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Rapportde stage
+
 
présenté pour l'obtention du diplôme ingénieur SAADS
+
 
Option DAAS
+
 
La Boutique des Sciences en Occitanie
+
 
Un dispositif de recherche par et pour la sociétécivile
+
 
par Antoine Malivel
+
 
Mémoire préparé sous la direction de Pascale Moity-Maïzi
+
 
Maitre de stage: RobertAli Brac de la Perrière
+
 
Année de soutenance : 2017
+
 
Organisme d'accueil :
+
 
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+
 
Ce rapport rend compte du stage de deux mois que j’ai réalisé dans le cadre de ma deuxième année
+
 
d’école d’ingénieur SAADS. J’y détaille le contexte de la recherche collaborative et l’historique du projet
+
 
d’une Boutique des Sciences en Occitanie, porté par l’association BEDE. J’y précise ensuite comment
+
 
l’enquête dite «de préfiguration» puis les ateliers de présentation ont été menés auprès des différents
+
 
acteurs concernés. Je rends ensuite compte des résultats obtenus par cette enquête, ainsi que des
+
 
échanges ayant eu lieu pendant les ateliers de présentations, en les analysants. Pour finir, j’ouvre sur
+
 
le déroulement prévu des ateliers de co-construction de la structure entre les acteurs intéressés, et les
+
 
perspectives d’évolution de ce dispositif.
+
 
Une Boutique des Sciences
+
 
C’est un dispositif non-lucratif de recherche collaborative, qui permet aux associations, éventuels
+
 
groupements d'agriculteurs, ou autres collectifs citoyens de s'adresser à des chercheurs pour identifier
+
 
ensemble des réponses à leurs questionnements. De ces demandes citoyennes découlent des projets
+
 
co-construits entre la société civile et le monde de la recherche. (BEDE 2017)
+
 
C’est donc un support de recherches indépendant et participatif, permettant de répondre aux
+
 
préoccupations de la société civile. Le terme«Boutique»,assez marchand, est le résultat d'une
+
 
regrettable traduction de l'anglais«Shop»,qui pourrait aussi se traduire par«Atelier»,ou encore
+
 
«Fabrique». De telles structures existent déjà à Lyon, Lille, et ailleurs en Europeet dans le monde. Une
+
 
description plus complète de leur fonctionnement général et du rôle des différents acteurs est détaillée
+
 
en annexe, dans le «Livret de présentation».
+
 
L’association BEDE
+
 
L’association «Biodiversité, Echanges et Diffusion d’Expériences» (bede-asso.org) est une association
+
 
de solidarité internationale créée en 1994. Elle a depuis son origine pris en charge des questions de
+
 
préservation de la biodiversité cultivée, de promotion des savoirs et des agricultures paysannes pour
+
 
une gestion respectueuse du vivant. Dans cette optique, BEDE est donc aussi une des associations qui
+
 
a fondé en 2003 le Réseau Semences Paysannes (semencespaysannes.org), lequel comprend 23
+
 
associations membres en Occitanie, qui militent pour la promotion et la défense de la biodiversité
+
 
cultivée et des savoir-faire associés.
+
 
Le projet de Boutique des Sciences porté par cette association est conçu comme un prolongement des
+
 
«laboratoires hors murs», qu’ellea initiéset animésavec différentes unités de recherche entre 2013
+
 
et 2015 dans le cadre du projet de recherche-action OUTDOORS financé par Agropolis Fondation. Ces
+
 
laboratoires ont permis de co-définir entre chercheurs et paysans des programmes de recherche
+
 
adaptés aux besoins d’associations paysannes en Algérie, au Bénin et en France, mais ont également
+
 
mis en évidence des manques de lieux d’échanges et de financements durables pour leur
+
 
pérennisation. C’est pour répondre à ces problèmes que l’association BEDE a proposé de mettre en
+
 
place, avec tous les acteurs intéressés en Occitanie, une Boutique des Sciences qui s’intéresserait
+
 
principalement aux thématiques de l’agriculture, de la biodiversité et de l’alimentation.
+
 
Je tiens
+
 
également
+
 
à
+
 
remercier
+
 
Glen
+
 
Millot,
+
 
de
+
 
l’association
+
 
Sciences
+
 
Citoyennes
+
 
(sciencescitoyennes.org)
+
 
qui a aussi participé à la correction de ce rapport et m’a permis de mieux
+
 
comprendre ce milieu compliqué qu’est la recherche militante.Merci aussi à Mathieu Thomas, dont le
+
 
point de vue détaillé m’a aidé à parfaire ce mémoire, età l’équipe de BEDE : Christine, Carole et Audrey
+
 
qui m’ont joyeusement accueilli aux bureaux de cette petite mais très dynamique association. Et merci
+
 
évidemmentà Pascale et à Bob, qui m’ont suivi et encadré avec attention pendant ces deux mois !
+
 
2
+
 
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+
 
Table des matières
+
 
Une Boutique des Sciences.............................................................................................................2
+
 
L’association BEDE...........................................................................................................................2
+
 
Table des matières...................................................................................................................................3
+
 
I] Contexte d’une recherche en lien avec la société en Europe, en France et en Occitanie....................5
+
 
1)Les Boutiques des Sciences en Europe........................................................................................6
+
 
Le réseau «Living Knowledge».......................................................................................................6
+
 
L'économie européenne de la connaissance...................................................................................7
+
 
2)Les Boutiques des Sciences en France.........................................................................................9
+
 
Les Boutiques des Sciences précurseurs.........................................................................................9
+
 
La boutique des Sciences de Lyon...................................................................................................9
+
 
La boutique des sciences de Lille:.................................................................................................10
+
 
3)Les autres dispositifs de recherches collaboratives académique en France.............................10
+
 
Les bourses de financement à destination du Tiers-secteur scientifique.....................................10
+
 
Les tiers-lieux scientifiques et techniques.....................................................................................12
+
 
Les spécificités des boutiques des Sciences..................................................................................13
+
 
4)Les «laboratoires hors murs» et l’émergence d’un projet de Boutique des Sciences co-porté
+
 
par BEDE et la MSH-SUD en Occitanie..............................................................................................15
+
 
Les «Laboratoires Hors Murs pour l’agrobiodiversité»................................................................15
+
 
La vision de la BdS Occitanie par BEDE..........................................................................................16
+
 
Les autres acteurs de la BdS..........................................................................................................17
+
 
II] Enquête et atelier de présentation du 3 juillet.................................................................................18
+
 
Une enquête d’intéressement.......................................................................................................18
+
 
Un atelier de présentation.............................................................................................................18
+
 
1)Rédaction du questionnaire et réalisation de l’enquête...........................................................19
+
 
2)Déroulement de l’atelier de présentation.................................................................................19
+
 
Contexte Assises Sciences-Société à la MSH-SUD.........................................................................19
+
 
1èresession: contexte de l’évolution des BdS en Europe et en France.........................................20
+
 
2èmesession: Contexte de l’émergence d’une BdS en Occitanie...................................................20
+
 
Echanges et propositions autour de la BdS en Occitanie..............................................................20
+
 
III] Synthèse des contenus de l’atelier de présentation et analyse des résultats de l’enquête.............21
+
 
1)Synthèse du fonctionnement des BdS exposés pendant la 1èresession....................................21
+
 
Fonctionnement de la BdS Nord de France :.................................................................................21
+
 
Fonctionnement de la BdS de Lyon:.............................................................................................22
+
 
Points communs, divergences et éléments de réflexions:...........................................................23
+
 
2)Enjeux et stratégie de l’association BEDE..................................................................................25
+
 
3
+
 
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+
 
Risques perçus par l’association....................................................................................................25
+
 
