programmes de recherche à

la demande du terrain.

Cette BDS est aussi pensée comme une des étapes concrètes du processus de renouvellement de la

recherche agricole promu par BEDE, en s’appuyant sur l’expérience des associations qui ont déjà eu ces

partenariats avec la recherche grâce aux Laboratoires hors murs ou à travers d’autres projets. Cette BdS

vise également à sécuriser les interactions pour que les associations et les agriculteurs puissent

s’impliquer et s’exprimer aux côtés de scientifiques, c’est pourquoi il est essentiel que son

fonctionnement soit co-construit.

Les autres acteurs de la BdS

Bien que l’association BEDE soit à l’origine de cette idée de boutique des sciences en Occitanie, elle est

loin d’être seule à porter le projet et à souhaiter qu’il aboutisse.

Localement la MSH-SUD, (Maison des Sciences de l'Homme, «  Sciences Unies pour un autre

Développement  ») est une émanation de la COMUE de Montpellier, structure qui associe des

universités, grandes écoles et tous les organismes de recherche présents autour de Montpellier.

Installée sur le site récemment rénové de St-Charles à Montpellier, elle dispose de nombreux locaux

(mais relativement peu de financements).

C’est elle qui a réuni lors des Assises Sciences-Société les acteurs du monde de la recherche, citoyens,

associations, entreprises et élus pour construire un dialogue constructif entre savoirs d’origines

différentes. L'un des enjeux étant de développer des coopérations équilibrées et durables, c'est dans

le cadre de cet événement qu’ont eu lieu les premiers ateliers de présentation et de co-construction

de la Boutique des Sciences. Même si le travail de création a été délégué à BEDE, cette BdS serait

hébergée dans les locaux de la MSH et animée en partie avec cette institution, il s’agit donc bien d’un

co-portage (deux réponses conjointes à des appels d’offre ont d’ailleurs été rédigées et sont en attente

de décision des bailleurs  : COMUE et Fondation de France).

Les Petits Débrouillards (lespetitsdebrouillards.org), premier réseau national d‘éducation populaire

à la science et par la science et premier réseau national d’éducation au développement durable dispose

également d’une antenne montpelliéraine et est intéressé pour assurer une mission de médiation entre

les associations avec lesquels elle est en contact et la Boutique des Sciences, de la même façon que

BEDE informe les associations paysannes de l’existence de la BdS. Ces deux médiateurs permettent

donc de toucher un large réseau associatif.

Au niveau national l’association Sciences Citoyennes28, par l’intermédiaire de Glen Millot (salarié),

accompagne les différentes BdS françaises, et à ce titre participe aux différentes étapes de démarrage

de la BdS Occitanie. Cette association est impliquée à différents niveaux dans le mouvement actuel de

réappropriation citoyenne et démocratique de la science, afin de la mettre au service de la

connaissance comme bien commun. Cette association cherche en effet à refonder le système de

recherche autour d'un nouveau contrat non marchand entre sciences et société, permettant aux

associations et aux citoyens de participer à l'orientation de la recherche.

En tant que stagiaire je me suis intéressé à ces interactions Sciences-Société non pas dans l’idée d’une

meilleure performance des entreprises et/ou d’une amélioration du fonctionnement de la société

actuelle grâce à la recherche, mais parce que je suis convaincu de l’effondrement à venir de la

civilisation thermo-industrielle, après lequel des modèles complètement différents de société et de

recherche scientifique seront indispensables. Notre avenir à plus ou moins long terme sera donc tel

que je le conçois un monde beaucoup plus incertain qu’actuellement, dans lequel la mise en place

d’adaptations pertinentes à l’évolution de l’environnement climatique et social sera déterminante. La

co-réflexion et la réalisation conjointe de ces adaptations entre scientifiques et autres acteurs

impliqués de la société civile me semblent être les meilleurs moyens de faire évoluer la société

(scientifiques inclus) dans une direction souhaitable. Mais la forme de cette « interaction  » est à

réfléchir en détail, étant donné la défiance d’une partie du milieu alternatif (que j’imagine être celui

de demain) à l’égard des scientifiques qui, de leur côté, s’arrogent le droit de prescrire ce qui leur

semble bon pour la société et de prétendre qu’ils sont bien en interaction avec la société civile29.

L’action de la sphère politique se résumant au niveau national à un rôle de facilitateur de l’activité

28 sciencescitoyennes.org

29 Voir zad.nadir.org/spip.php?article4180 en réponse à zad.nadir.org/spip.php?article4151, une initiative de

l’EHESS pour défendre la ZAD en tant qu’intellectuels.

économique et, au niveau local à des actions engageant des acteurs de la société civile avec peu de

moyens. Dans le prolongement de ce stage, je réaliserai d’ailleurs un service civique sur Montpellier

pendant l’année scolaire 2017-2018, et souhaite à titre bénévole m’investir dans le démarrage de la

BdS, en participant à l’atelier-scénario ainsi qu’aux éventuelles réunions à venir de démarrage et de

fonctionnement de la BdS.

Les associations du RSP constituent un troisième groupe d’acteurs partenaires. Elles sont constituées

d’agriculteurs organisés qui défendent une agriculture biologique et paysanne. Celle-ci est définie

comme une agriculture sociale et territorialisée, caractérisée par des pratiques non standardisées,

valorisant la diversité du vivant et les interactions entre humains et plantes cultivées : les paysans y

sont des producteurs d’agro-biodiversité30. Ces associations en Occitanie, ont déjà des expériences de

collaboration avec des chercheurs mais les jugent soit trop brèves – dans le temps -, soit trop ciblées

en faveur d’enjeux qui leur échappent, soit encore trop limitées par les règles de financement actuelles

de la recherche dite «  participative  ».

Le Réseau Semences Paysannes insiste depuis sa création en 2003 sur la nécessité de co-construire les

connaissances sur les plantes cultivées entre praticiens et chercheurs31 pour lutter contre la

prolifération des variétés industrielles et contre la dépendance semencière, imposées par les grands

groupes. Contre les producteurs d’artefacts, l’artificialisation des milieux et des semences, ces

producteurs revendiquent leurs propres compétences en matière de pilotage de la biodiversité32.

Plusieurs programmes européens ou nationaux auxquels le RSP a contribué33 ont souligné toutefois le

poids des obstacles réglementaires (leur logique descendante et asymétrique qui nie toute

compétence aux agriculteurs), limitant les innovations et les débouchés économiques pour les variétés

de pays, niant toute reconnaissance officielle aux semences paysannes et aux variétés

II] Enquête et atelier de présentation du 3 juillet

La méthode de montage d’une BdS à Montpellier a suivi celle préconisé par Science Citoyenne. Nous

reprenons donc ici ces principales étapes d’une démarche déjà expérimentée ailleurs et que j’ai pris

en charge, et réalisé, pour les acteurs initiateurs présentés ci-dessus.

Une enquête d’intéressement

Avant de lancer la création d’une BdS il est nécessaire de connaître les attentes, les besoins et éventuels

points de vue de multiples partenaires potentiels (chercheurs, associations, étudiants, bailleurs...) de

ce type de dispositif. Pour cela une enquête par questionnaire a été conçue et réalisée entre le 15 juin

et le 1er juillet (deux questionnaires en ligne différents ont été proposés pour les associations et les

chercheurs). L’enquête a été adressée à des listes non exhaustives, établies avec BEDE et Pascale Moity-

Maïzi.

Un atelier de présentation

En même temps que ce questionnaire, des invitations ont été envoyées par mails aux groupes visés

(chercheurs, institutions locales, associations). Il ne s’agissait pas seulement de faire remplir le

questionnaire mais aussi d’inviter tous les acteurs potentiels à l’atelier de présentation qui se

déroulerait pendant les Assises Sciences-Société à la MSH.

30 Note d’intention de BEDE pour des dispositifs pérennes de recherches actions participatives en soutien à la

gestion dynamique de la biodiversité cultivée in situ. 2017.

31 RSP, BEDE, FSC, PEUV, 2011

32 Blandin 2009 ; Larrère, 2002

33 FSO 2012, REPERE 2009, SOLIBAM 2014

1) Rédaction du questionnaire et réalisation de l’enquête

Chaque questionnaire (annexe vi) a été accompagné d’un texte expliquant les contours d’un Boutique

de Sciences. Les premières questions à destination des organisations de la société civile (terme qui

regroupe les associations, coopératives, groupements d’agriculteurs, collectifs citoyens…) portaient sur

l’identification des thématiques qui les intéressaient ou qu’elles traitaient. Une seconde partie du

questionnaire devait permettre d’estimer leur capacité à s’investir dans des projets de recherche. Une

troisième partie du questionnaire devait nous renseigner sur leur niveau et sources de financement

ainsi que sur le nombre de salariés présents dans la structure. Une question portait également sur la

familiarité des associations avec le monde de la recherche. Une estimation de l’intérêt pour les

différents aspects du dispositif ainsi qu’un espace d’expression libre en fin de questionnaire leur

permettait de décrire les projets qu’elles envisageaient de mener en lien avec la BdS.