Positionnement de BEDE...............................................................................................................25
+
3)Analyse des résultats de l’enquête............................................................................................26
+
4)Synthèse et leçons à tirer des discussions.................................................................................28
+
Orientation des thématiques........................................................................................................28
+
Importance de l’étudiant...............................................................................................................28
+
Rappel des initiatives déjà existantes en recherche collaborative................................................29
+
Prise en compte de l’expression de la société civile au sein de la BdS..........................................29
+
Co-légitimité du partenariat chercheurs/associations..................................................................29
+
Financement..................................................................................................................................30
+
Impact ou utilité de la recherche?................................................................................................31
+
Quelle dimension réellement régionale pour une structure basée à Montpellier?.....................32
+
Autres rôles de la BdS....................................................................................................................32
+
La taxonomie.................................................................................................................................32
+
Tentative de méthode participative..............................................................................................33
+
5)Difficultés de l’atelier de présentation......................................................................................33
+
IV] Perspectives.....................................................................................................................................34
+
1)L’atelier scénario........................................................................................................................34
+
2)La phase transitoire...................................................................................................................35
+
3)Les projets-tests.........................................................................................................................35
+
V] Conclusion.........................................................................................................................................36
+
VI] Références bibliographiques et web................................................................................................37
+
VII] Annexes...........................................................................................................................................38
+
Liste des acronymes:
+
ALLISS:ALLiance Sciences-Société(alliss.org) estune association partenaire de la MSH-SUD qui
+
cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs sociaux et acteurs économiques et à
+
produire des recommandations pour les puissances publiques basées sur ces expériences de
+
coopération.
+
BdS: Boutique des Sciences
+
OSC: Organisations de la Société Civile (à but non-lucratif) : syndicats, collectifs, associations, ONG,
+
collectifs d'habitants, ainsi que les mouvements et organisations qui de manière libre et distanciée à
+
l’égard du marché et des institutions, développent une lecture critique de la société et se mobilisent
+
pour la transformer.
+
CSTI: Culture Scientifique Technique et Industrielle. Les CCSTI sont ainsi les Centresde Culture
+
Scientifique Technique et Industrielle
+
COMUE: Communautéd'Universités et Établissements, présent dans les différentes régions.
+
4
+
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+
MSH-SUD: Maison des Sciences de l’Homme, Sciences Unies pour un autre Développement
+
(mshsud.org)
+
, est une fédération de recherche,membre de laCOMUEdu Languedoc-Roussillon. Elle
+
regroupenotammentl'INSHS(Institut national des sciences humaines et sociales),lesUniversitésde
+
Montpellier(UM
+
et
+
UPVM3),
+
l’IRD(Institut
+
pour
+
la
+
Recherche
+
et
+
le
+
Développement),
+
MontpellierSupAgro et
+
beaucoupd’autresétablissements de recherche.Cet organisme entend
+
favoriser et accompagner des dynamiques porteuses de propositions alternatives et innovantes au sein
+
du monde universitaire. Il est ainsi ouvert aux chercheurs de toutes les disciplines.
+
I] Contexted’une recherche en lien avec la société en Europe, en France
+
et en Occitanie.
+
Les projets de recherche qui cherchent à se mettre en lien direct avec la société sont de plus en plus
+
fréquents dans le monde scientifique et suivent des méthodologies multiples, fondées sur des
+
conceptions différentes des interactions sciences-société. Pour simplifier les débats sur ces différents
+
types de recherches, nous détaillerons dans cette introduction la vision de la recherche en partant du
+
point de vue de l’associationBEDE, qui regroupeles différents types de projets autour de trois formes
+
principales:
+
-
+
Les projets de « sciences participatives », qui renvoient plutôt à l’idée d’une aide apportée par
+
des citoyens à la science (amateurs volontaires, amateurs éclairés, spécialistes à la retraite,
+
etc.). Les citoyens volontaires peuvent ainsi –en respectant un protocole préparé ou validé par
+
des scientifiques
+
-
+
effectuer des observations, des mesures, des échantillonnages ou
+
comptages et transmettre ces données (brutes oupré-traitées) afin qu’elles soient traitées et
+
analysées par les scientifiques (source).Ces projets sont alors définis comme relevant d’une
+
scienceparticipative et non de rechercheparticipative, car les citoyens ne sont impliqués dans
+
le processus qu’au niveaude la collecte de données scientifiqueset non dans la réflexion sur
+
l’objectif de la recherche.
+
-
+
Les projets de recherche conventionnelle,quisont des projets dans lesquels les chercheurs
+
déclarent de plus en plus souvent prendre en compte le point de vue des acteurs, en
+
développant des formes de participation des acteurs à certaines étapes de la recherche. Ils ne
+
mettent cependant pas en pratique les méthodes pour co-concevoir ou travailler ensemble aux
+
questions de recherche elles-mêmes, qui restent définies par des chercheurs sans réflexion en
+
lien avec les praticiens. Ces recherches aboutissent ainsi à des publications scientifiques qui ne
+
sont que rarement restituées aux acteurs du terrain et qui ne répondent pas forcément à leurs
+
attentes. Les citoyens et leurs interactions avec leurmilieuysontsouventles objets d’étude,à
+
la différence des projets de sciences participativesqui font davantage intervenir le citoyen
+
comme un «technicien», par exemple pour des comptages d’insectes par des entomologistes
+
amateurs. Sont emblématiques de ce type de projet les diagnostics de type MARP: Méthode
+
Accélérée de Recherche Participative. Le problème que les chercheurs se proposent d’étudier
+
est abordé à travers un diagnostic déjà orienté, étudiant par exemple les causes des limitations
+
de rendements à partir d’indicateurs produits par des scientifiques et sans être ouverts aux
+
autres indicateurs ouproblèmes des agriculteurs.
+
-
+
Les projets de recherche «coopérative» ou «collaborative» plébiscités par BEDE et ses
+
partenaires, prennent en compte tous les points de vues et compétences: la définition du
+
problème (définition des hypothèses de recherche, méthodologie) est précisée entre tous les
+
acteurs au cours d’échanges. Parfois initiées par la société civile, ces recherches exigent que
+
les chercheurs travaillent en lien étroit avec les acteurs, parfois considérés comme co
+
chercheurs, ou désignés par le terme de «tiers-secteur scientifique». Dans ce type de
+
5
+
----------------------- Page 6-----------------------
+
recherche l’évaluation de l’impact de la recherche est également un aspect important (quoique
+
pas systématique), car en lien avec une réflexion sur le rôle de la science. L’utilisation et la
+
construction d’un langage commun entre tous les acteurs (et non la «vulgarisation») est
+
particulièrement important pour mener à bien ce type de recherche. Les produits de ces
+
recherches sont en général objets de publications validées ou co-signées par les différents
+
partenaires.
+
Les trois grands types de recherche ainsi définis sont relativement caricaturaux dans la mesure au
+
moins où les définitions même de la participation ne sont pas communément admises, non stabilisées,
+
renvoient à des écoles de pensée différentes, etc… Ainsi par exemple, la différence entre «science
+
participative» et «recherche participative» telle que retenue ici n’est pas utilisée de la même façon
+
par tous. Il s’agit ici de donner simplement un cadre de référence du contexte d’émergence d’une
+
Boutique des Sciences, à partir du point de vue de l’association BEDE et de ses principaux partenaires
+
scientifiques.
+
Lipinski et Larqué,membres de l’association ALLISS,distinguentd’une façon un peu similairetrois types
+
de liens sciences-société
+
: sciences participatives, collaboratives ou citoyennes, selon que le
+
programme de recherche et la création de connaissance sont pilotés par le chercheur, par les deux
+
bords,ou par l’association citoyenne.
+
1
+
1)
+
Les Boutiques des Sciences en Europe
+
Le modèle des Boutiques des Sciences (BdS) est historiquement une des premières initiatives ayant eu
+
pour objectif de rapprocher la recherche scientifique de la société civile. Aujourd’hui environ une
+
centaine de BdS sont en activité dans environ 27 pays du monde, principalement en Europe.
+
Les Boutiques des Sciences sont apparues en 1973 aux Pays-Bas, portées par des syndicats d'étudiants
+
en chimie et des enseignants, avec pour objectif de faire remonter les questions des citoyens sur les
+
conséquences possiblesdes découvertes scientifiques, dans un contexte de financiarisation de la
+
recherche déjà fortement critiqué . Ce modèle a ensuite essaimé en Europe au sein des universités, et
+
la France comptait ainsi en 1980 seize boutiques de sciences, regroupées au sein de la «Fédération
+
Nationale des Boutiques de Sciences et Assimilés», aujourd’hui disparue.
+
Dans les années 90-2000, ces structures ont rencontré des difficultés. En France, leur disparition a été
+
le fait d’une réorientation des financements de l’Etat vers des dispositifs de « culture scientifique,
+
technique et industrielle» (CSTI, cf p.11). Elles n’ont cependant pas disparu aux Pays-Bas, qui comptent
+
aujourd’hui 40 BdS, lesquelles mènent chaque année plusieurs milliers de programmes de recherches,
+
autour de thématiques liées aux problèmes environnementaux, à la santé, à l’éducation, aux conditions
+
de travail, au droit, à la demande de services sociaux, autour du développement des communes, des
+
problèmes du tiers monde etc…
+
Le réseau «Living Knowledge»2
+
Depuis les années 2000 et suite à de nombreux projets sous financements européens, une réapparition
+
des boutiques des sciences a pu être observée dans les pays où elles avaient disparu. Ces structures,
+
restées assez marginales et ayant souvent risqué la fermeture faute de reconnaissance et de
+
financements stables, semblent actuellement être dans une nouvelle dynamique. La création en 2005
+
duréseau « Living Knowledge», financé par l'Union Européenne, a permis la mise en relation des
+
1
+
«Enquête: l’«Alliance Sciences-Société» et ses mystifications», 2013. scienceetcitoyens.word
+
press.com/2013/05/12/enquete-lalliance-science-et-societe-et-ses-mystifications/
+
Article critiquant par ailleurs
+
durement l’association ALLISS, et de façon générale toute tentative de «science citoyenne»
+
2
+
livingknowledge.org
+
6
+
----------------------- Page 7-----------------------
+
différentes Boutiquesdes Sciences européennes. Preuve de l’intérêt de l’Europe pour ces dispositifs,
+
différents programmes ont financé des initiatives de Boutiques de Sciences de façon quasi
+
ininterrompue, avec une vision de long terme (s’étalant jusqu’en 2021). Il faut cependant souligner que
+
les aides européennes n’ont pas vocation à financer de façon durable les BdS, mais les aident à
+
démarrer avant qu’elles trouvent des financements locaux. L’implantation durable des BdS dans les
+
territoires est ainsi dépendante du contextepolitique et institutionnel local, c’est pourquoi l’avenir de
+
ces structures reste encore incertain.
+
En Europe le réseau «living knowledge» est fortement soutenu depuis ses débuts par des
+
financements européens, d’abord pour produire une réflexion et une formalisation des BdS (sans
+
chercher forcément à les standardiser), ensuite pour préciser les lignes directrices des futures
+
politiques de financements de ce type de dispositif.
+
L'économie européenne de la connaissance
+
Le réseau «Living Knowledge» estainsi financé au niveau européen car les BdS sont considérées
+
comme des dispositifs relevant de «l'économie de la connaissance», autour de laquelle le Conseil
+
Européen de Lisbonne a décidé d'axer la politique économique de l'Europe en 2000.
+
La théorisation de l'économie de la connaissance, ou capitalisme cognitif, découle de l'importance
+
grandissante de la connaissance et de la technologie dans les économies modernes. Cette théorie pose
+
ainsi le savoir comme un moteur de productivité et de croissance économique, et cherche entre autre
+
à créer un marché de la connaissance dans lequel toutes les connaissances sont brevetables. Ces
+
brevets correspondent ainsi àdes «parts du marché de la connaissance», qui permettent le profit des
+
entreprises industriellesqui en possèdent la propriété exclusive.
+
Des critiques font cependant remarquer qu'il s'agit d'une aliénation de ce bien commun qu'était
+
jusqu'alors la connaissance
+
3
+
. D'autres critiques portent également sur le fait de transformer l'école, la
+
connaissance,la culture et les relations sociales en moyens au service de la croissance de l'économie
+
4
+
;
+
ou encore sur le fait que la croissance prétendument infinie de cette «économie de la connaissance»
+
reste limitée par les ressources matérielles finies
+
5
+
.
+
Le soutient de l’UE aux BdS est donc «à double tranchant»: sa logique de fond sert avant tout les
+
intérêts des industries, de la croissance économique, à travers notamment la «valorisation» par des
+
brevets, des connaissances et innovations co-produites entrechercheurs et acteurs non scientifiques.
+
Mais en retour ces soutiens européens ne conditionnent pas les dotations financières à certaines
+
méthodologies ou à certains résultats (nombre de brevets attendus par exemple) que devraient
+
développer les BdS.
+
Ils constituent donc des instruments que certaines universités et/ou associations peuvent mobiliser
+
librement pour d’une part développer leurs propres conceptions des enjeux et des processus de co
+
production de savoirs ou d’innovations, d’autre part défendre àtravers eux des transformations des
+
3
+
Geneviève Azam, « Les droits de propriété sur le vivant », revue Développement durable et territoires, 2008.
+
developpementdurable.revues.org/5443
+
4
+
Eric Martin, «Qu’est-ce que l’économiedu savoir ?», 2012. iris-re
+
cherche.qc.ca/blogue/qu%25e2%2580%2599est-ce-que-l%25e2%2580%2599economie-du-savoir
+
5
+
Jean-Marc Jancovici, «La dématérialisation de l’économie : mythe ou réalité ?», présentation devant l’assem
+
blée nationale, 2007.
+
assemblee-nationale.fr/13/cr-grenelle/jancovici-complts.pdf
+
Sur la société de la connaissance voir
+
oecd.org/fr/sti/sci-tech/leconomiefondeesurlesavoir.htm,
+
sur la vision de
+
la société de la connaissance par l'OCDE, etmots.revues.org/14263, une analyse critique de la vision
+
européenne de la société de connaissance
+
7
+
----------------------- Page 8-----------------------
+
relations Science-société et des alternatives aux modèles industriels et capitalistes (de l’agriculture, de
+
la santé, etc). C’est dans cette «brèche ouverte» que s’insèrent les projets de BdS portés par certains
+
collectifs en France et notamment celui de BEDE.
+
8
+
----------------------- Page 9-----------------------
+
2)
+
Les Boutiques des Sciences en France
+
En France, le renouveau des BdS s’est concrétisé par la courte mais significative expérience de la BdS
+
de Cachan en 2005, qui a précédé l’apparition de celles de Grenoble en 2011, Lyon en 2013 et Lille en
+
2015. Les boutiques existantesse sont rassembléesen 2015dansun réseau francophone à l’intérieur
+
du réseau européen.
+
Je m’attacherai principalement ici à décrire la création, le mode d’hébergement et les sources de
+
financements des différentes BdS françaises, leur fonctionnement sera détaillé plus en avant dans la
+
synthèse des exposés de l’atelier de présentation (cf p.19).
+
Les Boutiques des Sciences précurseurs
+
Le renouveau des Boutiques des Sciences française a eu lieu en 2005, avec la naissance de la boutique
+
de Cachan. Cette boutique, à l’initiative
+
d’étudiants, a ainsi permis de développer 2 études
+
bibliographiques (sur l’évolution de la biodiversité des blés et les outils de détections des plantes OGM).
+
D’autres demandes de la société civile ont été formulées mais faute de renouvellement des étudiants
+
porteurs et d’une absence de reconnaissance par l’administration cette boutique est à l’arrêt depuis
+
2008.
+
«l’Echop’à Sciences» de Grenoble en 2011, basée sur un fonctionnement et des financements
+
associatifs, peut également être considérée comme unedes BdS précurseur. Le projet, porté par des
+
chercheurs impliqués dans la vie associative, ne correspondait cependant pas à la politique de
+
l'université de Grenoble. Il leur a ainsi été impossible de pérenniser l'activité de la boutique, qui s’est
+
arrêtéeen 2013 malgré un engagement important des membres.
+
6
+
La boutique des Sciences de Lyon
+
Fortement soutenue par les financements de différents projets européens, une étude de
+
préfiguration de deux ans (2010-2011) à l’initiative du directeur de la COMUE financée par le projet
+
européen PERARES, a permis de préciser les chercheurs et associations intéressées et de faire
+
connaitre le projet de BdS-Lyon, puis de co-construire un premier projet pilote de recherche de 18
+
mois, sur les problèmes de pollution d'un cours d'eau à côté d'un jardin ouvrier, à la demande de et
+
en partenariat avec des associations de jardiniers et d’environnementalistes. Ce projet a également
+
été appuyé par la région et a permis de poser des bases de fonctionnement, d’identifier de bonnes
+
pratiques et des points de vigilance pour le dispositif ainsi créé.
+
En termes de budget le PALSE (Programme d'Avenir Lyon St Etienne) a financé le lancement de cette
+
BDS. Le dispositif est par ailleurs inscrit dans le projet d’IDEX(Initiatives D’EXcellence, projet faisant
+
partie du programme de financement national dit «investissements d’avenir»),lauréat en mai 2017,
+
ce qui garantit son financement pour encore au moins 4 ans et donc une certaine pérennité.
+
La Boutiques des Sciences de Lyon est ainsi fortement intégrée dans la COMUE, (structure issue du
+
regroupement des universités de Lyon et de St-Etienne), hébergée au sein du Service « culture,
+
sciences et société » de l’université, d’où des financements stables et conséquents, ainsi qu’une
+
visibilité etune garantie pour les appels à projets.
+
6
+
Rapport d’activité 2014 de l’association grenobloise Adreca-Contrevent: adrecacontrevent.files.word
+
press.com/2015/02/adreca-contrevent-rapport-dactivitc3a9-2014.pdf.
+
Ce document détaille la position de l’or
+
ganisation qui est implantée dans l’associatif et accompagne les projets de recherche-action, mais abandonne la
+
structure de BdS tout en gardant un objectif de devenir «une forme de laboratoire ou de centre de recherche
+
action, à base communautaire».
+
9
+
----------------------- Page 10-----------------------
+
La boutique des sciences de Lille:
+
La Boutique des Sciences de Lille fonctionne depuis 2015. Elle s’est constituée à l’initiative de 6
+
chercheurs issus de disciplines différentes, à la suite de la constitution en 2012 d’un groupement
+
temporaire de recherche «CiTé», qui visait à favoriser les interactions sciences-société. Le comité de
+
pilotage, qui a porté l’enquête de préfiguration à la suite de la proposition de ce groupement de
+
recherche, était constitué de chercheurs en sociologie et en physique, d’un ingénieur de recherche en
+
physique, de deux étudiants, et d’un membre d’une association.
+
Cettepréfiguration, commencée en octobre 2013, a été financée par la Région et par la communauté
+
urbaine de Lille, elle a duré un peu plus d’un an.
+
La préfiguration et la création de cette Boutique se sont ainsi faites en trois temps:
+
Une première phase de bibliographie et d’enquête sur d’autres BdS, a permis de mettre en évidence
+
un intérêt fort des chercheurs et des étudiants pour un renouveau des méthodes de recherche.
+
Une seconde phase de diffusion des résultats de l’enquêtea permis d’informer puis d’affiner les
+
attentes des différents groupes d’acteurs à travers des ateliers de réflexions restitués en plénière (50
+
participants). Cette phase a également permis d’identifier 20 personnes particulièrement motivées
+
pour participer à la phase de «l’atelier scénario».
+
La troisième phase a donc été consacrée à la réalisation de cet atelier scénario, en deux sessions
+
réparties sur deux soirées de réflexion approfondie sur le dispositif. Ces deux sessions ont eu lieu de
+
18h-21h afin de s’adapter aux contraintes des participants, et un buffet était également offert. Suite
+
aux discussions, il a été décidé (et possible)de faire héberger cette BdS au sein de la COMUE de Lille.
+
Elle dispose de locaux mis à disposition par un organisme équivalent à la MSH de Montpellier, qui fait
+
ainsi partie de la COMUE. Elle a menée 2 projets pilotes en 2015-2016, et deux autres en cours pour
+
2016-2017. Suite à une alternance politique, une partie des financements a été supprimée. Cette
+
réduction du budget a donc mis en veille le fonctionnement de la BdS, un demi-salaire est toujours
+
assuré, mais la possibilité de financer les projets de recherches sur des fonds propres a disparue. Des
+
projets de recherche sont ainsi en attente de financements.
+
3)
+
Les autres dispositifs de recherches collaborativesacadémiqueen France
+
Les boutiques des Sciences ne sont pas les seuls dispositifs qui veulent rapprocher le monde de la
+
recherche et la société civile. Nous détaillerons ici quelques-uns des dispositifs de financement passés
+
ou présent au sein des territoires français, et nous expliciterons les différences qui existent entre les
+
BdS et ces autres «tiers-lieux scientifiques» tels que les fab-labs ou living-labs.
+
Les bourses de financement à destination du Tiers-secteur scientifique
+
«Le Tiers-Secteur Scientifique est constitué d’initiatives de la société civile dans lesquelles des citoyens
+
lambda, des militants associatifs ou syndicaux, des usagers et des praticiens construisent
+
collectivement des connaissances qui leur sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs citoyens. Il
+
comporte cependant une grande diversité de structures, d’objectifs, de moyens et de pratiques.»
+
7
+
Les appels à projets régionaux:
+
En Ile-de-France le Conseil régionala porté les PICRI (Partenariats Institutions-Citoyens pour la
+
Recherche et l’Innovation), entre 2005 et 2015. Ils développaient des projets assez proches de ceux
+
7
+
Définition 2012 du tiers secteur scientifique par Glen Millot de l’association Sciences Citoyennes: sciencesci
+
toyennes.org/le-tiers-secteur-scientifique-exemple-des-boutiques-de-sciences/
+
Sur le même sujet voir:sociologies.revues.org/5207#ftn8, basé sur l’étude des ASOSC en Bretagne
+
10
+
----------------------- Page 11-----------------------
+
portés par les BdS, avec cependant une orientation fortevers les doctorantset post-doctorantset des
+
budgets à compléter avec d’autres sources de financements,
+
souventsans mise à disposition
+
d’animateurs salariés pour faire le lien entre société civile et chercheurs. Dans le Nord-Pas de
+
Calaisc’est un «programme Chercheurs Citoyens» assez proche d’un PICRI qui a été mené par le
+
Conseil régional entre 2010 et 2016, mais qui n’a apparemment pas été renouvelé en 2017 pour des
+
raisons inconnues.
+
EnBretagne le «programme de recherche pour l’Appropriation SOCiale des Sciences»(ASOCS)porté
+
par le Conseil Régional a été créé en 2008, et a été en lien en 2011 et 2012 avec la tentative de création
+
du «PERISCOPE»: Plateforme d'Échanges et de Recherches Interdisciplinaires entre Science et Société
+
Civile Organisée pour le Pilotage et l'élaboration de l'Expertise.
+
8
+
Les dernières nouvellesen lignede ce
+
programme de recherche datent de 2014.
+
9
+
EnAuvergne, le Pôle «Recherche, Enseignement supérieur et Innovation» du Conseil régional a lancé
+
en 2012 un appel à projets grâce auquel deux projets ont été financés pour les années 2013-2014. En
+
2017 il ne semble pas que ce type d’appel à projet à destination des associations existe encore.10
+
Les Conseils régionaux ont en fait initié et expérimenté des formes de financements à destination de
+
partenariats entre société civile et monde de la recherche, mais ces financements sont instables, et il
+
n’en existe actuellement plus. Malgré un investissement initial
+
11
+
,il semblerait que l’effet de mode soit
+
retombé.
+
Les PSDR (Pour etSur le Développement Régional)
+
Ce sont des projets de recherches portés par l’INRA et les Régions, issus d’une dynamique continue
+
depuis 1993. Visant le développement territorial de l’agriculture, de l’agro-alimentaire ainsi que
+
l’aménagement de l’espaceet autres dynamiques rurales, les recherches sous label PSDR (5AO conjoint
+
INRA/Région) sont pluri ou inter disciplinaires, impliquant des chercheurs des Sciences Humaines et
+
Sociales autant que des Sciences biotechniques aux côtés d’acteurs de la sociétécivile liés au monde
+
agricole. L’accent est ainsi mis sur les relations entre partenaires scientifiques et de terrain dans la co
+
construction de recherchesen lien avec le réel.
+
12
+
Il s’agit néanmoins d’un dispositif national essentiellement piloté par les centres INRA, puis décliné par
+
régions, chacune imposant par ailleurs ses normes spécifiques de gestion et de partenariat. Des conflits
+
institutionnels dont je n’ai pas réussi à saisir la nature ont cependant mis fin aux programmes PSDR en
+
Languedoc Roussillon.
+
Les bourses CIFRE:Conventions Industrielles de Formation par la REcherche
+
Ce sont certainement les dispositifs qui aboutissent au plus grand nombre de projets parmi ceux qui
+
ont été présenté ici.Initialement destinés aux entreprises,ce sont des subventions qui financent
+
environla moitié du coût d’embauche d’un doctorant,pour des projets de recherche de trois ans
+
mettant en lien l’entreprise, un laboratoire de recherche et le doctorant autour d’un projet de
+
recherche objet de sa thèse défini par l’entreprise. Ces bourses permettent donc des collaborations de
+
8
+
mediations-sciences-societe.weebly.com/1/post/2011/04/lancement-de-priscope-avec-linstitut-universitaire
+
europen-de-la-mer-iuem.html
+
9
+
alainpenven.blogspot.fr/2014/05/la-recherche-partenariale-et.html
+
10
+
Une recherche sur le site des appels à projets de la région ne renvoyant rien de concluant:
+
auvergnerhonealpes.fr/89-guide-des-aides-appels-a-projet.htm?type=TYPE_APPEL&public=1
+
11
+
Article qui détaille l’engouement qu’il existait en 2014 pour le financement de ce type de recherche par les
+
conseils régionaux:
+
avise.org/actualites/recherche-action-et-innovation-sociale-des-conseils-regionaux-investis
+
12
+
psdr.fr/PSDR.php?categ=41&lg=FR
+
11
+
----------------------- Page 12-----------------------
+
recherche entre entreprises ou associations et laboratoires publics,mais la deuxième moitié de chaque
+
bourse doit être financée par des fonds propres ou à travers un appel à projet.
+
En 2016seuls 4% des bourses CIFREont étéallouées à des associations ou à des collectivités
+
13
+
.Le
+
partenariat entre l’AVEM et l’INRA dans le millavois par exemple, a fait appel à ce genre de dispositif.
+
Les tiers-lieux scientifiques et techniques
+
Nous retiendronsici la définition proposée sur le wiki du Movilab, un dispositif d'incubation de
+
«modes de vie durables» né en 2010 d'un appel à projet du ministère de l'écologie. Les «Tiers
+
Lieux»y sont définis comme des «espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et
+
compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser.»
+
14
+
En ce sens, Living-labs, Fab-labs et Boutique des Sciences sont des tiers-lieux que nous appelons
+
«scientifiques et techniques», à la différence des tiers-lieux de «co-action», plus souvent désignés
+
comme des espaces de coworking, sur des projets d’habitation collective ou encore de jardinage
+
communautaire.
+
Les Living-labs et la CSTI
+
«Un Living-lab est un écosystème d’innovation porté par les usagers, qui engageet motive toutes les
+
parties prenantes, stimule le co-design et la co-création de technologies, de produits, de services, créé
+
de nouveaux marchés et permet la transformation des comportements.»
+
15
+
.
+
Issu d’un partenariat Public-Privé-Population
+
16
+
, le Living-lab cherche donc à tester ou développer des
+
services, des outils ou des usages nouveaux en faisant interagir ces trois mondes.
+
Dans ce contexte l’usager est considéré comme l’acteur central de l’innovation, en tant que co-créateur
+
et utilisateur. Son implication permet de favoriser l’alignement de l’offre sur la demande en terme
+
qualitatif, de développer l’acceptabilité sociale des avancées technologiques
+
17
+
et de lui permettre de
+
«designer et d’expérimenter son propre futur»
+
18
+
Même si certains déclarent que ce dispositif « permet à une population d'influer sur les évolutions de
+
notre société et d'en appréhender les enjeux sociaux,technologiques et économiques»
+
19
+
les objectifs
+
par ailleurs affichés de « transformation des comportements », « d’acceptabilitésociale », et une
+
orientation vers le développement de produits ou de services au profit essentiellement des entreprises,
+
différentient fortement les Living-labs des BdS du moins en France,, puisque ces dernières sont avant
+
tout maintenant des structures destinées à co-produire des connaissances pour et avec des
+
organisations sociales et sans but lucratif.
+
De plus, les acteurs de la CSTI se rapprochent aujourd’hui des Living-labs dans un objectif de médiation
+
scientifique
+
20
+
et il faut rappeler qu'en France les BdS sont historiquement opposées au concept de CSTI
+
(Culture Scientifique, Technique et Industrielle),les financements initialement alloués aux BdS ayant
+
été réorienté vers les CCSTI (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle) dans lesannées
+
13
+
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html##repartition
+
14
+
movilab.org/index.php?title=D%C3%A9finition_des_Tiers_Lieux
+
15
+
Définition de l’European Network of Living Labs, cité par l’INRA:
+
inra.fr/rencontresia/content/download/3560/34549/file/5.Guyomard.pdf
+
16
+
Inmédia est un réseau regroupant un grand nombre
+
deCCSTI:inmediats.fr/living-lab-inmediats-des-reseaux
+
methodes-et-outils-au-service-dune-innovation-ouverte-13/
+
17
+
techsapouest.com/LIVING-LAB-presentation.awp
+
18
+
alcotra-innovation.eu/progetto/doc/Short_guide_on_Living_Labs_and_some_good_practices.pdfvoir page4
+
19
+
www.quaidessavoirs.fr/test/-/asset_publisher/e43Udiv6bqai/content/fab-lab
+
20
+
inmediats.fr/wp-content/uploads/2014/12/Living-Lab.pdf
+
12
+
----------------------- Page 13-----------------------
+
80. La stratégie nationale sur la CSTI a ainsi pour objectif d'«éclairer les citoyen(ne)s et leur donner les
+
moyens de renforcer leur curiosité, leur ouverture d'esprit, leur esprit critique, et de lutter contre le
+
prêt-à-penser, grâce aux acquis de la science et au partage de la démarchescientifique»
+
21
+
.Les CCSTI
+
sont donc les lieux de vulgarisation du savoir scientifique auprès des citoyens les plus éloignés de la
+
science et de la culture.
+
Ainsi, tandis que les CCSTI diffusent une culture scientifique et industrielle (en évitant d’aborder les
+
sujets destechnosciences: OGM et brevetabilité du vivant, clonage, nanotechnologies, biologie
+
synthétique; ou les controverses liées aux risques sanitaires, environnementaux, éthiques ou sociétaux
+
d’innovations scientifiques), les BdS ne refusent pas de travailler avec des associations qui posent
+
précisément ces questions (identification des cultures OGM par la BdS de Cachan, propriété collective
+
de semences locales par la BdS de Lyon, par exemple). Les BdS ont d’ailleurs historiquement été créées
+
par des citoyens, chercheurs et étudiants pour soulever ces questions d’impacts des innovations
+
scientifiques sur la société, tandis que les CCSTI ont été créés en sens inverse comme des «outils
+
d'adéquation rapides des sociétés en mutation aux contraintes de l'évolution technologique
+
moderne»
+
22
+
Enfin, si les BdS cherchent à co-définir de façon scientifique des problèmes sociétaux grâce à des
+
échanges entre membres de la BdS (incluant toujours des collectifs citoyens) puis à les résoudre
+
ensemble, les Living-labs visent à co-concevoir des produits ou des services à travers des interactions
+
avec des usagers intéressés, en utilisant des outils majoritairement numériques, pour des projets à
+
l’initiative d’entreprises ou de collectivités territoriales.
+
Les fab-labs et makerspace
+
Les fabs-labs et les Makerspaces sont des lieux physiques. Leur but est de permettre un travail en
+
commun autour de machines, d‘outils de programmation, ou parfois de processus industriels, et visent
+
l’échange de connaissances à travers la formation entre pairs. Les fab-labs se différencient des
+
Makerspaces par le fait qu’ils adhèrent à une charte rédigée par le MIT (Massachusetts Institute of
+
Technology, prestigieuse université et institut de recherche américain), qui met en avant l’obligation
+
d’une part de partager les connaissances entre tous les Fab-labs signataires, et d’autre part d’ouvrir ces
+
espaces au public.
+
Ces «lieux» permettent essentiellement à des citoyens d’échanger entre eux etde monter ensemble
+
des projets d’ingénierie. Ces projets ne demandent pas de «recherche» au sens scientifique du terme
+
mais cherchent à prototyper et à créer des objets manufacturés. Ce sont ainsi des lieux qui visent la
+
réappropriation des connaissances
+
techniques par les citoyens, mais pas nécessairement la
+
réappropriation du processus de recherche scientifique en amont de ces connaissances techniques. De
+
plus, ce ne sont pas des lieux qui cherchent à mettre en contact le monde de la recherche scientifique
+
et la société civile, car les ressources des autres fab-labs et de façon plus générale les ressources en
+
ligne y sont considérées comme la source principale de connaissances extérieures à partager.
+
Les spécificités des boutiques des Sciences
+
En France les relations entre Sciences et Société sont donc souvent articulées autour de la diffusion des
+
savoirs par les savants en direction des profanes à travers les CCSTI. Or, d’une part les savoirs sont
+
multiples et peuvent également provenir de la société, etd’autre part la société peut avoir des
+
demandes précises sans que la communauté scientifique puisse y apporter une réponse immédiate.
+
21
+
enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid113974/la-strategie-nationale-de-culture-scientifique-technique-et
+
industrielle.html
+
22
+
Rapport préparatoire de la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette sur le CCSTI de Guadeloupe, 1990
+
13
+
----------------------- Page 14-----------------------
+
C’est pourquoi les boutiques des Sciences sont avant tout pensées comme des espaces de dialogues et
+
d’échanges entre chercheurs et membres de la société civile, mais elles sont aussi censées offrir des
+
facilités d’accès à des financements qui permettent de conduire des projets de recherche collaborative
+
à l’initiative de la société civile. Cette complémentarité de l’encadrement matériel et financier autour
+
des projets de recherche est également associée à la mobilisation de méthodes facilitant la formulation
+
des problèmes. C’est donc ce triple encadrement matériel, financier et méthodologique, qui permet la
+
réalisation d’unerecherche collaborative répondant aux attentes des OSC comme aux exigences des
+
chercheurs.
+
Cela ne signifie pas qu’il est impossible pour des chercheurs et des OSC de s’entendre hors du cadre
+
d’une BdS sur une méthodologie adaptée prenant en compte les besoins de tous. Cependant, dans un
+
objectif de «réplication» de ces principes et postures encore assez marginaux, il est utile qu’un réseau
+
capitalise et réinvestisse les connaissances accumulées au cours des différents projets de recherche
+
collaborative;d’où l’intérêt d’un réseau européen de BdS. Plus largement, les BdSet l’association
+
Sciences Citoyennescherchent à faire évoluer les mentalités, les politiques et les institutions
+
d’encadrement et de financement de la science
+
23
+
, en montrantque la co-construction de projets entre
+
recherche et société civile n’aboutit pas à de la «mauvaise science»
+
24
+
.
+
Le dialogue sciences-société en ce sens est ainsi plus difficile que ce que laissent croire les objectifs
+
affichés des diverses institutions et programmes de financements qui«reposent sur une collaboration
+
étroite entre laboratoires de recherche publics et organisations issues de la société civile dans toutes
+
leurs diversités»
+
25
+
,mais qui ne précisent pas les détails de cette collaboration.
+
Du côté des autrestiers lieux scientifiques, cet objectif de dialogue entre les différentes parties de la
+
société n’est pas prioritaire, et le risque d’entre soi dans le milieu des fab-labs a déjà été critiqué, car
+
malgré une exigence d’ouverture, ne rentrent dans le fab-lab ou le living-lab que ceux qui sont
+
disponibles et intéressés par la démarche. L’accent mis sur la co-création, souvent autour de projets
+
liés aux technologies informatiques, pose en réalité la question de qui participe à cette co-création et
+
avec quelsobjectifs. Les Boutiques des Sciences rencontrent évidemment le même problème de
+
disponibilité et d’intérêt des publics, mais les chartes des différentes BdS mettent cependant un accent
+
clair sur l’objectif d’amélioration des conditions de vie des participants, et sur l’importance de
+
s’adresser de façon spécifique au monde rural ou défavorisé. Les thématiques d’études au sein des BdS
+
sont ainsi d’un autre ordre que celles des fab ou living-labs, principalement autour de questions
+
environnementales ou sociales, et plus rarement autour de questions technologiques.
+
De plus les BdS, en cherchant à mettre en relation le monde de la recherche et la société civile,
+
affrontent concrètement 3 problèmes récurrents: langages, rythmes d’actions et exigences de
+
validation des connaissances, qui différent entre ces deux mondes. Répondre à ces problèmes exige
+
une volonté forte de partage entre les différents acteurs mais surtout une méthodologie explicite, afin
+
d’obtenir des échanges réellement constructifs. La garantie que chaque acteur trouve un intérêt dans
+
les résultats de la recherche co-construite est indispensable pour l’investissement de chacun.
+
23
+
sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/
+
24
+
sciencescitoyennes.org/pas-de-fumee-sans-feu/
+
25
+
appel à projet PICRI 2015iledefrance.fr/aides-regionales-appels-projets/partenariats-institutions-citoyens
+
recherche-innovation-picri
+
14
+
----------------------- Page 15-----------------------
+
4)
+
Les «laboratoires hors murs» et l’émergence d’un projet de Boutique des
+
Sciences co-porté par BEDE et la MSH-SUD en Occitanie.
+
L’idée d’une BdS en Occitanie est issue à la fois des expériences de partenariats entre la recherche et
+
les paysans suivis par l’association BEDE et d’une volonté de différents acteurs locaux à Montpellier de
+
mettre en place un dispositifinnovant articulant étroitement et concrètement Sciences et Société.
+
Les «Laboratoires Hors Murs pour l’agrobiodiversité»
+
Dans le cadre d’un projet monté en partenariat avec l’UMR INNOVATION et l’UMR CEFE, BEDE ainitié
+
et coordonné, entre
+
2013 et 2015,un programme de recherche financé parAgropolis Fondation
+
26
+
visant àconstruire sur le terrain des collaborations entre le monde agricole et la recherche grâce à un
+
dispositif appelé «laboratoire hors murs». Ces collaborations ont permis de faire émerger en France,
+
mais aussi au Bénin et en Algérie, les questions des praticiens et des représentants d’organisations
+
paysannes locales autour de l’agrobiodiversité. Ces questions ont pu être discutées avec des chercheurs
+
d’universités nationales proches géographiquement ou thématiquement des communautés paysannes
+
(d’où émanaient ces questions), et reformulées entre paysans et chercheurs afin d’aboutir à des projets
+
de recherche co-construits.
+
Ces derniers ont permis entre autres de trouver des pistes de solutions de lutte agroécologique contre
+
des ravageurs du haricot niébé,d’entretenirla biodiversité cultivée au sein des vergers de figuiers et
+
de dattiers en Algérie, par exemple. Dans ce cadre BEDE a également travaillé avec l’association des
+
Semeurs du Lodévois-Larzac et l'Association Vétérinaires et Éleveurs du Millavois sur la question de la
+
démocratisation de la recherche et des formes que peuvent prendre les partenariats entre chercheurs
+
et associations.
+
Des documents de synthèse en matière de démarches
+
collaboratives en agrobiodiversité ont
+
également été rédigés, mais tous les projets de recherche-action co-construits n’ont pu être menés à
+
terme par manque de financements pérennes.
+
Ce programme a pris place en même temps que le projet DARE
+
27
+
(Democratizing Agricultural Research
+
in Europe)également porté par BEDE, qui entre 2013 et 2015 a permis l’organisation de 4 rencontres
+
constituantun premier réseau européen multi-acteurs (paysans, activistes, chercheurs)permettant
+
l’échanged’expériences sur l’innovation paysanne et la recherche collaborative en agriculture en
+
Europe.
+
Il s’agissait là d’une première étape d’un processus visant d’abord à réfléchir à une méthodologie, puis
+
à intégrer les différents acteurs de ces collaborations au sein de projets de recherche-action pérennes,
+
développant une gestion dynamique et une meilleure valorisation de la biodiversité agricole. Ces deux
+
ans d’expérimentation des «Laboratoires Hors Murs» ont ainsi ouvert de nombreuses pistes de
+
recherches mais ont également faitsurgir le manque crucial d’un maillon: un cadre de concertation
+
permanent où les agriculteurs puissent échanger de manière régulière avec un panel de chercheurs
+
autour de leurs questions.BEDE a donc besoin pour continuer son projet «Laboratoire Hors Murs»
+
d’un tel cadre de concertation associations/chercheurs, or un tel cadre correspond assez bien à ce qu’il
+
est possible de faire avec une BdS. BEDE cherche donc maintenant à faire naitre une BdS, qui ne serait
+
cependant pas à son usage exclusif, mais ausein de laquelle elle pourrait effectuer une étape de ses
+
projets «Laboratoire Hors Murs».
+
26
+
agropolis-fondation.fr
+
27
+
http://www.bede-asso.org/collaborations-par-theme/coconstruction-savoirs-biodiversite-cultivee/oser
+
democratiser-la-recherche-en-europe-dare-democratizing-agricultural-research-in-europe/
+
15
+
----------------------- Page 16-----------------------
+
Parallèlement à ce projet, la Maison des Sciences de l’Homme de Montpellier faisait l’objet d’une
+
importante restructuration la conduisant à formuler un projet d’avenir et un positionnement original
+
pour garantir sa pérennité dans un espace régional en pleine reconfiguration. En effet, le Languedoc
+
Roussillon a fusionné avec Midi Pyrénées en 2016, mettant en danger l’existence d’institutions existant
+
dans l’une etl’autre région quand elles étaient distinctes.
+
Pour que la MSH-SUD de Montpellier conserve une place dans l’espace institutionnel régional il lui
+
fallait se positionner face à son «homologue» toulousain. Elle a donc produit un projet scientifique,
+
qui vise à favoriser la recherche interdisciplinaire à travers des appels à projets, l'hébergement de
+
plateformes de recherches et la formation des étudiants aux méthodes interdisciplinaires, mais
+
cherche également à développer les relations des citoyens avec lemonde de la recherche. Cette
+
réflexion sur les liens entre citoyens et recherche est conjointe avec celle de l'association ALLISS
+
(ALLIance Science-Société), qui cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs
+
sociaux et acteurs économiqueset à produire des recommandations pour les puissances publiques
+
basées sur ces expériences de coopération.
+
De ce projet scientifique émerge alors la volonté de la MSH d’aller à la rencontre du tissu associatif de
+
Montpellier pour identifier des moyens etinnover en matière d’articulation sciences/sociétés, en
+
offrant son espace renouvelé dans les locaux de Saint Charles pour accueillir, promouvoir et participer
+
à l’animation de cette articulation. Les Assises Sciences-Société co-organisées par la MSH et ALLISS en
+
partenariat avec tous les organismes de recherche et de formation supérieure de Montpellier, sont une
+
traduction concrète de cette volonté. Elles ont permis aux chercheurs et acteurs de la société civile
+
d'échanger sur ce thème entre le 3 et le 5 juillet2017, afin de faire reconnaître l'importance d’actions
+
collaboratives pour renforcer le soutien des institutions et des politiques publiques. Ces Assises ont
+
ainsi offert l’opportunité pour BEDE et la MSH de présenter le projet de BdS en Occitanieencore en
+
gestation, et de chercher des partenaires.
+
La vision de la BdS Occitanie par BEDE.
+
Le projet de créer une BdS initié par BEDE est ainsi inséré dans un projet plus large porté par la MSH
+
Sud. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il reprendrait le concept de «laboratoire hors murs».
+
Pour BEDE, il s’agit de mettre en place les moyens d’un cadre de concertation pérenne entre
+
scientifiques et paysans, avec une structure qui survivrait aux ponctuels projets de recherche action
+
participative (d’une durée toujours limitée à deux ou trois ans), en s’appuyant sur des financements
+
institutionnels localisés et stabilisés en complément de financements plus classiques d’appels à projets.
+
La mise à disposition de locaux et l’engagement d’un salarié à la foispour la MSH-Sud et la BdS,
+
permettraient en effet d’assurer l’animation de rencontres régulières, nécessaires pour la formulation
+
et la reformulation des questions paysannes, mais aussi de respecter les temps des chercheurs et des
+
paysans, avec des financements permettant d’engager et d’encadrer les opérateurs, étudiants en
+
master, doctorants ou chercheurs, qui pourraient ainsi mener à bien des programmes de recherche à
+
la demande du terrain.
+
Cette BDS est aussi pensée comme une des étapes concrètes du processus de renouvellement de la
+
recherche agricole promu par BEDE, en s’appuyant sur l’expérience des associations qui ont déjà eu ces
+
partenariats avec la recherche grâce aux Laboratoires hors murs ou à travers d’autres projets. Cette BdS
+
vise également à sécuriser les interactions pour que les associations et les agriculteurs puissent
+
s’impliquer et s’exprimer aux côtés de scientifiques, c’est pourquoi il est essentiel que son
+
fonctionnement soit co-construit.
+
16
+
----------------------- Page 17-----------------------
+
Les autres acteurs de la BdS
+
Bien que l’association BEDE soit à l’origine de cette idée de boutique des sciences en Occitanie, elle est
+
loin d’être seule à porter le projet et à souhaiter qu’il aboutisse.
+
Localement la MSH-SUD, (Maison des Sciences de l'Homme, « Sciences Unies pour un autre
+
Développement ») est une émanation de la COMUE de Montpellier, structure qui associe des
+
universités, grandes écoles et tous les organismes de recherche présents autour de Montpellier.
+
Installée sur le site récemment rénové de St-Charles à Montpellier, elle disposede nombreux locaux
+
(mais relativement peu de financements).
+
C’est elle qui a réuni lors des Assises Sciences-Société les acteurs du monde de la recherche, citoyens,
+
associations, entreprises et élus pour construire un dialogue constructif entre savoirsd’origines
+
différentes. L'un des enjeux étant de développer des coopérations équilibrées et durables, c'est dans
+
le cadre de cet événement qu’ont eu lieu les premiers ateliers de présentation et de co-construction
+
de la Boutique des Sciences. Même si le travail de création a été délégué à BEDE, cette BdS serait
+
hébergée dans les locaux de la MSH et animée en partie avec cette institution, il s’agit donc bien d’un
+
co-portage (deux réponses conjointes à des appels d’offre ont d’ailleurs été rédigées et sont en attente
+
de décision des bailleurs: COMUE et Fondation de France).
+
Les Petits Débrouillards (
+
lespetitsdebrouillards.org
+
), premier réseau national d‘éducation populaire
+
à la science et par la science et premier réseau national d’éducation au développement durable dispose
+
également d’une antenne montpelliéraine et est intéressé pour assurer une mission de médiation entre
+
les associations avec lesquels elle est en contact et la Boutique des Sciences, de la même façon que
+
BEDE informe les associations paysannes de l’existence de la BdS. Ces deux médiateurs permettent
+
donc de toucher un large réseau associatif.
+
Au niveau national l’association Sciences Citoyennes
+
28
+
, par l’intermédiaire de Glen Millot (salarié),
+
accompagne les différentes BdS françaises, et àce titre participe aux différentes étapes de démarrage
+
de la BdS Occitanie. Cette association est impliquée à différents niveaux dans le mouvement actuel de
+
réappropriation citoyenne et démocratique de la science, afin de la mettre au service de la
+
connaissance comme bien commun. Cette association cherche en effet à refonder le système de
+
recherche autour d'un nouveau contrat non marchand entre sciences et société, permettant aux
+
associations et aux citoyens de participer à l'orientation de la recherche.
+
En tant que stagiaire je me suis intéressé à ces interactions Sciences-Société non pas dans l’idée d’une
+
meilleure performance des entrepriseset/ou d’une amélioration dufonctionnement de la société
+
actuelle grâce à larecherche,mais parce que je suis convaincu de l’effondrementà venirde la
+
civilisation thermo-industrielle, après lequel des modèles complètement différents de société et de
+
recherche scientifique seront indispensables. Notre avenirà plus ou moins long terme seradonctel
+
que je le conçoisun monde beaucoupplus incertain qu’actuellement, dans lequel la mise en place
+
d’adaptations pertinentes à l’évolution de l’environnement climatique et social sera déterminante. La
+
co-réflexion et la réalisation conjointe de ces adaptations entre scientifiques et autres acteurs
+
impliqués de la société civile me semblent être les meilleurs moyens de faire évoluer la société
+
(scientifiques inclus) dans une direction souhaitable. Mais la forme de cette «interaction» est à
+
réfléchir en détail, étant donné ladéfiance d’une partie du milieu alternatif (que j’imagine être celui
+
de demain) à l’égard des scientifiques qui, de leur côté, s’arrogent le droit de prescrire ce qui leur
+
semble bon pour la société et de prétendre qu’ils sont bien en interaction avec lasociété civile
+
29
+
.
+
L’action de la sphère politique se résumant au niveau national à un rôle de facilitateur de l’activité
+
28
+
sciencescitoyennes.org
+
29
+
Voirzad.nadir.org/spip.php?article4180en réponse àzad.nadir.org/spip.php?article4151, une initiative de
+
l’EHESS pour défendre la ZAD en tant qu’intellectuels.
+
17
+
----------------------- Page 18-----------------------
+
économique et, au niveau local à des actions engageant des acteurs de la société civile avec peu de
+
moyens. Dans le prolongement de ce stage, je réaliserai d’ailleurs un service civique sur Montpellier
+
pendant l’année scolaire 2017-2018, et souhaite à titre bénévole m’investir dans le démarrage de la
+
BdS, en participant à l’atelier-scénario ainsi qu’aux éventuelles réunions à venir de démarrage et de
+
fonctionnement de la BdS.
+
Les associations du RSPconstituent un troisième groupe d’acteurs partenaires. Elles sont constituées
+
d’agriculteurs organisés qui défendent une agriculture biologique et paysanne. Celle-ci est définie
+
comme une agriculture sociale et territorialisée, caractérisée par des pratiques non standardisées,
+
valorisant la diversité du vivant et les interactions entre humains et plantes cultivées : les paysans y
+
sont des producteurs d’agro-biodiversité
+
30
+
. Ces associations en Occitanie, ont déjà des expériences de
+
collaboration avec des chercheurs mais les jugent soit trop brèves–dans le temps-, soit trop ciblées
+
en faveur d’enjeux qui leur échappent, soit encore trop limitées par les règles de financement actuelles
+
de la recherche dite «participative».
+
Le Réseau Semences Paysannes insiste depuis sa création en 2003 sur la nécessité de co-construire les
+
connaissances sur les plantes cultivées
+
entre praticiens et chercheurs
+
31
+
pour lutter contre la
+
prolifération des variétés industrielles et contre la dépendance semencière, imposées par les grands
+
groupes. Contre les producteurs d’artefacts, l’artificialisation des milieux et des semences, ces
+
producteurs revendiquent leurs propres compétences en matière de pilotage de la biodiversité
+
32
+
.
+
Plusieurs programmes européens ou nationaux auxquels le RSP a contribué
+
33
+
ont souligné toutefois le
+
poids des obstacles réglementaires (leur logique descendante et asymétrique qui nie toute
+
compétence aux agriculteurs), limitant les innovations et les débouchés économiques pour les variétés
+
de pays, niant toute reconnaissance officielle aux semences paysannes et aux variétés
+
II] Enquête et atelier de présentation du 3 juillet
+
La méthode de montage d’une BdS à Montpellier a suivi celle préconisé par Science Citoyenne. Nous
+
reprenons donc ici ces principales étapes d’une démarche déjà expérimentée ailleurs et que j’ai pris
+
en charge, et réalisé, pour les acteurs initiateurs présentés ci-dessus.
+
Une enquête d’intéressement
+
Avant de lancer la création d’une BdS il est nécessaire de connaître les attentes, les besoins et éventuels
+
points de vue de multiples partenaires potentiels (chercheurs,associations,étudiants, bailleurs...) de
+
ce type de dispositif. Pour cela une enquête par questionnaire a été conçueet réalisée entre le 15 juin
+
et le 1er juillet (deux questionnaires en ligne différents ont été proposés pour les associations et les
+
chercheurs). L’enquête a été adressée à des listes non exhaustives, établies avec BEDE et Pascale Moity
+
Maïzi.
+
Un atelierde présentation
+
En même temps que ce questionnaire, des invitations ont été envoyées par mails aux groupes visés
+
(chercheurs, institutions locales, associations). Il ne s’agissait pas seulement de faire remplir le
+
questionnaire mais aussi d’inviter tous les acteurs potentiels à l’atelier de présentation qui se
+
déroulerait pendant les Assises Sciences-Société à la MSH.
+
30
+
Note d’intentionde BEDEpour des dispositifs pérennes de recherches actions participatives en soutien à la
+
gestion dynamique de la biodiversité cultivée in situ.2017.
+
31
+
RSP, BEDE, FSC, PEUV, 2011
+
32
+
Blandin 2009 ; Larrère, 2002
+
33
+
FSO 2012, REPERE 2009, SOLIBAM 2014
+
18
+
----------------------- Page 19-----------------------
+
1)
+
Rédaction du questionnaire et réalisation de l’enquête
+
Chaque questionnaire (annexe vi) a été accompagné d’un texte expliquant les contoursd’un Boutique
+
de Sciences. Les premières questions à destination des organisations de la société civile (terme qui
+
regroupe les associations, coopératives, groupements d’agriculteurs, collectifs citoyens…) portaient sur
+
l’identification des thématiques quiles intéressaient ou qu’elles traitaient. Une seconde partie du
+
questionnaire devait permettre d’estimer leur capacité à s’investir dans des projets de recherche. Une
+
troisième partie du questionnaire devait nous renseigner sur leur niveau et sources de financement
+
ainsi que sur le nombre de salariés présents dans la structure. Une question portait également sur la
+
familiarité des associations avec le monde de la recherche. Une estimation de l’intérêt pour les
+
différents aspects du dispositif ainsi qu’un espace d’expression libre en fin de questionnaire leur
+
permettait de décrire les projets qu’elles envisageaient de mener en lien avec la BdS.
+
Les questions à destination des chercheurs portaient d’abord sur le type et les thèmes de leurs
+
recherches, puis sur leur implication potentielle dans les différentes missions de la BdS, sur leur
+
familiarité vis-à-vis d’interactions avec la société civile et sur leur intérêt général pour le dispositif.
+
Les associations comme les chercheurs étaient également invités àdonner leur avis de façon ouverte
+
sur l’initiative, puis à indiquer leur mail s’ils souhaitaient être tenus au courant des suites de la
+
démarche.
+
Ces différents questionnaires en ligne étaient inspirés par ceux qui avaient été utilisés auparavant par
+
la BdS de Lille lors de son enquête de préfiguration. Ils ont été adaptés au contexte montpelliérain,
+
caractérisé par le projet de créer une BdS thématique, s’adressant à des associations travaillant dans
+
les champs de l’agroécologie, de la biodiversité et de l’alimentation.
+
L’enquête a donc été logiquement envoyée aux associations et chercheurs déjà sensibilisés par ces
+
thématiques voire ayant déjà manifesté un intérêt pour le projet, mais également à des listes de
+
diffusion plus larges (via recensements de listes d’associations en ligne). Au total, 239 associations et
+
162 chercheurs ont été sollicités par mail direct, donc sans compter les personnes ayant reçu l'enquête
+
par des mailing listes qui ont également été utilisées. D'autres acteurs (chambres d'agriculture,
+
responsables région et Métropole) ont également été invités à participer aux Assises et éventuellement
+
à transférer le mail auprès d'acteurs intéressés, chercheurs ou associations. Les taux de réponse sont
+
assez bons pour un questionnaire par mail, avec 28 associations et 38 chercheurs qui ont effectivement
+
répondu.Ces réponses sont à considérer en nombre de répondant et non en potentiel pourcentage de
+
répondants, car le nombre de personnes ayant effectivement reçu le mail ne nous est pas connu (envoi
+
sur des listes de mails de taille importante, diffusion du mail de contact au sein des réseaux…)
+
2)
+
Déroulement de l’atelier de présentation
+
Suite à cette enquête dite de préfiguration, l’atelier de présentation permet à la fois de présenter le
+
principe des boutiques des sciences et d’exposer les résultats de l’enquête. Les boutiques des sciences
+
sont en effet des dispositifs qu’il est nécessaire de présenter car ils sont peu connus, tant dans le monde
+
de la recherche que dans la société civile. L’enquête de préfiguration permet aux organisateurs de
+
justifier auprès de bailleurs de l’intérêt des chercheurs et des associations pour ce type de structure,
+
de recenser les acteurs souhaitant s’impliquer dans la démarche et à travers eux de se faire une
+
première idée des orientations que pourra prendre la BdS.
+
Contexte Assises Sciences-Société à la MSH-SUD
+
L’atelier de présentation a eu lieu pendant les Assises Sciences Sociétés, événement organisé dans les
+
locaux de la MSH-SUD. Ces assises ont réuni pendant trois jours, du 3 au 5 juillet 2017, des acteurs du
+
monde de la recherche, des citoyens, des associations, des entreprises, ou encore des élus. L’objectif
+
était de construire un dialogue entre savoirs d’origines différentes, et de développer des coopérations
+
19
+
----------------------- Page 20-----------------------
+
équilibrées et durables autour de cette thématique de dialogue renouvelé entre les sciences et la
+
société.
+
Une cinquantaine d’ateliers ont ainsi eulieu pendant ces trois jours, dont un grand nombre sur des
+
thématiques très proches voire recoupant celles de la boutique des sciences. Le nombre très important
+
d’intervenants et d’ateliers a cependant obligé le déroulement en simultané de réflexions semblables,
+
qui auraient gagné à être construites entre tous les intervenants concernés.
+
Une prise de note collaborative au cours de tous les ateliers et quelques référents chargés de suivre un
+
grand nombre d’ateliers ont permis d’élaborer rapidement une synthèse générale de l’événement, qui
+
a montré entre autres choses l’importance et la diversité des structures de médiation dans ce dialogue
+
science-société.
+
C’est donc au cours de cet évènement qu’a eu lieu notre atelier, en deux sessions, le lundi 3 juillet.Les
+
participants à cet atelier étaient les initiateurs du projet de BdS, des invités extérieurs sollicités pour
+
faire part de leurs propres expériences des BdS, et un public large de personnes curieuses ou
+
intéressées, pour un total d’une cinquantaine de personnes.
+
1èresession: contexte de l’évolution des BdS en Europe et en France
+
Différents intervenants invités ont ainsi pu préciser la notion de BdS au cours du premier atelier:
+
-Glen Millot, de l'association Sciences Citoyennes, a fait une présentationgénérale du dispositif des
+
Boutiques des Sciences en France et en Europe, et a détaillé comment Sciences Citoyennes
+
accompagne les BdS françaises.
+
-Bertrand Bocquet, initiateur de la BdS de Lille, a présenté cette expérience née en 2014.
+
-Pauline Bryère, de la BdS de Lyon, a présenté cette dernière-née en 2015.
+
-Sophie Martin : chercheuse à l'université de Montpellier, a présenté la plateforme de recherche action
+
COGITHON, à destination des personnes en situation de handicap mental, hébergée à la MSH etdont
+
le fonctionnement se rapproche de celui d’une BdS. L’enjeu de sa présence était de voir dans quelle
+
mesure les deux dispositifs pourraient à moyen terme fusionner ou cohabiter au sein de la MSH.
+
Il s'agissait de montrer qu'il existe différents modèles de fonctionnement de BdS qui naissent du
+
contexte et des attentes locales. Le contenu de cette session a ainsi été repris dans la description que
+
j’ai faite des boutiques de sciences en Europe et en France, (p.5-6).
+
2èmesession: Contexte de l’émergenced’une BdS en Occitanie
+
Bob Brac de la Perrière, coordinateur général de l’association BEDE, a exposé les raisons qui avaient fait
+
émerger l’idée d’une boutique de science en lien avec la MSH. Ces éléments ont été décrit page 11 et
+
12, puis analysés page 16
+
J’ai ensuite exposé les résultats de l’enquête de préfiguration pour permettre à tous de prendre
+
connaissance des différents points de vue d’acteurs, de leurs convergences et divergences éventuelles,
+
puis de faire un point sur le niveau d’intérêt et d’implication potentiel des acteurs ayant répondu à
+
l’enquête. Les résultats ainsi que leur analyse sont disponibles pages 18-19.
+
Echanges et propositions autour de la BdS en Occitanie
+
A la suite de ces exposés, des discussions ont porté sur les différentes expériences de chacun en termes
+
de recherches collaboratives, sur les pistes de financements et sur le nom que l’on souhaitait utiliser
+
pour remplacer le terme de «boutique», considéré comme inadapté. Une première tentative
+
d’identification des degrés d’implication possibles des personnes présentes, dans une future BdS à
+
20
+
----------------------- Page 21-----------------------
+
Montpellier, a été conduite, mais ses résultats ne sont pas pertinents: il était encore trop tôt, et de
+
plus pour un public disparate, de se positionner clairement sur des rôles ou formes d’engagements
+
dans une BdS.
+
III] Synthèse des contenus de l’atelier de présentation et analyse des
+
résultats de l’enquête.
+
Environ 75 personnes ont assisté à la première session et environ50 à la deuxième. Les participants
+
étaient majoritairement issusdu monde de la recherche et de la formation, mais des acteurs du
+
monde associatif étaient également présents.
+
1)
+
Synthèse du fonctionnement des BdS exposés pendant la 1
+
ère
+
session
+
Il s’agit ici de synthétiser le fonctionnement, les spécificités et pointscommuns des différentes BdS
+
présentées en première session, afin d’en extraire des éléments de réflexions pour le montage de la
+
BdS en Occitanie.
+
Fonctionnement de la BdS Nord de France:
+
A Lilleles demandes ou questions des associations sont recueilliespar un dépôt en ligne, par mail ou
+
par rencontre. Un Conseil d’orientation stratégique hiérarchise les demandes recueillies. Puis lessujets
+
sélectionnés, souvent assez vagues, sont précisés au cours de 2 ou 3 réunions dans les bureaux de la
+
BdS, entre leConseil d’Orientation Stratégique et la structure demandeuse.
+
Ce Conseil d’Orientation Stratégique (COS) estconstitué d’une quinzaine de personnes, dont une
+
moitié de chercheurs, «experts» bénévoles dans différents domaines, d’un représentant de la CSTIde
+
Lille, d’un représentant de la Comue (qui est le salarié de la BdS à mi-temps), d’un représentant de la
+
MESHS (institution qui met à disposition les locaux), et de 2 ou 3 représentants du monde associatif.
+
Sacomposition est en fait assez variable selon les disponibilités et l’intérêt de chacun à participer à la
+
reformulation des questions ou sujets, mais les chercheurs y constituent néanmoins un noyau assez
+
stable.
+
Il s’agit aussi pendant les réunions qui suivent le travail de sélection du COS, d’expliquer à l’association
+
demandeuse quel type et quel volume de travail il est possible de réaliser en prenant pour référence
+
la durée d’un stage de master 2. Un enseignant-chercheur pertinent est ensuite identifié comme tuteur,
+
et un étudiant est ensuiterecruté par cet enseignant ou par une annonce sur la plateforme des stages
+
de l’université. Les enseignants-chercheurs, bien que souvent occupés, sont intéressés par la
+
démarche.
+
La convention de stage se fait alors entre la BdS, l'association demandeuse et le tuteur enseignant. Les
+
projets de recherche coutent environ 5-6000€, et sont financés par la BdS, qui assure donc à la fois le
+
financement et le lien avec le monde de la recherche.
+
Le stage commence en février et est encadré par la BdS tout au long du processus, puis l’étudiant
+
présente ses résultats par oral et écrit à l’association demandeuse qui les valide. Un rapport de forme
+
académique est ensuite présenté en septembre, et mis en ligne sur lapage de la boutique de Lille
+
34
+
.
+
En termes de point faibles la BdS de Lille fait face à des financements limités malgré un intérêt
+
important des chercheurs et des étudiants, ou même de certains praticiens, collectivités ou bailleurs
+
sociaux dont les demandes sont refusées faute de moyens. Ainsi, seuls 4 projetsont été menés depuis
+
le lancement de cette BdS.
+
34
+
cue-lillenorddefrance.fr/?q=culture-patrimoine-societe/boutique-des-sciences
+
21
+
----------------------- Page 22-----------------------
+
Sa force principale réside dans l’attention qu’elle porte à la phase préliminaire de reformulation de la
+
demande entre le bureau de la BdS et l’association demandeuse, ce qui fait que de nombreuses
+
associations sont intéressées, plus d’ailleurs que ce que la structure peut traiter, alors que la boutique
+
ne fait pas de publicité. Cette BdS envisage cependant de former d’autres acteurs pour constituer un
+
réseau de relais physique au sein du territoire (médiathèque, autres associations) afin qu’ils puissent
+
informer de l’existence du dispositif et relayer des demandes vers la BdS. Une volonté existe également
+
de mettre à profit lesactivités en enseignement supérieur ou en expertise qui occupent maintenant
+
les 20%du temps desdoctorants. Elargir la base de chercheurs impliqués et stabiliser les membres du
+
Conseil Scientifique d’Orientation est fortement souhaité par les membres de la BdS. Cette stabilité des
+
engagements est au moins aussi importante que celle desfinancements, pour garantir la pérennité du
+
dispositif.
+
Fonctionnement de la BdS de Lyon:
+
A Lyon, la collecte des demandes se fait par le même biais, avec cependant une plus grande difficulté
+
à trouver des associations intéressées. Cette difficulté est peut-être due à la forte intrication de la BdS
+
dans l’environnement universitaire, mais peut-être également liée au nombre très limité de projets
+
financièrement réalisables, qui entraîne peut-être un épuisement des demandes associatives. Une
+
stratégie de communication paraît nécessaire mais n’est cependant que peu efficace pour faire
+
émerger les demandes de partenariats de la part des associations. Les associations rurales sont
+
néanmoins bien représentées dans les structures demandeuses, ce qui est la preuved’une certaine
+
visibilité de la BdS malgré son ancrage institutionnel très marqué.
+
Les demandes sont généralement recueillies jusqu’en juillet pour un traitement l’année suivante. Ici
+
c’est un Conseil Scientifique de la BdS qui reformule et hiérarchise les demandes recueillies. Il implique
+
des personnes du milieu universitaire, et réunit environ 10 personnes en septembre pour étudier et
+
préciser les demandes déjà un peu mises en forme et sélectionnées pendant l’année scolaire
+
précédente.
+
Ce conseil scientifique identifie les formations de Master et les stagiaires qui pourraient y répondre, à
+
travers une ou des offres de stage rédigées par la BdS.Le recrutement des étudiants se fait donc entre
+
septembre et décembre, puis une rencontre par projet a lieu entre associations, étudiants et tuteurs
+
de stage au début du stage en février, pour confirmer la forme de la question reformulée par le conseil
+
scientifique.
+
Les étudiants effectuent ensuite leurs stages dans les locaux des associations, encadrés par leurs
+
tuteurs associatifs respectifs, leur tuteur académique et un encadrant de la Boutique des Sciences.
+
Trois formations réparties au cours des stages permettent de rassembler les étudiants qui effectuent
+
des stages au sein de la BdS pour leur permettre d’échanger sur leurs stages, d’approfondir leurs
+
connaissances sur la recherche participative, et de se former à l’échange avec les associations
+
(communication et forme des rendus oraux et écrits).
+
Les stagiaires sont ainsi encadrés par un tuteur associatif, un tuteur académique et un tuteur de la BdS,
+
et sont payés par la BdS, ce qui facilite la réalisation des projets. Les synthèses vulgarisées sont ensuite
+
présentées lors de restitutions publiques, et le rapport vulgarisé est également postée sur le site de la
+
Boutique des Sciences de Lyon
+
35
+
.
+
Les restitutions publiques ont du succès, preuve que le rendu intéresse à la fois les acteurs demandeurs
+
mais aussi le reste de la société civile, et les étudiants sont très satisfaits de ces stages, qui les forment
+
au dialogue recherche-société civile, et à l’interdisciplinarité; qui leur donne aussi le sentiment d’être
+
35
+
boutiquedessciences.universite-lyon.fr
+
22
+
----------------------- Page 23-----------------------
+
utiles. Un point fort de cette boutique des Sciences c’est son financement pérenne et conséquent
+
(financement Idex), qui lui permet de disposer de deux salariés à mi-temps et de financer les salaires
+
des stagiaires. La BdS de Lyon cherche maintenant à consolider ses liens avec les autres activités du
+
service qui l’héberge au sein de l’université, avec par exemple des consultations citoyennes, et souhaite
+
commeLille inclure davantage les étudiants en doctorat.
+
Depuis son démarrage officiel en 2013 et grâce à une importante reconnaissance institutionnelle, la
+
BdS de Lyon a encadré 37 projets, et a élargi le modèle « classique » basé sur un stage de 6 mois d’un
+
étudiant en master 2 à des projets tutorés insérés dans le cursus, ou des « challenges » faisant
+
intervenir un grand nombre d’étudiants pendant 48h autour d’un problème soulevé par une
+
association.Une logique pédagogique forte est donc à l’œuvre dans cetteboutique très intégrée au
+
fonctionnement de l’université. Cette force est aussi une faiblesse liée aux décalages entre calendriers
+
(scolaire / exigences des acteurs du terrain). Cette BdS essaie d’y remédier par une diversification des
+
méthodes d’intervention, en réalisant par exemple un « hackaton » ponctuel rassemblant un grand
+
nombre d’étudiants pendant quelques jours sur une question de la société civile et pour des projets
+
plus courts, ou en proposant des projet tutorés insérés dans le cursus des étudiants.
+
Points communs, divergences et éléments de réflexions:
+
Ces deux BdS ont en commun de s’être dotées d’une charte rapidement après leur création qui, bien
+
que non contractuelle, permet de préciser les termes de la coopération entre structure qui faitune
+
demande, enseignant-chercheurs et étudiants.
+
Ces deux BdS cherchent également aujourd’hui à diversifier et accroître le nombre d’enseignants
+
chercheurs impliqués dans le dispositif car elles sont toutes deux plus ou moins restées sur la base des
+
chercheurs initialement intéressés par le projet.
+
Le stage M2 de 6 mois de février à juillet est également une contrainte commune, qui fait que les
+
étudiants et les associations, bien que satisfaits, ont parfois un sentiment d’inachevé, auquel pourrait
+
par exemple répondre un suivi post-recherche sur les impacts de la coopération.
+
Dans la même optique, elles se posent la question du dépassement de la logique opérationnelle autour
+
de «micro-projets». Ce dépassement est souhaité à Lyon, afin de pouvoir élargir l’utilisation des
+
résultats de la recherche sur d’autres territoires et auprès d’autres organisations, ce qui est envisagé
+
d’ici quelques années. Bertrand Bocquet de la BdS de Lille souhaite aussi accumuler un certain nombre
+
d'expériences pour monter en généralité, et travailler sur la notion de recherche participative, mais
+
précise cependant que la BDS n'est pas le seul dispositif intéressant, et qu’il existe d'autres possibilités
+
pour poursuivre le travail engagé sans que la BdS ait vocation à tout centraliser.
+
Ces deux exemples montrent également l’importance d’une reconnaissance institutionnelle locale de
+
la BdS, qui reste la porte d’entrée pour accéder à des financements pérennes, autorisant le
+
financement autonome des projets de recherche.
+
Il est cependant impossible de se mettre
+
complètement à l’abri des aléas politiques, et la stratégie visée par BEDE et ses partenaires et de
+
diversifier au plus possible les sources de financements de la BdS en Occitanie.
+
Ces deux BdS sont en réalité relativement similaires dans leur fonctionnement par rapport à la diversité
+
au niveau européen, et le quatuor demandeur/stagiaire M2/tuteur académique/tuteur BdS donne
+
l’impression que l’on a finalement affaire à des plateformes d’offres de stages, donc à des dispositifs
+
assez orientés vers la formation des étudiants. Contrairement à la vision des initiateurs de la BdS en
+
Occitanie, l’accent est au final peu mis sur les interactions entre chercheurs et associations,
+
(notamment une faible attention semble donnée à la découverte et à la compréhension du terrain de
+
travail des associations par le monde de la recherche). Comme nous le développerons plus loin, les
+
23
+
----------------------- Page 24-----------------------
+
étudiants peuvent dans ce contexte à la fois être le lien entre monde associatif et monde de la
+
recherche, mais risquent également d’être une barrière entre ces deux mondes qui n’échangent pas si
+
facilement.
+
Tableau1: Comparaison des différentes BoutiquesdesSciences françaises
+
ENS Cachan
+
Echop’a science
+
(Grenoble)
+
Boutique des
+
Sciences Nord de
+
France
+
Boutiques des
+
Sciences de Lyon
+
Boutique des Sciences en
+
Occitanie?
+
Types de stage et
+
d’étudiants
+
? stage M2
+
probablement
+
De L1 à M2
+
M2 préféré
+
De L1 à M2
+
Doctorants?
+
Types de
+
production et de
+
retour
+
Etudes biblio
+
De 1 à 8 mois, biblio et
+
terrain
+
6 mois, biblio et
+
terrain (enquête)
+
Biblio ou terrain: 6
+
mois + autres formes
+
moins «BdS»
+
3 ans? Objectif de
+
publication?
+
Nombre d’études
+
réalisées et durée
+
de
+
fonctionnement
+
2 études en 3
+
ans
+
6 études en 2 ans
+
4 en 2 ans
+
37 en 5 ans
+
Deux projets pilotes en
+
2018-2019?
+
Acteurs
+
«internes»
+
faisant
+
fonctionner et
+
interagir la BdS
+
Etudiants,peu
+
d’informations
+
Bureau, Référent
+
boutique, Référent
+
scientifique, Encadrant.
+
Conseil Scientifique
+
et d'Orientation
+
constitué de
+
Chercheurs et de la
+
Société civile
+
Conseil Scientifique
+
constitué
+
d’universitaire,
+
tuteur associatif,
+
tuteur académique,
+
tuteur BdS.
+
A définir, importance des
+
acteurs associatifs
+
Origine des
+
financements
+
?
+
Complémentarité
+
Europe (Perrares) et
+
région (appel
+
Université citoyenne et
+
solidaire)
+
COMUE: ½ salarié
+
MESHS (≈MSH):
+
locaux
+
Région:
+
Financements
+
Très intégré dans la
+
COMUE(service
+
médiation), Idexpour
+
4 ans.Au début
+
financements
+
Européens et
+
Université de Lyon
+
(PALSE)
+
Envisagé: Région, MSH
+
pour locaux, Métropole,
+
Agropolis Fondation,
+
Fondation de France,
+
iSite Muse?
+
Thématiques
+
abordées
+
Toutes, mais
+
les études
+
réalisées ont
+
porté sur la
+
biodiversité,
+
et les OGM
+
Toutes (fourneau à
+
bois, techniques de
+
construction, compost,
+
potager urbain,
+
précaritéetsecteur de
+
la connaissance,
+
demande sociale en
+
histoire)
+
Toutes (recherche
+
sur la BdS,
+
immigration et
+
engagement
+
associatif, trame
+
verte et bleue,
+
coopération
+
associative
+
internationale)
+
Toutes (beaucoup)
+
Agriculture voire juste
+
agrobiodiversité dans un
+
premier temps, puis
+
élargissement à la santé
+
et l’alimentation à
+
l’avenir.
+
Date et initiateurs
+
de la BdS
+
2005 par des
+
étudiants, à
+
l’arrêt depuis
+
2008
+
2011 par l’association
+
Adreca: Association
+
pour le développement
+
d’une recherche
+
citoyenne et active, à
+
l’arrêt depuis 2013
+
Fonctionne depuis
+
2015, suite à
+
l’initiative d’un
+
groupe de
+
chercheurs au sein
+
d’un labo en 2012
+
2013, suite à une
+
initiative du directeur
+
de la COMUE en
+
2010
+
BEDE et MSH-SUD en
+
2017, en cours de
+
montage
+
Lien vers charte
+
36
+
Site non fonctionnel
+
mais charte
+
accessible
+
37
+
38
+
Cf annexe ii
+
«Charte de bonne
+
conduite»du Réseau
+
Semences Paysannes?
+
39
+
36
+
http://boutiquedessciences.free.fr/pmwiki/uploads/Main/charte_bds_cachan_2004_04_15.pdf
+
37
+
https://adrecacontrevent.files.wordpress.com/2014/07/echopascience_rapportqualitatif_2012.pdf
+
page 24 pour le fonctionnement, page 29 pour la charte.
+
38
+
http://www.cue-lillenorddefrance.fr/sites/default/files/charte_bds_ndf.pdf
+
39
+
http://www.semencespaysannes.org/bdf/docs/spsynth6mai.pdf
+
24
+
----------------------- Page 25-----------------------
+
2)
+
Enjeux et stratégie de l’association BEDE
+
Il serait abusif de parler de «la vision de la BdS que porte BEDE», car ses membres se posent encore
+
entre eux la question de savoir comment se positionner par rapport à ce projet. Leur vision est donc
+
plurielle et évolutive. Il s’agit donc ici de synthétiser et d’analyser la vision actuellement à l’œuvre dans
+
cette association, sous réserve d’évolutions ultérieures, pour orienter les discussions de l’atelier et pour
+
défendre l’idée d’une gouvernance associative qui ferait la particularité de la BdS en Occitanie.
+
Bob Brac de la Perrière, coordinateur salarié de BEDE n’a donc pasprésenté une expérience de BdS,
+
mais a présenté la position de l’association dans ce projet, par rapport aux différents risques perçus.
+
Risques perçus par l’association
+
Un des risques est de fonder une BdS dont les membres associatifs n’ont pas une vision claire, ou
+
n’arrivent pas à organiser leurs besoins autour d’un fonctionnement détaillé. Un second risque c’est
+
que les chercheurs et/ou les bailleurs orientent le pilotage du dispositif vers des méthodologies de co
+
construction qui ne soient pas suffisamment à l’écoute des besoins des acteurs de lasociété civile. Les
+
programmes de recherche risquant alors de s’orienter vers une recherche conventionnelle pseudo
+
participative, incompatible avec la vision de la recherche que porte BEDE. Ce risque d’une implication
+
décroissante des membres associatifsest donc étroitement lié avec celui d’une certaine méfiance vis
+
-
+
à-vis de l’implication d’organisations qui pourraient ne pas être en phase avec le projet de la BdS selon
+
BEDE.
+
Positionnement de BEDE
+
Afin d’avoir certaines garanties sur l’implication et lesvaleurs des différents partenaires, BEDE souhaite
+
dans une certaine proportion choisirles participants qui seront conviés aux ateliers scénarios, donc
+
identifier des associations et chercheurs qui ont déjà eu des partenariats avec BEDE ou autres membres
+
du RSP. Cela offrira de plus une certaine unité sur les valeurs fondamentales du dispositif, unité
+
nécessaire pour s’entendre autour du projet commun qui sera posé pendant l’atelier scénario.
+
Pour se prémunir d’une dérive potentielle de la BdS vers un fonctionnement déconnecté des besoins
+
du terrain, BEDE proposeégalementà ses partenaires potentiels unpilotede la BdS. Ce pilote(annexe
+
viii)reste évidemment à discuter.Ilpermettranéanmoinsd’expliqueraux partenaires potentiels,et
+
notamment aux bailleurs,que cette BdS cherche à mettre en place un modèle de recherches
+
collaboratives,différent des modèles habituels de recherches participatives.Il s’agitcependant de
+
financer de manière durable ce dispositif et les projets de recherches qui seront conduits à travers lui,
+
et BEDE adoncrépondu à divers appels d’offres, auprès de fondations telles que la Fondation de France
+
ou encore la Fondation Agropolis, quiannoncent vouloirfavoriser le développement d’une recherche
+
en lien avec la société civile. Des discussions sont également en cours avec la Région Occitanie pour
+
capter des financements complémentaires de moindre ampleur. Un appel à projet de type CSTI a été
+
envoyé, la réponse a cependant été négative.
+
L’atelier scénario, et la réflexion collective qu’il permet sur le fonctionnement de la BdS,aaussi pour
+
rôle d’après BEDE de compléter les attentes identifiées pendant les Labo Hors Murs sur
+
l’agrobiodiversité. BEDE ayant déjà une certaine connaissance de la recherche collaborative, ilne s’agit
+
pas de suivre à la lettre le modèle de BdS développé ailleurs en France ou en Europe, mais de s’en
+
inspirer voire de le faire évoluer car les valeurs fondamentales portées par les BdS correspondent à
+
celles portées par BEDE. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la méthodologie adaptable utilisée pour le
+
montage des BdS, qui permet de construire des structures en phase avec les besoins des porteurs et
+
des territoires.
+
25
+
----------------------- Page 26-----------------------
+
Pour résumer, il est donc considéré comme capital-sans que BEDE soit l’entité aux commandes du
+
dispositif -qu’un portage des projets par la société civile soit garanti, afin que la boutique des sciences
+
sécurise l’interaction, et que les associations soient sûres de pouvoir s’exprimer et que leurs avis soient
+
effectivement pris en compte.Ainsi, il s’agit de trouver des partenaires convaincus par le projet et ses
+
valeurs, avec lesquels la forme de la BdS puisse être débattue. C’est avec eux qu’il faudra composer au
+
sein du ou des bureaux/conseils/commissions, qui seront décidés et dont les membres seront désignés
+
pendant les ateliers scénarios.
+
3)
+
Analyse des résultats de l’enquête
+
Du côté des organisations de la société civile, avec 28 réponses représentant 21 associations, 1 SARL,
+
et 2 SCOP, (plusieurs répondants par organisation) les profils des intéressés sont liés à l’agriculture, à
+
la préservation de l’environnement ainsi qu’à la formation/éducation. 17 répondants signalent un
+
intérêt certain à court ou moyen terme pour ce projet,cependant même pour les mieux dotésle
+
manque definancement est un facteur limitant de leur investissement dans la conduite de recherches
+
portées grâce à ce dispositif.
+
10
+
8
+
6
+
4
+
2
+
 