Les questions à destination des chercheurs portaient d’abord sur le type et les thèmes de leurs

recherches, puis sur leur implication potentielle dans les différentes missions de la BdS, sur leur

familiarité vis-à-vis d’interactions avec la société civile et sur leur intérêt général pour le dispositif.

Les associations comme les chercheurs étaient également invités à donner leur avis de façon ouverte

sur l’initiative, puis à indiquer leur mail s’ils souhaitaient être tenus au courant des suites de la

démarche.

Ces différents questionnaires en ligne étaient inspirés par ceux qui avaient été utilisés auparavant par

la BdS de Lille lors de son enquête de préfiguration. Ils ont été adaptés au contexte montpelliérain,

caractérisé par le projet de créer une BdS thématique, s’adressant à des associations travaillant dans

les champs de l’agroécologie, de la biodiversité et de l’alimentation.

L’enquête a donc été logiquement envoyée aux associations et chercheurs déjà sensibilisés par ces

thématiques voire ayant déjà manifesté un intérêt pour le projet, mais également à des listes de

diffusion plus larges (via recensements de listes d’associations en ligne). Au total, 239 associations et

162 chercheurs ont été sollicités par mail direct, donc sans compter les personnes ayant reçu l'enquête

par des mailing listes qui ont également été utilisées. D'autres acteurs (chambres d'agriculture,

responsables région et Métropole) ont également été invités à participer aux Assises et éventuellement

à transférer le mail auprès d'acteurs intéressés, chercheurs ou associations. Les taux de réponse sont

assez bons pour un questionnaire par mail, avec 28 associations et 38 chercheurs qui ont effectivement

répondu. Ces réponses sont à considérer en nombre de répondant et non en potentiel pourcentage de

répondants, car le nombre de personnes ayant effectivement reçu le mail ne nous est pas connu (envoi

sur des listes de mails de taille importante, diffusion du mail de contact au sein des réseaux…)

2) Déroulement de l’atelier de présentation

Suite à cette enquête dite de préfiguration, l’atelier de présentation permet à la fois de présenter le

principe des boutiques des sciences et d’exposer les résultats de l’enquête. Les boutiques des sciences

sont en effet des dispositifs qu’il est nécessaire de présenter car ils sont peu connus, tant dans le monde

de la recherche que dans la société civile. L’enquête de préfiguration permet aux organisateurs de

justifier auprès de bailleurs de l’intérêt des chercheurs et des associations pour ce type de struct ure,

de recenser les acteurs souhaitant s’impliquer dans la démarche et à travers eux de se faire une

première idée des orientations que pourra prendre la BdS.

Contexte Assises Sciences-Société à la MSH-SUD

L’atelier de présentation a eu lieu pendant les Assises Sciences Sociétés, événement organisé dans les

locaux de la MSH-SUD. Ces assises ont réuni pendant trois jours, du 3 au 5 juillet 2017, des acteurs du

monde de la recherche, des citoyens, des associations, des entreprises, ou encore des élus. L’objectif

était de construire un dialogue entre savoirs d’origines différentes, et de développer des coopérations

équilibrées et durables autour de cette thématique de dialogue renouvelé entre les sciences et la

société.

Une cinquantaine d’ateliers ont ainsi eu lieu pendant ces trois jours, dont un grand nombre sur des

thématiques très proches voire recoupant celles de la boutique des sciences. Le nombre très important

d’intervenants et d’ateliers a cependant obligé le déroulement en simultané de réflexions semblables,

qui auraient gagné à être construites entre tous les intervenants concernés.

Une prise de note collaborative au cours de tous les ateliers et quelques référents chargés de suivre un

grand nombre d’ateliers ont permis d’élaborer rapidement une synthèse générale de l’événement, qui

a montré entre autres choses l’importance et la diversité des structures de médiation dans ce dialogue

science-société.

C’est donc au cours de cet évènement qu’a eu lieu notre atelier, en deux sessions, le lundi 3 juillet. Les

participants à cet atelier étaient les initiateurs du projet de BdS, des invités extérieurs sollicités pour

faire part de leurs propres expériences des BdS, et un public large de personnes curieuses ou

intéressées, pour un total d’une cinquantaine de personnes.

1ère session  : contexte de l’évolution des BdS en Europe et en France

Différents intervenants invités ont ainsi pu préciser la notion de BdS au cours du premier atelier  :

-Glen Millot, de l'association Sciences Citoyennes, a fait une présentation générale du dispositif des

Boutiques des Sciences en France et en Europe, et a détaillé comment Sciences Citoyennes

accompagne les BdS françaises.

- Bertrand Bocquet, initiateur de la BdS de Lille, a présenté cette expérience née en 2014.

- Pauline Bryère, de la BdS de Lyon, a présenté cette dernière-née en 2015.

- Sophie Martin : chercheuse à l'université de Montpellier, a présenté la plateforme de recherche action

COGITHON, à destination des personnes en situation de handicap mental, hébergée à la MSH et dont

le fonctionnement se rapproche de celui d’une BdS. L’enjeu de sa présence était de voir dans quelle

mesure les deux dispositifs pourraient à moyen terme fusionner ou cohabiter au sein de la MSH.

Il s'agissait de montrer qu'il existe différents modèles de fonctionnement de BdS qui naissent du

contexte et des attentes locales. Le contenu de cette session a ainsi été repris dans la description que

j’ai faite des boutiques de sciences en Europe et en France, (p.5-6).

2ème session  : Contexte de l’émergence d’une BdS en Occitanie

Bob Brac de la Perrière, coordinateur général de l’association BEDE, a exposé les raisons qui avaient fait

émerger l’idée d’une boutique de science en lien avec la MSH. Ces éléments ont été décrit page 11 et

12, puis analysés page 16

J’ai ensuite exposé les résultats de l’enquête de préfiguration pour permettre à tous de prendre

connaissance des différents points de vue d’acteurs, de leurs convergences et divergences éventuelles,

puis de faire un point sur le niveau d’intérêt et d’implication potentiel des acteurs ayant répondu à

l’enquête. Les résultats ainsi que leur analyse sont disponibles pages 18-19.

Echanges et propositions autour de la BdS en Occitanie

A la suite de ces exposés, des discussions ont porté sur les différentes expériences de chacun en termes

de recherches collaboratives, sur les pistes de financements et sur le nom que l’on souhaitait utiliser

pour remplacer le terme de «  boutique  », considéré comme inadapté. Une première tentative

d’identification des degrés d’implication possibles des personnes présentes, dans une future BdS à

Montpellier, a été conduite, mais ses résultats ne sont pas pertinents  : il était encore trop tôt, et de

plus pour un public disparate, de se positionner clairement sur des rôles ou formes d’engagements

dans une BdS.

III] Synthèse des contenus de l’atelier de présentation et analyse des

résultats de l’enquête.

Environ 75 personnes ont assisté à la première session et environ 50 à la deuxième. Les participants

étaient majoritairement issus du monde de la recherche et de la formation, mais des acteurs du

monde associatif étaient également présents.

1) Synthèse du fonctionnement des BdS exposés pendant la 1ère session

Il s’agit ici de synthétiser le fonctionnement, les spécificités et points communs des différentes BdS

présentées en première session, afin d’en extraire des éléments de réflexions pour le montage de la

BdS en Occitanie.

Fonctionnement de la BdS Nord de France :

A Lille les demandes ou questions des associations sont recueillies par un dépôt en ligne, par mail ou

par rencontre. Un Conseil d’orientation stratégique hiérarchise les demandes recueillies. Puis les sujets

sélectionnés, souvent assez vagues, sont précisés au cours de 2 ou 3 réunions dans les bureaux de la

BdS, entre le Conseil d’Orientation Stratégique et la structure demandeuse.

Ce Conseil d’Orientation Stratégique (COS) est constitué d’une quinzaine de personnes, dont une

moitié de chercheurs, « experts  » bénévoles dans différents domaines, d’un représentant de la CSTI de

Lille, d’un représentant de la Comue (qui est le salarié de la BdS à mi-temps), d’un représentant de la

MESHS (institution qui met à disposition les locaux), et de 2 ou 3 représentants du monde associatif.

Sa composition est en fait assez variable selon les disponibilités et l’intérêt de chacun à participer à la

reformulation des questions ou sujets, mais les chercheurs y constituent néanmoins un noyau assez

stable.

Il s’agit aussi pendant les réunions qui suivent le travail de sélection du COS, d’expliquer à l’association

demandeuse quel type et quel volume de travail il est possible de réaliser en prenant pour référence

la durée d’un stage de master 2. Un enseignant-chercheur pertinent est ensuite identifié comme tuteur,

et un étudiant est ensuite recruté par cet enseignant ou par une annonce sur la plateforme des stages

de l’université. Les enseignants-chercheurs, bien que souvent occupés, sont intéressés par la

démarche.

La convention de stage se fait alors entre la BdS, l'association demandeuse et le tuteur enseignant. Les

projets de recherche coutent environ 5-6000€, et sont financés par la BdS, qui assure donc à la fois le

financement et le lien avec le monde de la recherche.

Le stage commence en février et est encadré par la BdS tout au long du processus, puis l’étudiant

présente ses résultats par oral et écrit à l’association demandeuse qui les valide. Un rapport de forme

académique est ensuite présenté en septembre, et mis en ligne sur la page de la boutique de Lille34.

En termes de point faibles la BdS de Lille fait face à des financements limités malgré un intérêt

important des chercheurs et des étudiants, ou même de certains praticiens, collectivités ou bailleurs

sociaux dont les demandes sont refusées faute de moyens. Ainsi, seuls 4 projets ont été menés depuis

le lancement de cette BdS.

34 cue-lillenorddefrance.fr/?q=culture-patrimoine-societe/boutique-des-sciences

Sa force principale réside dans l’attention qu’elle porte à la phase préliminaire de reformulation de la

demande entre le bureau de la BdS et l’association demandeuse, ce qui fait que de nombreuses

associations sont intéressées, plus d’ailleurs que ce que la structure peut traiter, alors que la boutique

ne fait pas de publicité. Cette BdS envisage cependant de former d’autres acteurs pour constituer un

réseau de relais physique au sein du territoire (médiathèque, autres associations) afin qu’ils puissent

informer de l’existence du dispositif et relayer des demandes vers la BdS. Une volonté existe également

de mettre à profit les activités en enseignement supérieur ou en expertise qui occupent maintenant

les 20% du temps des doctorants. Elargir la base de chercheurs impliqués et stabiliser les membres du

Conseil Scientifique d’Orientation est fortement souhaité par les membres de la BdS. Cette stabilité des

engagements est au moins aussi importante que celle des financements, pour garantir la pérennité du

dispositif.

Fonctionnement de la BdS de Lyon  :

A Lyon, la collecte des demandes se fait par le même biais, avec cependant une plus grande difficulté

à trouver des associations intéressées. Cette difficulté est peut-être due à la forte intrication de la BdS

dans l’environnement universitaire, mais peut-être également liée au nombre très limité de projets

financièrement réalisables, qui entraîne peut-être un épuisement des demandes associatives. Une

stratégie de communication paraît nécessaire mais n’est cependant que peu efficace pour faire

émerger les demandes de partenariats de la part des associations. Les associations rurales sont

néanmoins bien représentées dans les structures demandeuses, ce qui est la preuve d’une certaine

visibilité de la BdS malgré son ancrage institutionnel très marqué.

Les demandes sont généralement recueillies jusqu’en juillet pour un traitement l’année suivante. Ici

c’est un Conseil Scientifique de la BdS qui reformule et hiérarchise les demandes recueillies. Il implique

des personnes du milieu universitaire, et réunit environ 10 personnes en septembre pour étudier et

préciser les demandes déjà un peu mises en forme et sélectionnées pendant l’année scolaire

précédente.

Ce conseil scientifique identifie les formations de Master et les stagiaires qui pourraient y répondre, à

travers une ou des offres de stage rédigées par la BdS. Le recrutement des étudiants se fait donc entre

septembre et décembre, puis une rencontre par projet a lieu entre associations, étudiants et tuteurs

de stage au début du stage en février, pour confirmer la forme de la question reformulée par le conseil

scientifique.

Les étudiants effectuent ensuite leurs stages dans les locaux des associations, encadrés par leurs

tuteurs associatifs respectifs, leur tuteur académique et un encadrant de la Boutique des Sciences.

Trois formations réparties au cours des stages permettent de rassembler les étudiants qui effectuent

des stages au sein de la BdS pour leur permettre d’échanger sur leurs stages, d’approfondir leurs

connaissances sur la recherche participative, et de se former à l’échange avec les associations

(communication et forme des rendus oraux et écrits).

Les stagiaires sont ainsi encadrés par un tuteur associatif, un tuteur académique et un tuteur de la BdS,

et sont payés par la BdS, ce qui facilite la réalisation des projets. Les synthèses vulgarisées sont ensuite

présentées lors de restitutions publiques, et le rapport vulgarisé est également postée sur le site de la

Boutique des Sciences de Lyon35.

Les restitutions publiques ont du succès, preuve que le rendu intéresse à la fois les acteurs demandeurs

mais aussi le reste de la société civile, et les étudiants sont très satisfaits de ces stages, qui les forment

au dialogue recherche-société civile, et à l’interdisciplinarité ; qui leur donne aussi le sentiment d’être

35 boutiquedessciences.universite-lyon.fr

utiles. Un point fort de cette boutique des Sciences c’est son financement pérenne et conséquent

(financement Idex), qui lui permet de disposer de deux salariés à mi-temps et de financer les salaires

des stagiaires. La BdS de Lyon cherche maintenant à consolider ses liens avec les autres activités du

service qui l’héberge au sein de l’université, avec par exemple des consultations citoyennes, et souhaite

comme Lille inclure davantage les étudiants en doctorat.

Depuis son démarrage officiel en 2013 et grâce à une importante reconnaissance institutionnelle, la

BdS de Lyon a encadré 37 projets, et a élargi le modèle « classique » basé sur un stage de 6 mois d’un

étudiant en master 2 à des projets tutorés insérés dans le cursus, ou des «  challenges  » faisant

intervenir un grand nombre d’étudiants pendant 48h autour d’un problème soulevé par une

association. Une logique pédagogique forte est donc à l’œuvre dans cette boutique très intégrée au

fonctionnement de l’université. Cette force est aussi une faiblesse liée aux décalages entre calendriers

(scolaire / exigences des acteurs du terrain). Cette BdS essaie d’y remédier par une diversification des

méthodes d’intervention, en réalisant par exemple un « hackaton » ponctuel rassemblant un grand

nombre d’étudiants pendant quelques jours sur une question de la société civile et pour des projets

plus courts, ou en proposant des projet tutorés insérés dans le cursus des étudiants.

Points communs, divergences et éléments de réflexions  :

Ces deux BdS ont en commun de s’être dotées d’une charte rapidement après leur création qui, bien

que non contractuelle, permet de préciser les termes de la coopération entre structure qui fait une

demande, enseignant-chercheurs et étudiants.

Ces deux BdS cherchent également aujourd’hui à diversifier et accroître le nombre d’enseignants

chercheurs impliqués dans le dispositif car elles sont toutes deux plus ou moins restées sur la base des

chercheurs initialement intéressés par le projet.

Le stage M2 de 6 mois de février à juillet est également une contrainte commune, qui fait que les

étudiants et les associations, bien que satisfaits, ont parfois un sentiment d’inachevé, auquel pourrait

par exemple répondre un suivi post-recherche sur les impacts de la coopération.

Dans la même optique, elles se posent la question du dépassement de la logique opérationnelle autour

de «  micro-projets  ». Ce dépassement est souhaité à Lyon, afin de pouvoir élargir l’utilisation des

résultats de la recherche sur d’autres territoires et auprès d’autres organisations, ce qui est envisagé

d’ici quelques années. Bertrand Bocquet de la BdS de Lille souhaite aussi accumuler un certain nombre

d'expériences pour monter en généralité, et travailler sur la notion de recherche participative, mais

précise cependant que la BDS n'est pas le seul dispositif intéressant, et qu’il existe d'autres possibilités

pour poursuivre le travail engagé sans que la BdS ait vocation à tout centraliser.

Ces deux exemples montrent également l’importance d’une reconnaissance institutionnelle locale de

la BdS, qui reste la porte d’entrée pour accéder à des financements pérennes, autorisant le

financement autonome des projets de recherche. Il est cependant impossible de se mettre

complètement à l’abri des aléas politiques, et la stratégie visée par BEDE et ses partenaires et de

diversifier au plus possible les sources de financements de la BdS en Occitanie.

Ces deux BdS sont en réalité relativement similaires dans leur fonctionnement par rapport à la diversité

au niveau européen, et le quatuor demandeur/stagiaire M2/tuteur académique/tuteur BdS donne

l’impression que l’on a finalement affaire à des plateformes d’offres de stages, donc à des dispositifs

assez orientés vers la formation des étudiants. Contrairement à la vision des initiateurs de la BdS en

Occitanie, l’accent est au final peu mis sur les interactions entre chercheurs et associations,

(notamment une faible attention semble donnée à la découverte et à la compréhension du terrain de

travail des associations par le monde de la recherche). Comme nous le développerons plus loin, les

étudiants peuvent dans ce contexte à la fois être le lien entre monde associatif et monde de la

recherche, mais risquent également d’être une barrière entre ces deux mondes qui n’échangent pas si

facilement.