0
 
0
16
+
#
14
+
Rapport de stage 
12
+
#
Plus de ressources (financières, personnel,
+
présenté pour l'obtention du diplôme ingénieur SAADS 
temps)
+
#
Plus d’expertise scientifique de la part de
+
Option DAAS 
membres de la structure
+
#
Plus de connaissances techniques
+
La Boutique des Sciences en Occitanie 
extérieures
+
#
Eléments limitants pour le développement des activités
+
Un dispositif de recherche par et pour la société civile 
des 17 associations intéressées (plusieures réponses possibles)
+
#
Pour les thèmes d’activités, l’agriculture, la formation et la défense de l’environnement dominent:
+
par Antoine Malivel 
Quel sont les domaines qui correspondent
+
#
le plus à l'activité de votre structure?
+
Mémoire préparé sous la direction de Pascale Moity-Maïzi 
 +
#
 +
Maitre de stage : Robert Ali Brac de la Perrière 
 +
#
 +
Année de soutenance : 2017 
 +
#
 +
Organisme d'accueil :
 +
#
 +
#
 +
Ce rapport rend compte du stage de deux mois que j’ai réalisé dans le cadre de ma deuxième année 
 +
#
 +
d’école d’ingénieur SAADS. J’y détaille le contexte de la recherche collaborative et l’historique du projet 
 +
#
 +
d’une Boutique des Sciences en Occitanie, porté par l’association BEDE. J’y précise ensuite comment 
 +
#
 +
l’enquête dite « de préfiguration  » puis les ateliers de présentation ont été menés auprès des différents 
 +
#
 +
acteurs concernés. Je rends ensuite compte des résultats obtenus par cette enquête, ainsi que des 
 +
#
 +
échanges ayant eu lieu pendant les ateliers de présentations, en les analysants. Pour finir, j’ouvre sur 
 +
#
 +
le déroulement prévu des ateliers de co-construction de la structure entre les acteurs intéressés, et les 
 +
#
 +
perspectives d’évolution de ce dispositif. 
 +
#
 +
Une Boutique des Sciences 
 +
#
 +
C’est  un  dispositif  non-lucratif  de  recherche  collaborative,  qui  permet  aux  associations,  éventuels 
 +
#
 +
groupements d'agriculteurs, ou autres collectifs citoyens de s'adresser à des chercheurs pour identifier 
 +
#
 +
ensemble des réponses à leurs questionnements. De ces demandes citoyennes découlent des projets 
 +
#
 +
co-construits entre la société civile et le monde de la recherche. (BEDE 2017) 
 +
#
 +
C’est  donc  un  support  de  recherches  indépendant  et  participatif,  permettant  de  répondre  aux 
 +
#
 +
préoccupations  de  la  société  civile.  Le  terme  «  Boutique  »,  assez  marchand,  est  le  résultat  d'une 
 +
#
 +
regrettable traduction de l'anglais  « Shop  », qui pourrait aussi se traduire par  « Atelier  », ou encore 
 +
#
 +
«  Fabrique  ». De telles structures existent déjà à Lyon, Lille, et ailleurs en Europe et dans le monde. Une 
 +
#
 +
description plus complète de leur fonctionnement général et du rôle des différents acteurs est détaillée 
 +
#
 +
en annexe, dans le «  Livret de présentation  ». 
 +
#
 +
L’association BEDE 
 +
#
 +
L’association «  Biodiversité, Echanges et Diffusion d’Expériences  » (bede-asso.org) est une association 
 +
#
 +
de solidarité internationale créée en 1994. Elle a depuis son origine pris en charge des questions de 
 +
#
 +
préservation de la biodiversité cultivée, de promotion des savoirs et des agricultures paysannes pour 
 +
#
 +
une gestion respectueuse du vivant. Dans cette optique, BEDE est donc aussi une des associations qui 
 +
#
 +
a  fondé  en  2003  le  Réseau  Semences  Paysannes  (semencespaysannes.org),  lequel  comprend  23 
 +
#
 +
associations membres  en Occitanie,  qui  militent  pour  la  promotion et  la  défense  de  la  biodiversité 
 +
#
 +
cultivée et des savoir-faire associés. 
 +
#
 +
Le projet de Boutique des Sciences porté par cette association est conçu comme un prolongement des 
 +
#
 +
«  laboratoires hors murs  », qu’elle a initiés et animés avec différentes unités de recherche entre 2013 
 +
#
 +
et 2015 dans le cadre du projet de recherche-action OUTDOORS financé par Agropolis Fondation. Ces 
 +
#
 +
laboratoires  ont  permis  de  co-définir  entre  chercheurs  et  paysans  des  programmes  de  recherche 
 +
#
 +
adaptés aux besoins d’associations paysannes en Algérie, au Bénin et en France, mais ont également 
 +
#
 +
mis  en  évidence  des  manques  de  lieux  d’échanges  et  de  financements  durables  pour  leur 
 +
#
 +
pérennisation. C’est pour répondre à ces problèmes que l’association BEDE a proposé de mettre en 
 +
#
 +
place,  avec  tous  les  acteurs  intéressés  en  Occitanie,  une  Boutique  des  Sciences  qui  s’intéresserait 
 +
#
 +
principalement aux  thématiques de l’agriculture, de la biodiversité et de l’alimentation. 
 +
#
 +
Je  tiens    également        à  remercier      Glen    Millot,    de    l’association    Sciences      Citoyennes 
 +
#
 +
(sciencescitoyennes.org)  qui a aussi participé à la correction de ce rapport et m’a permis de mieux 
 +
#
 +
comprendre ce milieu compliqué qu’est la recherche militante. Merci aussi à Mathieu Thomas, dont le 
 +
#
 +
point de vue détaillé m’a aidé à parfaire ce mémoire, et à l’équipe de BEDE : Christine, Carole et Audrey 
 +
#
 +
qui m’ont joyeusement accueilli aux bureaux de cette petite mais très dynamique association. Et merci 
 +
#
 +
évidemment à Pascale et à Bob, qui m’ont suivi et encadré avec attention pendant ces deux mois ! 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
Liste des acronymes  : 
 +
#
 +
ALLISS  :  ALLiance  Sciences-Société  (alliss.org)  est  une  association  partenaire  de  la  MSH-SUD  qui 
 +
#
 +
cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs sociaux et acteurs économiques et à 
 +
#
 +
produire  des  recommandations  pour  les  puissances  publiques  basées  sur  ces  expériences  de 
 +
#
 +
coopération. 
 +
#
 +
BdS  : Boutique des Sciences 
 +
#
 +
OSC  : Organisations de la Société Civile (à but non-lucratif) : syndicats, collectifs, associations, ONG, 
 +
#
 +
collectifs d'habitants, ainsi que les mouvements et organisations qui de manière libre et distanciée à 
 +
#
 +
l’égard du marché et des institutions, développent une lecture critique de la société et se mobilisent 
 +
#
 +
pour la transformer. 
 +
#
 +
CSTI  :  Culture  Scientifique  Technique  et  Industrielle.  Les  CCSTI  sont  ainsi  les  Centres  de  Culture 
 +
#
 +
Scientifique Technique et Industrielle 
 +
#
 +
COMUE  : Communauté d'Universités et Établissements, présent dans les différentes régions. 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
MSH-SUD  :  Maison  des  Sciences  de  l’Homme,  Sciences  Unies  pour  un  autre  Développement 
 +
#
 +
(mshsud.org), est une fédération de recherche,  membre de la COMUE  du Languedoc-Roussillon. Elle 
 +
#
 +
regroupe notamment  l'INSHS (Institut national des sciences humaines et sociales),  les  Universités de 
 +
#
 +
Montpellier (UM        et    UPVM3),      l’IRD (Institut    pour    la    Recherche      et  le    Développement), 
 +
#
 +
Montpellier SupAgro  et  beaucoup  d’autres  établissements  de  recherche.  Cet  organisme  entend 
 +
#
 +
favoriser et accompagner des dynamiques porteuses de propositions alternatives et innovantes au sein 
 +
#
 +
du monde universitaire. Il est ainsi ouvert aux chercheurs de toutes les disciplines. 
 +
#
 +
I] Contexte d’une recherche en lien avec la société en Europe, en France 
 +
#
 +
et en Occitanie. 
 +
#
 +
Les projets de recherche qui cherchent à se mettre en lien direct avec la société sont de plus en plus 
 +
#
 +
fréquents  dans  le  monde  scientifique  et  suivent  des  méthodologies  multiples,  fondées  sur  des 
 +
#
 +
conceptions différentes des interactions sciences-société. Pour simplifier les débats sur ces différents 
 +
#
 +
types de recherches, nous détaillerons dans cette introduction la vision de la recherche en partant du 
 +
#
 +
point de vue de l’association  BEDE, qui regroupe  les différents types de projets autour de trois formes 
 +
#
 +
principales  : 
 +
#
 +
-    Les projets de « sciences participatives », qui renvoient plutôt à l’idée d’une aide apportée par 
 +
#
 +
des citoyens à la science (amateurs volontaires, amateurs éclairés, spécialistes à la retraite, 
 +
#
 +
etc.). Les citoyens volontaires peuvent ainsi – en respectant un protocole préparé ou validé par 
 +
#
 +
des  scientifiques  -  effectuer  des  observations,  des  mesures,  des  échantillonnages  ou 
 +
#
 +
comptages et transmettre ces données (brutes ou  pré-traitées) afin qu’elles soient traitées et 
 +
#
 +
analysées par les scientifiques (source).  Ces projets sont alors définis comme relevant d’une 
 +
#
 +
science participative et non de recherche participative, car les citoyens ne sont impliqués dans 
 +
#
 +
le processus qu’au niveau de la collecte de données scientifiques  et non dans la réflexion sur 
 +
#
 +
l’objectif de la recherche. 
 +
#
 +
-    Les projets de recherche conventionnelle, qui  sont des projets dans lesquels les chercheurs 
 +
#
 +
déclarent  de  plus  en  plus  souvent  prendre  en  compte  le  point  de  vue  des  acteurs,  en 
 +
#
 +
développant des formes de participation des acteurs à certaines étapes de la recherche. Ils ne 
 +
#
 +
mettent cependant pas en pratique les méthodes pour co-concevoir ou travailler ensemble aux 
 +
#
 +
questions de recherche elles-mêmes, qui restent définies par des chercheurs sans réflexion en 
 +
#
 +
lien avec les praticiens. Ces recherches aboutissent ainsi à des publications scientifiques qui ne 
 +
#
 +
sont que rarement restituées aux acteurs du terrain et qui ne répondent pas forcément à leurs 
 +
#
 +
attentes. Les citoyens et leurs interactions avec leur milieu y sont souvent les objets d’étude, à 
 +
#
 +
la  différence  des  projets  de  sciences  participatives  qui  font  davantage  intervenir  le  citoyen 
 +
#
 +
comme un « technicien  », par exemple pour des comptages d’insectes par des entomologistes 
 +
#
 +
amateurs. Sont emblématiques de ce type de projet les diagnostics de type MARP  : Méthode 
 +
#
 +
Accélérée de Recherche Participative. Le problème que les chercheurs se proposent d’étudier 
 +
#
 +
est abordé à travers un diagnostic déjà orienté, étudiant par exemple les causes des limitations 
 +
#
 +
de rendements à partir d’indicateurs produits par des scientifiques et sans être ouverts aux 
 +
#
 +
autres indicateurs ou problèmes des agriculteurs. 
 +
#
 +
-    Les  projets  de  recherche  « coopérative  »  ou  « collaborative  »  plébiscités  par  BEDE  et  ses 
 +
#
 +
partenaires, prennent en compte  tous les points de vues et compétences  : la définition du 
 +
#
 +
problème (définition des hypothèses de recherche, méthodologie) est précisée entre tous les 
 +
#
 +
acteurs au cours d’échanges.  Parfois initiées par la société civile, ces recherches exigent que 
 +
#
 +
les  chercheurs  travaillent  en  lien  étroit  avec  les  acteurs,  parfois  considérés  comme  co-
 +
#
 +
chercheurs,  ou  désignés  par  le  terme  de  « tiers-secteur  scientifique  ».  Dans  ce  type  de 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
recherche l’évaluation de l’impact de la recherche est également un aspect important (quoique 
 +
#
 +
pas systématique), car en lien avec une réflexion sur le rôle de la science. L’utilisation et la 
 +
#
 +
construction  d’un  langage  commun  entre  tous  les  acteurs  (et  non  la  « vulgarisation  »)  est 
 +
#
 +
particulièrement  important  pour  mener  à  bien  ce  type  de  recherche.  Les  produits  de  ces 
 +
#
 +
recherches  sont  en  général  objets  de  publications  validées  ou  co-signées  par  les  différents 
 +
#
 +
partenaires. 
 +
#
 +
Les  trois  grands  types  de  recherche  ainsi  définis  sont  relativement  caricaturaux  dans  la  mesure  au 
 +
#
 +
moins où les définitions même de la participation ne sont pas communément admises, non stabilisées, 
 +
#
 +
renvoient à des écoles de pensée différentes, etc… Ainsi par exemple, la différence entre « science 
 +
#
 +
participative  » et « recherche participative  » telle que retenue ici n’est pas utilisée de la même façon 
 +
#
 +
par  tous.  Il  s’agit  ici  de  donner  simplement  un  cadre  de  référence  du  contexte  d’émergence  d’une 
 +
#
 +
Boutique des Sciences, à partir du point de vue de l’association BEDE et de ses principaux partenaires 
 +
#
 +
scientifiques. 
 +
#
 +
Lipinski et Larqué, membres de l’association ALLISS,  distinguent d’une façon un peu similaire trois types 
 +
#
 +
de  liens  sciences-société      :  sciences  participatives,  collaboratives  ou  citoyennes,  selon  que  le 
 +
#
 +
programme de recherche et la création de connaissance sont pilotés par le chercheur, par les deux 
 +
#
 +
#
 +
bords, ou par l’association citoyenne. 
 +
#
 +
1)        Les Boutiques des Sciences en Europe 
 +
#
 +
Le modèle des Boutiques des Sciences (BdS) est historiquement une des premières initiatives ayant eu 
 +
#
 +
pour  objectif  de  rapprocher  la  recherche  scientifique  de  la  société  civile.  Aujourd’hui  environ  une 
 +
#
 +
centaine de BdS sont en activité dans environ 27 pays du monde, principalement en Europe. 
 +
#
 +
Les Boutiques des Sciences sont apparues en 1973 aux Pays-Bas, portées par des syndicats d'étudiants 
 +
#
 +
en chimie et des enseignants, avec pour objectif de faire remonter les questions des citoyens sur les 
 +
#
 +
conséquences  possibles  des  découvertes  scientifiques,  dans  un  contexte  de  financiarisation  de  la 
 +
#
 +
recherche déjà fortement critiqué . Ce modèle a ensuite essaimé en Europe au sein des universités, et 
 +
#
 +
la France comptait ainsi en 1980 seize boutiques de sciences, regroupées au sein de la «  Fédération 
 +
#
 +
Nationale des Boutiques de Sciences et Assimilés  », aujourd’hui disparue. 
 +
#
 +
Dans les années 90-2000, ces structures ont rencontré des difficultés. En France, leur disparition a été 
 +
#
 +
le  fait  d’une  réorientation  des  financements  de  l’Etat  vers  des  dispositifs  de  «  culture  scientifique, 
 +
#
 +
technique et industrielle» (CSTI, cf p.11). Elles n’ont cependant pas disparu aux Pays-Bas, qui comptent 
 +
#
 +
aujourd’hui 40 BdS, lesquelles mènent chaque année plusieurs milliers de programmes de recherches, 
 +
#
 +
autour de thématiques liées aux problèmes environnementaux, à la santé, à l’éducation, aux conditions 
 +
#
 +
de travail, au droit, à la demande de services sociaux, autour du développement des communes, des 
 +
#
 +
problèmes du tiers monde etc… 
 +
#
 +
#
 +
Le réseau «  Living Knowledge  » 
 +
#
 +
Depuis les années 2000 et suite à de nombreux projets sous financements européens, une réapparition 
 +
#
 +
des boutiques des sciences a pu être observée dans les pays où elles avaient disparu. Ces structures, 
 +
#
 +
restées  assez  marginales  et  ayant  souvent  risqué  la  fermeture  faute  de  reconnaissance  et  de 
 +
#
 +
financements stables, semblent actuellement être dans une nouvelle dynamique. La création en 2005 
 +
#
 +
du  réseau  «  Living  Knowledge  »,  financé  par  l'Union Européenne,  a  permis  la mise en  relation  des 
 +
#
 +
1 « Enquête: l’«Alliance Sciences-Société» et ses mystifications  », 2013. scienceetcitoyens.word-
 +
#
 +
press.com/2013/05/12/enquete-lalliance-science-et-societe-et-ses-mystifications/ Article critiquant par ailleurs 
 +
#
 +
durement l’association ALLISS, et de façon générale toute tentative de « science citoyenne  » 
 +
#
 +
2  livingknowledge.org 
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différentes Boutiques des Sciences européennes. Preuve de l’intérêt de l’Europe pour ces dispositifs, 
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différents  programmes  ont  financé  des  initiatives  de  Boutiques  de  Sciences  de  façon  quasi 
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ininterrompue, avec une vision de long terme (s’étalant jusqu’en 2021). Il faut cependant souligner que 
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les  aides  européennes  n’ont  pas  vocation  à  financer  de  façon  durable  les  BdS,  mais  les  aident  à 
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démarrer avant qu’elles trouvent des financements locaux. L’implantation durable des BdS dans les 
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territoires est ainsi dépendante du contexte  politique et institutionnel local, c’est pourquoi l’avenir de 
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ces structures reste encore incertain. 
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En  Europe  le  réseau  «  living  knowledge  »  est  fortement  soutenu  depuis  ses  débuts  par  des 
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financements  européens,  d’abord  pour  produire  une  réflexion  et  une  formalisation  des  BdS  (sans 
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chercher  forcément  à  les  standardiser),  ensuite  pour  préciser  les  lignes  directrices  des  futures 
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politiques de financements de ce type de dispositif. 
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L'économie européenne de la connaissance 
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Le  réseau  «  Living  Knowledge  »  est  ainsi  financé  au  niveau  européen  car  les  BdS  sont  considérées 
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comme des dispositifs relevant de «  l'économie de la connaissance  », autour de laquelle le Conseil 
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Européen de Lisbonne a décidé d'axer la politique économique de l'Europe en 2000. 
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La  théorisation  de  l'économie  de  la  connaissance,  ou  capitalisme  cognitif,  découle  de  l'importance 
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grandissante de la connaissance et de la technologie dans les économies modernes. Cette théorie pose 
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ainsi le savoir comme un moteur de productivité et de croissance économique, et cherche entre autre 
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à  créer  un  marché  de  la  connaissance  dans  lequel  toutes  les  connaissances  sont  brevetables.  Ces 
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brevets correspondent ainsi à des «  parts du marché de la connaissance  », qui permettent le profit des 
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entreprises industrielles qui en possèdent la propriété exclusive. 
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Des  critiques  font  cependant  remarquer  qu'il  s'agit  d'une  aliénation  de  ce  bien  commun  qu'était 
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jusqu'alors la connaissance  . D'autres critiques portent également sur le fait de transformer l'école, la 
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connaissance, la culture et les relations sociales en moyens au service de la croissance de l'économie  ; 
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ou encore sur le fait que la croissance prétendument infinie de cette « économie de la connaissance» 
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reste limitée par les ressources matérielles finies . 
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Le soutient de l’UE aux BdS est donc « à double tranchant  »  : sa logique de fond sert avant tout les 
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intérêts des industries, de la croissance économique, à travers notamment la « valorisation  » par des 
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brevets, des connaissances et innovations co-produites entre chercheurs et acteurs non scientifiques. 
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Mais  en  retour  ces  soutiens  européens  ne  conditionnent  pas  les  dotations  financières à  certaines 
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méthodologies  ou  à  certains  résultats  (nombre  de  brevets  attendus  par  exemple)  que  devraient 
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développer les BdS. 
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Ils constituent donc des instruments que certaines universités et/ou associations peuvent mobiliser 
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librement pour d’une part développer leurs propres conceptions des enjeux et des processus de co-
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production de savoirs ou d’innovations, d’autre part défendre à travers eux des transformations des 
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3 Geneviève Azam, « Les droits de propriété sur le vivant », revue Développement durable et territoires, 2008. 
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developpementdurable.revues.org/5443 
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4  Eric Martin, « Qu’est-ce que l’économie du savoir ?  », 2012. iris-re-
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cherche.qc.ca/blogue/qu%25e2%2580%2599est-ce-que-l%25e2%2580%2599economie-du-savoir 
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5 Jean-Marc Jancovici, «  La dématérialisation de l’économie : mythe ou réalité ?  », présentation devant l’assem-
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blée nationale, 2007. assemblee-nationale.fr/13/cr-grenelle/jancovici-complts.pdf 
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Sur la société de la connaissance voir oecd.org/fr/sti/sci-tech/leconomiefondeesurlesavoir.htm, sur la vision de 
 +
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la société de la connaissance par l'OCDE, et  mots.revues.org/14263, une analyse critique de la vision 
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européenne de la société de connaissance 
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relations Science-société et des alternatives aux modèles industriels et capitalistes (de l’agriculture, de 
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la santé, etc). C’est dans cette « brèche ouverte  » que s’insèrent les projets de BdS portés par certains 
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collectifs en France et notamment celui de BEDE. 
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2)        Les Boutiques des Sciences en France 
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En France, le renouveau des BdS s’est concrétisé par la courte mais significative expérience de la BdS 
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de Cachan en 2005, qui a précédé l’apparition de celles de Grenoble en 2011, Lyon en 2013 et Lille en 
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2015. Les boutiques existantes se sont rassemblées en 2015 dans un réseau francophone à l’intérieur 
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du réseau européen. 
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Je  m’attacherai  principalement  ici  à  décrire  la  création,  le  mode  d’hébergement  et  les  sources  de 
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financements des différentes BdS françaises, leur fonctionnement sera détaillé plus en avant dans la 
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synthèse des exposés de l’atelier de présentation (cf p.19). 
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Les Boutiques des Sciences précurseurs 
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Le renouveau des Boutiques des Sciences française a eu lieu en 2005, avec la naissance de la boutique 
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de  Cachan.  Cette  boutique,  à  l’initiative  d’étudiants,  a  ainsi  permis  de  développer  2  études 
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bibliographiques (sur l’évolution de la biodiversité des blés et les outils de détections des plantes OGM). 
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D’autres demandes de la société civile ont été formulées mais faute de renouvellement des étudiants 
 +
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porteurs et d’une absence de reconnaissance par l’administration cette boutique est à l’arrêt depuis 
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2008. 
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«  l’Echop’à  Sciences  »  de  Grenoble  en  2011,  basée  sur  un  fonctionnement  et  des  financements 
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associatifs, peut également être considérée comme une  des BdS précurseur. Le projet, porté par des 
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chercheurs  impliqués  dans  la  vie  associative,  ne  correspondait  cependant  pas  à  la  politique  de 
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l'université de Grenoble. Il leur a ainsi été impossible de pérenniser l'activité de la boutique, qui s’est 
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arrêtée en 2013 malgré un engagement important des membres. 
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La boutique des Sciences de Lyon 
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Fortement soutenue par les financements de différents projets européens, une étude de 
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préfiguration de deux ans (2010-2011) à l’initiative du directeur de la COMUE financée par le projet 
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européen PERARES, a permis de préciser les chercheurs et associations intéressées et de faire 
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connaitre le projet de BdS-Lyon, puis de co-construire un premier projet pilote de recherche de 18 
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mois, sur les problèmes de pollution d'un cours d'eau à côté d'un jardin ouvrier, à la demande de et 
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en partenariat avec des associations de jardiniers et d’environnementalistes. Ce projet a également 
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été appuyé par la région et a permis de poser des bases de fonctionnement, d’identifier de bonnes 
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pratiques et des points de vigilance pour le dispositif ainsi créé. 
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En termes de budget  le PALSE (Programme d'Avenir Lyon St Etienne) a financé le lancement de cette 
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BDS. Le dispositif est par ailleurs inscrit dans le projet d’IDEX (Initiatives D’EXcellence, projet faisant 
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partie du programme de financement national dit « investissements d’avenir  »),  lauréat en mai 2017, 
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ce qui garantit son financement pour encore au moins 4 ans et donc une certaine pérennité. 
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La Boutiques des Sciences de Lyon est ainsi fortement intégrée dans la COMUE, (structure issue du 
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regroupement des universités de Lyon et de St-Etienne), hébergée au sein du Service « culture, 
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sciences et société » de l’université, d’où des financements stables et conséquents, ainsi qu’une 
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visibilité et une garantie pour les appels à projets. 
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6  Rapport d’activité 2014 de l’association grenobloise Adreca-Contrevent  : adrecacontrevent.files.word-
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press.com/2015/02/adreca-contrevent-rapport-dactivitc3a9-2014.pdf. Ce document détaille la position de l’or-
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ganisation qui est implantée dans l’associatif et accompagne les projets de recherche-action, mais abandonne la 
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structure de BdS tout en gardant un objectif de devenir «une forme de laboratoire ou de centre de recherche-
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action, à base communautaire  ». 
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La boutique des sciences de Lille  : 
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La  Boutique  des  Sciences  de  Lille  fonctionne  depuis  2015.  Elle  s’est  constituée  à  l’initiative  de  6 
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chercheurs  issus  de  disciplines  différentes,  à  la  suite  de  la  constitution  en  2012  d’un  groupement 
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temporaire de recherche « CiTé  », qui visait à favoriser les interactions sciences-société. Le comité de 
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pilotage,  qui  a  porté  l’enquête  de  préfiguration  à  la  suite  de  la  proposition  de  ce  groupement  de 
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recherche, était constitué de chercheurs en sociologie et en physique, d’un ingénieur de recherche en 
 +
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physique, de deux étudiants, et d’un membre d’une association. 
 +
#
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Cette  préfiguration, commencée en octobre 2013, a été financée par la Région et par la communauté 
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urbaine de Lille, elle a duré un peu plus d’un an. 
 +
#
 +
La préfiguration et la création de cette Boutique se sont ainsi faites en trois temps
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Une première phase de bibliographie et d’enquête sur d’autres BdS, a permis de mettre en évidence 
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un intérêt fort des chercheurs et des étudiants pour un renouveau des méthodes de recherche. 
 +
#
 +
Une  seconde  phase  de  diffusion  des  résultats  de  l’enquête  a  permis  d’informer  puis  d’affiner  les 
 +
#
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attentes des différents groupes d’acteurs à travers des ateliers de réflexions restitués en plénière (50 
 +
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participants).  Cette  phase a  également  permis  d’identifier  20  personnes  particulièrement motivées 
 +
#
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pour participer à la phase de «  l’atelier scénario  ». 
 +
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La  troisième  phase  a  donc  été  consacrée  à  la  réalisation  de  cet  atelier  scénario,  en  deux  sessions 
 +
#
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réparties sur deux soirées de réflexion approfondie sur le dispositif. Ces deux sessions ont eu lieu de 
 +
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18h-21h afin de s’adapter aux contraintes des participants, et un buffet était également offert. Suite 
 +
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aux discussions, il a été décidé (et possible) de faire héberger cette BdS  au sein de la COMUE de Lille. 
 +
#
 +
Elle dispose de locaux mis à disposition par un organisme équivalent à la MSH de Montpellier, qui fait 
 +
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ainsi partie de la COMUE. Elle a menée 2 projets pilotes en 2015-2016, et deux autres en cours pour 
 +
#
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2016-2017.  Suite  à  une  alternance  politique,  une  partie  des  financements  a  été  supprimée.  Cette 
 +
#
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réduction du budget a donc mis en veille le fonctionnement de la BdS, un demi-salaire est toujours 
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assuré, mais la possibilité de financer les projets de recherches sur des fonds propres a disparue. Des 
 +
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projets de recherche sont ainsi en attente de financements. 
 +
#
 +
3)        Les autres dispositifs de recherches collaboratives académique en France 
 +
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Les boutiques des Sciences ne sont pas les seuls dispositifs qui veulent rapprocher le monde de la 
 +
#
 +
recherche et la société civile. Nous détaillerons ici quelques-uns des dispositifs de financement passés 
 +
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ou présent au sein des territoires français, et nous expliciterons les différences qui existent entre les 
 +
#
 +
BdS et ces autres « tiers-lieux scientifiques  » tels que les fab-labs ou living-labs. 
 +
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 +
Les bourses de financement à destination du Tiers-secteur scientifique
 +
#
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«  Le Tiers-Secteur Scientifique est constitué d’initiatives de la société civile dans lesquelles des citoyens 
 +
#
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lambda,      des    militants    associatifs    ou  syndicaux,      des    usagers    et  des  praticiens    construisent 
 +
#
 +
collectivement des connaissances qui leur sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs citoyens. Il 
 +
#
 +
#
 +
comporte cependant une grande diversité de structures, d’objectifs, de moyens et de pratiques.  » 
 +
#
 +
Les appels à projets régionaux : 
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 +
En  Ile-de-France  le  Conseil  régional a  porté  les  PICRI  (Partenariats  Institutions-Citoyens  pour  la 
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#
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Recherche et l’Innovation), entre 2005 et 2015. Ils développaient des projets assez proches de ceux 
 +
#
 +
7  Définition 2012 du tiers secteur scientifique par Glen Millot de l’association Sciences Citoyennes  : sciencesci-
 +
#
 +
toyennes.org/le-tiers-secteur-scientifique-exemple-des-boutiques-de-sciences/ 
 +
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 +
Sur le même sujet voir  : sociologies.revues.org/5207#ftn8, basé sur l’étude des ASOSC en Bretagne 
 +
#
 +
#
 +
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 +
portés par les BdS, avec cependant une orientation forte vers les doctorants et post-doctorants et des 
 +
#
 +
budgets  à  compléter  avec  d’autres  sources  de  financements,  souvent  sans  mise  à  disposition 
 +
#
 +
d’animateurs  salariés  pour  faire  le  lien  entre  société  civile  et  chercheurs.  Dans  le  Nord-Pas  de 
 +
#
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Calais c’est  un  « programme  Chercheurs  Citoyens  »  assez  proche  d’un  PICRI  qui  a  été  mené  par  le 
 +
#
 +
Conseil régional entre 2010 et 2016, mais qui n’a apparemment pas été renouvelé en 2017 pour des 
 +
#
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raisons inconnues. 
 +
#
 +
En  Bretagne le «  programme de recherche pour l’Appropriation SOCiale des Sciences  »  (ASOCS)  porté 
 +
#
 +
par le Conseil Régional a été créé en 2008, et a été en lien en 2011 et 2012 avec la tentative de création 
 +
#
 +
du «  PERISCOPE  »  : Plateforme d'Échanges et de Recherches Interdisciplinaires entre Science et Société 
 +
#
 +
#
 +
Civile Organisée pour le Pilotage et l'élaboration de l'Expertise.  Les dernières nouvelles en ligne de ce 
 +
#
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programme de recherche datent de 2014. 
 +
#
 +
En Auvergne, le Pôle «  Recherche, Enseignement supérieur et Innovation  » du Conseil régional a lancé 
 +
#
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en 2012 un appel à projets grâce auquel deux projets ont été financés pour les années 2013 -2014. En 
 +
#
 +
2017 il ne semble pas que ce type d’appel à projet à destination des associations existe encore.10 
 +
#
 +
Les Conseils régionaux ont en fait initié et expérimenté des formes de financements à destination de 
 +
#
 +
partenariats entre société civile et monde de la recherche, mais ces financements sont instables, et il 
 +
#
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n’en existe actuellement plus. Malgré un investissement initial11, il semblerait que l’effet de mode soit 
 +
#
 +
retombé. 
 +
#
 +
Les PSDR (Pour et Sur le Développement Régional) 
 +
#
 +
Ce sont des projets de recherches portés par l’INRA et les Régions, issus d’une dynamique continue 
 +
#
 +
depuis  1993.  Visant  le    développement  territorial  de  l’agriculture,  de  l’agro-alimentaire  ainsi  que 
 +
#
 +
l’aménagement de l’espace et autres dynamiques rurales, les recherches sous label PSDR (5AO conjoint 
 +
#
 +
INRA/Région) sont pluri ou inter disciplinaires, impliquant des chercheurs des Sciences Humaines et 
 +
#
 +
Sociales autant que des Sciences biotechniques aux côtés d’acteurs de la société  civile liés au monde 
 +
#
 +
agricole. L’accent est ainsi mis sur les relations entre partenaires scientifiques et de terrain dans la co-
 +
#
 +
construction de recherches en lien avec le réel.12 
 +
#
 +
Il s’agit néanmoins d’un dispositif national essentiellement piloté par les centres INRA, puis décliné par 
 +
#
 +
régions, chacune imposant par ailleurs ses normes spécifiques de gestion et de partenariat. Des conflits 
 +
#
 +
institutionnels dont je n’ai pas réussi à saisir la nature ont cependant mis fin aux programmes PSDR en 
 +
#
 +
Languedoc Roussillon. 
 +
#
 +
Les bourses CIFRE : Conventions Industrielles de Formation par la REcherche 
 +
#
 +
Ce sont certainement les dispositifs qui aboutissent au plus grand nombre de projets parmi ceux qui 
 +
#
 +
ont  été  présenté  ici.  Initialement  destinés  aux  entreprises,  ce  sont  des  subventions  qui  financent 
 +
#
 +
environ  la  moitié  du  coût  d’embauche  d’un  doctorant,  pour  des  projets  de  recherche  de  trois  ans 
 +
#
 +
mettant  en  lien  l’entreprise,  un  laboratoire  de  recherche  et  le  doctorant  autour  d’un  projet  de 
 +
#
 +
recherche objet de sa thèse défini par l’entreprise. Ces bourses permettent donc des collaborations de 
 +
#
 +
8  mediations-sciences-societe.weebly.com/1/post/2011/04/lancement-de-priscope-avec-linstitut-universitaire-
 +
#
 +
europen-de-la-mer-iuem.html 
 +
#
 +
9 alainpenven.blogspot.fr/2014/05/la-recherche-partenariale-et.html 
 +
#
 +
10  Une recherche sur le site des appels à projets de la région ne renvoyant rien de concluant  : 
 +
#
 +
auvergnerhonealpes.fr/89-guide-des-aides-appels-a-projet.htm?type=TYPE_APPEL&public=1 
 +
#
 +
11 Article qui détaille l’engouement qu’il existait en 2014 pour le financement de ce type de recherche par les 
 +
#
 +
conseils régionaux  : avise.org/actualites/recherche-action-et-innovation-sociale-des-conseils-regionaux-investis 
 +
#
 +
12  psdr.fr/PSDR.php?categ=41&lg=FR 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
recherche entre entreprises ou associations et laboratoires publics, mais la deuxième moitié de chaque 
 +
#
 +
bourse doit être financée par des fonds propres ou à travers un appel à projet. 
 +
#
 +
En 2016 seuls 4% des bourses  CIFRE  ont été  allouées à des associations ou à des collectivités13.  Le 
 +
#
 +
partenariat entre l’AVEM et l’INRA dans le millavois par exemple, a fait appel à ce genre de dispositif. 
 +
#
 +
Les tiers-lieux scientifiques et techniques 
 +
#
 +
Nous retiendrons ici la définition proposée sur le wiki du Movilab, un dispositif d'incubation de 
 +
#
 +
«  modes de vie durables  » né en 2010 d'un appel à projet du ministère de l'écologie. Les  « Tiers 
 +
#
 +
Lieux  » y sont définis comme des « espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et 
 +
#
 +
compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser.  »14 
 +
#
 +
En  ce  sens,  Living-labs,  Fab-labs  et  Boutique  des  Sciences  sont  des  tiers-lieux  que  nous  appelons 
 +
#
 +
« scientifiques et techniques  », à la différence des tiers-lieux de « co-action  », plus souvent désignés 
 +
#
 +
comme  des  espaces  de  coworking,  sur  des  projets  d’habitation  collective  ou  encore  de  jardinage 
 +
#
 +
communautaire. 
 +
#
 +
Les Living-labs et la CSTI 
 +
#
 +
«  Un Living-lab est un écosystème d’innovation porté par les usagers, qui engage et motive toutes les 
 +
#
 +
parties prenantes, stimule le co-design et la co-création de technologies, de produits, de services, créé 
 +
#
 +
de nouveaux marchés et permet la transformation des comportements.  »15. 
 +
#
 +
Issu d’un partenariat Public-Privé-Population16, le Living-lab cherche donc à tester ou développer des 
 +
#
 +
services, des outils ou des usages nouveaux en faisant interagir ces trois mondes. 
 +
#
 +
Dans ce contexte l’usager est considéré comme l’acteur central de l’innovation, en tant que co-créateur 
 +
#
 +
et  utilisateur.  Son  implication  permet  de  favoriser  l’alignement  de  l’offre sur  la demande en  terme 
 +
#
 +
qualitatif, de développer l’acceptabilité sociale des avancées technologiques17  et de lui permettre de 
 +
#
 +
« designer et d’expérimenter son propre futur  »18 
 +
#
 +
Même si certains déclarent que ce dispositif « permet à une population d'influer sur les évolutions de 
 +
#
 +
notre société et d'en appréhender les enjeux sociaux, technologiques et économiques»19  les objectifs 
 +
#
 +
par  ailleurs  affichés  de  «  transformation  des  comportements  »,  «  d’acceptabilité  sociale  »,  et  une 
 +
#
 +
orientation vers le développement de produits ou de services au profit essentiellement des entreprises, 
 +
#
 +
différentient fortement les Living-labs des BdS du moins en France,, puisque ces dernières sont avant 
 +
#
 +
tout  maintenant  des  structures  destinées  à  co-produire  des  connaissances  pour  et  avec  des 
 +
#
 +
organisations sociales et sans but lucratif. 
 +
#
 +
De plus, les acteurs de la CSTI se rapprochent aujourd’hui des Living-labs dans un objectif de médiation 
 +
#
 +
scientifique20 et il faut rappeler qu'en France les BdS sont historiquement opposées au concept de CSTI 
 +
#
 +
(Culture Scientifique, Technique et Industrielle),  les financements initialement alloués aux BdS ayant 
 +
#
 +
été réorienté vers les CCSTI (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle) dans les années 
 +
#
 +
13  http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html##repartition 
 +
#
 +
14  movilab.org/index.php?title=D%C3%A9finition_des_Tiers_Lieux 
 +
#
 +
15  Définition de l’European Network of Living Labs, cité par l’INRA  : 
 +
#
 +
inra.fr/rencontresia/content/download/3560/34549/file/5.Guyomard.pdf 
 +
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16  Inmédia est un réseau regroupant un grand nombre de CCSTI  : inmediats.fr/living-lab-inmediats-des-reseaux-
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methodes-et-outils-au-service-dune-innovation-ouverte-13/ 
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17 techsapouest.com/LIVING-LAB-presentation.awp 
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18 alcotra-innovation.eu/progetto/doc/Short_guide_on_Living_Labs_and_some_good_practices.pdf voir page 4 
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19 www.quaidessavoirs.fr/test/-/asset_publisher/e43Udiv6bqai/content/fab-lab 
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20 inmediats.fr/wp-content/uploads/2014/12/Living-Lab.pdf 
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80. La stratégie nationale sur la CSTI a ainsi pour objectif d'« éclairer les citoyen(ne)s et leur donner les 
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moyens de renforcer leur curiosité, leur ouverture d'esprit, leur esprit critique, et de lutter contre le 
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prêt-à-penser, grâce aux acquis de la science et au partage de la démarche scientifique  »21.  Les CCSTI 
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sont donc les lieux de vulgarisation du savoir scientifique auprès des citoyens les plus éloignés de la 
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science et de la culture. 
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Ainsi, tandis que les CCSTI diffusent une culture scientifique et industrielle (en évitant d’aborder les 
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sujets  des  technosciences  :  OGM  et  brevetabilité  du  vivant,  clonage,  nanotechnologies,  biologie 
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synthétique ; ou les controverses liées aux risques sanitaires, environnementaux, éthiques ou sociétaux 
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d’innovations  scientifiques),  les  BdS  ne  refusent  pas  de  travailler  avec  des  associations  qui  posent 
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précisément ces questions (identification des cultures OGM par la BdS de Cachan, propriété collective 
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de semences locales par la BdS de Lyon, par exemple). Les BdS ont d’ailleurs historiquement été créées 
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par  des  citoyens,  chercheurs  et  étudiants  pour  soulever  ces  questions  d’impacts  des  innovations 
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scientifiques  sur  la  société,  tandis  que  les  CCSTI  ont  été  créés  en  sens  inverse  comme  des  « outils 
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d'adéquation  rapides  des  sociétés  en  mutation  aux  contraintes  de  l'évolution  technologique 
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moderne  »22 
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Enfin,  si  les  BdS  cherchent  à  co-définir  de  façon  scientifique  des  problèmes  sociétaux  grâce  à  des 
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échanges  entre  membres  de  la  BdS  (incluant  toujours  des  collectifs  citoyens)  puis  à  les  résoudre 
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ensemble, les Living-labs visent à co-concevoir des produits ou des services à travers des interactions 
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avec des usagers intéressés, en utilisant des outils majoritairement numériques, pour des projets à 
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l’initiative d’entreprises ou de collectivités territoriales. 
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Les fab-labs et makerspace 
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Les  fabs-labs et  les Makerspaces  sont  des  lieux  physiques.  Leur  but  est  de  permettre  un  travail  en 
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commun autour de machines, d‘outils de programmation, ou parfois de processus industriels, et visent 
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l’échange  de  connaissances  à  travers  la  formation  entre  pairs.  Les  fab-labs  se  différencient  des 
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Makerspaces par le fait qu’ils adhèrent à une charte rédigée par le MIT (Massachusetts Institute of 
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Technology, prestigieuse université et institut de recherche américain), qui met en avant l’obligation 
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d’une part de partager les connaissances entre tous les Fab-labs signataires, et d’autre part d’ouvrir ces 
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espaces au public. 
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Ces «  lieux  » permettent essentiellement à des citoyens d’échanger entre eux et de monter ensemble 
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des projets d’ingénierie. Ces projets ne demandent pas de «  recherche  » au sens scientifique du terme 
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mais cherchent à prototyper et à créer des objets manufacturés. Ce sont ainsi des lieux qui visent la 
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réappropriation  des  connaissances            techniques  par  les  citoyens,  mais  pas  nécessairement  la 
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réappropriation du processus de recherche scientifique en amont de ces connaissances techniques. De 
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plus, ce ne sont pas des lieux qui cherchent à mettre en contact le monde de la recherche scientifique 
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et la société civile, car les ressources des autres fab-labs et de façon plus générale les ressources en 
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ligne y sont considérées comme la source principale de connaissances extérieures à partager. 
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Les spécificités des boutiques des Sciences 
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En France les relations entre Sciences et Société sont donc souvent articulées autour de la diffusion des 
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savoirs par les savants en direction des profanes à travers les CCSTI. Or, d’une part les savoirs sont 
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multiples  et  peuvent  également  provenir  de  la  société,  et  d’autre  part  la  société  peut  avoir  des 
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demandes précises sans que la communauté scientifique puisse y apporter une réponse immédiate. 
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21 enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid113974/la-strategie-nationale-de-culture-scientifique-technique-et-
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industrielle.html 
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22  Rapport préparatoire de la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette sur le CCSTI de Guadeloupe, 1990 
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C’est pourquoi les boutiques des Sciences sont avant tout pensées comme des espaces de dialogues et 
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d’échanges entre chercheurs et membres de la société civile, mais elles sont aussi censées offrir des 
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facilités d’accès à des financements qui permettent de conduire des projets de recherche collaborative 
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à l’initiative de la société civile. Cette complémentarité de l’encadrement matériel et financier autour 
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des projets de recherche est également associée à la mobilisation de méthodes facilitant la formulation 
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des problèmes. C’est donc ce triple encadrement matériel, financier et méthodologique, qui permet la 
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réalisation d’une recherche collaborative répondant aux attentes des OSC comme aux exigences des 
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chercheurs. 
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Cela ne signifie pas qu’il est impossible pour des chercheurs et des OSC de s’entendre hors du cadre 
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d’une BdS sur une méthodologie adaptée prenant en compte les besoins de tous. Cependant, dans un 
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objectif de «  réplication  » de ces principes et postures encore assez marginaux, il est utile qu’un réseau 
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capitalise et réinvestisse les connaissances accumulées au cours des différents projets de recherche 
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collaborative ;  d’où  l’intérêt  d’un  réseau  européen  de  BdS.  Plus largement,  les  BdS  et  l’association 
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Sciences  Citoyennes  cherchent  à  faire  évoluer  les  mentalités,  les  politiques  et  les  institutions 
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d’encadrement et de financement de la science23, en montrant que la co-construction de projets entre 
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recherche et société civile n’aboutit pas à de la « mauvaise science  »24. 
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Le dialogue sciences-société en ce sens est ainsi plus difficile que ce que laissent croire les objectifs 
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affichés des diverses institutions et programmes de financements qui «reposent sur une collaboration 
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étroite entre laboratoires de recherche publics et organisations issues de la société civile dans toutes 
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leurs diversités»25, mais qui ne précisent pas les détails de cette collaboration. 
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Du côté des autres tiers lieux scientifiques, cet objectif de dialogue entre les différentes parties de la 
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société n’est pas prioritaire, et le risque d’entre soi dans le milieu des fab-labs a déjà été critiqué, car 
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malgré  une  exigence  d’ouverture,  ne  rentrent  dans  le  fab-lab  ou  le  living-lab  que  ceux  qui  sont 
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disponibles et intéressés par la démarche. L’accent mis sur la co-création, souvent autour de projets 
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liés aux technologies informatiques, pose en réalité la question de qui participe à cette co-création et 
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avec  quels  objectifs.  Les  Boutiques  des  Sciences  rencontrent  évidemment  le  même  problème  de 
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disponibilité et d’intérêt des publics, mais les chartes des différentes BdS mettent cependant un accent 
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clair  sur  l’objectif  d’amélioration  des  conditions  de  vie  des  participants,  et  sur  l’importance  de 
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s’adresser de façon spécifique au monde rural ou défavorisé. Les thématiques d’études au sein des BdS 
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sont  ainsi  d’un  autre  ordre  que  celles  des  fab  ou  living-labs,  principalement    autour  de  questions 
 +
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environnementales ou sociales, et plus rarement autour de questions technologiques. 
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De  plus  les  BdS,  en  cherchant  à  mettre  en  relation  le  monde  de  la  recherche  et  la  société  civile, 
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affrontent  concrètement  3  problèmes  récurrents  :  langages,  rythmes  d’actions  et  exigences  de 
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validation des connaissances, qui différent entre ces deux mondes. Répondre à ces problèmes exige 
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une volonté forte de partage entre les différents acteurs mais surtout une méthodologie explicite, afin 
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d’obtenir des échanges réellement constructifs. La garantie que chaque acteur trouve un intérêt dans 
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les résultats de la recherche co-construite est indispensable pour l’investissement de chacun. 
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23 sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/ 
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24 sciencescitoyennes.org/pas-de-fumee-sans-feu/ 
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25 appel à projet PICRI 2015 iledefrance.fr/aides-regionales-appels-projets/partenariats-institutions-citoyens-
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recherche-innovation-picri 
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4)        Les «  laboratoires hors murs  » et l’émergence d’un projet de Boutique des 
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Sciences co-porté par BEDE et la MSH-SUD en Occitanie. 
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L’idée d’une BdS en Occitanie est issue à la fois des expériences de partenariats entre la recherche et 
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les paysans suivis par l’association BEDE et d’une volonté de différents acteurs locaux à Montpellier de 
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mettre en place un dispositif innovant articulant étroitement et concrètement Sciences et Société. 
 +
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Les «  Laboratoires Hors Murs pour l’agrobiodiversité  » 
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Dans le cadre d’un projet monté en partenariat avec l’UMR INNOVATION et l’UMR CEFE, BEDE a initié 
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et coordonné, entre  2013 et 2015,  un programme de recherche financé par  Agropolis Fondation26 
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visant à construire sur le terrain des collaborations entre le monde agricole et la recherche grâce à un 
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dispositif appelé «  laboratoire hors murs  ». Ces collaborations ont permis de faire émerger en France, 
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mais aussi au Bénin et en Algérie, les questions des praticiens et des représentants d’organisations 
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paysannes locales autour de l’agrobiodiversité. Ces questions ont pu être discutées avec des chercheurs 
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d’universités nationales proches géographiquement ou thématiquement des communautés paysannes 
 +
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(d’où émanaient ces questions), et reformulées entre paysans et chercheurs afin d’aboutir à des projets 
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de recherche co-construits. 
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Ces derniers ont permis entre autres de trouver des pistes de solutions de lutte agroécologique contre 
 +
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des ravageurs du haricot niébé, d’entretenir  la biodiversité cultivée au sein des vergers de figuiers et 
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de dattiers en Algérie, par exemple. Dans ce cadre BEDE a également travaillé avec l’association des 
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Semeurs du Lodévois-Larzac et l'Association Vétérinaires et Éleveurs du Millavois sur la question de la 
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démocratisation de la recherche et des formes que peuvent prendre les partenariats entre chercheurs 
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et associations. 
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Des  documents  de  synthèse  en  matière  de  démarches  collaboratives  en  agrobiodiversité  ont 
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également été rédigés, mais tous les projets de recherche-action co-construits n’ont pu être menés à 
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terme par manque de financements pérennes. 
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Ce programme a pris place en même temps que le projet DARE27 (Democratizing Agricultural Research 
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in Europe)  également porté par BEDE, qui entre 2013 et 2015 a permis l’organisation de 4 rencontres 
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constituant  un  premier  réseau  européen multi-acteurs  (paysans,  activistes, chercheurs)  permettant 
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l’échange  d’expériences  sur  l’innovation  paysanne  et  la  recherche  collaborative  en  agriculture  en 
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Europe. 
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Il s’agissait là d’une première étape d’un processus visant d’abord à réfléchir à une méthodologie, puis 
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à intégrer les différents acteurs de ces collaborations au sein de projets de recherche-action pérennes, 