Tableau 1  : Comparaison des différentes Boutiques des Sciences françaises

ENS Cachan Echop’a science Boutique des Boutiques des Boutique des Sciences en

(Grenoble) Sciences Nord de Sciences de Lyon Occitanie ?

France

Types de stage et  ? stage M2 De L1 à M2 M2 préféré De L1 à M2 Doctorants ?

d’étudiants probablement

Types de Etudes biblio De 1 à 8 mois, biblio et 6 mois, biblio et Biblio ou terrain  : 6 3 ans ? Objectif de

production et de terrain terrain (enquête) mois + autres formes publication ?

retour moins « BdS  »

Nombre d’études 2 études en 3 6 études en 2 ans 4 en 2 ans 37 en 5 ans Deux projets pilotes en

réalisées et durée ans 2018-2019 ?

de

fonctionnement

Acteurs Etudiants, peu Bureau, Référent Conseil Scientifique Conseil Scientifique A définir, importance des

« internes  » d’informations boutique, Référent et d'Orientation constitué acteurs associatifs

faisant scientifique, Encadrant. constitué de d’universitaire,

fonctionner et Chercheurs et de la tuteur associatif,

interagir la BdS Société civile tuteur académique,

tuteur BdS.

Origine des  ? Complémentarité COMUE  : ½ salarié Très intégré dans la Envisagé  : Région, MSH

financements Europe (Perrares) et MESHS (≈MSH)  : COMUE (service pour locaux, Métropole,

région (appel locaux médiation), Idex pour Agropolis Fondation,

Université citoyenne et Région  : 4 ans. Au début Fondation de France,

solidaire) Financements financements iSite Muse ?

Européens et

Université de Lyon

(PALSE)

Thématiques Toutes, mais Toutes (fourneau à Toutes (recherche Toutes (beaucoup) Agriculture voire juste

abordées les études bois, techniques de sur la BdS, agrobiodiversité dans un

réalisées ont construction, compost, immigration et premier temps, puis

porté sur la potager urbain, engagement élargissement à la santé

biodiversité, précarité et secteur de associatif, trame et l’alimentation à

et les OGM la connaissance, verte et bleue, l’avenir.

demande sociale en coopération

histoire) associative

internationale)

Date et initiateurs 2005 par des 2011 par l’association Fonctionne depuis 2013, suite à une BEDE et MSH-SUD en

de la BdS étudiants, à Adreca  : Association 2015, suite à initiative du directeur 2017, en cours de

l’arrêt depuis pour le développement l’initiative d’un de la COMUE en montage

2008 d’une recherche groupe de 2010

citoyenne et active, à chercheurs au sein

l’arrêt depuis 2013 d’un labo en 2012

Lien vers charte 36 Site non fonctionnel 38 Cf annexe ii « Charte de bonne

mais charte conduite  » du Réseau

accessible37 Semences Paysannes ?39

36 http://boutiquedessciences.free.fr/pmwiki/uploads/Main/charte_bds_cachan_2004_04_15.pdf

37 https://adrecacontrevent.files.wordpress.com/2014/07/echopascience_rapportqualitatif_2012.pdf

page 24 pour le fonctionnement, page 29 pour la charte.

38 http://www.cue-lillenorddefrance.fr/sites/default/files/charte_bds_ndf.pdf

39 http://www.semencespaysannes.org/bdf/docs/spsynth6mai.pdf

2) Enjeux et stratégie de l’association BEDE

Il serait abusif de parler de «  la vision de la BdS que porte BEDE  », car ses membres se posent encore

entre eux la question de savoir comment se positionner par rapport à ce projet. Leur vision est donc

plurielle et évolutive. Il s’agit donc ici de synthétiser et d’analyser la vision actuellement à l’œuvre dans

cette association, sous réserve d’évolutions ultérieures, pour orienter les discussions de l’atelier et pour

défendre l’idée d’une gouvernance associative qui ferait la particularité de la BdS en Occitanie.

Bob Brac de la Perrière, coordinateur salarié de BEDE n’a donc pas présenté une expérience de BdS,

mais a présenté la position de l’association dans ce projet, par rapport aux différents risques perçus.

Risques perçus par l’association

Un des risques est de fonder une BdS dont les membres associatifs n’ont pas une vision claire, ou

n’arrivent pas à organiser leurs besoins autour d’un fonctionnement détaillé. Un second risque c’est

que les chercheurs et/ou les bailleurs orientent le pilotage du dispositif vers des méthodologies de co-

construction qui ne soient pas suffisamment à l’écoute des besoins des acteurs de la société civile. Les

programmes de recherche risquant alors de s’orienter vers une recherche conventionnelle pseudo-

participative, incompatible avec la vision de la recherche que porte BEDE. Ce risque d’une implication

décroissante des membres associatifs est donc étroitement lié avec celui d’une certaine méfiance vis-

à-vis de l’implication d’organisations qui pourraient ne pas être en phase avec le projet de la BdS selon

BEDE.

Positionnement de BEDE

Afin d’avoir certaines garanties sur l’implication et les valeurs des différents partenaires, BEDE souhaite

dans une certaine proportion choisir les participants qui seront conviés aux ateliers scénarios, donc

identifier des associations et chercheurs qui ont déjà eu des partenariats avec BEDE ou autres membres

du RSP. Cela offrira de plus une certaine unité sur les valeurs fondamentales du dispositif, unité

nécessaire pour s’entendre autour du projet commun qui sera posé pendant l’atelier scénario.

Pour se prémunir d’une dérive potentielle de la BdS vers un fonctionnement déconnecté des besoins

du terrain, BEDE propose également à ses partenaires potentiels un pilote de la BdS. Ce pilote (annexe

viii) reste évidemment à discuter. Il permettra néanmoins d’expliquer aux partenaires potentiels, et

notamment aux bailleurs, que cette BdS cherche à mettre en place un modèle de recherches

collaboratives, différent des modèles habituels de recherches participatives. Il s’agit cependant de

financer de manière durable ce dispositif et les projets de recherches qui seront conduits à travers lui,

et BEDE a donc répondu à divers appels d’offres, auprès de fondations telles que la Fondation de France

ou encore la Fondation Agropolis, qui annoncent vouloir favoriser le développement d’une recherche

en lien avec la société civile. Des discussions sont également en cours avec la Région Occitanie pour

capter des financements complémentaires de moindre ampleur. Un appel à projet de type CSTI a été

envoyé, la réponse a cependant été négative.

L’atelier scénario, et la réflexion collective qu’il permet sur le fonctionnement de la BdS, a aussi pour

rôle d’après BEDE de compléter les attentes identifiées pendant les Labo Hors Murs sur

l’agrobiodiversité. BEDE ayant déjà une certaine connaissance de la recherche collaborative, il ne s’agit

pas de suivre à la lettre le modèle de BdS développé ailleurs en France ou en Europe, mais de s’en

inspirer voire de le faire évoluer car les valeurs fondamentales portées par les BdS correspondent à

celles portées par BEDE. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la méthodologie adaptable utilisée pour le

montage des BdS, qui permet de construire des structures en phase avec les besoins des porteurs et

des territoires.

Pour résumer, il est donc considéré comme capital - sans que BEDE soit l’entité aux commandes du

dispositif - qu’un portage des projets par la société civile soit garanti, afin que la boutique des sciences

sécurise l’interaction, et que les associations soient sûres de pouvoir s’exprimer et que leurs avis soient

effectivement pris en compte. Ainsi, il s’agit de trouver des partenaires convaincus par le projet et ses

valeurs, avec lesquels la forme de la BdS puisse être débattue. C’est avec eux qu’il faudra composer au

sein du ou des bureaux/conseils/commissions, qui seront décidés et dont les membres seront désignés

pendant les ateliers scénarios.

3) Analyse des résultats de l’enquête

Du côté des organisations de la société civile, avec 28 réponses représentant 21 associations, 1 SARL,

et 2 SCOP, (plusieurs répondants par organisation) les profils des intéressés sont liés à l’agriculture, à

la préservation de l’environnement ainsi qu’à la formation/éducation. 17 répondants signalent un

intérêt certain à court ou moyen terme pour ce projet, cependant même pour les mieux dotés le

manque de financement est un facteur limitant de leur investissement dans la conduite de recherches

portées grâce à ce dispositif.

Eléments limitants pour le développement des activités

des 17 associations intéressées (plusieures réponses possibles)

Plus de ressources (financières, personnel, Plus d’expertise scientifique de la part de Plus de connaissances techniques

temps) membres de la structure extérieures

Pour les thèmes d’activités, l’agriculture, la formation et la défense de l’environnement dominent  :

Quel sont les domaines qui correspondent

le plus à l'activité de votre structure?