 +
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développant une gestion dynamique et une meilleure valorisation de la biodiversité agricole. Ces deux 
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ans  d’expérimentation  des  «  Laboratoires  Hors  Murs  »  ont  ainsi  ouvert  de  nombreuses  pistes  de 
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recherches mais ont également fait  surgir le manque crucial d’un maillon  : un cadre de concertation 
 +
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permanent où les agriculteurs puissent échanger de manière régulière avec un panel de chercheurs 
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autour de leurs questions.  BEDE a donc besoin pour continuer son projet «  Laboratoire Hors Murs  » 
 +
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d’un tel cadre de concertation associations/chercheurs, or un tel cadre correspond assez bien à ce qu’il 
 +
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est possible de faire avec une BdS. BEDE cherche donc maintenant à faire naitre une BdS, qui ne serait 
 +
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cependant pas à son usage exclusif, mais au  sein de laquelle elle pourrait effectuer une étape de ses 
 +
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projets «  Laboratoire Hors Murs  ». 
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26 agropolis-fondation.fr 
 +
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27  http://www.bede-asso.org/collaborations-par-theme/coconstruction-savoirs-biodiversite-cultivee/oser-
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democratiser-la-recherche-en-europe-dare-democratizing-agricultural-research-in-europe/ 
 +
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Parallèlement  à  ce  projet,  la  Maison  des  Sciences  de  l’Homme  de  Montpellier  faisait  l’objet  d’une 
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importante restructuration la conduisant à formuler un projet d’avenir et un positionnement original 
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pour garantir sa pérennité dans un espace régional en pleine reconfiguration. En effet, le Languedoc 
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Roussillon a fusionné avec Midi Pyrénées en 2016, mettant en danger l’existence d’institutions existant 
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dans l’une et l’autre région quand elles étaient distinctes. 
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Pour que la MSH-SUD de Montpellier conserve une place dans l’espace institutionnel régional il lui 
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fallait se positionner face à son «  homologue  » toulousain. Elle a donc produit un projet scientifique, 
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qui  vise  à  favoriser  la  recherche  interdisciplinaire  à  travers  des  appels  à  projets,  l'hébergement  de 
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plateformes  de  recherches  et  la  formation  des  étudiants  aux  méthodes  interdisciplinaires,  mais 
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cherche  également  à  développer  les  relations  des  citoyens  avec  le  monde  de  la  recherche.  Cette 
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réflexion  sur  les  liens  entre  citoyens  et  recherche  est  conjointe  avec  celle  de  l'association  ALLISS 
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(ALLIance  Science-Société),  qui  cherche  à  promouvoir  les  coopérations  entre  recherche,  acteurs 
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sociaux et acteurs économiques  et à produire des recommandations pour les puissances publiques 
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basées sur ces expériences de coopération. 
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De ce projet scientifique émerge alors la volonté de la MSH d’aller à la rencontre du tissu associatif de 
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Montpellier  pour  identifier  des  moyens  et  innover  en  matière  d’articulation  sciences/sociétés,  en 
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offrant son espace renouvelé dans les locaux de Saint Charles pour accueillir, promouvoir et participer 
 +
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à l’animation de cette articulation. Les Assises Sciences-Société co-organisées par la MSH et ALLISS en 
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partenariat avec tous les organismes de recherche et de formation supérieure de Montpellier, sont une 
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traduction concrète de cette volonté. Elles ont permis aux chercheurs et acteurs de la société civile 
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d'échanger sur ce thème entre le 3 et le 5 juillet 2017, afin de faire reconnaître l'importance  d’actions 
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collaboratives pour renforcer le soutien des institutions et des politiques publiques. Ces Assises ont 
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ainsi offert l’opportunité pour BEDE et la MSH de présenter le projet de BdS en Occitanie  encore en 
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gestation, et de chercher des partenaires. 
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La vision de la BdS Occitanie par BEDE. 
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Le projet de créer une BdS initié par BEDE est ainsi inséré dans un projet plus large porté par la MSH-
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Sud. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il reprendrait le concept de « laboratoire hors murs  ». 
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Pour  BEDE,  il  s’agit  de  mettre  en  place  les  moyens  d’un  cadre  de  concertation  pérenne  entre 
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scientifiques et paysans, avec une structure qui survivrait aux ponctuels projets de recherche action 
 +
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participative (d’une durée toujours limitée à deux ou trois ans), en s’appuyant sur des financements 
 +
#
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institutionnels localisés et stabilisés en complément de financements plus classiques d’appels à projets. 
 +
#
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La  mise  à  disposition  de  locaux  et  l’engagement  d’un  salarié  à  la  fois  pour  la  MSH-Sud  et  la  BdS, 
 +
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permettraient en effet d’assurer l’animation de rencontres régulières, nécessaires pour la formulation 
 +
#
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et la reformulation des questions paysannes, mais aussi de respecter les temps des chercheurs et des 
 +
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 +
paysans,  avec  des  financements  permettant  d’engager  et  d’encadrer  les  opérateurs,  étudiants  en 
 +
#
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master, doctorants ou chercheurs, qui pourraient ainsi mener à bien des programmes de recherche à 
 +
#
 +
la demande du terrain. 
 +
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Cette BDS est aussi pensée comme une des étapes concrètes du processus de renouvellement de la 
 +
#
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recherche agricole promu par BEDE, en s’appuyant sur l’expérience des associations qui ont déjà eu ces 
 +
#
 +
partenariats avec la recherche grâce aux Laboratoires hors murs ou à travers d’autres projets. Cette BdS 
 +
#
 +
vise  également  à  sécuriser  les  interactions  pour  que  les  associations  et  les  agriculteurs  puissent 
 +
#
 +
s’impliquer  et  s’exprimer  aux  côtés  de  scientifiques,  c’est  pourquoi  il  est  essentiel  que  son 
 +
#
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fonctionnement soit co-construit. 
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#
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#
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#
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Les autres acteurs de la BdS 
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Bien que l’association BEDE soit à l’origine de cette idée de boutique des sciences en Occitanie, elle est 
 +
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loin d’être seule à porter le projet et à souhaiter qu’il aboutisse. 
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#
 +
Localement  la  MSH-SUD,  (Maison  des  Sciences  de  l'Homme,  «  Sciences  Unies  pour  un  autre 
 +
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 +
Développement  »)  est  une  émanation  de  la  COMUE  de  Montpellier,  structure  qui  associe  des 
 +
#
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universités,  grandes  écoles  et  tous  les  organismes  de  recherche  présents  autour  de  Montpellier. 
 +
#
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Installée sur le site récemment rénové de St-Charles à Montpellier, elle dispose  de nombreux locaux 
 +
#
 +
(mais relativement peu de financements). 
 +
#
 +
C’est elle qui a réuni lors des Assises Sciences-Société les acteurs du monde de la recherche, citoyens, 
 +
#
 +
associations,  entreprises  et  élus  pour  construire  un  dialogue  constructif  entre  savoirs  d’origines 
 +
#
 +
différentes. L'un des enjeux étant de développer des coopérations équilibrées et durables, c'est dans 
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#
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le cadre de cet événement qu’ont eu lieu les premiers ateliers de présentation et de co-construction 
 +
#
 +
de la Boutique des Sciences. Même si le travail de création a été délégué à BEDE, cette BdS serait 
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#
 +
hébergée dans les locaux de la MSH et animée en partie avec cette institution, il s’agit donc bien d’un 
 +
#
 +
co-portage (deux réponses conjointes à des appels d’offre ont d’ailleurs été rédigées et sont en attente 
 +
#
 +
de décision des bailleurs  : COMUE et Fondation de France). 
 +
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Les Petits Débrouillards (lespetitsdebrouillards.org), premier réseau national d‘éducation populaire 
 +
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à la science et par la science et premier réseau national d’éducation au développement durable dispose 
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#
 +
également d’une antenne montpelliéraine et est intéressé pour assurer une mission de médiation entre 
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#
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les associations avec lesquels elle est en contact et la Boutique des Sciences, de la même façon que 
 +
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BEDE informe les associations paysannes de l’existence de la BdS. Ces deux médiateurs permettent 
 +
#
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donc de toucher un large réseau associatif. 
 +
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Au  niveau  national  l’association  Sciences  Citoyennes28,  par  l’intermédiaire  de  Glen  Millot  (salarié), 
 +
#
 +
accompagne les différentes BdS françaises, et à ce titre participe aux différentes étapes de démarrage 
 +
#
 +
de la BdS Occitanie. Cette association est impliquée à différents niveaux dans le mouvement actuel de 
 +
#
 +
réappropriation  citoyenne  et  démocratique  de  la  science,  afin  de  la  mettre  au  service  de  la 
 +
#
 +
connaissance  comme  bien  commun.  Cette  association  cherche  en  effet  à  refonder  le  système  de 
 +
#
 +
recherche  autour  d'un  nouveau  contrat  non  marchand  entre  sciences  et  société,  permettant  aux 
 +
#
 +
associations et aux citoyens de participer à l'orientation de la recherche. 
 +
#
 +
En tant que stagiaire je me suis intéressé à ces interactions Sciences-Société non pas dans l’idée d’une 
 +
#
 +
meilleure  performance  des  entreprises  et/ou  d’une  amélioration  du  fonctionnement  de  la  société 
 +
#
 +
actuelle  grâce  à  la  recherche,  mais  parce  que  je  suis  convaincu  de  l’effondrement  à  venir  de  la 
 +
#
 +
civilisation thermo-industrielle, après lequel des modèles complètement différents de société et de 
 +
#
 +
recherche scientifique seront indispensables. Notre avenir à plus ou moins long terme sera  donc  tel 
 +
#
 +
que je le conçois  un monde beaucoup  plus incertain qu’actuellement, dans lequel la mise en place 
 +
#
 +
d’adaptations pertinentes à l’évolution de l’environnement climatique et social sera déterminante. La 
 +
#
 +
co-réflexion  et  la  réalisation  conjointe  de  ces  adaptations  entre  scientifiques  et  autres  acteurs 
 +
#
 +
impliqués  de  la  société  civile  me  semblent  être  les  meilleurs  moyens  de  faire  évoluer  la  société 
 +
#
 +
(scientifiques  inclus)  dans  une  direction  souhaitable.  Mais  la  forme  de  cette  « interaction  »  est  à 
 +
#
 +
réfléchir en détail, étant donné la  défiance d’une partie du milieu alternatif (que j’imagine être celui 
 +
#
 +
de  demain)  à  l’égard  des  scientifiques  qui,  de  leur  côté,  s’arrogent  le  droit  de prescrire  ce  qui  leur 
 +
#
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semble  bon  pour  la  société  et  de  prétendre  qu’ils  sont  bien  en  interaction  avec  la  société  civile29. 
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L’action de la sphère politique se résumant au niveau national à un rôle de facilitateur de l’activité 
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28 sciencescitoyennes.org 
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29 Voir zad.nadir.org/spip.php?article4180 en réponse à zad.nadir.org/spip.php?article4151, une initiative de 
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l’EHESS pour défendre la ZAD en tant qu’intellectuels. 
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économique et, au niveau local à des actions engageant des acteurs de la société civile avec peu de 
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moyens. Dans le prolongement de ce stage, je réaliserai d’ailleurs un service civique sur Montpellier 
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pendant l’année scolaire 2017-2018, et souhaite à titre bénévole m’investir dans le démarrage de la 
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BdS, en participant à l’atelier-scénario ainsi qu’aux éventuelles réunions à venir de démarrage et de 
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fonctionnement de la BdS. 
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Les associations du RSP constituent un troisième groupe d’acteurs partenaires. Elles sont constituées 
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d’agriculteurs  organisés  qui  défendent  une  agriculture  biologique  et  paysanne.  Celle-ci  est  définie 
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comme  une  agriculture  sociale  et  territorialisée,  caractérisée  par  des  pratiques  non  standardisées, 
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valorisant la diversité du vivant et les interactions entre humains et plantes cultivées : les paysans y 
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sont des producteurs d’agro-biodiversité30. Ces associations en Occitanie, ont déjà des expériences de 
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collaboration avec des chercheurs mais les jugent soit trop brèves –  dans le temps -, soit trop ciblées 
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en faveur d’enjeux qui leur échappent, soit encore trop limitées par les règles de financement actuelles 
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de la recherche dite «  participative  ». 
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Le Réseau Semences Paysannes insiste depuis sa création en 2003 sur la nécessité de co-construire les 
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connaissances  sur  les  plantes  cultivées  entre  praticiens  et  chercheurs31  pour  lutter  contre  la 
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prolifération des variétés industrielles et contre la dépendance semencière, imposées par les grands 
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groupes.  Contre  les  producteurs  d’artefacts,  l’artificialisation  des  milieux  et  des  semences,  ces 
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producteurs  revendiquent  leurs  propres  compétences  en  matière  de  pilotage    de  la  biodiversité32. 
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Plusieurs programmes européens ou nationaux auxquels le RSP a contribué33 ont souligné toutefois le 
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poids  des  obstacles  réglementaires  (leur  logique  descendante  et  asymétrique  qui  nie  toute 
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compétence aux agriculteurs), limitant les innovations et les débouchés économiques pour les variétés 
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de pays, niant toute reconnaissance officielle aux semences paysannes et aux variétés 
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II] Enquête et atelier de présentation du 3 juillet 
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La méthode de montage d’une BdS à Montpellier a suivi celle préconisé par Science Citoyenne. Nous 
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reprenons donc ici ces principales étapes d’une démarche déjà expérimentée ailleurs et que j’ai pris 
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en charge, et réalisé, pour les acteurs initiateurs présentés ci-dessus. 
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Une enquête d’intéressement 
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Avant de lancer la création d’une BdS il est nécessaire de connaître les attentes, les besoins et éventuels 
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points de vue de multiples partenaires potentiels (chercheurs,  associations,  étudiants, bailleurs...) de 
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ce type de dispositif. Pour cela une enquête par questionnaire a été conçue et réalisée entre le 15 juin 
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et le 1er juillet (deux questionnaires en ligne différents ont été proposés pour les associations et les 
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chercheurs). L’enquête a été adressée à des listes non exhaustives, établies avec BEDE et Pascale Moity-
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Maïzi. 
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Un atelier de présentation 
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En même temps que ce questionnaire, des invitations ont été envoyées par mails aux groupes visés 
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(chercheurs,  institutions  locales,  associations).  Il  ne  s’agissait  pas  seulement  de  faire  remplir  le 
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questionnaire  mais  aussi  d’inviter  tous  les  acteurs  potentiels  à  l’atelier  de  présentation  qui  se 
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déroulerait pendant les Assises Sciences-Société à la MSH. 
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30  Note d’intention de BEDE  pour des dispositifs pérennes de recherches actions participatives en soutien à la 
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gestion dynamique de la biodiversité cultivée in situ. 2017. 
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31  RSP, BEDE, FSC, PEUV, 2011 
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32  Blandin 2009 ; Larrère, 2002 
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33  FSO 2012, REPERE 2009, SOLIBAM 2014 
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1)        Rédaction du questionnaire et réalisation de l’enquête 
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Chaque questionnaire (annexe vi) a été accompagné d’un texte expliquant les contours d’un Boutique 
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de Sciences. Les premières questions à destination des organisations de la société civile (terme qui 
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regroupe les associations, coopératives, groupements d’agriculteurs, collectifs citoyens…) portaient sur 
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l’identification  des  thématiques  qui  les  intéressaient  ou  qu’elles  traitaient.  Une  seconde  partie  du 
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questionnaire devait permettre d’estimer leur capacité à s’investir dans des projets de recherche. Une 
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troisième partie du questionnaire devait nous renseigner sur leur niveau et sources de financement 
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ainsi que sur le nombre de salariés présents dans la structure. Une question portait également sur la 
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familiarité  des  associations  avec  le  monde  de  la  recherche.  Une  estimation  de  l’intérêt  pour  les 
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différents  aspects  du  dispositif  ainsi  qu’un  espace  d’expression  libre  en  fin  de  questionnaire  leur 
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permettait de décrire les projets qu’elles envisageaient de mener en lien avec la BdS. 
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Les  questions  à  destination  des  chercheurs  portaient  d’abord  sur  le  type  et  les  thèmes  de  leurs 
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recherches,  puis  sur  leur  implication  potentielle  dans  les  différentes  missions  de  la  BdS,  sur  leur 
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familiarité vis-à-vis d’interactions avec la société civile et sur leur intérêt général pour le dispositif. 
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Les associations comme les chercheurs étaient également invités à donner leur avis de façon ouverte 
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sur  l’initiative,  puis  à  indiquer  leur  mail  s’ils  souhaitaient  être  tenus  au  courant  des  suites  de  la 
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démarche. 
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Ces différents questionnaires en ligne  étaient inspirés par ceux qui avaient été utilisés auparavant par 
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la BdS de Lille lors de son enquête de préfiguration. Ils ont été adaptés au contexte montpelliérain, 
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caractérisé par le projet de créer une BdS thématique, s’adressant à des associations travaillant dans 
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les champs de l’agroécologie, de la biodiversité et de l’alimentation. 
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#
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L’enquête a donc été logiquement envoyée aux associations et chercheurs déjà sensibilisés par ces 
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thématiques  voire  ayant  déjà  manifesté  un  intérêt  pour  le  projet,  mais  également  à  des  listes  de 
 +
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diffusion plus larges (via recensements de listes d’associations en ligne).  Au total, 239 associations et 
 +
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162 chercheurs ont été sollicités par mail direct, donc sans compter les personnes ayant reçu l'enquête 
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par  des  mailing  listes  qui  ont  également  été  utilisées.  D'autres  acteurs  (chambres  d'agriculture, 
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responsables région et Métropole) ont également été invités à participer aux Assises et éventuellement 
 +
#
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à transférer le mail auprès d'acteurs intéressés, chercheurs ou associations. Les taux de réponse sont 
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assez bons pour un questionnaire par mail, avec 28 associations et 38 chercheurs qui ont effectivement 
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répondu. Ces réponses sont à considérer en nombre de répondant et non en potentiel pourcentage de 
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répondants, car le nombre de personnes ayant effectivement reçu le mail ne nous est pas connu (envoi 
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sur des listes de mails de taille importante, diffusion du mail de contact au sein des réseaux…) 
 +
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 +
2)        Déroulement de l’atelier de présentation 
 +
#
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Suite à cette enquête dite de préfiguration, l’atelier de présentation permet à la fois de présenter le 
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principe des boutiques des sciences et d’exposer les résultats de l’enquête. Les boutiques des sciences 
 +
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sont en effet des dispositifs qu’il est nécessaire de présenter car ils sont peu connus, tant dans le monde 
 +
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de  la  recherche  que  dans la  société  civile.  L’enquête  de  préfiguration  permet aux  organisateurs  de 
 +
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justifier auprès de bailleurs de l’intérêt des chercheurs et des associations pour ce type de struct ure, 
 +
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de  recenser  les  acteurs  souhaitant  s’impliquer  dans  la  démarche  et  à  travers  eux  de  se  faire  une 
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première idée des orientations que pourra prendre la BdS. 
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Contexte Assises Sciences-Société à la MSH-SUD 
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L’atelier de présentation a eu lieu pendant les Assises Sciences Sociétés, événement organisé dans les 
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locaux de la MSH-SUD. Ces assises ont réuni pendant trois jours, du 3 au 5 juillet 2017, des acteurs du 
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#
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monde de la recherche, des citoyens, des associations, des entreprises, ou encore des élus. L’objectif 
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#
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était de construire un dialogue entre savoirs d’origines différentes, et de développer des coopérations 
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équilibrées  et  durables  autour  de  cette  thématique  de  dialogue  renouvelé  entre  les  sciences  et  la 
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#
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société. 
 +
#
 +
Une cinquantaine d’ateliers ont ainsi eu  lieu pendant ces trois jours, dont un grand nombre sur des 
 +
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thématiques très proches voire recoupant celles de la boutique des sciences. Le nombre très important 
 +
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 +
d’intervenants et d’ateliers a cependant obligé le déroulement en simultané de réflexions semblables, 
 +
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qui auraient gagné à être construites entre tous les intervenants concernés. 
 +
#
 +
Une prise de note collaborative au cours de tous les ateliers et quelques référents chargés de suivre un 
 +
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 +
grand nombre d’ateliers ont permis d’élaborer rapidement une synthèse générale de l’événement, qui 
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#
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a montré entre autres choses l’importance et la diversité des structures de médiation dans ce dialogue 
 +
#
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science-société. 
 +
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C’est donc au cours de cet évènement qu’a eu lieu notre atelier, en deux sessions, le lundi 3 juillet. Les 
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participants à cet atelier étaient les initiateurs du projet de BdS, des invités extérieurs sollicités pour 
 +
#
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faire  part  de  leurs  propres  expériences  des  BdS,  et  un  public  large  de  personnes  curieuses  ou 
 +
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intéressées, pour un total d’une cinquantaine de personnes. 
 +
#
 +
1ère session  : contexte de l’évolution des BdS en Europe et en France 
 +
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Différents intervenants invités ont ainsi pu préciser la notion de BdS au cours du premier atelier  : 
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#
 +
-Glen Millot, de l'association Sciences Citoyennes, a fait une présentation  générale du dispositif des 
 +
#
 +
Boutiques  des  Sciences  en  France  et  en  Europe,  et  a  détaillé  comment  Sciences  Citoyennes 
 +
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accompagne les BdS françaises. 
 +
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-  Bertrand Bocquet, initiateur de la BdS de Lille, a présenté cette expérience née en 2014. 
 +
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 +
-  Pauline Bryère, de la BdS de Lyon, a présenté cette dernière-née en 2015. 
 +
#
 +
- Sophie Martin : chercheuse à l'université de Montpellier, a présenté la plateforme de recherche action 
 +
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 +
COGITHON, à destination des personnes en situation de handicap mental, hébergée à la MSH et dont 
 +
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 +
le fonctionnement se rapproche de celui d’une BdS. L’enjeu de sa présence était de voir dans quelle 
 +
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mesure les deux dispositifs pourraient à moyen terme fusionner ou cohabiter au sein de la MSH. 
 +
#
 +
Il  s'agissait  de  montrer  qu'il  existe  différents  modèles  de  fonctionnement  de  BdS  qui  naissent  du 
 +
#
 +
contexte et des attentes locales. Le contenu de cette session a ainsi été repris dans la description que 
 +
#
 +
j’ai faite des boutiques de sciences en Europe et en France, (p.5-6). 
 +
#
 +
2ème session  : Contexte de l’émergence d’une BdS en Occitanie 
 +
#
 +
Bob Brac de la Perrière, coordinateur général de l’association BEDE, a exposé les raisons qui avaient fait 
 +
#
 +
émerger l’idée d’une boutique de science  en lien avec la MSH. Ces éléments ont été décrit page 11 et 
 +
#
 +
12, puis analysés page 16 
 +
#
 +
J’ai  ensuite  exposé  les  résultats  de  l’enquête  de  préfiguration  pour  permettre  à  tous  de  prendre 
 +
#
 +
connaissance des différents points de vue d’acteurs, de leurs convergences et divergences éventuelles, 
 +
#
 +
puis de faire un point sur le niveau d’intérêt et d’implication potentiel des acteurs ayant répondu à 
 +
#
 +
l’enquête. Les résultats ainsi que leur analyse sont disponibles pages 18-19. 
 +
#
 +
Echanges et propositions autour de la BdS en Occitanie 
 +
#
 +
A la suite de ces exposés, des discussions ont porté sur les différentes expériences de chacun en termes 
 +
#
 +
de recherches collaboratives, sur les pistes de financements  et sur le nom que l’on souhaitait utiliser 
 +
#
 +
pour  remplacer  le  terme  de  «  boutique  »,  considéré  comme  inadapté.  Une  première  tentative 
 +
#
 +
d’identification  des  degrés  d’implication  possibles  des  personnes  présentes,  dans  une  future  BdS  à 
 +
#
 +
#
 +
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 +
Montpellier, a été conduite, mais ses résultats ne sont pas pertinents  : il était encore trop tôt, et de 
 +
#
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plus pour un public disparate, de se positionner clairement sur des rôles ou formes d’engagements 
 +
#
 +
dans une BdS. 
 +
#
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III] Synthèse des contenus de l’atelier de présentation et analyse des 
 +
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résultats de l’enquête. 
 +
#
 +
Environ 75 personnes ont assisté à la première session et environ 50 à la deuxième. Les participants 
 +
#
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étaient majoritairement issus du monde de la recherche et de la formation, mais des acteurs du 
 +
#
 +
monde associatif étaient également présents. 
 +
#
 +
1)        Synthèse du fonctionnement des BdS exposés pendant la 1ère session 
 +
#
 +
Il s’agit ici de synthétiser le fonctionnement, les spécificités et points communs des différentes BdS 
 +
#
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présentées en première session, afin d’en extraire des éléments de réflexions pour le montage de la 
 +
#
 +
BdS en Occitanie. 
 +
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Fonctionnement de la BdS Nord de France : 
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 +
A Lille  les demandes ou questions des associations sont recueillies par un dépôt en ligne, par mail ou 
 +
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par rencontre. Un Conseil d’orientation stratégique hiérarchise les demandes recueillies. Puis les sujets 
 +
#
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sélectionnés, souvent assez vagues, sont précisés au cours de 2 ou 3 réunions dans les bureaux de la 
 +
#
 +
BdS, entre le Conseil d’Orientation Stratégique et la structure demandeuse. 
 +
#
 +
Ce  Conseil  d’Orientation  Stratégique  (COS)  est  constitué  d’une  quinzaine  de  personnes,  dont  une 
 +
#
 +
moitié de chercheurs, « experts  » bénévoles dans différents domaines, d’un représentant de la CSTI de 
 +
#
 +
Lille, d’un représentant de la Comue (qui est le salarié de la BdS à mi-temps), d’un représentant de la 
 +
#
 +
MESHS (institution qui met à disposition les locaux), et de 2 ou 3 représentants du monde associatif. 
 +
#
 +
Sa composition est en fait assez variable selon les disponibilités et l’intérêt de chacun à participer à la 
 +
#
 +
reformulation des questions ou sujets, mais les chercheurs y constituent néanmoins un noyau assez 
 +
#
 +
stable. 
 +
#
 +
Il s’agit aussi pendant les réunions qui suivent le travail de sélection du COS, d’expliquer à l’association 
 +
#
 +
demandeuse quel type et quel volume de travail il est possible de réaliser en prenant pour référence 
 +
#
 +
la durée d’un stage de master 2. Un enseignant-chercheur pertinent est ensuite identifié comme tuteur, 
 +
#
 +
et un étudiant est ensuite recruté par cet enseignant ou par une annonce sur la plateforme des stages 
 +
#
 +
de  l’université.  Les  enseignants-chercheurs,  bien  que  souvent  occupés,  sont  intéressés  par  la 
 +
#
 +
démarche. 
 +
#
 +
La convention de stage se fait alors entre la BdS, l'association demandeuse et le tuteur enseignant. Les 
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#
 +
projets de recherche coutent environ 5-6000€, et sont financés par la BdS, qui assure donc à la fois le 
 +
#
 +
financement et le lien avec le monde de la recherche. 
 +
#
 +
Le stage  commence en  février et  est encadré  par  la BdS  tout  au  long  du  processus,  puis  l’étudiant 
 +
#
 +
présente ses résultats par oral et écrit à l’association demandeuse qui les valide. Un rapport de forme 
 +
#
 +
académique est ensuite présenté en septembre, et mis en ligne sur la  page de la boutique de Lille34. 
 +
#
 +
En  termes  de  point  faibles  la  BdS  de  Lille  fait  face  à  des  financements  limités  malgré  un  intérêt 
 +
#
 +
important des chercheurs et des étudiants, ou même de certains praticiens, collectivités ou bailleurs 
 +
#
 +
sociaux dont les demandes sont refusées faute de moyens. Ainsi, seuls 4 projets ont été menés depuis 
 +
#
 +
le lancement de cette BdS. 
 +
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 +
34 cue-lillenorddefrance.fr/?q=culture-patrimoine-societe/boutique-des-sciences 
 +
#
 +
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 +
Sa force principale réside dans l’attention qu’elle porte à la phase préliminaire de reformulation de la 
 +
#
 +
demande  entre  le  bureau  de  la  BdS  et  l’association  demandeuse,  ce  qui  fait  que  de  nombreuses 
 +
#
 +
associations sont intéressées, plus d’ailleurs que ce que la structure peut traiter, alors que la boutique 
 +
#
 +
ne fait pas de publicité. Cette BdS envisage cependant de former d’autres acteurs pour constituer un 
 +
#
 +
réseau de relais physique au sein du territoire (médiathèque, autres associations) afin qu’ils puissent 
 +
#
 +
informer de l’existence du dispositif et relayer des demandes vers la BdS. Une volonté existe également 
 +
#
 +
de mettre à profit les activités en enseignement supérieur ou en expertise qui occupent maintenant 
 +
#
 +
les 20% du temps des doctorants. Elargir la base de chercheurs impliqués et stabiliser les membres du 
 +
#
 +
Conseil Scientifique d’Orientation est fortement souhaité par les membres de la BdS. Cette stabilité des 
 +
#
 +
engagements est au moins aussi importante que celle des financements, pour garantir la pérennité du 
 +
#
 +
dispositif. 
 +
#
 +
Fonctionnement de la BdS de Lyon  : 
 +
#
 +
A Lyon, la collecte des demandes se fait par le même biais, avec cependant une plus grande difficulté 
 +
#
 +
à trouver des associations intéressées. Cette difficulté est peut-être due à la forte intrication de la BdS 
 +
#
 +
dans l’environnement universitaire, mais peut-être également liée au nombre très limité de projets 
 +
#
 +
financièrement  réalisables,  qui  entraîne  peut-être  un  épuisement  des  demandes  associatives.  Une 
 +
#
 +
stratégie  de  communication  paraît  nécessaire  mais  n’est  cependant  que  peu  efficace  pour  faire 
 +
#
 +
émerger  les  demandes  de  partenariats  de  la  part  des  associations.  Les  associations  rurales  sont 
 +
#
 +
néanmoins bien représentées dans les structures demandeuses, ce qui est la preuve  d’une certaine 
 +
#
 +
visibilité de la BdS malgré son ancrage institutionnel très marqué. 
 +
#
 +
Les demandes sont généralement recueillies jusqu’en juillet pour un traitement l’année suivante. Ici 
 +
#
 +
c’est un Conseil Scientifique de la BdS qui reformule et hiérarchise les demandes recueillies. Il implique 
 +
#
 +
des personnes du milieu universitaire, et réunit environ 10 personnes en septembre pour étudier et 
 +
#
 +
préciser  les  demandes  déjà  un  peu  mises  en  forme  et  sélectionnées  pendant  l’année  scolaire 
 +
#
 +
précédente. 
 +
#
 +
Ce conseil scientifique identifie les formations de Master et les stagiaires qui pourraient y répondre, à 
 +
#
 +
travers une ou des offres de stage rédigées par la BdS. Le recrutement des étudiants se fait donc entre 
 +
#
 +
septembre et décembre, puis une rencontre par projet a lieu entre associations, étudiants et tuteurs 
 +
#
 +
de stage au début du stage en février, pour confirmer la forme de la question reformulée par le conseil 
 +
#
 +
scientifique. 
 +
#
 +
Les  étudiants  effectuent  ensuite  leurs  stages  dans  les  locaux  des  associations,  encadrés  par  leurs 
 +
#
 +
tuteurs associatifs respectifs, leur tuteur académique et un encadrant de la Boutique des Sciences. 
 +
#
 +
Trois formations réparties au cours des stages permettent de rassembler les étudiants qui effectuent 
 +
#
 +
des  stages  au  sein  de  la  BdS  pour  leur  permettre  d’échanger  sur  leurs  stages,  d’approfondir  leurs 
 +
#
 +
connaissances  sur  la  recherche  participative,  et  de  se  former  à  l’échange  avec  les  associations 
 +
#
 +
(communication et forme des rendus oraux et écrits). 
 +
#
 +
Les stagiaires sont ainsi encadrés par un tuteur associatif, un tuteur académique et un tuteur de la BdS, 
 +
#
 +
et sont payés par la BdS, ce qui facilite la réalisation des projets. Les synthèses vulgarisées sont ensuite 
 +
#
 +
présentées lors de restitutions publiques, et le rapport vulgarisé est également postée sur le site de la 
 +
#
 +
Boutique des Sciences de Lyon35. 
 +
#
 +
Les restitutions publiques ont du succès, preuve que le rendu intéresse à la fois les acteurs demandeurs 
 +
#
 +
mais aussi le reste de la société civile, et les étudiants sont très satisfaits de ces stages, qui les forment 
 +
#
 +
au dialogue recherche-société civile, et à l’interdisciplinarité ; qui leur donne aussi le sentiment d’être 
 +
#
 +
35  boutiquedessciences.universite-lyon.fr 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
utiles.  Un  point  fort  de  cette  boutique  des  Sciences  c’est  son  financement  pérenne  et  conséquent 
 +
#
 +
(financement Idex), qui lui permet de disposer de deux salariés à mi-temps et de financer les salaires 
 +
#
 +
des stagiaires. La BdS de Lyon cherche maintenant à consolider ses liens avec les autres activités du 
 +
#
 +
service qui l’héberge au sein de l’université, avec par exemple des consultations citoyennes, et souhaite 
 +
#
 +
comme  Lille inclure davantage les étudiants en doctorat. 
 +
#
 +
Depuis son démarrage officiel en 2013 et grâce à une importante reconnaissance institutionnelle, la 
 +
#
 +
BdS de Lyon a encadré 37 projets, et a élargi le modèle « classique » basé sur un stage de 6 mois d’un 
 +
#
 +
étudiant  en  master  2  à  des  projets  tutorés  insérés  dans  le  cursus,  ou  des  «  challenges  »  faisant 
 +
#
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intervenir  un  grand  nombre  d’étudiants  pendant  48h  autour  d’un  problème  soulevé  par  une 
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association.  Une logique pédagogique forte est donc à l’œuvre dans cette  boutique très intégrée au 
 +
#
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fonctionnement de l’université. Cette force est aussi une faiblesse liée aux décalages entre calendriers 
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#
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(scolaire / exigences des acteurs du terrain). Cette BdS essaie d’y remédier par une diversification des 
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méthodes d’intervention, en réalisant par exemple un « hackaton » ponctuel rassemblant un grand 
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#
 +
nombre d’étudiants pendant quelques jours sur une question de la société civile et pour des projets 
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plus courts, ou en proposant des projet tutorés insérés dans le cursus des étudiants. 
 +
#
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Points communs, divergences et éléments de réflexions  : 
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Ces deux BdS ont en commun de s’être dotées d’une charte rapidement après leur création qui, bien 
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que non contractuelle, permet de préciser les termes de la coopération entre structure qui fait  une 
 +
#
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demande, enseignant-chercheurs et étudiants. 
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#
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Ces  deux  BdS  cherchent  également  aujourd’hui  à  diversifier  et  accroître  le  nombre  d’enseignants 
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chercheurs impliqués dans le dispositif car elles sont toutes deux plus ou moins restées sur la base des 
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chercheurs initialement intéressés par le projet. 
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Le stage M2 de 6 mois de février à juillet est également une contrainte commune, qui fait que les 
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étudiants et les associations, bien que satisfaits, ont parfois un sentiment d’inachevé, auquel pourrait 
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#
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par exemple répondre un suivi post-recherche sur les impacts de la coopération. 
 +
#
 +
Dans la même optique, elles se posent la question du dépassement de la logique opérationnelle autour 
 +
#
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de  «  micro-projets  ».  Ce  dépassement  est  souhaité  à  Lyon,  afin  de  pouvoir  élargir  l’utilisation  des 
 +
#
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résultats de la recherche sur d’autres territoires et auprès d’autres organisations, ce qui est envisagé 
 +
#
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d’ici quelques années. Bertrand Bocquet de la BdS de Lille souhaite aussi accumuler un certain nombre 
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#
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d'expériences pour monter en généralité, et travailler sur la notion de recherche participative, mais 
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#
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précise cependant que la BDS n'est pas le seul dispositif intéressant, et qu’il existe d'autres possibilités 
 +
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pour poursuivre le travail engagé sans que la BdS ait vocation à tout centraliser. 
 +
#
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Ces deux exemples montrent également l’importance d’une reconnaissance institutionnelle locale de 
 +
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la  BdS,  qui  reste  la  porte  d’entrée  pour  accéder  à  des  financements  pérennes,  autorisant  le 
 +
#
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financement  autonome  des  projets  de  recherche.            Il  est  cependant  impossible  de  se  mettre 
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complètement  à  l’abri  des  aléas  politiques,  et  la  stratégie  visée  par  BEDE  et  ses  partenaires  et  de 
 +
#
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diversifier au plus possible les sources de financements de la BdS en Occitanie. 
 +
#
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Ces deux BdS sont en réalité relativement similaires dans leur fonctionnement par rapport à la diversité 
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#
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au  niveau  européen,  et  le  quatuor  demandeur/stagiaire  M2/tuteur  académique/tuteur  BdS  donne 
 +
#
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l’impression que l’on a finalement affaire à des plateformes d’offres de stages, donc à des dispositifs 
 +
#
 +
assez orientés vers la formation des étudiants. Contrairement à la vision des initiateurs de la BdS en 
 +
#
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Occitanie,  l’accent  est  au  final  peu  mis  sur  les  interactions  entre  chercheurs  et  associations, 
 +
#
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(notamment une faible attention semble donnée à la découverte et à la compréhension du terrain de 
 +
#
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travail des associations par le monde de la recherche). Comme nous le développerons plus loin, les 
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#
 +
#
 +
#
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étudiants  peuvent  dans  ce  contexte  à  la  fois  être  le  lien  entre  monde  associatif  et  monde  de  la 
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#
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recherche, mais risquent également d’être une barrière entre ces deux mondes qui n’échangent pas si 
 +
#
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facilement. 
 +
#
 +
Tableau  1  : Comparaison des différentes Boutiques  des  Sciences françaises 
 +
#
 +
ENS Cachan        Echop’a science                Boutique des              Boutiques des                Boutique des Sciences en 
 +
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(Grenoble)                    Sciences Nord de            Sciences de Lyon            Occitanie ? 
 +
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France 
 +
#
 +
Types de stage et        ? stage M2          De L1 à M2                      M2 préféré                De L1 à M2                  Doctorants ? 
 +
#
 +
d’étudiants              probablement 
 +
#
 +
Types de                Etudes biblio        De 1 à 8 mois, biblio et      6 mois, biblio et          Biblio ou terrain  : 6      3 ans ? Objectif de 
 +
#
 +
production et de                              terrain                        terrain (enquête)          mois + autres formes        publication ? 
 +
#
 +
retour                                                                                                  moins « BdS  » 
 +
#
 +
Nombre d’études          2 études en 3        6 études en 2 ans              4 en 2 ans                  37 en 5 ans                  Deux projets pilotes en 
 +
#
 +
réalisées et durée      ans                                                                                                          2018-2019 ? 
 +
#
 +
de 
 +
#
 +
fonctionnement 
 +
#
 +
Acteurs                  Etudiants, peu      Bureau, Référent              Conseil Scientifique        Conseil Scientifique        A définir, importance des 
 +
#
 +
« internes  »            d’informations      boutique, Référent            et d'Orientation            constitué                    acteurs associatifs 
 +
#
 +
faisant                                      scientifique, Encadrant.      constitué de                d’universitaire, 
 +
#
 +
fonctionner et                                                              Chercheurs et de la        tuteur associatif, 
 +
#
 +
interagir la BdS                                                            Société civile              tuteur académique, 
 +
#
 +
tuteur BdS. 
 +
#
 +
Origine des              ?                    Complémentarité                COMUE  : ½ salarié          Très intégré dans la        Envisagé  : Région, MSH 
 +
#
 +
financements                                  Europe (Perrares) et            MESHS (≈MSH)  :            COMUE (service              pour locaux, Métropole, 
 +
#
 +
région (appel                  locaux                    médiation), Idex  pour      Agropolis Fondation, 
 +
#
 +
Université citoyenne et        Région  :                  4 ans. Au début              Fondation de France, 
 +
#
 +
solidaire)                      Financements              financements                iSite Muse ? 
 +
#
 +
Européens et 
 +
#
 +
Université de Lyon 
 +
#
 +
(PALSE) 
 +
#
 +
Thématiques              Toutes, mais        Toutes (fourneau à            Toutes (recherche          Toutes (beaucoup)            Agriculture voire juste 
 +
#
 +
abordées                les études          bois, techniques de            sur la BdS,                                              agrobiodiversité dans un 
 +
#
 +
réalisées ont        construction, compost,          immigration et                                          premier temps, puis 
 +
#
 +
porté sur la        potager urbain,                engagement                                              élargissement à la santé 
 +
#
 +
biodiversité,        précarité et secteur de        associatif, trame                                        et l’alimentation à 
 +
#
 +
et les OGM          la connaissance,              verte et bleue,                                          l’avenir. 
 +
#
 +
demande sociale en            coopération 
 +
#
 +
histoire)                      associative 
 +
#
 +
internationale) 
 +
#
 +
Date et initiateurs      2005 par des        2011 par l’association          Fonctionne depuis          2013, suite à une            BEDE et MSH-SUD en 
 +
#
 +
de la BdS                étudiants, à        Adreca  : Association          2015, suite à              initiative du directeur      2017, en cours de 
 +
#
 +
l’arrêt depuis      pour le développement          l’initiative d’un          de la COMUE en              montage 
 +
#
 +
2008                d’une recherche                groupe de                  2010 
 +
#
 +
citoyenne et active, à        chercheurs au sein 
 +
#
 +
l’arrêt depuis 2013            d’un labo en 2012 
 +
#
 +
Lien vers charte        36                  Site non fonctionnel          38                          Cf annexe ii                « Charte de bonne 
 +
#
 +
mais charte                                                                            conduite  » du Réseau 
 +
#
 +
accessible37                                                                            Semences Paysannes ?39 
 +
#
 +
36  http://boutiquedessciences.free.fr/pmwiki/uploads/Main/charte_bds_cachan_2004_04_15.pdf 
 +
#
 +
37  https://adrecacontrevent.files.wordpress.com/2014/07/echopascience_rapportqualitatif_2012.pdf 
 +
#
 +
page 24 pour le fonctionnement, page 29 pour la charte. 
 +
#
 +
38  http://www.cue-lillenorddefrance.fr/sites/default/files/charte_bds_ndf.pdf 
 +
#
 +
39  http://www.semencespaysannes.org/bdf/docs/spsynth6mai.pdf 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
2)        Enjeux et stratégie de l’association BEDE 
 +
#
 +
Il serait abusif de parler de «  la vision de la BdS que porte BEDE  », car ses membres se posent encore 
 +
#
 +
entre eux la question de savoir comment se positionner par rapport à ce projet. Leur vision est donc 
 +
#
 +
plurielle et évolutive. Il s’agit donc ici de synthétiser et d’analyser la vision actuellement à l’œuvre dans 
 +
#
 +
cette association, sous réserve d’évolutions ultérieures, pour orienter les discussions de l’atelier et pour 
 +
#
 +
défendre l’idée d’une gouvernance associative qui ferait la particularité de la BdS en Occitanie. 
 +
#
 +
Bob Brac de la Perrière, coordinateur salarié de BEDE n’a donc pas  présenté une expérience de BdS, 
 +
#
 +
mais a présenté la position de l’association dans ce projet, par rapport aux différents risques perçus. 
 +
#
 +
Risques perçus par l’association 
 +
#
 +
Un  des  risques est  de  fonder  une BdS  dont  les membres  associatifs  n’ont  pas  une vision  claire,  ou 
 +
#
 +
n’arrivent pas à organiser leurs besoins autour d’un fonctionnement détaillé. Un second risque c’est 
 +
#
 +
que les chercheurs et/ou les bailleurs orientent le pilotage du dispositif vers des méthodologies de co-
 +
#
 +
construction qui ne soient pas suffisamment à l’écoute des besoins des acteurs de la société civile. Les 
 +
#
 +
programmes  de  recherche  risquant  alors  de  s’orienter vers  une recherche  conventionnelle  pseudo-
 +
#
 +
participative, incompatible avec la vision de la recherche que porte BEDE. Ce risque d’une implication 
 +
#
 +
décroissante  des membres associatifs est donc étroitement lié avec celui d’une certaine méfiance vis-
 +
#
 +
à-vis de l’implication d’organisations qui pourraient ne pas être en phase avec le projet de la BdS selon 
 +
#
 +
BEDE. 
 +
#
 +
Positionnement de BEDE 
 +
#
 +
Afin d’avoir certaines garanties sur l’implication et les valeurs des différents partenaires, BEDE souhaite 
 +
#
 +
dans une certaine proportion choisir  les participants qui seront conviés aux ateliers scénarios, donc 
 +
#
 +
identifier des associations et chercheurs qui ont déjà eu des partenariats avec BEDE ou autres membres 
 +
#
 +
du  RSP.  Cela  offrira  de  plus  une  certaine  unité  sur  les  valeurs  fondamentales  du  dispositif,  unité 
 +
#
 +
nécessaire pour s’entendre autour du projet commun qui sera posé pendant l’atelier scénario. 
 +
#
 +
Pour se prémunir d’une dérive potentielle de la BdS vers un fonctionnement déconnecté des besoins 
 +
#
 +
du terrain, BEDE propose également à ses partenaires potentiels un pilote de la BdS. Ce pilote (annexe 
 +
#
 +
viii)  reste évidemment à discuter.  Il  permettra  néanmoins  d’expliquer  aux partenaires potentiels,  et 
 +
#
 +
notamment  aux  bailleurs,  que  cette  BdS  cherche  à  mettre  en  place  un  modèle  de  recherches 
 +
#
 +
collaboratives,  différent  des  modèles  habituels  de  recherches  participatives.  Il  s’agit  cependant  de 
 +
#
 +
financer de manière durable ce dispositif et les projets de recherches qui seront conduits à travers lui, 
 +
#
 +
et BEDE a donc répondu à divers appels d’offres, auprès de fondations telles que la Fondation de France 
 +
#
 +
ou encore la Fondation Agropolis, qui annoncent vouloir favoriser le développement d’une recherche 
 +
#
 +
en lien avec la société civile. Des discussions sont également en cours avec la Région Occitanie pour 
 +
#
 +
capter des financements complémentaires de moindre ampleur. Un appel à projet de type CSTI a été 
 +
#
 +
envoyé, la réponse a cependant été négative. 
 +
#
 +
L’atelier scénario, et la réflexion collective qu’il permet sur le fonctionnement de la BdS, a  aussi pour 
 +
#
 +
rôle  d’après    BEDE    de    compléter    les  attentes    identifiées    pendant      les  Labo    Hors    Murs    sur 
 +
#
 +
l’agrobiodiversité. BEDE ayant déjà une certaine connaissance de la recherche collaborative, il ne s’agit 
 +
#
 +
pas de suivre à la lettre le modèle de BdS développé ailleurs en France ou en Europe, mais de s’en 
 +
#
 +
inspirer voire de le faire évoluer car les valeurs fondamentales portées par les BdS correspondent à 
 +
#
 +
celles portées par BEDE. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la méthodologie adaptable utilisée pour le 
 +
#
 +
montage des BdS, qui permet de construire des structures en phase avec les besoins des porteurs et 
 +
#
 +
des territoires. 
 +
#
 +
#
 +
#
 +
Pour résumer, il est donc considéré comme capital -  sans que BEDE soit l’entité aux commandes du 
 +
#
 +
dispositif - qu’un portage des projets par la société civile soit garanti, afin que la boutique des sciences 
 +
#
 +
sécurise l’interaction, et que les associations soient sûres de pouvoir s’exprimer et que leurs avis soient 
 +
#
 +
effectivement pris en compte. Ainsi, il s’agit de trouver des partenaires convaincus par le projet et ses 
 +
#
 +
valeurs, avec lesquels la forme de la BdS puisse être débattue. C’est avec eux qu’il faudra composer au 
 +
#
 +
sein du ou des bureaux/conseils/commissions, qui seront décidés et dont les membres seront désignés 
 +
#
 +
pendant les ateliers scénarios.   
 +
#
 +
3)        Analyse des résultats de l’enquête 
 +
#
 +
Du côté des organisations de la société civile, avec 28 réponses représentant 21 associations, 1 SARL, 
 +
#
 +
et 2 SCOP, (plusieurs répondants par organisation) les profils des intéressés  sont liés à l’agriculture, à 
 +
#
 +
la  préservation  de  l’environnement  ainsi  qu’à  la  formation/éducation.  17  répondants  signalent  un 
 +
#
 +
intérêt  certain  à  court  ou  moyen  terme  pour  ce  projet,  cependant  même  pour  les  mieux  dotés  le 
 +
#
 +
manque de financement est un facteur limitant de leur investissement dans la conduite de recherches 
 +
#
 +
portées grâce à ce dispositif. 
 +
#
 +
Eléments limitants pour le développement des activités  
 +
#
 +
des 17 associations intéressées (plusieures réponses possibles)  
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
#
 +
Plus de ressources (financières, personnel,      Plus d’expertise scientifique de la part de          Plus de connaissances techniques
 +
#
 +
temps)                                  membres de la structure                                extérieures
 +
#
 +
Pour les thèmes d’activités, l’agriculture, la formation et la défense de l’environnement dominent :
 +
#
 +
Quel sont les domaines qui correspondent
 +
#
 +
le plus à l'activité de votre structure?  
 +
#
 +
Défense de l'environnement
 +
#
 
26%
 
26%
18%
+
#
Agriculture
+
Agriculture  
 +
#
 
37%
 
37%
Défense de l'environnement
+
#
Action Santé
+
Action Santé  
 +
#
 
5%
 
5%
Défense des droits et des
+
#
causes
+
Défense des droits et des
 +
#
 +
causes  
 +
#
 
5%
 
5%
Action sociale
+
#
 +
Formation et éducation
 +
#
 +
Action sociale  
 +
#
 +
18%
 +
#
 +
Culture
 +
#
 
7%
 
7%
Culture
+
#
 
2%
 
2%
Formation et éducation
+
#
26
+
#
----------------------- Page 27-----------------------
+
#
En termes dethèmes des projetsde recherche, très peu de ces acteurs font allusion aux thématiques
+
En termes de thèmes des projets de recherche, très peu de ces acteurs font allusion aux thématiques
de la santé et de l'alimentation. Soulignons également que pour certains la BdS est également perçue
+
#
comme un partenaire de formation.
+
de la santé et de l'alimentation. Soulignons également que pour certains la BdS est également perçue
Ils évoquent en effet à peu près tous l’agriculture,avec des questions ciblant des problèmes précis :
+
#
-Comment nommer les semences paysannes pour qu’elles restent un bien commun?
+
comme un partenaire de formation.
-Comment utiliser/valoriser l’urine humaine sur spiruline, vigne ou bioponie
+
#
-Vérifier les effets du BRF de pin sur la croissance des plantes et la vie du sol
+
Ils évoquent en effet à peu près tous l’agriculture, avec des questions ciblant des problèmes précis :
-Comment développer un verger sec méditerranéen pour l’agroécologie
+
#
-Projet pilote agroécologique
+
:*Comment nommer Les semences paysannes pour qu’elles restent un bien commun?
-Comment évaluer l’impact des pratiques agricoles sur les nappes phréatiques
+
#
-Faire une typologie des consommateurs en boutiques paysannes et marchés
+
-Comment utiliser/valoriser l’urine humaine sur spiruline, vigne ou bioponie
-Faire une typologie des participants au mois de l’agroécologie (septembre 2017)
+
#
Mais quelques-uns proposent aussi des thèmes plus généraux:
+
:*Vérifier Les effets du BRF de pin sur la croissance des plantes et la vie du sol
-Transition agroécologique en zone inondable
+
#
-Programme pluridisciplinaire en agroécologieet agroforesterie
+
-Comment développer un verger sec méditerranéen pour l’agroécologie
-Etude des Complémentarités Biodiversité et Potager
+
#
Du côté des chercheurs, 38 ont répondu (sur plus d’une centaine de personnes contactées): ils sont
+
:*Projet pilote agroécologique
issus de champs disciplinaires très variés, avec cependant une majorité de chercheurs issus des
+
#
sciences humaines et sociales (SHS):
+
-Comment évaluer l’impact des pratiques agricoles sur les nappes phréatiques
Disciplines des chercheurs interrogés
+
#
Science de l’éducation
+
:*Faire une typologie des consommateurs en boutiques paysannes et marchés
5%
+
#
Sciences biologiques
+
-Faire une typologie des participants au mois de l’agroécologie (septembre 2017)
 +
#
 +
Mais quelques-uns proposent aussi des thèmes plus généraux:
 +
#
 +
:*Transition agroécologique en zone inondable
 +
#
 +
:*Programme pluridisciplinaire en agroécologie et agroforesterie
 +
#
 +
:*Etude des Complémentarités Biodiversité et Potager
 +
#
 +
Du côté des chercheurs, 38 ont répondu (sur plus d’une centaine de personnes contactées) : ils sont
 +
#
 +
issus de champs disciplinaires très variés, avec cependant une majorité de chercheurs issus des
 +
#
 +
sciences humaines et sociales (SHS) :
 +
#
 +
Disciplines des chercheurs interrogés  
 +
#
 +
Science de l’éducation  
 +
#
 +
5%                       Sciences biologiques  
 +
#
 
16%
 
16%
Economie
+
#
 +
Economie  
 +
#
 
14%
 
14%
SHS
+
#
43%
+
Sciences physiques et
Sciences physiques et
+
#
mathématiques
+
mathématiques  
 +
#
 