Défense de l'environnement

26%

Agriculture

37%

Action Santé

5%

Défense des droits et des

causes

5%

Formation et éducation

Action sociale

18%

Culture

7%

2%

En termes de thèmes des projets de recherche, très peu de ces acteurs font allusion aux thématiques

de la santé et de l'alimentation. Soulignons également que pour certains la BdS est également perçue

comme un partenaire de formation.

Ils évoquent en effet à peu près tous l’agriculture, avec des questions ciblant des problèmes précis :

  • Comment nommer Les semences paysannes pour qu’elles restent un bien commun?

-Comment utiliser/valoriser l’urine humaine sur spiruline, vigne ou bioponie

  • Vérifier Les effets du BRF de pin sur la croissance des plantes et la vie du sol

-Comment développer un verger sec méditerranéen pour l’agroécologie

  • Projet pilote agroécologique

-Comment évaluer l’impact des pratiques agricoles sur les nappes phréatiques

  • Faire une typologie des consommateurs en boutiques paysannes et marchés

-Faire une typologie des participants au mois de l’agroécologie (septembre 2017)

Mais quelques-uns proposent aussi des thèmes plus généraux:

  • Transition agroécologique en zone inondable
  • Programme pluridisciplinaire en agroécologie et agroforesterie
  • Etude des Complémentarités Biodiversité et Potager

Du côté des chercheurs, 38 ont répondu (sur plus d’une centaine de personnes contactées)  : ils sont

issus de champs disciplinaires très variés, avec cependant une majorité de chercheurs issus des

sciences humaines et sociales (SHS)  :

Disciplines des chercheurs interrogés

Science de l’éducation

5% Sciences biologiques

16%

Economie

14%

Sciences physiques et

mathématiques

14%

Agronomie

5%

Sciences de la santé

3%

SHS

43%

Il s’agit peut-être ici d’un biais lié à l’accès limité aux adresses de tous les chercheurs universitaires

montpelliérains (l’université de Montpellier qui comporte le plus d’enseignants-chercheurs en sciences

du vivant en particulier, nous était presque inaccessible). De plus, le temps très court et la période

estivale n’ont pas joué en notre faveur dans l’exhaustivité des réponses

A l’exception d’un seul chercheur, tous se sont dits intéressés ou très intéressés par ce projet de BdS,

Ils s'interrogent cependant sur le terme de "boutique" et préfèrent plutôt celui d'"atelier". Ils

soulignent également une évolution en cours des financements de projets de recherches participatives,

vers plus d’injonctions aux interactions du monde de la recherche avec la société civile.

On constate aussi que ces répondants ont déjà une certaine familiarité du monde des associations à

Montpellier car de nombreuses organisations ont déjà travaillé avec eux sur des projets de recherche,

ce qui a permis à plusieurs d’entre elles d’avoir déjà réfléchi aux difficultés, notamment financières,

exigées par la coordination d’un projet avec des chercheurs.

4) Synthèse et leçons à tirer des discussions

Les discussions ont ainsi principalement pris place pendant la deuxième session de l’atelier. Très

dynamiques, elles ont montré un niveau d’intérêt élevé des participants.

Orientation des thématiques

La question de l’orientation des projets de recherche vers les thématiques de la santé, envisagée dans

un premier temps, a été abandonnée suite au trop faible nombre de réponses et de personnes

présentes dans ce domaine de compétences lors de cet atelier, malgré un pôle santé important sur

Montpellier. Les chercheurs et les associations de ce domaine ont été difficiles à cibler, par manque de

connaissance du milieu médical par l’association BEDE et par les personnes-ressources du stage. Il s’agit

cependant d’une communauté qui pourrait être intéressée à terme, et qui a déjà développé ses propres

outils participatifs autour desquels il serait intéressant d’échanger. La BdS en Occitanie n’est donc pas

définitivement fermée à cette thématique, un élargissement des sujets de recherche est toujours

possible à l’avenir.

Cependant la phase de construction de la BdS et de définition/sélection de projets pilotes sera conduite

avec une majorité d’acteurs déjà connus des porteurs de la BdS, lesquels n’ont d’ailleurs pas tous pu

participer à l’atelier. Il s’est ainsi avéré difficile de toucher toutes les associations et tous les chercheurs

pour l’enquête initiale malgré des listes de destinataires déjà très larges (la trop courte période

disponible pour la réalisation de l’enquête/invitation, et la période estivale pendant laquelle elle a été

menée ont sans doute joué en défaveur de l’enquête et de la participation à l’atelier). Pendant les

discussions de cette seconde session, une question a dominé  : « Comment on communique (pour et

dans le cadre de la future BdS) ?  », c’est à dire à travers quels outils et dans quels lieux physiques (ou

en ligne). Elle est apparue importante car elle oriente dès le départ les publics ciblés.

Importance de l’étudiant

Le rôle de l’étudiant (master ou doctorant) a été souligné à plusieurs reprises, car en tant

qu’intermédiaire entre le monde de la recherche et les associations, c’est lui qui est chargé d’échanger

avec les associations pour qu’elles s’approprient et appliquent le protocole co-constuit, et pour qu’elles

puissent se former et développer leur propre vision de la méthode scientifique. Ainsi, pour faire de la

recherche auprès de paysans, il est important que l'étudiant ait un minimum de formation et que

l'agriculteur n'ait pas à l' « encadrer  ». Le choix de l’étudiant est donc crucial pour les associations, qui

devront avoir leur mot à dire lors de la phase de recrutement d’un « chargé d’étude  ».

On peut alors souligner l’absence quasi-totale d’étudiants autres que le stagiaire dans ces sessions et

dans la réflexion sur la création de cette BdS. Une attention particulière devra y être portée si l’on

souhaite les impliquer, qu’ils soient ingénieurs, master 2 ou doctorants. Cette association des étudiants

dans la création de la BdS pose également la question du type d’étudiant qui participera au projet de

la BdS, les stages courts termes de M2 étant jugé par BEDE comme trop limités.

Rappel des initiatives déjà existantes en recherche collaborative

Certains collectifs du RSP ayant plusieurs expériences de projets de recherche, ils ont déjà rédigé des

chartes autour de la recherche participative. La prise en compte de ces documents sera ainsi essentielle

au cours de la construction de la BdS Occitanie.

La « Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault  » représentée lors de cet atelier a rappelé

qu’elle a toujours fonctionné (depuis environ 150 ans) comme une BDS, en synergie avec la fac de

pharmacie, cependant à destination exclusive de ses adhérents. Cette société dispose d’un site où sont

publiés en accès libre des travaux40 . D’une manière plus générale, elle nous permet de comprendre que

les sociétés savantes sont des acteurs stratégiques, dont l’importance n’avait pas été identifiée lors des

premières réflexions. Du fait de leur expérience en matière de recherches collaboratives ces acteurs

méritent d’être mobilisés dans la co-construction de la BdS Occitanie.

La question de la différence entre les BdS et différents programmes de recherches collaboratives tels

que les PSDR et les PICRI (cf p.9) a également été posée. Bien qu’ils semblent assez proches de l’objectif

de co-construction des méthodes de recherches portés par les BdS, ils ne sont pas considérés par tous

comme des dispositifs mettant en place de véritables méthodologies de co-construction de la

recherche en lien avec la complexité de la demande associative. Il ne s’agit cependant pas de les

évacuer mais de s’inspirer avec prudence de ces modèles dont les dimensions innovantes ont été

soulignées par ailleurs.

Prise en compte de l’expression de la société civile au sein de la BdS.

Un paysan ne pourra pas porter seul une demande de recherche. Il a donc été souligné que rejoindre

une association ou un collectif était non seulement facile mais également important par exemple

autour des réflexions et pratiques sur les semences.

Le souhait de parité entre membres de la société civile et autres membres de la BdS a été exprimé par

Bob Brac de la Perrière (BEDE), qui a souligné le risque d’une dérive du fonctionnement vers des

logiques trop institutionnelles, dont la société civile risque d'être exclue. Il insiste donc sur l’importance

que ce dispositif soit animé ou porté par une association, en précisant que l’objectif de BEDE n’est pas

de centraliser toutes les recherches participatives de Montpellier mais bien d’accompagner celles qui

entrent dans son champ de compétences  !

Co-légitimité du partenariat chercheurs/associations

La visibilité et la légitimité sont également recherchées par les associations qui souhaitent collaborer

avec les chercheurs qui ont les mêmes préoccupations qu’elles. La BdS cherche donc à développer une

reconnaissance de la société civile notamment vis-à-vis des financeurs de la recherche. Il s’agit pour les

membres des associations qui s’engageront de faire reconnaitre leur propre travail de recherche,

d’accéder à des financements au même titre que les organismes de recherche, permettant de garantir

une rémunération compensatoire du temps passé pour la recherche (temps de réunions,

d’encadrement, de valorisation - séminaires, forums etc-). Il s’agit donc de reprendre un mécanisme

déjà formalisé par le RSP (Réseau Semences Paysannes)  : c’est là un principe éthique partagé par tous

ceux qui se sont investis dans l'émergence d'une BDS Occitanie. Cette question du financement et donc

de la valeur du temps de recherche et des connaissances coproduites est un élément essentiel à penser

ensemble.