14%
 
14%
Agronomie
+
#
 +
Agronomie  
 +
#
 
5%
 
5%
Sciences de la santé
+
#
 +
Sciences de la santé  
 +
#
 
3%
 
3%
Il s’agitpeut-être icid’un biais lié àl’accès limité aux adresses de tous les chercheurs universitaires
+
#
montpelliérains (l’université de Montpellier qui comporte le plus d’enseignants-chercheurs en sciences
+
SHS
du vivant en particulier, nous était presque inaccessible). De plus, le temps très court etla période
+
#
estivalen’ont pas joué en notre faveur dans l’exhaustivité des réponses
+
43%
A l’exception d’un seul chercheur, tous se sont dits intéressés ou très intéressés par ce projet de BdS,
+
#
Ils s'interrogent cependant sur le terme de "boutique" et préfèrent plutôt celui d'"atelier". Ils
+
Il s’agit  peut-être ici  d’un biais lié à  l’accès limité aux adresses de tous les chercheurs universitaires
27
+
#
----------------------- Page 28-----------------------
+
montpelliérains (l’université de Montpellier qui comporte le plus d’enseignants-chercheurs en sciences
soulignent également une évolution en cours des financements de projets de recherches participatives,
+
#
vers plus d’injonctions aux interactions du monde de la recherche avec la société civile.
+
du vivant en particulier, nous était presque inaccessible). De plus, le temps très court et  la période
On constate aussi que ces répondants ont déjà une certaine familiarité du monde des associations à
+
#
Montpellier car de nombreuses organisations ont déjà travaillé avec eux sur des projets de recherche,
+
estivale n’ont pas joué en notre faveur dans l’exhaustivité des réponses
ce qui a permis à plusieurs d’entre elles d’avoir déjà réfléchi aux difficultés, notamment financières,
+
#
exigées par la coordination d’un projet avec des chercheurs.
+
A l’exception d’un seul chercheur, tous se sont dits intéressés ou très intéressés par ce projet de BdS,
4)
+
#
Synthèse et leçons à tirer des discussions
+
Ils s'interrogent cependant sur le terme de "boutique" et préfèrent plutôt celui d'"atelier". Ils
Les discussions ont ainsi principalement pris place pendant la deuxième session de l’atelier. Très
+
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dynamiques, elles ont montré unniveau d’intérêt élevé des participants.
+
#
Orientation des thématiques
+
#
La question de l’orientation des projets de recherche vers lesthématiques de la santé, envisagée dans
+
soulignent également une évolution en cours des financements de projets de recherches participatives,
un premier temps, a été abandonnée suite au trop faible nombre de réponses et de personnes
+
#
présentes dans ce domaine de compétences lors de cet atelier, malgréun pôle santé important sur
+
vers plus d’injonctions aux interactions du monde de la recherche avec la société civile.
Montpellier. Les chercheurs et les associations de ce domaine ont été difficiles à cibler, par manque de
+
#
connaissance du milieu médical par l’association BEDE et par les personnes-ressources du stage. Il s’agit
+
On constate aussi que ces répondants ont déjà une certaine familiarité du monde des associations à
cependant d’une communauté qui pourrait être intéressée à terme, et qui a déjà développé ses propres
+
#
outils participatifs autour desquels il serait intéressant d’échanger. La BdS en Occitanie n’est donc pas
+
Montpellier car de nombreuses organisations ont déjà travaillé avec eux sur des projets de recherche,
définitivement ferméeà cette thématique, un élargissement des sujets de recherche est toujours
+
#
possible à l’avenir.
+
ce qui a permis à plusieurs d’entre elles d’avoir déjà réfléchi aux difficultés, notamment financières,
Cependant la phase de construction de la BdS et de définition/sélection de projets pilotes sera conduite
+
#
avec une majorité d’acteurs déjà connus des porteurs de la BdS, lesquels n’ont d’ailleurs pas tous pu
+
exigées par la coordination d’un projet avec des chercheurs.
participer à l’atelier. Il s’est ainsi avéré difficile de toucher toutes les associations et tous les chercheurs
+
#
pour l’enquête initiale malgré des listes de destinataires déjàtrès larges (la trop courte période
+
4)       Synthèse et leçons à tirer des discussions
disponible pour la réalisation de l’enquête/invitation, et la période estivale pendant laquelle elle a été
+
#
menée ont sans doute joué en défaveur de l’enquête et de la participation à l’atelier). Pendant les
+
Les discussions ont ainsi principalement pris place pendant la deuxième session de l’atelier. Très
discussions de cette seconde session, une question a dominé: «Comment on communique(pour et
+
#
dans le cadre de la future BdS) ?», c’est à dire à travers quels outils et dans quels lieux physiques (ou
+
dynamiques, elles ont montré un  niveau d’intérêt élevé des participants.
en ligne). Elle est apparue importante car elle oriente dès le départ les publics ciblés.
+
#
Importance de l’étudiant
+
Orientation des thématiques
Le rôle de l’étudiant (master ou doctorant) a été souligné à plusieurs reprises, car en tant
+
#
qu’intermédiaire entre le monde de la recherche et les associations, c’est lui qui est chargé d’échanger
+
La question de l’orientation des projets de recherche vers les thématiques de la santé, envisagée dans
avec les associations pour qu’elles s’approprient et appliquent le protocole co-constuit, et pour qu’elles
+
#
puissent se former et développer leur propre vision de la méthode scientifique. Ainsi, pour faire de la
+
un premier temps, a été abandonnée suite au trop faible nombre de réponses et de personnes
recherche auprès de paysans, il est important que l'étudiant ait un minimum de formation et que
+
#
l'agriculteur n'ait pas à l'«encadrer». Le choix de l’étudiant est donc crucial pour les associations, qui
+
présentes dans ce domaine de compétences lors de cet atelier, malgré  un pôle santé important sur
devront avoir leur mot à dire lors de la phase de recrutement d’un «chargé d’étude».
+
#
On peut alors souligner l’absence quasi-totale d’étudiants autres que le stagiaire dans ces sessions et
+
Montpellier. Les chercheurs et les associations de ce domaine ont été difficiles à cibler, par manque de
dans la réflexion sur la création de cette BdS. Une attention particulière devra y être portée si l’on
+
#
souhaite les impliquer, qu’ils soient ingénieurs, master 2 ou doctorants.Cette association des étudiants
+
connaissance du milieu médical par l’association BEDE et par les personnes-ressources du stage. Il s’agit
dans la création de la BdS pose également la question du type d’étudiant qui participera au projet de
+
#
la BdS, les stages courts termes de M2 étant jugé par BEDE comme trop limités.
+
cependant d’une communauté qui pourrait être intéressée à terme, et qui a déjà développé ses propres
28
+
#
----------------------- Page 29-----------------------
+
outils participatifs autour desquels il serait intéressant d’échanger. La BdS en Occitanie n’est donc pas
Rappel des initiatives déjà existantes en recherche collaborative
+
#
Certains collectifs du RSP ayant plusieurs expériences de projets de recherche, ils ont déjà rédigé des
+
définitivement fermée  à  cette thématique, un élargissement des sujets de recherche est toujours
chartes autour de la recherche participative. La prise en compte de ces documents sera ainsi essentielle
+
#
au cours de la construction de la BdS Occitanie.
+
possible à l’avenir.
La «Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault»représentée lors de cet atelier a rappelé
+
#
qu’elle a toujours fonctionné (depuis environ 150 ans) comme une BDS, en synergie avec la fac de
+
Cependant la phase de construction de la BdS et de définition/sélection de projets pilotes sera conduite
pharmacie, cependant à destination exclusive de ses adhérents. Cette société dispose d’un site où sont
+
#
publiés en accès libre des travaux
+
avec une majorité d’acteurs déjà connus des porteurs de la BdS, lesquels n’ont d’ailleurs pas tous pu
40
+
#
. D’une manière plus générale, elle nous permet de comprendre que
+
participer à l’atelier. Il s’est ainsi avéré difficile de toucher toutes les associations et tous les chercheurs
les sociétés savantessont des acteurs stratégiques, dont l’importancen’avait pas été identifiée lors des
+
#
premières réflexions. Du fait de leur expérience en matière de recherches collaboratives ces acteurs
+
pour l’enquête initiale malgré des listes de destinataires déjà  très  larges (la trop courte période
méritent d’être mobilisés dans la co-construction de la BdS Occitanie.
+
#
La question de la différence entre les BdS et différents programmes de recherches collaboratives tels
+
disponible pour la réalisation de l’enquête/invitation, et la période estivale pendant laquelle elle a été
que les PSDRet les PICRI (cf p.9) aégalement été posée. Bien qu’ils semblent assez proches de l’objectif
+
#
de co-construction des méthodes de recherches portés par les BdS, ils ne sont pas considérés par tous
+
menée ont sans doute joué en défaveur de l’enquête et de la participation à l’atelier). Pendant les
comme des dispositifs mettant en place de véritables méthodologies de co-construction de la
+
#
recherche en lien avec la complexité de la demande associative. Il ne s’agit cependant pas de les
+
discussions de cette seconde session, une question a dominé : « Comment on communique (pour et
évacuer mais de s’inspirer avec prudence de ces modèles dont les dimensions innovantes ont été
+
#
soulignées par ailleurs.
+
dans le cadre de la future BdS) ? », c’est à dire à travers quels outils et dans quels lieux physiques (ou
Prise en compte de l’expression de la société civile au sein de la BdS.
+
#
Un paysan ne pourra pas porter seul une demande de recherche. Il a donc été souligné que rejoindre
+
en ligne). Elle est apparue importante car elle oriente dès le départ les publics ciblés.
une association ou un collectif était non seulement facile mais également important par exemple
+
#
autour des réflexions et pratiques sur les semences.
+
Importance de l’étudiant
Le souhait de parité entre membres de la société civile et autres membres de la BdS a été exprimé par
+
#
Bob Brac de la Perrière (BEDE), qui a souligné le risque d’une dérive du fonctionnement vers des
+
Le   rôle   de   l’étudiant   (master ou   doctorant)   a été   souligné   à   plusieurs   reprises,   car   en   tant
logiques trop institutionnelles, dont la société civile risque d'être exclue. Il insiste donc sur l’importance
+
#
que ce dispositif soit animé ou porté par une association, en précisant quel’objectif de BEDE n’est pas
+
qu’intermédiaire entre le monde de la recherche et les associations, c’est lui qui est chargé d’échanger
de centraliser toutes les recherches participatives de Montpellier mais bien d’accompagner celles qui
+
#
entrent dans son champ de compétences!
+
avec les associations pour qu’elles s’approprient et appliquent le protocole co-constuit, et pour qu’elles
Co-légitimité du partenariat chercheurs/associations
+
#
La visibilité et la légitimité sont également recherchées par les associations qui souhaitent collaborer
+
puissent se former et développer leur propre vision de la méthode scientifique. Ainsi, pour faire de la
avec les chercheurs qui ont les mêmes préoccupations qu’elles. La BdS cherche donc à développer une
+
#
reconnaissance de la société civile notamment vis-à-vis des financeurs de la recherche. Il s’agit pour les
+
recherche auprès de paysans, il est important que l'étudiant ait un minimum de formation et que
membres des associations qui s’engageront de faire reconnaitre leur propre travail de recherche,
+
#
d’accéder à des financements au même titre que les organismes de recherche, permettant de garantir
+
l'agriculteur n'ait pas à l' « encadrer  ». Le choix de l’étudiant est donc crucial pour les associations, qui
une rémunération compensatoire du temps passé pour la recherche (temps de réunions,
+
#
d’encadrement, de valorisation-séminaires, forums etc-). Il s’agit donc de reprendre un mécanisme
+
devront avoir leur mot à dire lors de la phase de recrutement d’un « chargé d’étude  ».
déjà formalisé par le RSP (Réseau Semences Paysannes): c’est là un principe éthique partagé par tous
+
#
ceux qui se sont investis dans l'émergence d'une BDS Occitanie. Cette question du financement et donc
+
On peut alors souligner l’absence quasi-totale d’étudiants autres que le stagiaire dans ces sessions et
de la valeur du temps de recherche et des connaissances coproduites est un élément essentiel à penser
+
#
ensemble.
+
dans la réflexion sur la création de cette BdS. Une attention particulière devra y être portée si l’on
De façon complémentaire les chercheurs ont également fait remarquer que pour eux aussi la
+
#
collaboration avec la société civile au sein d’une BdS reconnue, pouvait être source d’une meilleure
+
souhaite les impliquer, qu’ils soient ingénieurs, master 2 ou doctorants. Cette association des étudiants
légitimité, notamment pour accéder à des financements qui exigentdes partenariats recherche-société
+
#
40
+
dans la création de la BdS pose également la question du type d’étudiant qui participera au projet de
s2hnh.org
+
#
, avec par exemple des travaux sur la mouche de l’olivier
+
la BdS, les stages courts termes de M2 étant jugé par BEDE comme trop limités.
29
+
#
----------------------- Page 30-----------------------
+
#
civile et pour mieux valoriser leurs engagements auprès d’associations pour co-produire des
+
#
connaissances avec elles. Cette légitimité est cependant à nuancer avec le fait qu’une partie
+
Rappel des initiatives déjà existantes en recherche collaborative
relativement importante du monde de la recherche déconsidère encore ce type de partenariat,
+
#
estimant qu’ils aboutissent à des résultats de moins grande qualité scientifique, difficilement
+
Certains collectifs du RSP ayant plusieurs expériences de projets de recherche, ils ont déjà rédigé des
valorisables en publications. On a même affaire parfois à une critique de ce type de partenariat comme
+
#
preuve d’un manque d’imagination des scientifiques qui vont chercher leurs questionnements auprès
+
chartes autour de la recherche participative. La prise en compte de ces documents sera ainsi essentielle
de la société civile.
+
#
Financement
+
au cours de la construction de la BdS Occitanie.
Financements et impacts de la recherche ont été très liés dans les discussions, nous les rapportons ici
+
#
de façon séparés pour la clarté du propos.
+
La « Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault  »  représentée lors de cet atelier a rappelé
En terme de financement, il est tout d’abord nécessaire de différentier les moyens attribués aux projets
+
#
de recherches (salaires du ou des opérateurs, frais de transport, équipements…) et les moyens
+
qu’elle a toujours fonctionné (depuis environ 150 ans) comme une BDS, en synergie avec la fac de
attribués à la BDS elle-même (salaire de l’animateur qui s’occupe de la logistique et des échanges,
+
#
bureau, salle de réunion…). Une réponse à appel à projet de la Fondation de France a été proposée
+
pharmacie, cependant à destination exclusive de ses adhérents. Cette société dispose d’un site où sont
pour le financement de projets et d’une partie du coût de fonctionnement de la future BdS.Pour
+
#
compléter la prise en charge de ces coûts structurels, la stratégie visée par BEDE et la MSH est de capter
+
publiés en accès libre des travaux40 . D’une manière plus générale, elle nous permet de comprendre que
des financements pérennes de la part de la Région et de la Métropole. Le réseau européen des
+
#
boutiques des sciences Living Knowledge est également en train de chercher des pistes pour favoriser
+
les sociétés savantes sont des acteurs stratégiques, dont l’importance n’avait pas été identifiée lors des
à l'échelle européenne un appui financier direct des COMUE aux BdS, sur le modèle de Lyon. Il faut
+
#
rappeler que la MHS-SUD fait partie de la COMUE de Montpellier, mais disposant de peu de moyens
+
premières réflexions. Du fait de leur expérience en matière de recherches collaboratives ces acteurs
financier elle est prête à mettre gratuitement des bureaux à disposition de la future BdS Occitanie.
+
#
Concernant d’autres pistes de financements davantage axées sur la prise en charge des projets
+
méritent d’être mobilisés dans la co-construction de la BdS Occitanie.
thématiques que porterait la BdS, il a été souligné que de plus en plusd’appels à projets (ceux de la
+
#
Fondation de France, ou de la Fondation Agropolis notamment)cherchent à intégrer des collectifs
+
La question de la différence entre les BdS et différents programmes de recherches collaboratives tels
régionaux auprès des chercheurs. Dans ce sens, laCoordinationeuropéennedes Semences
+
#
Paysannes("Libérons la diversité Europe")qui effectue une veille sur ce type d’appel à projets est une
+
que les PSDR et les PICRI (cf p.9) a également été posée. Bien qu’ils semblent assez proches de l’objectif
base arrière pertinente. De plus, au niveau européen les financements FEADER (Fond européen
+
#
agricole pour le développement rural, faisant partie de la PAC)permettent de financer des stages de
+
de co-construction des méthodes de recherches portés par les BdS, ils ne sont pas considérés par tous
type PEI à Supagro, il serait intéressant d’explorer de quelle façon ils pourraient être utilisés par la BdS.
+
#
L’idée d’une intégration dans l'iSite MUSE ou dans les EUR (Ecoles Universitaires de Recherche)a
+
comme des dispositifs mettant en place de véritables méthodologies de co-construction de la
également émergé pendant les discussions, BEDEet la MSH n’y sont pas opposés et sont en train
+
#
d’étudier cette possibilité qui n’avait pas encore été envisagée.
+
recherche en lien avec la complexité de la demande associative. Il ne s’agit cependant pas de les
Le modèle promu par la BdS est donc celui de projets de recherches partant des praticiens, pour
+
#
lesquels un collectif chercheurs-société civile cherche des financements à travers le dispositif reconnu
+
évacuer mais de s’inspirer avec prudence de ces modèles dont les dimensions innovantes ont été
au sein de la MSH. La possibilité de fonctionner dans l’autre sens, c’est-à-dire dans une logique de
+
#
réponses à des appels à projet portées par des scientifiques, sur des thèmes spécifiques et certes
+
soulignées par ailleurs.
négociés en partie entre les uns et les autres, a également été évoquée. Cependant ce modèle existe
+
#
déjà, BEDE comme le RSP en ont une bonne expérience (BEDE est actuellement partenaire avec le RSP
+
Prise en compte de l’expression de la société civile au sein de la BdS.
du projet COEX porté par le CIRAD principalement et financé par la Agropolis Fondation); il s’agit avec
+
#
la BdS de partir des initiatives du terrain plutôt que de se «rajouter» comme partenaires sur de gros
+
Un paysan ne pourra pas porter seul une demande de recherche. Il a donc été souligné que rejoindre
projets dont la gestion et les enjeux finaux comme les résultats échappent encore à la société civile.
+
#
L’objectif de non-marchandisation des résultats de la recherche, un des critères d’acceptabilité de la
+
une association ou un collectif était non seulement facile mais également important par exemple
demande historique pour les Boutique des Science, a également été discuté. Aujourd’hui ce critère
+
#
est variable selon les boutiques des sciences en France. Il a été précisé que sur des problématiques
+
autour des réflexions et pratiques sur les semences.
agricoles, les associations et les paysans évoluent dans un cadre de rentabilité de leurs activités,mais
+
#
la BdS se place cependant dans une logique différentede celle d’un bureau d'études, car le
+
Le souhait de parité entre membres de la société civile et autres membres de la BdS a été exprimé par
30
+
#
----------------------- Page 31-----------------------
+
Bob Brac de la Perrière (BEDE), qui a souligné le risque d’une dérive du fonctionnement vers des
«produit» n’est pas l’expertise du chercheur, maisà la foisles résultatset la démarched’échange et
+
#
deco-construction entre les chercheurs et les associations.C’est un des points qu’il sera nécessaire
+
logiques trop institutionnelles, dont la société civile risque d'être exclue. Il insiste donc sur l’importance
d’éclaircir lors de la formalisation de la BdS en Occitanie.
+
#
Pour finir, le financement des recherches portées par des associations ou dispositifs type BDS repose
+
que ce dispositif soit animé ou porté par une association, en précisant que l’objectif de BEDE n’est pas
toujours sur de longues négociations, et la diversité des sources de financements (région, recherche,
+
#
fondations privée…) est importante afin de garantir une certaine pérennité et une impartialité
+
de centraliser toutes les recherches participatives de Montpellier mais bien d’accompagner celles qui
nécessaire du dispositif comme des résultats des recherches.
+
#
Impact ou utilité de la recherche?
+
entrent dans son champ de compétences !
En lien donc avec la question des financements, la question de «l’impact» et de l’utilité de la recherche
+
#
a constitué un point central des discussions en seconde session de l’atelier. Des situations négatives
+
Co-légitimité du partenariat chercheurs/associations
ont été décrites, de projets de recherche «participatifs» où les chercheurs et étudiants ne reviennent
+
#
pas auprès des paysans qu'ils ont mobilisés, ou qui produisent des connaissances dans un langage qui
+
La visibilité et la légitimité sont également recherchées par les associations qui souhaitent collaborer
n'est pas partagé. La BdS s’engagerait à modifier ces pratiques, ce qui suppose un engagement initial
+
#
des chercheurs et des étudiants à changer leurs habitudes académiques, en systématisant les
+
avec les chercheurs qui ont les mêmes préoccupations qu’elles. La BdS cherche donc à développer une
restitutions locales et la co-construction d’un langage commun, qui permettrait une innovation sur les
+
#
concepts utilisés par chacun.
+
reconnaissance de la société civile notamment vis-à-vis des financeurs de la recherche. Il s’agit pour les
La question de l’impact est stratégique. Mais la notion elle-même pourrait porter à confusion dans la
+
#
mesure où certains organismes derecherche, tels que l’INRA, l’utilisent déjà pour décrire ou évaluer
+
membres des associations qui s’engageront de faire reconnaitre leur propre travail de recherche,
«l’impact» non d’une recherche mais d’une publication: cet impact est mesuré avec un certain
+
#
nombre de critères notamment le nombre de fois où elle est citée, renvoyant a priorià la fréquence
+
d’accéder à des financements au même titre que les organismes de recherche, permettant de garantir
d’utilisation et à l’étenduede la diffusion des résultats.Pour une BdS, il ne s’agit pas de mener une
+
#
simple «vulgarisation» des résultats, terme potentiellement dévalorisant et également sujet à débat.
+
une   rémunération       compensatoire       du   temps     passé     pour   la recherche     (temps     de   réunions,
L’objectif porté par les différents participants est bien de conduire tout un processusdeproduction
+
#
d'un langage commun avec co-validation des résultats de la recherche selon des critères co-construits,
+
d’encadrement, de valorisation - séminaires, forums etc-). Il s’agit donc de reprendre un mécanisme
qui implicitement renvoient à des impacts. Ainsi, au terme du projet de recherche, les résultats doivent
+
#
être compréhensibles et de qualité pour tous sans être moins bons que les résultats issus d’une
+
déjà formalisé par le RSP (Réseau Semences Paysannes) : c’est là un principe éthique partagé par tous
recherche «conventionnelle». Cet objectif ambitieux nécessite donc un apprentissage réciproque, car
+
#
chacun doit prendre l'habitude de travailleravec l'autre et comprendre ses exigences et critères ou
+
ceux qui se sont investis dans l'émergence d'une BDS Occitanie. Cette question du financement et donc
normes d’action.
+
#
En ce sens l’articulation entre les intérêts du chercheur, de l'association, de l’étudiant voire même du
+
de la valeur du temps de recherche et des connaissances coproduites est un élément essentiel à penser
salarié de l'association, doit être mûrement réfléchie. Car si tous les acteurs ne sont pas intéressés et
+
#
engagés par tout le processus et par les résultats de la recherche, il est à craindre que l'utilité du temps
+
ensemble.
investi soit considérée comme faible voire nulle. Or la compréhension d’un autre point de vue visant
+
#
à développer un langage commun exige une motivation et une disponibilité importantes, incompatibles
+
De façon complémentaire les chercheurs ont également fait remarquer que pour eux aussi la
avec un désintérêt vis-à-vis du projet de recherche.Il est donc important que les associations
+
#
s’approprient aussi la démarche, laquelle peut amener des réflexions innovantes tant pour le projet de
+
collaboration avec la société civile au sein d’une BdS reconnue, pouvait être source d’une meilleure
recherche lui-même que pour le fonctionnement et les objectifs de l’association. L’exemple a été donné
+
#
d’une association qui vient en appui technique aux collectivités sur la «Trame verte et bleue», sur un
+
légitimité, notamment pour accéder à des financements qui exigent des partenariats recherche-société
projet de recherche qui cherchait à évaluer l’appropriation de ce concept de «Trame verte et bleu» et
+
#
l’acceptation ou le rejet des aménagements par les acteurs locaux, habitants et jardiniers. L’étude ayant
+
40 s2hnh.org, avec par exemple des travaux sur la mouche de l’olivier
montré que ces acteurs locaux ne connaissaient quasiment pas le concept, il a été conseillé à
+
#
l’association de développer ou de réorienter ses objectifs afin de faire d’abord connaitre le dispositif et
+
#
les aménagements au public cible comme première étape vers l’objectif d’appropriation.
+
#
Dans l’autre sens, le monde de larecherche doit également comprendre la vision des praticiens, et
+
civile   et   pour   mieux   valoriser   leurs   engagements   auprès   d’associations   pour   co-produire   des
accepter de se familiariser avec des visions du monde et du vivant parfois plus sensibles que
+
#
«scientifiquement rationnelles».
+
connaissances avec elles. Cette légitimité est cependant à nuancer avec le fait qu’une partie
31
+
#
----------------------- Page 32-----------------------
+
relativement importante du monde de la recherche déconsidère encore ce type de partenariat,
L’idée a aussi été évoquée de se mettre en lien avec des équipes professionnelles de la valorisation de
+
#
la recherche, et de passer par ces services pour rendre plus vite accessibles les résultats de la recherche
+
estimant   qu’ils   aboutissent   à des résultats de moins grande qualité scientifique,   difficilement
co-construite au plus grand nombre. La responsabilité de la BdS vis-à-vis de la diffusion de ces résultats
+
#
est ici évidente, c’est pourquoi il est envisagé d'évaluer systématiquement les impacts et enjeux
+
valorisables en publications. On a même affaire parfois à une critique de ce type de partenariat comme
multiples des recherches menées au sein de la BdS : changements des visions de la recherche, utilité
+
#
sociale, environnementale, politique, etc...
+
preuve d’un manque d’imagination des scientifiques qui vont chercher leurs questionnements auprès
Quelle dimension réellement régionale pour une structure basée à Montpellier?
+
#
Le fait que la BdS soit portée par BEDE et dispose d’un espace à la MSH, qu’elle soit de ce fait fortement
+
de la société civile.
implantée à Montpellier pose la question de l’ambition régionale du dispositif. Atravers les différents
+
#
réseaux et contacts des porteurs du projet de BdS ainsi qu’à travers des étapes événementielles telles
+
Financement
que les Assises Sciences Société, l’objectif est d’atteindre cette échelle régionale dès les premiers
+
#
projets, dans l’optique d’accéder à un plus grand nombre de financements. Un pôle à Toulouse est jugé
+
Financements et impacts de la recherche ont été très liés dans les discussions, nous les rapportons ici
nécessaire, et c’est dans cette optique qu’un représentant du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse
+
#
s’est déclaré d’emblée intéressé par un partenariat. Il s’agit maintenant d’évaluer si ce genre de
+
de façon séparés pour la clarté du propos.
structure est bien un relai interdisciplinaire et neutre qui pourrait participer activement à la BdS
+
#
Occitanie. A Toulouse également Laurent Hazard, chercheur INRA, partageant les valeurs portées par
+
En terme de financement, il est tout d’abord nécessaire de différentier les moyens attribués aux projets
BEDE et par le projet BdS, constituerait un relai pertinent pour construire cette dimension régionale.
+
#
Enfin, le
+
de recherches (salaires du ou des opérateurs, frais de transport, équipements…) et les moyens
collectif Agroécologie (
+
#
collectif-agroecologie.fr
+
attribués à la BDS elle-même (salaire de l’animateur qui s’occupe de la logistique et des échanges,
) semble également être un partenaire
+
#
potentiel dans cette ville.
+
bureau, salle de réunion…). Une réponse à appel à projet de la Fondation de France a été proposée
Autres rôles de la BdS
+
#
Quelques interventions ont également mis sur la table la question des autres rôles potentiels de la BdS,
+
pour le financement de projets et d’une partie du coût de fonctionnement de la future BdS. Pour
avec par exemple une proposition de construire, tester et formaliser d'autres modes d'interactions
+
#
entre société civile et monde de la recherche, ou encore une proposition de créer un «label» BdS, qui
+
compléter la prise en charge de ces coûts structurels, la stratégie visée par BEDE et la MSH est de capter
certifierait différents projets comme réellement collaboratifs et qui ferait prendre conscience et
+
#
connaitre les sciences citoyennes.
+
des financements pérennes de la part de la Région et de la Métropole. Le réseau européen des
La taxonomie
+
#
Le changement de nom du dispositif a été considéré comme impératif afin d’enlever la notion
+
boutiques des sciences Living Knowledge est également en train de chercher des pistes pour favoriser
marchande, et pour mieux définir ses contours et ses fonctions possibles, au-delà de transmettre des
+
#
demandes des OSC aux chercheurs.«Atelier» et «Passerelle» ont été proposés comme alternatives.
+
à l'échelle européenne un appui financier direct des COMUE aux BdS, sur le modèle de Lyon. Il faut
Une façon de réfléchir à cette question est de discutercollectivement autour d’une grille
+
#
«lieu/action/sujet»:
+
rappeler que la MHS-SUD fait partie de la COMUE de Montpellier, mais disposant de peu de moyens
Lieu/dispositif: Boutique, Fabrique, Atelier, Passerelle, laboratoire hors murs, interface…
+
#
Action: Production, co-construction, collaboration, coopération…
+
financier elle est prête à mettre gratuitement des bureaux à disposition de la future BdS Occitanie.
Sujet: Science, recherche-action, connaissances…
+
#
Des noms plus libres ont également été proposés:
+
Concernant d’autres pistes de financements davantage axées sur la prise en charge des projets
BOSS: Boutique Occitane de Sciences Société
+
#
COCORICOS: CO-COnstruction de Recherche Innovante de COnnaissances pour la Société
+
thématiques que porterait la BdS, il a été souligné que de plus en plus  d’appels à projets (ceux de la
FOSC: Fabrique Occitane des Sciences Citoyennes
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Fondation de France, ou de la Fondation Agropolis notamment)cherchent à intégrer des collectifs
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Tentative de méthode participative
+
régionaux     auprès     des   chercheurs.     Dans     ce   sens,   la Coordination  européenne des            Semences
Un nuage de post-it a ensuite permis à chacun d’exprimer ses attentes ou sa vision du projet d’une
+
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Boutique des Sciences. Dans le même temps il était proposé à chacune des personnes présentes dans
+
Paysannes ("Libérons la diversité Europe") qui effectue une veille sur ce type d’appel à projets est une
la salle d’indiquer son niveau d’implication possible dans cette prochaine BdS, avec quatre niveaux
+
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possibles :
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base arrière pertinente. De plus, au niveau européen les financements FEADER (Fond européen
Gouvernance / conseil d'experts / porteur de projet / être tenu informé
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Pour l’instant seuls des chercheurs sont intéressés par les missions pourtant centrales de gouvernance
+
agricole pour le développement rural, faisant partie de la PAC) permettent de financer des stages de
et de conseil «d’expert» (le mot «expert» a également été discuté, conseil d’orientation ou de
+
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reformulation conviendrait peut-être davantage). Il manquait cependant encore une vision claire des
+
type PEI à Supagro, il serait intéressant d’explorer de quelle façon ils pourraient être utilisés par la BdS.
charges, rôles, relatifs à ces niveaux d’implication, c’est doncun point qui sera re-discutépendant les
+
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ateliers scénarios qui constituent l’étape suivante dans la construction d’une BdS.
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L’idée d’une intégration dans l'iSite MUSE ou dans les EUR (Ecoles Universitaires de Recherche) a
Cet exercice collectifa également permis de montrer la difficulté qu’il pouvait y avoir à utiliser des
+
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méthodes d’animation participatives.
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également émergé pendant les discussions, BEDE  et  la MSH n’y sont pas opposés et sont en train
5)
+
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Difficultés de l’atelier de présentation
+
d’étudier cette possibilité qui n’avait pas encore été envisagée.
Ces deux sessions, bien que réussies au vu de la richesse des échanges, ont cependant souffert de
+
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quelques lacunes, que nous détaillerons ici dans une optique d’amélioration continue.
+
Le modèle promu par la BdS est donc celui de projets de recherches partant des praticiens, pour
La forme peut-êtretrop universitaire et peu interactive des exposés a peut-être été à l’origine de la
+
#
désaffection d’un certain nombre de personnes entre les deux sessions, qui s’est traduite par un
+
lesquels un collectif chercheurs-société civile cherche des financements à travers le dispositif reconnu
nombre inférieur de participants dans la seconde session(passé de 80 à 50). De même la séance des
+
#
post-it, qui se présentait comme un exercice interactif n’était au final pas assez claire (ni pour le public
+
au sein de la MSH. La possibilité de fonctionner dans l’autre sens, c’est-à-dire dans une logique de
ni pour les organisateurs…), elle aurait mérité plus de préparation et une formalisation de la trame
+
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d’animation.
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réponses à des appels à projet portées par des scientifiques, sur des thèmes spécifiques et certes
Pendantcet atelier un choix a été fait de ne pas distinguer chercheurs institutionnels et membres
+
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d’associations, afin de rappeler que les savoirs sont d’égales valeurs, que la société civile peut être
+
négociés en partie entre les uns et les autres, a également été évoquée. Cependant ce modèle existe
porteuse d’une démarche de recherche et que les acteurs de larecherche peuvent être porteurs d'une
+
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démarche civile. Une répartition des différents acteurs selon une distinction qui se base sur les
+
déjà, BEDE comme le RSP en ont une bonne expérience (BEDE est actuellement partenaire avec le RSP
méthodes d’actions et l’identification de leur environnement d’action aurait cependant permis de
+
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collecter des données sur l’origine des participants, afin de quantifier la part de chacun dans le collectif
+
du projet COEX porté par le CIRAD principalement et financé par la Agropolis Fondation) ; il s’agit avec
et de réduire l’impression finale qu’il y avait une majorité de chercheurs institutionnels dans le public.
+
#
Faire circuler une feuille de renseignements à remplir de façon non obligatoire aurait été souhaitable
+
la BdS de partir des initiatives du terrain plutôt que de se «  rajouter  » comme partenaires sur de gros
pour permettre aux participants d’indiquer leur milieu voire leur implication souhaitée, et de collecter
+
#
les adresses des personnes intéressées. Cela nous aurait permis d’obtenir une estimation du «rapport
+
projets dont la gestion et les enjeux finaux comme les résultats échappent encore à la société civile.
de disponibilité» entre associations et chercheurs institutionnels à cette période de l’année,
+
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particulièrement chargée pour les paysans membres d’associations.
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L’objectif de non-marchandisation des résultats de la recherche, un des critères d’acceptabilité de la
Le peu de temps disponible pour la réalisation et l’analyse des résultats a déjà été souligné, et nous
+
#
pouvons rappeler à titre de comparaison que les enquêtes de préfiguration des BdS de Lille ou de Lyon
+
demande historique pour les Boutique des Science, a également été discuté. Aujourd’hui ce critère
ont chacune duré plus d’un an. A une autre échelle, une discussion et un point clair sur ce qu’on
+
#
attendait du stagiaire pendant l’atelier de présentation (qui n’a certes pas non plus pris l’initiative d’une
+
est variable selon les boutiques des sciences en France. Il a été précisé que sur des problématiques
telle rencontre) auraient peut-être facilité mon implication : je me suis en effet senti un peu désengagé
+
#
de mon rôle pourtant prévu d’assistant animateur.
+
agricoles, les associations et les paysans évoluent dans un cadre de rentabilité de leurs activités, mais
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+
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+
la BdS se place cependant dans une logique différente de celle d’un bureau d'études, car le
IV] Perspectives
+
#
A la suite de cet atelierde présentation, la méthode de «fabrication» d’une Boutique des Sciences
+
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proposée par Science Citoyenne et que suit BEDE préconise l’organisation d’un atelier dit «Atelier
+
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scénario», qui permet de formaliser un peu plus la structure.
+
«  produit  » n’est pas l’expertise du chercheur, mais à la fois les résultats et la démarche d’échange et
BEDE souhaitait initialement organiser l’atelier scénario en septembre, cependant devant l’importance,
+
#
pour la suite du processus, d’une bonne organisation de l’atelier scénario et du choix des participants,
+
de co-construction entre les chercheurs et les associations. C’est un des points qu’il sera nécessaire
cet atelier a été reporté à fin 2017. Des participants dont des praticiens concernés ayant déjà été
+
#
repérés pendant les Laboratoires Hors Murs, cet atelier ne s’appuierapas forcément sur tous les
+
d’éclaircir lors de la formalisation de la BdS en Occitanie.
participants du premier atelier de présentation comme cela est classiquement le cas pour le montage
+
#
d’une BdS, mais privilégiera des praticiens familiers des Laboratoires Hors Murs et du projet de BdS en
+
Pour finir, le financement des recherches portées par des associations ou dispositifs type BDS repose
Occitanie. Ce report de date permettra également de connaitre l’ampleur des financements
+
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disponibles, qui ne seront validés qu’en octobre, afin de réfléchir sur des bases concrètes.
+
toujours sur de longues négociations, et la diversité des sources de financements (région, recherche,
1)
+
#
L’atelier scénario
+
fondations privée…) est importante afin de garantir une certaine pérennité et une impartialité
Il avait initialement été imaginé que l’atelier-scénario prendrait place pendant le mois de l’agroécologie
+
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en septembre, afin de disposer des acteurs associatifs du monde paysan qui avaient prévu de se libérer
+
nécessaire du dispositif comme des résultats des recherches.
à cette période, mais aussi car des financements de la région étaient prévus.
+
#
Suite au report de financement de la Région et parce qu’aucun acteur initiateur, en particulier
+
Impact ou utilité de la recherche ?
l’association BEDE ne peut s’autoriser à auto-financer l’organisation de cet atelier sans garantie de
+
#
financement externe, ce rendez-vous a été reporté de quelques mois, les membres des associations
+
En lien donc avec la question des financements, la question de «  l’impact  » et de l’utilité de la recherche
paysannes étant de plus davantage disponibles en hiver.
+
#
Cet atelier-scénario qui sera aussi organisé en deux temps, permettra ainsi aux différents acteurs qui
+
a constitué un point central des discussions en seconde session de l’atelier. Des situations négatives
souhaitent contribuer à la naissance et au développement de la Boutique des Sciences en Occitanie
+
#
d'échanger leurs points de vue, souhaits, attentes, doutes, critiques et suggestions autour de ce projet
+
ont été décrites, de projets de recherche «  participatifs  » où les chercheurs et étudiants ne reviennent
afin de le concrétiser.
+
#
Concrètement, il s’agira de:
+
pas auprès des paysans qu'ils ont mobilisés, ou qui produisent des connaissances dans un langage qui
-
+
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définir collectivement l’objectif de la BdS de Montpellier/Occitanie
+
n'est pas partagé. La BdS s’engagerait à modifier ces pratiques, ce qui suppose un engagement initial
-
+
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de s’accorder sur une vision partagée du dispositif (statut, organisation, gouvernance, nom,..),
+
des chercheurs et des étudiants à changer leurs habitudes académiques, en systématisant les
-
+
#
de répartir les premières étapes (réalisables à court terme) entre les participants,
+
restitutions locales et la co-construction d’un langage commun, qui permettrait une innovation sur les
-
+
#
enfin de développer un plan d'action pour mettre en œuvre à plus long terme le schéma de
+
concepts utilisés par chacun.
fonctionnement collectivement accepté.
+
#
Ces différentes étapes mises en discussions sur deux demi-journées permettront ainsi d’échanger pour
+
La question de l’impact est stratégique. Mais la notion elle-même pourrait porter à confusion dans la
répondre à 4 objectifscomplémentaires :
+
#
-
+
mesure où certains organismes de recherche, tels que l’INRA, l’utilisent déjà pour décrire ou évaluer
identifier lesdivergenceset les similarités de perceptionentre les acteurs
+
#
-
+
«  l’impact  »  non d’une recherche mais d’une publication : cet impact est mesuré avec un certain
définir ensembledesperspectives et visions souhaitables
+
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-
+
nombre de critères notamment le nombre de fois où elle est citée, renvoyant a priori  à la fréquence
se répartir les actionsqui aboutiront au schéma de fonctionnement souhaité par tous
+
#
-
+
d’utilisation et à l’étendue  de la diffusion des résultats. Pour une BdS, il ne s’agit pas de mener une
prendre conscience desproblèmes à venir
+
#
La méthodologie privilégiée pour ces deux demi-journées est détaillée dans un
+
simple « vulgarisation  » des résultats, terme potentiellement dévalorisant et également sujet à débat.
«Livret du
+
#
participant» (annexe vii), inspiré largement de ce qu’avaient proposé les acteurs de l’association
+
L’objectif porté par les différents participants est bien de conduire tout un processus de production 
Sciences Citoyennes pour le montage dela BdS de Lille.
+
#
Les participants à ce futur atelier ont été pré-identifiés. L’enjeu est qu’ils soient équitablement
+
d'un langage commun avec co-validation des résultats de la recherche selon des critères co-construits,
représentés par catégorie d’action, en étant peu nombreux pour que les discussions puissent avoir lieu
+
#
34
+
qui implicitement renvoient à des impacts. Ainsi, au terme du projet de recherche, les résultats doivent
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+
#
plus facilement. Ainsi ce prochain atelier comprendra 20 personnes issues de 4 groupes acteurs:
+
être compréhensibles et de qualité pour tous sans être moins bons que les résultats issus d’une
Associations, Chercheurs, Bailleurs, Etudiants.
+
#
Il s’agira alors de préciser collectivement un schéma de fonctionnement précis, peut-être en partant
+
recherche « conventionnelle  ». Cet objectif ambitieux nécessite donc un apprentissage réciproque, car
du fonctionnement proposé par BEDE suite aux expériences des Laboratoires Hors Murs. Cependant, il
+
#
est clair pour tous que le fonctionnement de la future BdS ne doit être défini ni par BEDE ni par la MSH,
+
chacun doit prendre l'habitude de travailler  avec l'autre et comprendre ses exigences et critères ou
ni par un bailleur: il ne s’agit pas d’imposer un modèle juridique et/ou de fonctionnement qui
+
#
conviendrait à l’un ou à l’autre, cela devra être décidé avec l’accord -ou du moins l’expression -de tous,
+
normes d’action.
à la fin de l’atelier scénario.
+
#
Afin cependant de donner une idée de la diversité et de la complexité des activités possibles de la
+
En ce sens l’articulation entre les intérêts du chercheur, de l'association, de l’étudiant voire même du
future BdS, BEDE propose sa vision, (annexe viii), qui sera confrontée aux attentes, besoins et visions
+
#
potentiellement différents des autres acteurs. A noter qu’il ne s’agit que d’une structure de
+
salarié de l'association, doit être mûrement réfléchie. Car si tous les acteurs ne sont pas intéressés et
fonctionnement, et non d’une structure juridique qu’il serait présomptueux de poser dès à présent.
+
#
2)
+
engagés par tout le processus et par les résultats de la recherche, il est à craindre que l'utilité du temps
La phase transitoire
+
#
Suite aux décisions prises pendant l’atelier scénario, des actions seront à réaliser par les différents
+
investi soit considérée comme faible voire nulle. Or la compréhension d’un autre point de vue visant
groupes responsables dans les mois suivant, afin d’arriver à une structure fonctionnelle d’icila fin de
+
#
l’année civile.
+
à développer un langage commun exige une motivation et une disponibilité importantes, incompatibles
3)
+
#
Les projets-tests
+
avec un désintérêt vis-à-vis du projet de recherche.   Il est donc important que les associations
Les projets-tests, dont les modalités de choix seront à préciser pendant l’atelier scénario pourront ainsi
+
#
prendre place, dèsle début de l’année 2018, après l’atelier-scénario.
+
s’approprient aussi la démarche, laquelle peut amener des réflexions innovantes tant pour le projet de
La bonne réussite de ces différentes phasespasse par une implication forte des participants pendant
+
#
l’atelier scénario, mais également à sa suite car c’est eux qui réaliseront les actions décidées
+
recherche lui-même que pour le fonctionnement et les objectifs de l’association. L’exemple a été donné
collectivement. C’est pourquoi il est important que l’association BEDE s’assure de la motivation et de
+
#
la compatibilité de ses membres et des participants de l’atelier scénario, et c’est pourquoi BEDE
+
d’une association qui vient en appui technique aux collectivités sur la « Trame verte et bleue  », sur un
sélectionne pour partie des personnes avec lesquelles elle sait pouvoir collaborer rapidement.
+
#
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+
projet de recherche qui cherchait à évaluer l’appropriation de ce concept de « Trame verte et bleu  » et
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+
#
V] Conclusion
+
l’acceptation ou le rejet des aménagements par les acteurs locaux, habitants et jardiniers. L’étude ayant
Ce stage, malgré sa courte durée, m’a permisd’échanger avec de nombreuses personnes. Les réflexions et
+
#
les interactions entre le monde de la recherche et la société qui s’y sont développées m’en ont fait saisir la
+
montré que ces acteurs locaux ne connaissaient quasiment pas le concept, il a été conseillé à
complexité, et la nécessaire adaptation de toute co-construction à chaque contexte. Eneffet, les points de
+
#
vue et les attentes des acteurs intéressés sont différents entre les différents groupes (chercheurs,
+
l’association de développer ou de réorienter ses objectifs afin de faire d’abord connaitre le dispositif et
associations, étudiants) mais aussi au sein même de ces groupes. De plus, chaque projet de co-construction
+
#
prend place dans un milieuassociatif et institutionnel qui varie, et avec lequel il faut rentrer en interaction
+
les aménagements au public cible comme première étape vers l’objectif d’appropriation.
pour le connaitre et pour se faire connaitre.
+
#
J’ai également approfondi ma vision du monde associatif, notamment au niveau du rôle des associations
+
Dans l’autre sens, le monde de la  recherche doit également comprendre la vision des praticiens, et
militantes et/ou professionnelles qui n’ont pas les mêmes exigences que les associations étudiantes. Je
+
#
n’avais ainsi que peu conscience de l’importance des stratégies, basées sur la compréhension fine du
+
accepter de se familiariser avec des visions du monde et du vivant parfois plus sensibles que
fonctionnement des institutions et des jeux politiques, qu’elles doiventmettre en place pour faire évoluer
+
#
la société vers les valeurs qu’elles défendent. Ainsi, même si ce stage m’a permis de prendre connaissance
+
« scientifiquement rationnelles  ».
de la méthode à utiliser pour mettre en place des dispositifs de type BdS, il m’est maintenant évident que
+
#
la mise en place dans un autre contexte de ce genre de dispositif est facilitée par la légitimité du porteur
+
#
auprès d’un grand nombre d’acteurs différents.
+
#
Je pensais de plus avant d’effectuer ce stage qu’une certaine autonomie financière était envisageable pour
+
L’idée a aussi été évoquée de se mettre en lien avec des équipes professionnelles de la valorisation de
ces recherches collaboratives dont lesquestions émanant des paysans. J’imaginaisainsides recherches
+
#
autours de problèmes techniques,qui auraient étééconomescar le paysan y aurait été le technicien et ses
+
la recherche, et de passer par ces services pour rendre plus vite accessibles les résultats de la recherche
terres les parcelles d’expérimentations. Cette recherche aurait certespu êtreco-construite, mais elle
+
#
n’aurait pas eu la dimension sociale et politique que revendique une recherche co-construite dans une BdS.
+
co-construite au plus grand nombre. La responsabilité de la BdS vis-à-vis de la diffusion de ces résultats
Le modèle de la Boutique des Sciences n’est donc pas celui d’un CETA41, ni d’un champ-école, et j’ai au cours
+
#
de ces quelques mois compris que ce modèle visait une co-construction de connaissances d’un autre type
+
est ici évidente, c’est pourquoi il est envisagé d'évaluer systématiquement les impacts et enjeux
que la simple connaissance technique. Bien que ces autres dispositifs de recherches se placent dans un
+
#
objectif de changement social,ils se restreignent au changement social grâce au progrès technique, ce qui
+
multiples des recherches menées au sein de la BdS : changements des visions de la recherche, utilité
me semblemaintenant devoir être questionné.
+
#
Il s’agit donc pour le chercheur participant à un projet type BdS de dépasserunevision «technico
+
sociale, environnementale, politique, etc...
-
+
#
économique» du praticien, et d’échanger avec lui sur des problèmes qui onttoujoursdes facettes sociales
+
Quelle dimension réellement régionale pour une structure basée à Montpellier ?
et politiques à considérer en elles-mêmes. La questionde l’appellation juridique des semences paysannes
+
#
est un exemple fort de l’intérêt des paysans pour ces aspects politiques. Cependant même les demandes
+
Le fait que la BdS soit portée par BEDE et dispose d’un espace à la MSH, qu’elle soit de ce fait fortement
plus techniques, par exemple sur les semis direct de vergers sec,n’ont pas pour fondementuniquela
+
#
maximisation des profits. Or la compréhension de ces problèmes multi-facettesdemande de la part du
+
implantée à Montpellier pose la question de l’ambition régionale du dispositif. A travers les différents
chercheur une prise en compte fine du système de réflexion et d’action du praticien, et même le partage de
+
#
certaines valeurs.Dans l’autre sens, si le paysan veut se faire paysan-chercheur, le modèle des BdS lui permet
+
réseaux et contacts des porteurs du projet de BdS ainsi qu’à travers des étapes événementielles telles
d’approfondirdes thèmes quivont au-delàles aspects techniquesagronomiques.
+
#
Ce stage m’aainsifait comprendre que certaines associations ont envie de se rapprocher du milieu de la
+
que les Assises Sciences Société, l’objectif est d’atteindre cette échelle régionale dès les premiers
recherche sur des thématiques qui ne sont pas uniquement techniques, et que certainschercheurs au sein
+
#
d’un grand nombre de disciplines sont également intéressés pour travailler avec ces associations autour de
+
projets, dans l’optique d’accéder à un plus grand nombre de financements. Un pôle à Toulouse est jugé
questions transversales. L’enjeu des BdS est donc de disposer des appuis financiers et institutionnels qui
+
#
permettent la mise en place des outils méthodologiques pour mener à bien ces projets de recherches,
+
nécessaire, et c’est dans cette optique qu’un représentant du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse
lesquelscherchent à faire évoluer la société de façon concertée grâce àundialogue entre deux mondes.
+
#
41
+
s’est déclaré d’emblée intéressé par un partenariat. Il s’agit maintenant d’évaluer si ce genre de
Centre d’Etude Technique Agricole, structure généralement associative, dans laquelle un ingénieur ou un
+
#
technicien, souvent salarié, effectue le suivi scientifique des expérimentations menées à l’initiative et chez les
+
structure est bien un relai interdisciplinaire et neutre qui pourrait participer activement à la BdS
agriculteurs membres du CETA
+
#
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+
Occitanie. A Toulouse également Laurent Hazard, chercheur INRA, partageant les valeurs portées par
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+
#
VI] Références bibliographiques et web
+
BEDE et par le projet BdS, constituerait un relai pertinent pour construire cette dimension régionale.
Sur les tiers lieux:Olivier Cléach, Valérie Deruelle et Jean-Luc Metzger, « Les “tiers lieux”, des
+
#
microcultures innovantes ? », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 46-2 | 2015,
+
Enfin,   le collectif   Agroécologie   (collectif-agroecologie.fr)   semble   également   être   un   partenaire
mis en ligne le 21 avril 2016, consulté le 04 septembre 2017.
+
#
http://rsa.revues.org/1526
+
potentiel dans cette ville.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiers-lieu#Diff.C3.A9rents_types_de_tiers-lieux
+
#
Sur larechercheaction associative :«L’accompagnateur chercheur engagé»DominiqueCottereau,
+
Autres rôles de la BdS  
«Recherches-actions associatives: Le praticien réflexif ou la recherche sans
+
#
«chercheur»»,Éducation relative à l'environnement[En ligne], Volume 13-1|2016, mis en ligne
+
Quelques interventions ont également mis sur la table la question des autres rôles potentiels de la BdS,
le 13 mars 2017, consulté le 04 septembre 2017.
+
#
http://ere.revues.org/302
+
avec par exemple une proposition de construire, tester et formaliser d'autres modes d'interactions
Sur la
+
#
“Community-based participatory research”
+
entre société civile et monde de la recherche, ou encore une proposition de créer un «  label  » BdS, qui
:
+
#
https://www.rri-tools.eu/how-to-stk-csos-co
+
certifierait différents projets comme réellement collaboratifs et qui ferait prendre conscience et
create-community-based-participatory-research. «apartnership approach to
+
#
research
+
connaitre les sciences citoyennes.
that equitably
+
#
involves,for example,
+
La taxonomie
community
+
#
members, organizational representatives, and researchers in all
+
Le changement de nom du dispositif a été considéré comme impératif afin d’enlever la notion
aspects of the research process and in which all partners contribute expertise and share decision
+
#
making and ownership»(projet européen RRI Tools, 7
+
marchande, et pour mieux définir ses contours et ses fonctions possibles, au-delà de transmettre des
e
+
#
PCRD)
+
demandes des OSC aux chercheurs. « Atelier  » et «  Passerelle  » ont été proposés comme alternatives.
https://en.wikipedia.org/wiki/Community-based_participatory_research
+
#
Surdes «paysans-chercheurs» qui peuvent être très orientés vers les aspects agronomiques et
+
Une façon de réfléchir à cette question est de discuter collectivement autour d’une grille
techniques:
+
#
https://www.dailymotion.com/video/xphexh
+
«  lieu/action/sujet  »  :
Sur les boutiques des sciences dans les pays du sud:
+
#
Florence Piron, Les boutiques des
+
Lieu/dispositif : Boutique, Fabrique, Atelier, Passerelle, laboratoire hors murs, interface…
sciences et des savoirs, au croisement entre université et
+
#
développement local durable:
+
Action : Production, co-construction, collaboration, coopération…
https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1/chapter/les-boutiques-des-sciences
+
#
et-des-savoirs-au-croisement-entre-universite-et-developpement-local-durable/
+
Sujet : Science, recherche-action, connaissances…
«La recherche participative exemples de programmes
+
#
publics», Sciences Citoyennes, 2011.
+
Des noms plus libres ont également été proposés :
http://sciencescitoyennes.org/wp-content/uploads/2012/12/Recherche-participative.pdf
+
#
«Les boutiques de sciences comme outils pour les sciences en société», Bertrand BOCQUET,
+
BOSS : Boutique Occitane de Sciences Société
http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna62/lna62p24.pdf
+
#
«Promouvoir
+
COCORICOS : CO-COnstruction de Recherche Innovante de COnnaissances pour la Société
la
+
#
recherche
+
FOSC : Fabrique Occitane des Sciences Citoyennes
participative»,
+
#
François
+
#
Veillerette
+
#
et
+
Tentative de méthode participative
Christian
+
#
Vélot,
+
Un nuage de post-it a ensuite permis à chacun d’exprimer ses attentes ou sa vision du projet d’une
2017.
+
#
https://sciences-critiques.fr/promouvoir-la-recherche-participative/
+
Boutique des Sciences. Dans le même temps il était proposé à chacune des personnes présentes dans
Rapport
+
#
Houiller
+
la salle d’indiquer son niveau d’implication possible dans cette prochaine BdS, avec quatre niveaux
(INRA)
+
#
sur
+
possibles :
les
+
#
sciences
+
Gouvernance / conseil d'experts / porteur de projet / être tenu informé
participatives:
+
#
http://www.sciences
+
Pour l’instant seuls des chercheurs sont intéressés par les missions pourtant centrales de gouvernance
participatives.com/Rapport
+
#
«Pour
+
et de conseil « d’expert  »  (le mot « expert  »  a également été discuté, conseil d’orientation ou de
une
+
#
intelligence
+
reformulation conviendrait peut-être davantage). Il manquait cependant encore une vision claire des
publique
+
#
des
+
charges, rôles, relatifs à ces niveaux d’implication, c’est donc  un point qui sera re-discuté  pendant les
sciences»
+
#
revue
+
ateliers scénarios qui constituent l’étape suivante dans la construction d’une BdS.
Alliage,
+
#
Isabelle
+
Cet exercice collectif  a également permis de montrer la difficulté qu’il pouvait y avoir à utiliser des
Stengers,
+
#
2011.
+
méthodes d’animation participatives.  
http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3239
+
#
37
+
5)       Difficultés de l’atelier de présentation
 +
#
 +
Ces deux sessions, bien que réussies au vu de la richesse des échanges, ont cependant souffert de
 +
#
 +
quelques lacunes, que nous détaillerons ici dans une optique d’amélioration continue.
 +
#
 +
La forme peut-être  trop universitaire et peu interactive des exposés a peut-être été à l’origine de la
 +
#
 +
désaffection d’un certain nombre de personnes entre les deux sessions, qui s’est traduite par un
 +
#
 +
nombre inférieur de participants dans la seconde session (passé de 80 à 50). De même la séance des
 +
#
 +
post-it, qui se présentait comme un exercice interactif n’était au final pas assez claire (ni pour le public
 +
#
 +
ni pour les organisateurs…), elle aurait mérité plus de préparation et une formalisation de la trame
 +
#
 +
d’animation.
 +
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Pendant  cet  atelier un choix a été fait de ne pas distinguer chercheurs institutionnels et membres
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d’associations, afin de rappeler que les savoirs sont d’égales valeurs, que la société civile peut être
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porteuse d’une démarche de recherche et que les acteurs de la recherche peuvent être porteurs d'une
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démarche civile. Une répartition des différents acteurs selon une distinction qui se base sur les
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méthodes d’actions et l’identification de leur environnement d’action aurait cependant permis de
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collecter des données sur l’origine des participants, afin de quantifier la part de chacun dans le collectif
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et de réduire l’impression finale qu’il y avait une majorité de chercheurs institutionnels dans le public.
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Faire circuler une feuille de renseignements à remplir de façon non obligatoire aurait été souhaitable
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pour permettre aux participants d’indiquer leur milieu voire leur implication souhaitée, et de collecter
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les adresses des personnes intéressées. Cela nous aurait permis d’obtenir une estimation du «  rapport 
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de   disponibilité  »  entre   associations et   chercheurs   institutionnels   à   cette   période   de   l’année,
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particulièrement chargée pour les paysans membres d’associations.
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Le peu de temps disponible pour la réalisation et l’analyse des résultats a déjà été souligné, et nous
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pouvons rappeler à titre de comparaison que les enquêtes de préfiguration des BdS de Lille ou de Lyon
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ont chacune duré plus d’un an. A une autre échelle, une discussion et un point clair sur ce qu’on
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attendait du stagiaire pendant l’atelier de présentation (qui n’a certes pas non plus pris l’initiative d’une
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telle rencontre) auraient peut-être facilité mon implication : je me suis en effet senti un peu désengagé
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de mon rôle pourtant prévu d’assistant animateur.
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IV] Perspectives
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A la suite de cet atelier  de présentation, la méthode de « fabrication  » d’une Boutique des Sciences
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proposée par Science Citoyenne et que suit BEDE préconise l’organisation d’un atelier dit « Atelier-
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scénario  », qui permet de formaliser un peu plus la structure.
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BEDE souhaitait initialement organiser l’atelier scénario en septembre, cependant devant l’importance,
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pour la suite du processus, d’une bonne organisation de l’atelier scénario et du choix des participants,
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cet atelier a été reporté à fin 2017. Des participants dont des praticiens concernés ayant déjà été
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repérés pendant les Laboratoires Hors Murs, cet atelier ne s’appuiera  pas  forcément   sur tous les
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participants du premier atelier de présentation comme cela est classiquement le cas pour le montage
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d’une BdS, mais privilégiera des praticiens familiers des Laboratoires Hors Murs et du projet de BdS en
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Occitanie.   Ce   report   de   date   permettra   également   de   connaitre   l’ampleur   des   financements
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disponibles, qui ne seront validés qu’en octobre, afin de réfléchir sur des bases concrètes.
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1)         L’atelier scénario
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Il avait initialement été imaginé que l’atelier-scénario prendrait place pendant le mois de l’agroécologie
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en septembre, afin de disposer des acteurs associatifs du monde paysan qui avaient prévu de se libérer
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à cette période, mais aussi car des financements de la région étaient prévus.
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Suite au report de financement de la Région et parce qu’aucun acteur initiateur, en particulier
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l’association BEDE ne peut s’autoriser à auto-financer l’organisation de cet atelier sans garantie de
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financement externe, ce rendez-vous a été reporté de quelques mois, les membres des associations
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paysannes étant de plus davantage disponibles en hiver.
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Cet atelier-scénario qui sera aussi organisé en deux temps, permettra ainsi aux différents acteurs qui
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souhaitent contribuer à la naissance et au développement de la Boutique des Sciences en Occitanie
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d'échanger leurs points de vue, souhaits, attentes, doutes, critiques et suggestions autour de ce projet
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afin de le concrétiser.
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Concrètement, il s’agira de :
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-        définir collectivement l’objectif de la BdS de Montpellier/Occitanie
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-        de s’accorder sur une vision partagée du dispositif (statut, organisation, gouvernance, nom,..),
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-        de répartir les premières étapes (réalisables à court terme) entre les participants,
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-        enfin de développer un plan d'action pour mettre en œuvre à plus long terme le schéma de
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fonctionnement collectivement accepté.
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Ces différentes étapes mises en discussions sur deux demi-journées permettront ainsi d’échanger pour
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répondre à 4 objectifs complémentaires :
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:*          identifier Les divergences et Les similarités de perception entre Les acteurs
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:*        définir ensemble des perspectives et visions souhaitables
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:*        se répartir Les actions qui aboutiront au schéma de fonctionnement souhaité par tous
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:*          prendre conscience des problèmes à venir
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La   méthodologie   privilégiée   pour   ces   deux   demi-journées   est   détaillée   dans   un   «  Livret  du
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participant  »  (annexe vii), inspiré largement de ce qu’avaient proposé les acteurs de l’association
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Sciences Citoyennes pour le montage de la BdS de Lille.
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Les participants à ce futur atelier ont été pré-identifiés. L’enjeu est qu’ils soient équitablement
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représentés par catégorie d’action, en étant peu nombreux pour que les discussions puissent avoir lieu
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plus facilement. Ainsi ce prochain atelier comprendra 20 personnes issues de   4 groupes acteurs :
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Associations, Chercheurs, Bailleurs, Etudiants.
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Il s’agira alors de préciser collectivement un schéma de fonctionnement précis, peut-être en partant
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du fonctionnement proposé par BEDE suite aux expériences des Laboratoires Hors Murs. Cependant, il
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est clair pour tous que le fonctionnement de la future BdS ne doit être défini ni par BEDE ni par la MSH,
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ni par un bailleur : il ne s’agit pas d’imposer un modèle juridique et/ou de fonctionnement qui
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conviendrait à l’un ou à l’autre, cela devra être décidé avec l’accord - ou du moins l’expression - de tous,
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à la fin de l’atelier scénario.
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Afin cependant de donner une idée de la diversité et de la complexité des activités possibles de la
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future BdS, BEDE propose sa vision, (annexe viii), qui sera confrontée aux attentes, besoins et visions
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potentiellement   différents des   autres   acteurs. A noter qu’il ne   s’agit que d’une   structure   de
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fonctionnement, et non d’une structure juridique qu’il serait présomptueux de poser dès à présent.
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2)         La phase transitoire
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Suite aux décisions prises pendant l’atelier scénario, des actions seront à réaliser par les différents
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groupes responsables dans les mois suivant, afin d’arriver à une structure fonctionnelle d’ici  la fin de
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l’année civile.
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3)         Les projets-tests
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Les projets-tests, dont les modalités de choix seront à préciser pendant l’atelier scénario pourront ainsi
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prendre place, dès le début de l’année 2018, après l’atelier-scénario.
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La bonne réussite de ces différentes phases passe par une implication forte des participants pendant
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l’atelier scénario, mais également à sa suite car c’est eux qui réaliseront les actions décidées
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collectivement. C’est pourquoi il est important que l’association BEDE s’assure de la motivation et de
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la compatibilité de ses membres et des participants de l’atelier scénario, et c’est pourquoi BEDE
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sélectionne pour partie des personnes avec lesquelles elle sait pouvoir collaborer rapidement.
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V] Conclusion
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Ce stage, malgré sa courte durée, m’a permis d’échanger avec de nombreuses personnes. Les réflexions et
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les interactions entre le monde de la recherche et la société qui s’y sont développées m’en ont fait saisir la
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complexité, et la nécessaire adaptation de toute co-construction à chaque contexte. En effet, les points de
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vue et les attentes des acteurs intéressés sont différents entre les différents groupes (chercheurs,
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associations, étudiants) mais aussi au sein même de ces groupes. De plus, chaque projet de co-construction
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prend place dans un milieu associatif et institutionnel qui varie, et avec lequel il faut rentrer en interaction
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pour le connaitre et pour se faire connaitre.
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J’ai également approfondi ma vision du monde associatif, notamment au niveau du rôle des associations
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militantes et/ou professionnelles qui n’ont pas les mêmes exigences que les associations étudiantes. Je
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n’avais ainsi que peu conscience de l’importance des stratégies, basées sur la compréhension fine du
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fonctionnement des institutions et des jeux politiques, qu’elles doivent  mettre en place pour faire évoluer
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la société vers les valeurs qu’elles défendent. Ainsi, même si ce stage m’a permis de prendre connaissance
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de la méthode à utiliser pour mettre en place des dispositifs de type BdS, il m’est maintenant évident que
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la mise en place dans un autre contexte de ce genre de dispositif est facilitée par la légitimité du porteur
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auprès d’un grand nombre d’acteurs différents.
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Je pensais de plus avant d’effectuer ce stage qu’une certaine autonomie financière était envisageable pour
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ces recherches collaboratives dont les  questions  émanant des paysans. J’imaginais  ainsi  des  recherches
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autours de problèmes techniques, qui auraient été économes car le paysan y aurait été le technicien et ses
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terres les parcelles d’expérimentations. Cette recherche aurait certes  pu  être  co-construite, mais elle
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n’aurait pas eu la dimension sociale et politique que revendique une recherche co-construite dans une BdS.
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Le modèle de la Boutique des Sciences n’est donc pas celui d’un CETA                    , ni d’un champ-école, et j’ai au cours
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de ces quelques mois compris que ce modèle visait une co-construction de connaissances d’un autre type
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que la simple connaissance technique. Bien que ces autres dispositifs de recherches se placent dans un
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objectif de changement social, ils se restreignent au changement social grâce au progrès technique, ce qui
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me semble maintenant devoir être questionné.
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Il s’agit donc pour le chercheur participant à un projet type BdS de dépasser  une  vision  « technico-  
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économique » du praticien, et d’échanger avec lui sur des problèmes qui ont toujours des facettes sociales
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et politiques à considérer en elles-mêmes. La question  de l’appellation juridique des semences paysannes
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est un exemple fort de l’intérêt des paysans pour ces aspects politiques. Cependant même les demandes
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plus techniques, par exemple sur les semis direct de vergers sec, n’ont pas pour fondement  unique  la 
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maximisation des profits. Or la compréhension de ces problèmes multi-facettes  demande  de la part du
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chercheur une prise en compte fine du système de réflexion et d’action du praticien, et même le partage de
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certaines valeurs. Dans l’autre sens, si le paysan veut se faire paysan-chercheur, le modèle des BdS lui permet
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d’approfondir des thèmes qui vont au-delà  les aspects techniques agronomiques.
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Ce stage m’a  ainsi  fait comprendre que certaines associations ont envie de se rapprocher du milieu de la
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recherche sur des thématiques qui ne sont pas uniquement techniques, et que certains chercheurs au sein
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d’un grand nombre de disciplines sont également intéressés pour travailler avec ces associations autour de
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questions transversales. L’enjeu des BdS est donc de disposer des appuis financiers et institutionnels qui
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permettent la mise en place des outils méthodologiques pour mener à bien ces projets de recherches,
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lesquels cherchent à faire évoluer la société de façon concertée grâce à un dialogue entre deux mondes.
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41 Centre d’Etude Technique Agricole, structure généralement associative, dans laquelle un ingénieur ou un
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technicien, souvent salarié, effectue le suivi scientifique des expérimentations menées à l’initiative et chez les
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agriculteurs membres du CETA  
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VI] Références bibliographiques et web
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Sur les tiers lieux : Olivier Cléach, Valérie Deruelle et Jean-Luc Metzger, « Les “tiers lieux”, des
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microcultures innovantes ? », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 46-2 | 2015,
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mis en ligne le 21 avril 2016, consulté le 04 septembre 2017. http://rsa.revues.org/1526
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiers-lieu#Diff.C3.A9rents_types_de_tiers-lieux
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Sur la recherche action associative : «  L’accompagnateur chercheur engagé  » Dominique Cottereau,
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«  Recherches-actions associatives : Le praticien réflexif ou la recherche sans
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«  chercheur  »  », Éducation relative à l'environnement [En ligne], Volume 13 - 1 | 2016, mis en ligne
 +
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le 13 mars 2017, consulté le 04 septembre 2017. http://ere.revues.org/302
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Sur   la   “Community-based   participatory   research”   :   https://www.rri-tools.eu/how-to-stk-csos-co-
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create-community-based-participatory-research. «a  partnership  approach to research that equitably
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involves, for example, community members, organizational representatives, and researchers in all
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aspects of the research process and in which all partners contribute expertise and share decision
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making and ownership» (projet européen RRI Tools, 7   PCRD)
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https://en.wikipedia.org/wiki/Community-based_participatory_research
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Sur  des  «  paysans-chercheurs  »  qui peuvent être très orientés vers les aspects agronomiques et
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techniques : https://www.dailymotion.com/video/xphexh
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Sur les boutiques des sciences dans les pays du sud :
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Florence   Piron, Les   boutiques   des sciences et des   savoirs, au croisement entre   université et
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développement local durable :
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https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1/chapter/les-boutiques-des-sciences-
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et-des-savoirs-au-croisement-entre-universite-et-developpement-local-durable/
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«  La    recherche       participative   exemples             de     programmes           publics  »,     Sciences       Citoyennes,   2011.
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 +
http://sciencescitoyennes.org/wp-content/uploads/2012/12/Recherche-participative.pdf
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#
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«  Les  boutiques de sciences comme outils pour les sciences en société  », Bertrand BOCQUET,
 +
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http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna62/lna62p24.pdf
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«  Promouvoir          la   recherche         participative  »,       François       Veillerette       et     Christian       Vélot,     2017.
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https://sciences-critiques.fr/promouvoir-la-recherche-participative/
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#
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Rapport           Houiller         (INRA)         sur       les       sciences           participatives :         http://www.sciences-
 +
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participatives.com/Rapport  
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«  Pour      une     intelligence       publique       des     sciences  »      revue       Alliage,     Isabelle     Stengers,       2011.
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http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3239
  
  
 
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Version du 16 juin 2019 à 00:28


Ce projet est celui d'une boutique des sciences où la société civile puisse questionner sa "recherche citoyenne", tant - selon l'évaluation des Académies des Sciences - "hors murs" que "participative", dans son souci d'une augmentation multi-cohérente de sa sapîence [1] humanumérique et éthitechnique commune de la multitude des "sapiens plus machina", et son application à l'étude de la capacitation technosociétale personnelle de chacun.
  1. Cette exploration réclame une extension terminologique introduite à son Glossaire.



Rapport en cours de formatage.























































0

Rapport de stage

présenté pour l'obtention du diplôme ingénieur SAADS

Option DAAS

La Boutique des Sciences en Occitanie

Un dispositif de recherche par et pour la société civile

par Antoine Malivel

Mémoire préparé sous la direction de Pascale Moity-Maïzi

Maitre de stage : Robert Ali Brac de la Perrière

Année de soutenance : 2017

Organisme d'accueil :

Ce rapport rend compte du stage de deux mois que j’ai réalisé dans le cadre de ma deuxième année

d’école d’ingénieur SAADS. J’y détaille le contexte de la recherche collaborative et l’historique du projet

d’une Boutique des Sciences en Occitanie, porté par l’association BEDE. J’y précise ensuite comment

l’enquête dite « de préfiguration  » puis les ateliers de présentation ont été menés auprès des différents

acteurs concernés. Je rends ensuite compte des résultats obtenus par cette enquête, ainsi que des

échanges ayant eu lieu pendant les ateliers de présentations, en les analysants. Pour finir, j’ouvre sur

le déroulement prévu des ateliers de co-construction de la structure entre les acteurs intéressés, et les

perspectives d’évolution de ce dispositif.