De façon complémentaire les chercheurs ont également fait remarquer que pour eux aussi la

collaboration avec la société civile au sein d’une BdS reconnue, pouvait être source d’une meilleure

légitimité, notamment pour accéder à des financements qui exigent des partenariats recherche-société

40 s2hnh.org, avec par exemple des travaux sur la mouche de l’olivier

civile et pour mieux valoriser leurs engagements auprès d’associations pour co-produire des

connaissances avec elles. Cette légitimité est cependant à nuancer avec le fait qu’une partie

relativement importante du monde de la recherche déconsidère encore ce type de partenariat,

estimant qu’ils aboutissent à des résultats de moins grande qualité scientifique, difficilement

valorisables en publications. On a même affaire parfois à une critique de ce type de partenariat comme

preuve d’un manque d’imagination des scientifiques qui vont chercher leurs questionnements auprès

de la société civile.

Financement

Financements et impacts de la recherche ont été très liés dans les discussions, nous les rapportons ici

de façon séparés pour la clarté du propos.

En terme de financement, il est tout d’abord nécessaire de différentier les moyens attribués aux projets

de recherches (salaires du ou des opérateurs, frais de transport, équipements…) et les moyens

attribués à la BDS elle-même (salaire de l’animateur qui s’occupe de la logistique et des échanges,

bureau, salle de réunion…). Une réponse à appel à projet de la Fondation de France a été proposée

pour le financement de projets et d’une partie du coût de fonctionnement de la future BdS. Pour

compléter la prise en charge de ces coûts structurels, la stratégie visée par BEDE et la MSH est de capter

des financements pérennes de la part de la Région et de la Métropole. Le réseau européen des

boutiques des sciences Living Knowledge est également en train de chercher des pistes pour favoriser

à l'échelle européenne un appui financier direct des COMUE aux BdS, sur le modèle de Lyon. Il faut

rappeler que la MHS-SUD fait partie de la COMUE de Montpellier, mais disposant de peu de moyens

financier elle est prête à mettre gratuitement des bureaux à disposition de la future BdS Occitanie.

Concernant d’autres pistes de financements davantage axées sur la prise en charge des projets

thématiques que porterait la BdS, il a été souligné que de plus en plus d’appels à projets (ceux de la

Fondation de France, ou de la Fondation Agropolis notamment)cherchent à intégrer des collectifs

régionaux auprès des chercheurs. Dans ce sens, la Coordination européenne des Semences

Paysannes ("Libérons la diversité Europe") qui effectue une veille sur ce type d’appel à projets est une

base arrière pertinente. De plus, au niveau européen les financements FEADER (Fond européen

agricole pour le développement rural, faisant partie de la PAC) permettent de financer des stages de

type PEI à Supagro, il serait intéressant d’explorer de quelle façon ils pourraient être utilisés par la BdS.

L’idée d’une intégration dans l'iSite MUSE ou dans les EUR (Ecoles Universitaires de Recherche) a

également émergé pendant les discussions, BEDE et la MSH n’y sont pas opposés et sont en train

d’étudier cette possibilité qui n’avait pas encore été envisagée.

Le modèle promu par la BdS est donc celui de projets de recherches partant des praticiens, pour

lesquels un collectif chercheurs-société civile cherche des financements à travers le dispositif reconnu

au sein de la MSH. La possibilité de fonctionner dans l’autre sens, c’est-à-dire dans une logique de

réponses à des appels à projet portées par des scientifiques, sur des thèmes spécifiques et certes

négociés en partie entre les uns et les autres, a également été évoquée. Cependant ce modèle existe

déjà, BEDE comme le RSP en ont une bonne expérience (BEDE est actuellement partenaire avec le RSP

du projet COEX porté par le CIRAD principalement et financé par la Agropolis Fondation) ; il s’agit avec

la BdS de partir des initiatives du terrain plutôt que de se «  rajouter  » comme partenaires sur de gros

projets dont la gestion et les enjeux finaux comme les résultats échappent encore à la société civile.

L’objectif de non-marchandisation des résultats de la recherche, un des critères d’acceptabilité de la

demande historique pour les Boutique des Science, a également été discuté. Aujourd’hui ce critère

est variable selon les boutiques des sciences en France. Il a été précisé que sur des problématiques

agricoles, les associations et les paysans évoluent dans un cadre de rentabilité de leurs activités, mais

la BdS se place cependant dans une logique différente de celle d’un bureau d'études, car le

«  produit  » n’est pas l’expertise du chercheur, mais à la fois les résultats et la démarche d’échange et

de co-construction entre les chercheurs et les associations. C’est un des points qu’il sera nécessaire

d’éclaircir lors de la formalisation de la BdS en Occitanie.

Pour finir, le financement des recherches portées par des associations ou dispositifs type BDS repose

toujours sur de longues négociations, et la diversité des sources de financements (région, recherche,

fondations privée…) est importante afin de garantir une certaine pérennité et une impartialité

nécessaire du dispositif comme des résultats des recherches.

Impact ou utilité de la recherche ?

En lien donc avec la question des financements, la question de «  l’impact  » et de l’utilité de la recherche

a constitué un point central des discussions en seconde session de l’atelier. Des situations négatives

ont été décrites, de projets de recherche «  participatifs  » où les chercheurs et étudiants ne reviennent

pas auprès des paysans qu'ils ont mobilisés, ou qui produisent des connaissances dans un langage qui

n'est pas partagé. La BdS s’engagerait à modifier ces pratiques, ce qui suppose un engagement initial

des chercheurs et des étudiants à changer leurs habitudes académiques, en systématisant les

restitutions locales et la co-construction d’un langage commun, qui permettrait une innovation sur les

concepts utilisés par chacun.

La question de l’impact est stratégique. Mais la notion elle-même pourrait porter à confusion dans la

mesure où certains organismes de recherche, tels que l’INRA, l’utilisent déjà pour décrire ou évaluer

«  l’impact  » non d’une recherche mais d’une publication  : cet impact est mesuré avec un certain

nombre de critères notamment le nombre de fois où elle est citée, renvoyant a priori à la fréquence

d’utilisation et à l’étendue de la diffusion des résultats. Pour une BdS, il ne s’agit pas de mener une

simple « vulgarisation  » des résultats, terme potentiellement dévalorisant et également sujet à débat.

L’objectif porté par les différents participants est bien de conduire tout un processus de production

d'un langage commun avec co-validation des résultats de la recherche selon des critères co-construits,

qui implicitement renvoient à des impacts. Ainsi, au terme du projet de recherche, les résultats doivent

être compréhensibles et de qualité pour tous sans être moins bons que les résultats issus d’une

recherche « conventionnelle  ». Cet objectif ambitieux nécessite donc un apprentissage réciproque, car

chacun doit prendre l'habitude de travailler avec l'autre et comprendre ses exigences et critères ou

normes d’action.

En ce sens l’articulation entre les intérêts du chercheur, de l'association, de l’étudiant voire même du

salarié de l'association, doit être mûrement réfléchie. Car si tous les acteurs ne sont pas intéressés et

engagés par tout le processus et par les résultats de la recherche, il est à craindre que l'utilité du temps

investi soit considérée comme faible voire nulle. Or la compréhension d’un autre point de vue visant

à développer un langage commun exige une motivation et une disponibilité importantes, incompatibles

avec un désintérêt vis-à-vis du projet de recherche. Il est donc important que les associations

s’approprient aussi la démarche, laquelle peut amener des réflexions innovantes tant pour le projet de

recherche lui-même que pour le fonctionnement et les objectifs de l’association. L’exemple a été donné

d’une association qui vient en appui technique aux collectivités sur la « Trame verte et bleue  », sur un

projet de recherche qui cherchait à évaluer l’appropriation de ce concept de « Trame verte et bleu  » et

l’acceptation ou le rejet des aménagements par les acteurs locaux, habitants et jardiniers. L’étude ayant

montré que ces acteurs locaux ne connaissaient quasiment pas le concept, il a été conseillé à

l’association de développer ou de réorienter ses objectifs afin de faire d’abord connaitre le dispositif et

les aménagements au public cible comme première étape vers l’objectif d’appropriation.

Dans l’autre sens, le monde de la recherche doit également comprendre la vision des praticiens, et

accepter de se familiariser avec des visions du monde et du vivant parfois plus sensibles que

« scientifiquement rationnelles  ».

L’idée a aussi été évoquée de se mettre en lien avec des équipes professionnelles de la valorisation de

la recherche, et de passer par ces services pour rendre plus vite accessibles les résultats de la recherche

co-construite au plus grand nombre. La responsabilité de la BdS vis-à-vis de la diffusion de ces résultats

est ici évidente, c’est pourquoi il est envisagé d'évaluer systématiquement les impacts et enjeux

multiples des recherches menées au sein de la BdS : changements des visions de la recherche, utilité

sociale, environnementale, politique, etc...

Quelle dimension réellement régionale pour une structure basée à Montpellier ?

Le fait que la BdS soit portée par BEDE et dispose d’un espace à la MSH, qu’elle soit de ce fait fortement

implantée à Montpellier pose la question de l’ambition régionale du dispositif. A travers les différents

réseaux et contacts des porteurs du projet de BdS ainsi qu’à travers des étapes événementielles telles

que les Assises Sciences Société, l’objectif est d’atteindre cette échelle régionale dès les premiers

projets, dans l’optique d’accéder à un plus grand nombre de financements. Un pôle à Toulouse est jugé

nécessaire, et c’est dans cette optique qu’un représentant du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse

s’est déclaré d’emblée intéressé par un partenariat. Il s’agit maintenant d’évaluer si ce genre de

structure est bien un relai interdisciplinaire et neutre qui pourrait participer activement à la BdS

Occitanie. A Toulouse également Laurent Hazard, chercheur INRA, partageant les valeurs portées par

BEDE et par le projet BdS, constituerait un relai pertinent pour construire cette dimension régionale.

Enfin, le collectif Agroécologie (collectif-agroecologie.fr) semble également être un partenaire

potentiel dans cette ville.

Autres rôles de la BdS

Quelques interventions ont également mis sur la table la question des autres rôles potentiels de la BdS,

avec par exemple une proposition de construire, tester et formaliser d'autres modes d'interactions

entre société civile et monde de la recherche, ou encore une proposition de créer un «  label  » BdS, qui

certifierait différents projets comme réellement collaboratifs et qui ferait prendre conscience et

connaitre les sciences citoyennes.

La taxonomie

Le changement de nom du dispositif a été considéré comme impératif afin d’enlever la notion

marchande, et pour mieux définir ses contours et ses fonctions possibles, au-delà de transmettre des

demandes des OSC aux chercheurs. « Atelier  » et «  Passerelle  » ont été proposés comme alternatives.

Une façon de réfléchir à cette question est de discuter collectivement autour d’une grille

«  lieu/action/sujet  »  :

Lieu/dispositif  : Boutique, Fabrique, Atelier, Passerelle, laboratoire hors murs, interface…

Action  : Production, co-construction, collaboration, coopération…

Sujet  : Science, recherche-action, connaissances…

Des noms plus libres ont également été proposés  :

BOSS  : Boutique Occitane de Sciences Société

COCORICOS  : CO-COnstruction de Recherche Innovante de COnnaissances pour la Société

FOSC  : Fabrique Occitane des Sciences Citoyennes

Tentative de méthode participative

Un nuage de post-it a ensuite permis à chacun d’exprimer ses attentes ou sa vision du projet d’une

Boutique des Sciences. Dans le même temps il était proposé à chacune des personnes présentes dans

la salle d’indiquer son niveau d’implication possible dans cette prochaine BdS, avec quatre niveaux

possibles :

Gouvernance / conseil d'experts / porteur de projet / être tenu informé

Pour l’instant seuls des chercheurs sont intéressés par les missions pourtant centrales de gouvernance

et de conseil « d’expert  » (le mot « expert  » a également été discuté, conseil d’orientation ou de

reformulation conviendrait peut-être davantage). Il manquait cependant encore une vision claire des

charges, rôles, relatifs à ces niveaux d’implication, c’est donc un point qui sera re-discuté pendant les

ateliers scénarios qui constituent l’étape suivante dans la construction d’une BdS.

Cet exercice collectif a également permis de montrer la difficulté qu’il pouvait y avoir à utiliser des

méthodes d’animation participatives.

5) Difficultés de l’atelier de présentation

Ces deux sessions, bien que réussies au vu de la richesse des échanges, ont cependant souffert de

quelques lacunes, que nous détaillerons ici dans une optique d’amélioration continue.

La forme peut-être trop universitaire et peu interactive des exposés a peut-être été à l’origine de la

désaffection d’un certain nombre de personnes entre les deux sessions, qui s’est traduite par un

nombre inférieur de participants dans la seconde session (passé de 80 à 50). De même la séance des

post-it, qui se présentait comme un exercice interactif n’était au final pas assez claire (ni pour le public

ni pour les organisateurs…), elle aurait mérité plus de préparation et une formalisation de la trame

d’animation.

Pendant cet atelier un choix a été fait de ne pas distinguer chercheurs institutionnels et membres

d’associations, afin de rappeler que les savoirs sont d’égales valeurs, que la société civile peut être

porteuse d’une démarche de recherche et que les acteurs de la recherche peuvent être porteurs d'une

démarche civile. Une répartition des différents acteurs selon une distinction qui se base sur les

méthodes d’actions et l’identification de leur environnement d’action aurait cependant permis de

collecter des données sur l’origine des participants, afin de quantifier la part de chacun dans le collectif

et de réduire l’impression finale qu’il y avait une majorité de chercheurs institutionnels dans le public.

Faire circuler une feuille de renseignements à remplir de façon non obligatoire aurait été souhaitable

pour permettre aux participants d’indiquer leur milieu voire leur implication souhaitée, et de collecter

les adresses des personnes intéressées. Cela nous aurait permis d’obtenir une estimation du «  rapport

de disponibilité  » entre associations et chercheurs institutionnels à cette période de l’année,

particulièrement chargée pour les paysans membres d’associations.

Le peu de temps disponible pour la réalisation et l’analyse des résultats a déjà été souligné, et nous

pouvons rappeler à titre de comparaison que les enquêtes de préfiguration des BdS de Lille ou de Lyon

ont chacune duré plus d’un an. A une autre échelle, une discussion et un point clair sur ce qu’on

attendait du stagiaire pendant l’atelier de présentation (qui n’a certes pas non plus pris l’initiative d’une

telle rencontre) auraient peut-être facilité mon implication : je me suis en effet senti un peu désengagé

de mon rôle pourtant prévu d’assistant animateur.

IV] Perspectives

A la suite de cet atelier de présentation, la méthode de « fabrication  » d’une Boutique des Sciences

proposée par Science Citoyenne et que suit BEDE préconise l’organisation d’un atelier dit « Atelier-

scénario  », qui permet de formaliser un peu plus la structure.

BEDE souhaitait initialement organiser l’atelier scénario en septembre, cependant devant l’importance,

pour la suite du processus, d’une bonne organisation de l’atelier scénario et du choix des participants,

cet atelier a été reporté à fin 2017. Des participants dont des praticiens concernés ayant déjà été

repérés pendant les Laboratoires Hors Murs, cet atelier ne s’appuiera pas forcément sur tous les

participants du premier atelier de présentation comme cela est classiquement le cas pour le montage

d’une BdS, mais privilégiera des praticiens familiers des Laboratoires Hors Murs et du projet de BdS en

Occitanie. Ce report de date permettra également de connaitre l’ampleur des financements

disponibles, qui ne seront validés qu’en octobre, afin de réfléchir sur des bases concrètes.

1) L’atelier scénario

Il avait initialement été imaginé que l’atelier-scénario prendrait place pendant le mois de l’agroécologie

en septembre, afin de disposer des acteurs associatifs du monde paysan qui avaient prévu de se libérer

à cette période, mais aussi car des financements de la région étaient prévus.

Suite au report de financement de la Région et parce qu’aucun acteur initiateur, en particulier

l’association BEDE ne peut s’autoriser à auto-financer l’organisation de cet atelier sans garantie de

financement externe, ce rendez-vous a été reporté de quelques mois, les membres des associations

paysannes étant de plus davantage disponibles en hiver.

Cet atelier-scénario qui sera aussi organisé en deux temps, permettra ainsi aux différents acteurs qui

souhaitent contribuer à la naissance et au développement de la Boutique des Sciences en Occitanie

d'échanger leurs points de vue, souhaits, attentes, doutes, critiques et suggestions autour de ce projet

afin de le concrétiser.

Concrètement, il s’agira de  :

- définir collectivement l’objectif de la BdS de Montpellier/Occitanie

- de s’accorder sur une vision partagée du dispositif (statut, organisation, gouvernance, nom,..),

- de répartir les premières étapes (réalisables à court terme) entre les participants,

- enfin de développer un plan d'action pour mettre en œuvre à plus long terme le schéma de

fonctionnement collectivement accepté.

Ces différentes étapes mises en discussions sur deux demi-journées permettront ainsi d’échanger pour

répondre à 4 objectifs complémentaires :

  • identifier Les divergences et Les similarités de perception entre Les acteurs
  • définir ensemble des perspectives et visions souhaitables
  • se répartir Les actions qui aboutiront au schéma de fonctionnement souhaité par tous
  • prendre conscience des problèmes à venir

La méthodologie privilégiée pour ces deux demi-journées est détaillée dans un «  Livret du

participant  » (annexe vii), inspiré largement de ce qu’avaient proposé les acteurs de l’association

Sciences Citoyennes pour le montage de la BdS de Lille.

Les participants à ce futur atelier ont été pré-identifiés. L’enjeu est qu’ils soient équitablement

représentés par catégorie d’action, en étant peu nombreux pour que les discussions puissent avoir lieu

plus facilement. Ainsi ce prochain atelier comprendra 20 personnes issues de 4 groupes acteurs  :

Associations, Chercheurs, Bailleurs, Etudiants.

Il s’agira alors de préciser collectivement un schéma de fonctionnement précis, peut-être en partant

du fonctionnement proposé par BEDE suite aux expériences des Laboratoires Hors Murs. Cependant, il

est clair pour tous que le fonctionnement de la future BdS ne doit être défini ni par BEDE ni par la MSH,

ni par un bailleur  : il ne s’agit pas d’imposer un modèle juridique et/ou de fonctionnement qui

conviendrait à l’un ou à l’autre, cela devra être décidé avec l’accord - ou du moins l’expression - de tous,

à la fin de l’atelier scénario.

Afin cependant de donner une idée de la diversité et de la complexité des activités possibles de la

future BdS, BEDE propose sa vision, (annexe viii), qui sera confrontée aux attentes, besoins et visions

potentiellement différents des autres acteurs. A noter qu’il ne s’agit que d’une structure de

fonctionnement, et non d’une structure juridique qu’il serait présomptueux de poser dès à présent.

2) La phase transitoire

Suite aux décisions prises pendant l’atelier scénario, des actions seront à réaliser par les différents

groupes responsables dans les mois suivant, afin d’arriver à une structure fonctionnelle d’ici la fin de

l’année civile.

3) Les projets-tests

Les projets-tests, dont les modalités de choix seront à préciser pendant l’atelier scénario pourront ainsi

prendre place, dès le début de l’année 2018, après l’atelier-scénario.

La bonne réussite de ces différentes phases passe par une implication forte des participants pendant

l’atelier scénario, mais également à sa suite car c’est eux qui réaliseront les actions décidées

collectivement. C’est pourquoi il est important que l’association BEDE s’assure de la motivation et de

la compatibilité de ses membres et des participants de l’atelier scénario, et c’est pourquoi BEDE

sélectionne pour partie des personnes avec lesquelles elle sait pouvoir collaborer rapidement.

V] Conclusion

Ce stage, malgré sa courte durée, m’a permis d’échanger avec de nombreuses personnes. Les réflexions et

les interactions entre le monde de la recherche et la société qui s’y sont développées m’en ont fait saisir la

complexité, et la nécessaire adaptation de toute co-construction à chaque contexte. En effet, les points de

vue et les attentes des acteurs intéressés sont différents entre les différents groupes (chercheurs,

associations, étudiants) mais aussi au sein même de ces groupes. De plus, chaque projet de co-construction

prend place dans un milieu associatif et institutionnel qui varie, et avec lequel il faut rentrer en interaction

pour le connaitre et pour se faire connaitre.

J’ai également approfondi ma vision du monde associatif, notamment au niveau du rôle des associations

militantes et/ou professionnelles qui n’ont pas les mêmes exigences que les associations étudiantes. Je

n’avais ainsi que peu conscience de l’importance des stratégies, basées sur la compréhension fine du

fonctionnement des institutions et des jeux politiques, qu’elles doivent mettre en place pour faire évoluer

la société vers les valeurs qu’elles défendent. Ainsi, même si ce stage m’a permis de prendre connaissance

de la méthode à utiliser pour mettre en place des dispositifs de type BdS, il m’est maintenant évident que

la mise en place dans un autre contexte de ce genre de dispositif est facilitée par la légitimité du porteur

auprès d’un grand nombre d’acteurs différents.

Je pensais de plus avant d’effectuer ce stage qu’une certaine autonomie financière était envisageable pour

ces recherches collaboratives dont les questions émanant des paysans. J’imaginais ainsi des recherches

autours de problèmes techniques, qui auraient été économes car le paysan y aurait été le technicien et ses

terres les parcelles d’expérimentations. Cette recherche aurait certes pu être co-construite, mais elle

n’aurait pas eu la dimension sociale et politique que revendique une recherche co-construite dans une BdS.

Le modèle de la Boutique des Sciences n’est donc pas celui d’un CETA , ni d’un champ-école, et j’ai au cours

de ces quelques mois compris que ce modèle visait une co-construction de connaissances d’un autre type

que la simple connaissance technique. Bien que ces autres dispositifs de recherches se placent dans un

objectif de changement social, ils se restreignent au changement social grâce au progrès technique, ce qui

me semble maintenant devoir être questionné.

Il s’agit donc pour le chercheur participant à un projet type BdS de dépasser une vision « technico-

économique » du praticien, et d’échanger avec lui sur des problèmes qui ont toujours des facettes sociales

et politiques à considérer en elles-mêmes. La question de l’appellation juridique des semences paysannes

est un exemple fort de l’intérêt des paysans pour ces aspects politiques. Cependant même les demandes

plus techniques, par exemple sur les semis direct de vergers sec, n’ont pas pour fondement unique la

maximisation des profits. Or la compréhension de ces problèmes multi-facettes demande de la part du

chercheur une prise en compte fine du système de réflexion et d’action du praticien, et même le partage de

certaines valeurs. Dans l’autre sens, si le paysan veut se faire paysan-chercheur, le modèle des BdS lui permet

d’approfondir des thèmes qui vont au-delà les aspects techniques agronomiques.

Ce stage m’a ainsi fait comprendre que certaines associations ont envie de se rapprocher du milieu de la

recherche sur des thématiques qui ne sont pas uniquement techniques, et que certains chercheurs au sein

d’un grand nombre de disciplines sont également intéressés pour travailler avec ces associations autour de

questions transversales. L’enjeu des BdS est donc de disposer des appuis financiers et institutionnels qui

permettent la mise en place des outils méthodologiques pour mener à bien ces projets de recherches,

lesquels cherchent à faire évoluer la société de façon concertée grâce à un dialogue entre deux mondes.

41 Centre d’Etude Technique Agricole, structure généralement associative, dans laquelle un ingénieur ou un

technicien, souvent salarié, effectue le suivi scientifique des expérimentations menées à l’initiative et chez les

agriculteurs membres du CETA

VI] Références bibliographiques et web

Sur les tiers lieux  : Olivier Cléach, Valérie Deruelle et Jean-Luc Metzger, «  Les “tiers lieux”, des

microcultures innovantes ? », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 46-2 | 2015,

mis en ligne le 21 avril 2016, consulté le 04 septembre 2017. http://rsa.revues.org/1526

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiers-lieu#Diff.C3.A9rents_types_de_tiers-lieux

Sur la recherche action associative : «  L’accompagnateur chercheur engagé  » Dominique Cottereau,

«  Recherches-actions associatives  : Le praticien réflexif ou la recherche sans

«  chercheur  »  », Éducation relative à l'environnement [En ligne], Volume 13 - 1 | 2016, mis en ligne

le 13 mars 2017, consulté le 04 septembre 2017. http://ere.revues.org/302

Sur la “Community-based participatory research”  : https://www.rri-tools.eu/how-to-stk-csos-co-

create-community-based-participatory-research. «a partnership approach to research that equitably

involves, for example, community members, organizational representatives, and researchers in all

aspects of the research process and in which all partners contribute expertise and share decision

e

making and ownership» (projet européen RRI Tools, 7 PCRD)

https://en.wikipedia.org/wiki/Community-based_participatory_research

Sur des «  paysans-chercheurs  » qui peuvent être très orientés vers les aspects agronomiques et

techniques  : https://www.dailymotion.com/video/xphexh

Sur les boutiques des sciences dans les pays du sud  :

Florence Piron, Les boutiques des sciences et des savoirs, au croisement entre université et

développement local durable  :

https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1/chapter/les-boutiques-des-sciences-

et-des-savoirs-au-croisement-entre-universite-et-developpement-local-durable/

«  La recherche participative exemples de programmes publics  », Sciences Citoyennes, 2011.

http://sciencescitoyennes.org/wp-content/uploads/2012/12/Recherche-participative.pdf

«  Les boutiques de sciences comme outils pour les sciences en société  », Bertrand BOCQUET,

http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna62/lna62p24.pdf

«  Promouvoir la recherche participative  », François Veillerette et Christian Vélot, 2017.

https://sciences-critiques.fr/promouvoir-la-recherche-participative/

Rapport Houiller (INRA) sur les sciences participatives  : http://www.sciences-

participatives.com/Rapport

«  Pour une intelligence publique des sciences  » revue Alliage, Isabelle Stengers, 2011.

http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3239