Une Boutique des Sciences

C’est un dispositif non-lucratif de recherche collaborative, qui permet aux associations, éventuels

groupements d'agriculteurs, ou autres collectifs citoyens de s'adresser à des chercheurs pour identifier

ensemble des réponses à leurs questionnements. De ces demandes citoyennes découlent des projets

co-construits entre la société civile et le monde de la recherche. (BEDE 2017)

C’est donc un support de recherches indépendant et participatif, permettant de répondre aux

préoccupations de la société civile. Le terme «  Boutique  », assez marchand, est le résultat d'une

regrettable traduction de l'anglais « Shop  », qui pourrait aussi se traduire par « Atelier  », ou encore

«  Fabrique  ». De telles structures existent déjà à Lyon, Lille, et ailleurs en Europe et dans le monde. Une

description plus complète de leur fonctionnement général et du rôle des différents acteurs est détaillée

en annexe, dans le «  Livret de présentation  ».

L’association BEDE

L’association «  Biodiversité, Echanges et Diffusion d’Expériences  » (bede-asso.org) est une association

de solidarité internationale créée en 1994. Elle a depuis son origine pris en charge des questions de

préservation de la biodiversité cultivée, de promotion des savoirs et des agricultures paysannes pour

une gestion respectueuse du vivant. Dans cette optique, BEDE est donc aussi une des associations qui

a fondé en 2003 le Réseau Semences Paysannes (semencespaysannes.org), lequel comprend 23

associations membres en Occitanie, qui militent pour la promotion et la défense de la biodiversité

cultivée et des savoir-faire associés.

Le projet de Boutique des Sciences porté par cette association est conçu comme un prolongement des

«  laboratoires hors murs  », qu’elle a initiés et animés avec différentes unités de recherche entre 2013

et 2015 dans le cadre du projet de recherche-action OUTDOORS financé par Agropolis Fondation. Ces

laboratoires ont permis de co-définir entre chercheurs et paysans des programmes de recherche

adaptés aux besoins d’associations paysannes en Algérie, au Bénin et en France, mais ont également

mis en évidence des manques de lieux d’échanges et de financements durables pour leur

pérennisation. C’est pour répondre à ces problèmes que l’association BEDE a proposé de mettre en

place, avec tous les acteurs intéressés en Occitanie, une Boutique des Sciences qui s’intéresserait

principalement aux thématiques de l’agriculture, de la biodiversité et de l’alimentation.

Je tiens également à remercier Glen Millot, de l’association Sciences Citoyennes

(sciencescitoyennes.org) qui a aussi participé à la correction de ce rapport et m’a permis de mieux

comprendre ce milieu compliqué qu’est la recherche militante. Merci aussi à Mathieu Thomas, dont le

point de vue détaillé m’a aidé à parfaire ce mémoire, et à l’équipe de BEDE : Christine, Carole et Audrey

qui m’ont joyeusement accueilli aux bureaux de cette petite mais très dynamique association. Et merci

évidemment à Pascale et à Bob, qui m’ont suivi et encadré avec attention pendant ces deux mois !

Liste des acronymes  :

ALLISS  : ALLiance Sciences-Société (alliss.org) est une association partenaire de la MSH-SUD qui

cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs sociaux et acteurs économiques et à

produire des recommandations pour les puissances publiques basées sur ces expériences de

coopération.

BdS  : Boutique des Sciences

OSC  : Organisations de la Société Civile (à but non-lucratif) : syndicats, collectifs, associations, ONG,

collectifs d'habitants, ainsi que les mouvements et organisations qui de manière libre et distanciée à

l’égard du marché et des institutions, développent une lecture critique de la société et se mobilisent

pour la transformer.

CSTI  : Culture Scientifique Technique et Industrielle. Les CCSTI sont ainsi les Centres de Culture

Scientifique Technique et Industrielle

COMUE  : Communauté d'Universités et Établissements, présent dans les différentes régions.

MSH-SUD  : Maison des Sciences de l’Homme, Sciences Unies pour un autre Développement

(mshsud.org), est une fédération de recherche, membre de la COMUE du Languedoc-Roussillon. Elle

regroupe notamment l'INSHS (Institut national des sciences humaines et sociales), les Universités de

Montpellier (UM et UPVM3), l’IRD (Institut pour la Recherche et le Développement),

Montpellier SupAgro et beaucoup d’autres établissements de recherche. Cet organisme entend

favoriser et accompagner des dynamiques porteuses de propositions alternatives et innovantes au sein

du monde universitaire. Il est ainsi ouvert aux chercheurs de toutes les disciplines.

I] Contexte d’une recherche en lien avec la société en Europe, en France

et en Occitanie.

Les projets de recherche qui cherchent à se mettre en lien direct avec la société sont de plus en plus

fréquents dans le monde scientifique et suivent des méthodologies multiples, fondées sur des

conceptions différentes des interactions sciences-société. Pour simplifier les débats sur ces différents

types de recherches, nous détaillerons dans cette introduction la vision de la recherche en partant du

point de vue de l’association BEDE, qui regroupe les différents types de projets autour de trois formes

principales  :

- Les projets de « sciences participatives », qui renvoient plutôt à l’idée d’une aide apportée par

des citoyens à la science (amateurs volontaires, amateurs éclairés, spécialistes à la retraite,

etc.). Les citoyens volontaires peuvent ainsi – en respectant un protocole préparé ou validé par

des scientifiques - effectuer des observations, des mesures, des échantillonnages ou

comptages et transmettre ces données (brutes ou pré-traitées) afin qu’elles soient traitées et

analysées par les scientifiques (source). Ces projets sont alors définis comme relevant d’une

science participative et non de recherche participative, car les citoyens ne sont impliqués dans

le processus qu’au niveau de la collecte de données scientifiques et non dans la réflexion sur

l’objectif de la recherche.

- Les projets de recherche conventionnelle, qui sont des projets dans lesquels les chercheurs

déclarent de plus en plus souvent prendre en compte le point de vue des acteurs, en

développant des formes de participation des acteurs à certaines étapes de la recherche. Ils ne

mettent cependant pas en pratique les méthodes pour co-concevoir ou travailler ensemble aux

questions de recherche elles-mêmes, qui restent définies par des chercheurs sans réflexion en

lien avec les praticiens. Ces recherches aboutissent ainsi à des publications scientifiques qui ne

sont que rarement restituées aux acteurs du terrain et qui ne répondent pas forcément à leurs

attentes. Les citoyens et leurs interactions avec leur milieu y sont souvent les objets d’étude, à

la différence des projets de sciences participatives qui font davantage intervenir le citoyen

comme un « technicien  », par exemple pour des comptages d’insectes par des entomologistes

amateurs. Sont emblématiques de ce type de projet les diagnostics de type MARP  : Méthode

Accélérée de Recherche Participative. Le problème que les chercheurs se proposent d’étudier

est abordé à travers un diagnostic déjà orienté, étudiant par exemple les causes des limitations

de rendements à partir d’indicateurs produits par des scientifiques et sans être ouverts aux

autres indicateurs ou problèmes des agriculteurs.

- Les projets de recherche « coopérative  » ou « collaborative  » plébiscités par BEDE et ses

partenaires, prennent en compte tous les points de vues et compétences  : la définition du

problème (définition des hypothèses de recherche, méthodologie) est précisée entre tous les

acteurs au cours d’échanges. Parfois initiées par la société civile, ces recherches exigent que

les chercheurs travaillent en lien étroit avec les acteurs, parfois considérés comme co-

chercheurs, ou désignés par le terme de « tiers-secteur scientifique  ». Dans ce type de

recherche l’évaluation de l’impact de la recherche est également un aspect important (quoique

pas systématique), car en lien avec une réflexion sur le rôle de la science. L’utilisation et la

construction d’un langage commun entre tous les acteurs (et non la « vulgarisation  ») est

particulièrement important pour mener à bien ce type de recherche. Les produits de ces

recherches sont en général objets de publications validées ou co-signées par les différents

partenaires.

Les trois grands types de recherche ainsi définis sont relativement caricaturaux dans la mesure au

moins où les définitions même de la participation ne sont pas communément admises, non stabilisées,

renvoient à des écoles de pensée différentes, etc… Ainsi par exemple, la différence entre « science

participative  » et « recherche participative  » telle que retenue ici n’est pas utilisée de la même façon

par tous. Il s’agit ici de donner simplement un cadre de référence du contexte d’émergence d’une

Boutique des Sciences, à partir du point de vue de l’association BEDE et de ses principaux partenaires

scientifiques.

Lipinski et Larqué, membres de l’association ALLISS, distinguent d’une façon un peu similaire trois types

de liens sciences-société  : sciences participatives, collaboratives ou citoyennes, selon que le

programme de recherche et la création de connaissance sont pilotés par le chercheur, par les deux

bords, ou par l’association citoyenne.

1) Les Boutiques des Sciences en Europe

Le modèle des Boutiques des Sciences (BdS) est historiquement une des premières initiatives ayant eu

pour objectif de rapprocher la recherche scientifique de la société civile. Aujourd’hui environ une

centaine de BdS sont en activité dans environ 27 pays du monde, principalement en Europe.

Les Boutiques des Sciences sont apparues en 1973 aux Pays-Bas, portées par des syndicats d'étudiants

en chimie et des enseignants, avec pour objectif de faire remonter les questions des citoyens sur les

conséquences possibles des découvertes scientifiques, dans un contexte de financiarisation de la

recherche déjà fortement critiqué . Ce modèle a ensuite essaimé en Europe au sein des universités, et

la France comptait ainsi en 1980 seize boutiques de sciences, regroupées au sein de la «  Fédération

Nationale des Boutiques de Sciences et Assimilés  », aujourd’hui disparue.

Dans les années 90-2000, ces structures ont rencontré des difficultés. En France, leur disparition a été

le fait d’une réorientation des financements de l’Etat vers des dispositifs de «  culture scientifique,

technique et industrielle» (CSTI, cf p.11). Elles n’ont cependant pas disparu aux Pays-Bas, qui comptent

aujourd’hui 40 BdS, lesquelles mènent chaque année plusieurs milliers de programmes de recherches,

autour de thématiques liées aux problèmes environnementaux, à la santé, à l’éducation, aux conditions

de travail, au droit, à la demande de services sociaux, autour du développement des communes, des

problèmes du tiers monde etc…

Le réseau «  Living Knowledge  »

Depuis les années 2000 et suite à de nombreux projets sous financements européens, une réapparition

des boutiques des sciences a pu être observée dans les pays où elles avaient disparu. Ces structures,

restées assez marginales et ayant souvent risqué la fermeture faute de reconnaissance et de

financements stables, semblent actuellement être dans une nouvelle dynamique. La création en 2005

du réseau «  Living Knowledge  », financé par l'Union Européenne, a permis la mise en relation des

1 « Enquête: l’«Alliance Sciences-Société» et ses mystifications  », 2013. scienceetcitoyens.word-

press.com/2013/05/12/enquete-lalliance-science-et-societe-et-ses-mystifications/ Article critiquant par ailleurs

durement l’association ALLISS, et de façon générale toute tentative de « science citoyenne  »

2 livingknowledge.org

différentes Boutiques des Sciences européennes. Preuve de l’intérêt de l’Europe pour ces dispositifs,

différents programmes ont financé des initiatives de Boutiques de Sciences de façon quasi

ininterrompue, avec une vision de long terme (s’étalant jusqu’en 2021). Il faut cependant souligner que

les aides européennes n’ont pas vocation à financer de façon durable les BdS, mais les aident à

démarrer avant qu’elles trouvent des financements locaux. L’implantation durable des BdS dans les

territoires est ainsi dépendante du contexte politique et institutionnel local, c’est pourquoi l’avenir de

ces structures reste encore incertain.

En Europe le réseau «  living knowledge  » est fortement soutenu depuis ses débuts par des

financements européens, d’abord pour produire une réflexion et une formalisation des BdS (sans

chercher forcément à les standardiser), ensuite pour préciser les lignes directrices des futures

politiques de financements de ce type de dispositif.

L'économie européenne de la connaissance

Le réseau «  Living Knowledge  » est ainsi financé au niveau européen car les BdS sont considérées

comme des dispositifs relevant de «  l'économie de la connaissance  », autour de laquelle le Conseil

Européen de Lisbonne a décidé d'axer la politique économique de l'Europe en 2000.

La théorisation de l'économie de la connaissance, ou capitalisme cognitif, découle de l'importance

grandissante de la connaissance et de la technologie dans les économies modernes. Cette théorie pose

ainsi le savoir comme un moteur de productivité et de croissance économique, et cherche entre autre

à créer un marché de la connaissance dans lequel toutes les connaissances sont brevetables. Ces

brevets correspondent ainsi à des «  parts du marché de la connaissance  », qui permettent le profit des

entreprises industrielles qui en possèdent la propriété exclusive.

Des critiques font cependant remarquer qu'il s'agit d'une aliénation de ce bien commun qu'était

jusqu'alors la connaissance . D'autres critiques portent également sur le fait de transformer l'école, la

connaissance, la culture et les relations sociales en moyens au service de la croissance de l'économie  ;

ou encore sur le fait que la croissance prétendument infinie de cette « économie de la connaissance»

reste limitée par les ressources matérielles finies .

Le soutient de l’UE aux BdS est donc « à double tranchant  »  : sa logique de fond sert avant tout les

intérêts des industries, de la croissance économique, à travers notamment la « valorisation  » par des

brevets, des connaissances et innovations co-produites entre chercheurs et acteurs non scientifiques.

Mais en retour ces soutiens européens ne conditionnent pas les dotations financières à certaines

méthodologies ou à certains résultats (nombre de brevets attendus par exemple) que devraient

développer les BdS.

Ils constituent donc des instruments que certaines universités et/ou associations peuvent mobiliser

librement pour d’une part développer leurs propres conceptions des enjeux et des processus de co-

production de savoirs ou d’innovations, d’autre part défendre à travers eux des transformations des

3 Geneviève Azam, « Les droits de propriété sur le vivant », revue Développement durable et territoires, 2008.

developpementdurable.revues.org/5443

4 Eric Martin, « Qu’est-ce que l’économie du savoir ?  », 2012. iris-re-

cherche.qc.ca/blogue/qu%25e2%2580%2599est-ce-que-l%25e2%2580%2599economie-du-savoir

5 Jean-Marc Jancovici, «  La dématérialisation de l’économie : mythe ou réalité ?  », présentation devant l’assem-

blée nationale, 2007. assemblee-nationale.fr/13/cr-grenelle/jancovici-complts.pdf

Sur la société de la connaissance voir oecd.org/fr/sti/sci-tech/leconomiefondeesurlesavoir.htm, sur la vision de

la société de la connaissance par l'OCDE, et mots.revues.org/14263, une analyse critique de la vision

européenne de la société de connaissance

relations Science-société et des alternatives aux modèles industriels et capitalistes (de l’agriculture, de

la santé, etc). C’est dans cette « brèche ouverte  » que s’insèrent les projets de BdS portés par certains

collectifs en France et notamment celui de BEDE.

2) Les Boutiques des Sciences en France

En France, le renouveau des BdS s’est concrétisé par la courte mais significative expérience de la BdS

de Cachan en 2005, qui a précédé l’apparition de celles de Grenoble en 2011, Lyon en 2013 et Lille en

2015. Les boutiques existantes se sont rassemblées en 2015 dans un réseau francophone à l’intérieur

du réseau européen.

Je m’attacherai principalement ici à décrire la création, le mode d’hébergement et les sources de

financements des différentes BdS françaises, leur fonctionnement sera détaillé plus en avant dans la

synthèse des exposés de l’atelier de présentation (cf p.19).

Les Boutiques des Sciences précurseurs

Le renouveau des Boutiques des Sciences française a eu lieu en 2005, avec la naissance de la boutique

de Cachan. Cette boutique, à l’initiative d’étudiants, a ainsi permis de développer 2 études

bibliographiques (sur l’évolution de la biodiversité des blés et les outils de détections des plantes OGM).

D’autres demandes de la société civile ont été formulées mais faute de renouvellement des étudiants

porteurs et d’une absence de reconnaissance par l’administration cette boutique est à l’arrêt depuis

2008.

«  l’Echop’à Sciences  » de Grenoble en 2011, basée sur un fonctionnement et des financements

associatifs, peut également être considérée comme une des BdS précurseur. Le projet, porté par des

chercheurs impliqués dans la vie associative, ne correspondait cependant pas à la politique de

l'université de Grenoble. Il leur a ainsi été impossible de pérenniser l'activité de la boutique, qui s’est

arrêtée en 2013 malgré un engagement important des membres.

La boutique des Sciences de Lyon

Fortement soutenue par les financements de différents projets européens, une étude de

préfiguration de deux ans (2010-2011) à l’initiative du directeur de la COMUE financée par le projet

européen PERARES, a permis de préciser les chercheurs et associations intéressées et de faire

connaitre le projet de BdS-Lyon, puis de co-construire un premier projet pilote de recherche de 18

mois, sur les problèmes de pollution d'un cours d'eau à côté d'un jardin ouvrier, à la demande de et

en partenariat avec des associations de jardiniers et d’environnementalistes. Ce projet a également

été appuyé par la région et a permis de poser des bases de fonctionnement, d’identifier de bonnes

pratiques et des points de vigilance pour le dispositif ainsi créé.

En termes de budget le PALSE (Programme d'Avenir Lyon St Etienne) a financé le lancement de cette

BDS. Le dispositif est par ailleurs inscrit dans le projet d’IDEX (Initiatives D’EXcellence, projet faisant

partie du programme de financement national dit « investissements d’avenir  »), lauréat en mai 2017,

ce qui garantit son financement pour encore au moins 4 ans et donc une certaine pérennité.

La Boutiques des Sciences de Lyon est ainsi fortement intégrée dans la COMUE, (structure issue du

regroupement des universités de Lyon et de St-Etienne), hébergée au sein du Service « culture,

sciences et société » de l’université, d’où des financements stables et conséquents, ainsi qu’une

visibilité et une garantie pour les appels à projets.

6 Rapport d’activité 2014 de l’association grenobloise Adreca-Contrevent  : adrecacontrevent.files.word-

press.com/2015/02/adreca-contrevent-rapport-dactivitc3a9-2014.pdf. Ce document détaille la position de l’or-

ganisation qui est implantée dans l’associatif et accompagne les projets de recherche-action, mais abandonne la

structure de BdS tout en gardant un objectif de devenir «une forme de laboratoire ou de centre de recherche-

action, à base communautaire  ».

La boutique des sciences de Lille  :

La Boutique des Sciences de Lille fonctionne depuis 2015. Elle s’est constituée à l’initiative de 6

chercheurs issus de disciplines différentes, à la suite de la constitution en 2012 d’un groupement

temporaire de recherche « CiTé  », qui visait à favoriser les interactions sciences-société. Le comité de

pilotage, qui a porté l’enquête de préfiguration à la suite de la proposition de ce groupement de

recherche, était constitué de chercheurs en sociologie et en physique, d’un ingénieur de recherche en

physique, de deux étudiants, et d’un membre d’une association.

Cette préfiguration, commencée en octobre 2013, a été financée par la Région et par la communauté

urbaine de Lille, elle a duré un peu plus d’un an.

La préfiguration et la création de cette Boutique se sont ainsi faites en trois temps  :

Une première phase de bibliographie et d’enquête sur d’autres BdS, a permis de mettre en évidence

un intérêt fort des chercheurs et des étudiants pour un renouveau des méthodes de recherche.

Une seconde phase de diffusion des résultats de l’enquête a permis d’informer puis d’affiner les

attentes des différents groupes d’acteurs à travers des ateliers de réflexions restitués en plénière (50

participants). Cette phase a également permis d’identifier 20 personnes particulièrement motivées

pour participer à la phase de «  l’atelier scénario  ».

La troisième phase a donc été consacrée à la réalisation de cet atelier scénario, en deux sessions

réparties sur deux soirées de réflexion approfondie sur le dispositif. Ces deux sessions ont eu lieu de

18h-21h afin de s’adapter aux contraintes des participants, et un buffet était également offert. Suite

aux discussions, il a été décidé (et possible) de faire héberger cette BdS au sein de la COMUE de Lille.

Elle dispose de locaux mis à disposition par un organisme équivalent à la MSH de Montpellier, qui fait

ainsi partie de la COMUE. Elle a menée 2 projets pilotes en 2015-2016, et deux autres en cours pour

2016-2017. Suite à une alternance politique, une partie des financements a été supprimée. Cette

réduction du budget a donc mis en veille le fonctionnement de la BdS, un demi-salaire est toujours

assuré, mais la possibilité de financer les projets de recherches sur des fonds propres a disparue. Des

projets de recherche sont ainsi en attente de financements.

3) Les autres dispositifs de recherches collaboratives académique en France

Les boutiques des Sciences ne sont pas les seuls dispositifs qui veulent rapprocher le monde de la

recherche et la société civile. Nous détaillerons ici quelques-uns des dispositifs de financement passés

ou présent au sein des territoires français, et nous expliciterons les différences qui existent entre les

BdS et ces autres « tiers-lieux scientifiques  » tels que les fab-labs ou living-labs.

Les bourses de financement à destination du Tiers-secteur scientifique

«  Le Tiers-Secteur Scientifique est constitué d’initiatives de la société civile dans lesquelles des citoyens

lambda, des militants associatifs ou syndicaux, des usagers et des praticiens construisent

collectivement des connaissances qui leur sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs citoyens. Il

comporte cependant une grande diversité de structures, d’objectifs, de moyens et de pratiques.  »

Les appels à projets régionaux :

En Ile-de-France le Conseil régional a porté les PICRI (Partenariats Institutions-Citoyens pour la

Recherche et l’Innovation), entre 2005 et 2015. Ils développaient des projets assez proches de ceux

7 Définition 2012 du tiers secteur scientifique par Glen Millot de l’association Sciences Citoyennes  : sciencesci-

toyennes.org/le-tiers-secteur-scientifique-exemple-des-boutiques-de-sciences/

Sur le même sujet voir  : sociologies.revues.org/5207#ftn8, basé sur l’étude des ASOSC en Bretagne

portés par les BdS, avec cependant une orientation forte vers les doctorants et post-doctorants et des

budgets à compléter avec d’autres sources de financements, souvent sans mise à disposition

d’animateurs salariés pour faire le lien entre société civile et chercheurs. Dans le Nord-Pas de

Calais c’est un « programme Chercheurs Citoyens  » assez proche d’un PICRI qui a été mené par le

Conseil régional entre 2010 et 2016, mais qui n’a apparemment pas été renouvelé en 2017 pour des

raisons inconnues.

En Bretagne le «  programme de recherche pour l’Appropriation SOCiale des Sciences  » (ASOCS) porté

par le Conseil Régional a été créé en 2008, et a été en lien en 2011 et 2012 avec la tentative de création

du «  PERISCOPE  »  : Plateforme d'Échanges et de Recherches Interdisciplinaires entre Science et Société

Civile Organisée pour le Pilotage et l'élaboration de l'Expertise. Les dernières nouvelles en ligne de ce

programme de recherche datent de 2014.

En Auvergne, le Pôle «  Recherche, Enseignement supérieur et Innovation  » du Conseil régional a lancé

en 2012 un appel à projets grâce auquel deux projets ont été financés pour les années 2013 -2014. En

2017 il ne semble pas que ce type d’appel à projet à destination des associations existe encore.10

Les Conseils régionaux ont en fait initié et expérimenté des formes de financements à destination de

partenariats entre société civile et monde de la recherche, mais ces financements sont instables, et il

n’en existe actuellement plus. Malgré un investissement initial11, il semblerait que l’effet de mode soit

retombé.

Les PSDR (Pour et Sur le Développement Régional)

Ce sont des projets de recherches portés par l’INRA et les Régions, issus d’une dynamique continue

depuis 1993. Visant le développement territorial de l’agriculture, de l’agro-alimentaire ainsi que

l’aménagement de l’espace et autres dynamiques rurales, les recherches sous label PSDR (5AO conjoint

INRA/Région) sont pluri ou inter disciplinaires, impliquant des chercheurs des Sciences Humaines et

Sociales autant que des Sciences biotechniques aux côtés d’acteurs de la société civile liés au monde

agricole. L’accent est ainsi mis sur les relations entre partenaires scientifiques et de terrain dans la co-

construction de recherches en lien avec le réel.12

Il s’agit néanmoins d’un dispositif national essentiellement piloté par les centres INRA, puis décliné par

régions, chacune imposant par ailleurs ses normes spécifiques de gestion et de partenariat. Des conflits

institutionnels dont je n’ai pas réussi à saisir la nature ont cependant mis fin aux programmes PSDR en

Languedoc Roussillon.

Les bourses CIFRE : Conventions Industrielles de Formation par la REcherche

Ce sont certainement les dispositifs qui aboutissent au plus grand nombre de projets parmi ceux qui

ont été présenté ici. Initialement destinés aux entreprises, ce sont des subventions qui financent

environ la moitié du coût d’embauche d’un doctorant, pour des projets de recherche de trois ans

mettant en lien l’entreprise, un laboratoire de recherche et le doctorant autour d’un projet de

recherche objet de sa thèse défini par l’entreprise. Ces bourses permettent donc des collaborations de

8 mediations-sciences-societe.weebly.com/1/post/2011/04/lancement-de-priscope-avec-linstitut-universitaire-

europen-de-la-mer-iuem.html

9 alainpenven.blogspot.fr/2014/05/la-recherche-partenariale-et.html

10 Une recherche sur le site des appels à projets de la région ne renvoyant rien de concluant  :

auvergnerhonealpes.fr/89-guide-des-aides-appels-a-projet.htm?type=TYPE_APPEL&public=1

11 Article qui détaille l’engouement qu’il existait en 2014 pour le financement de ce type de recherche par les

conseils régionaux  : avise.org/actualites/recherche-action-et-innovation-sociale-des-conseils-regionaux-investis

12 psdr.fr/PSDR.php?categ=41&lg=FR

recherche entre entreprises ou associations et laboratoires publics, mais la deuxième moitié de chaque

bourse doit être financée par des fonds propres ou à travers un appel à projet.

En 2016 seuls 4% des bourses CIFRE ont été allouées à des associations ou à des collectivités13. Le

partenariat entre l’AVEM et l’INRA dans le millavois par exemple, a fait appel à ce genre de dispositif.

Les tiers-lieux scientifiques et techniques

Nous retiendrons ici la définition proposée sur le wiki du Movilab, un dispositif d'incubation de

«  modes de vie durables  » né en 2010 d'un appel à projet du ministère de l'écologie. Les « Tiers

Lieux  » y sont définis comme des « espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et

compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser.  »14

En ce sens, Living-labs, Fab-labs et Boutique des Sciences sont des tiers-lieux que nous appelons

« scientifiques et techniques  », à la différence des tiers-lieux de « co-action  », plus souvent désignés

comme des espaces de coworking, sur des projets d’habitation collective ou encore de jardinage

communautaire.

Les Living-labs et la CSTI

«  Un Living-lab est un écosystème d’innovation porté par les usagers, qui engage et motive toutes les

parties prenantes, stimule le co-design et la co-création de technologies, de produits, de services, créé

de nouveaux marchés et permet la transformation des comportements.  »15.

Issu d’un partenariat Public-Privé-Population16, le Living-lab cherche donc à tester ou développer des

services, des outils ou des usages nouveaux en faisant interagir ces trois mondes.

Dans ce contexte l’usager est considéré comme l’acteur central de l’innovation, en tant que co-créateur

et utilisateur. Son implication permet de favoriser l’alignement de l’offre sur la demande en terme

qualitatif, de développer l’acceptabilité sociale des avancées technologiques17 et de lui permettre de

« designer et d’expérimenter son propre futur  »18

Même si certains déclarent que ce dispositif « permet à une population d'influer sur les évolutions de

notre société et d'en appréhender les enjeux sociaux, technologiques et économiques»19 les objectifs

par ailleurs affichés de «  transformation des comportements  », «  d’acceptabilité sociale  », et une

orientation vers le développement de produits ou de services au profit essentiellement des entreprises,

différentient fortement les Living-labs des BdS du moins en France,, puisque ces dernières sont avant

tout maintenant des structures destinées à co-produire des connaissances pour et avec des

organisations sociales et sans but lucratif.

De plus, les acteurs de la CSTI se rapprochent aujourd’hui des Living-labs dans un objectif de médiation

scientifique20 et il faut rappeler qu'en France les BdS sont historiquement opposées au concept de CSTI

(Culture Scientifique, Technique et Industrielle), les financements initialement alloués aux BdS ayant

été réorienté vers les CCSTI (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle) dans les années

13 http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html##repartition

14 movilab.org/index.php?title=D%C3%A9finition_des_Tiers_Lieux

15 Définition de l’European Network of Living Labs, cité par l’INRA  :

inra.fr/rencontresia/content/download/3560/34549/file/5.Guyomard.pdf

16 Inmédia est un réseau regroupant un grand nombre de CCSTI  : inmediats.fr/living-lab-inmediats-des-reseaux-

methodes-et-outils-au-service-dune-innovation-ouverte-13/

17 techsapouest.com/LIVING-LAB-presentation.awp

18 alcotra-innovation.eu/progetto/doc/Short_guide_on_Living_Labs_and_some_good_practices.pdf voir page 4

19 www.quaidessavoirs.fr/test/-/asset_publisher/e43Udiv6bqai/content/fab-lab

20 inmediats.fr/wp-content/uploads/2014/12/Living-Lab.pdf

80. La stratégie nationale sur la CSTI a ainsi pour objectif d'« éclairer les citoyen(ne)s et leur donner les

moyens de renforcer leur curiosité, leur ouverture d'esprit, leur esprit critique, et de lutter contre le

prêt-à-penser, grâce aux acquis de la science et au partage de la démarche scientifique  »21. Les CCSTI

sont donc les lieux de vulgarisation du savoir scientifique auprès des citoyens les plus éloignés de la

science et de la culture.

Ainsi, tandis que les CCSTI diffusent une culture scientifique et industrielle (en évitant d’aborder les

sujets des technosciences  : OGM et brevetabilité du vivant, clonage, nanotechnologies, biologie

synthétique ; ou les controverses liées aux risques sanitaires, environnementaux, éthiques ou sociétaux

d’innovations scientifiques), les BdS ne refusent pas de travailler avec des associations qui posent

précisément ces questions (identification des cultures OGM par la BdS de Cachan, propriété collective

de semences locales par la BdS de Lyon, par exemple). Les BdS ont d’ailleurs historiquement été créées

par des citoyens, chercheurs et étudiants pour soulever ces questions d’impacts des innovations

scientifiques sur la société, tandis que les CCSTI ont été créés en sens inverse comme des « outils

d'adéquation rapides des sociétés en mutation aux contraintes de l'évolution technologique

moderne  »22

Enfin, si les BdS cherchent à co-définir de façon scientifique des problèmes sociétaux grâce à des

échanges entre membres de la BdS (incluant toujours des collectifs citoyens) puis à les résoudre

ensemble, les Living-labs visent à co-concevoir des produits ou des services à travers des interactions

avec des usagers intéressés, en utilisant des outils majoritairement numériques, pour des projets à

l’initiative d’entreprises ou de collectivités territoriales.

Les fab-labs et makerspace

Les fabs-labs et les Makerspaces sont des lieux physiques. Leur but est de permettre un travail en

commun autour de machines, d‘outils de programmation, ou parfois de processus industriels, et visent

l’échange de connaissances à travers la formation entre pairs. Les fab-labs se différencient des

Makerspaces par le fait qu’ils adhèrent à une charte rédigée par le MIT (Massachusetts Institute of

Technology, prestigieuse université et institut de recherche américain), qui met en avant l’obligation

d’une part de partager les connaissances entre tous les Fab-labs signataires, et d’autre part d’ouvrir ces

espaces au public.

Ces «  lieux  » permettent essentiellement à des citoyens d’échanger entre eux et de monter ensemble

des projets d’ingénierie. Ces projets ne demandent pas de «  recherche  » au sens scientifique du terme

mais cherchent à prototyper et à créer des objets manufacturés. Ce sont ainsi des lieux qui visent la

réappropriation des connaissances techniques par les citoyens, mais pas nécessairement la

réappropriation du processus de recherche scientifique en amont de ces connaissances techniques. De

plus, ce ne sont pas des lieux qui cherchent à mettre en contact le monde de la recherche scientifique

et la société civile, car les ressources des autres fab-labs et de façon plus générale les ressources en

ligne y sont considérées comme la source principale de connaissances extérieures à partager.

Les spécificités des boutiques des Sciences

En France les relations entre Sciences et Société sont donc souvent articulées autour de la diffusion des

savoirs par les savants en direction des profanes à travers les CCSTI. Or, d’une part les savoirs sont

multiples et peuvent également provenir de la société, et d’autre part la société peut avoir des

demandes précises sans que la communauté scientifique puisse y apporter une réponse immédiate.

21 enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid113974/la-strategie-nationale-de-culture-scientifique-technique-et-

industrielle.html

22 Rapport préparatoire de la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette sur le CCSTI de Guadeloupe, 1990

C’est pourquoi les boutiques des Sciences sont avant tout pensées comme des espaces de dialogues et

d’échanges entre chercheurs et membres de la société civile, mais elles sont aussi censées offrir des

facilités d’accès à des financements qui permettent de conduire des projets de recherche collaborative

à l’initiative de la société civile. Cette complémentarité de l’encadrement matériel et financier autour

des projets de recherche est également associée à la mobilisation de méthodes facilitant la formulation

des problèmes. C’est donc ce triple encadrement matériel, financier et méthodologique, qui permet la

réalisation d’une recherche collaborative répondant aux attentes des OSC comme aux exigences des

chercheurs.

Cela ne signifie pas qu’il est impossible pour des chercheurs et des OSC de s’entendre hors du cadre

d’une BdS sur une méthodologie adaptée prenant en compte les besoins de tous. Cependant, dans un

objectif de «  réplication  » de ces principes et postures encore assez marginaux, il est utile qu’un réseau

capitalise et réinvestisse les connaissances accumulées au cours des différents projets de recherche

collaborative ; d’où l’intérêt d’un réseau européen de BdS. Plus largement, les BdS et l’association

Sciences Citoyennes cherchent à faire évoluer les mentalités, les politiques et les institutions

d’encadrement et de financement de la science23, en montrant que la co-construction de projets entre

recherche et société civile n’aboutit pas à de la « mauvaise science  »24.

Le dialogue sciences-société en ce sens est ainsi plus difficile que ce que laissent croire les objectifs

affichés des diverses institutions et programmes de financements qui «reposent sur une collaboration

étroite entre laboratoires de recherche publics et organisations issues de la société civile dans toutes

leurs diversités»25, mais qui ne précisent pas les détails de cette collaboration.

Du côté des autres tiers lieux scientifiques, cet objectif de dialogue entre les différentes parties de la

société n’est pas prioritaire, et le risque d’entre soi dans le milieu des fab-labs a déjà été critiqué, car

malgré une exigence d’ouverture, ne rentrent dans le fab-lab ou le living-lab que ceux qui sont

disponibles et intéressés par la démarche. L’accent mis sur la co-création, souvent autour de projets

liés aux technologies informatiques, pose en réalité la question de qui participe à cette co-création et

avec quels objectifs. Les Boutiques des Sciences rencontrent évidemment le même problème de

disponibilité et d’intérêt des publics, mais les chartes des différentes BdS mettent cependant un accent

clair sur l’objectif d’amélioration des conditions de vie des participants, et sur l’importance de

s’adresser de façon spécifique au monde rural ou défavorisé. Les thématiques d’études au sein des BdS

sont ainsi d’un autre ordre que celles des fab ou living-labs, principalement autour de questions

environnementales ou sociales, et plus rarement autour de questions technologiques.

De plus les BdS, en cherchant à mettre en relation le monde de la recherche et la société civile,

affrontent concrètement 3 problèmes récurrents  : langages, rythmes d’actions et exigences de

validation des connaissances, qui différent entre ces deux mondes. Répondre à ces problèmes exige

une volonté forte de partage entre les différents acteurs mais surtout une méthodologie explicite, afin

d’obtenir des échanges réellement constructifs. La garantie que chaque acteur trouve un intérêt dans

les résultats de la recherche co-construite est indispensable pour l’investissement de chacun.

23 sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/

24 sciencescitoyennes.org/pas-de-fumee-sans-feu/

25 appel à projet PICRI 2015 iledefrance.fr/aides-regionales-appels-projets/partenariats-institutions-citoyens-

recherche-innovation-picri

4) Les «  laboratoires hors murs  » et l’émergence d’un projet de Boutique des

Sciences co-porté par BEDE et la MSH-SUD en Occitanie.

L’idée d’une BdS en Occitanie est issue à la fois des expériences de partenariats entre la recherche et

les paysans suivis par l’association BEDE et d’une volonté de différents acteurs locaux à Montpellier de

mettre en place un dispositif innovant articulant étroitement et concrètement Sciences et Société.

Les «  Laboratoires Hors Murs pour l’agrobiodiversité  »

Dans le cadre d’un projet monté en partenariat avec l’UMR INNOVATION et l’UMR CEFE, BEDE a initié

et coordonné, entre 2013 et 2015, un programme de recherche financé par Agropolis Fondation26

visant à construire sur le terrain des collaborations entre le monde agricole et la recherche grâce à un

dispositif appelé «  laboratoire hors murs  ». Ces collaborations ont permis de faire émerger en France,

mais aussi au Bénin et en Algérie, les questions des praticiens et des représentants d’organisations

paysannes locales autour de l’agrobiodiversité. Ces questions ont pu être discutées avec des chercheurs

d’universités nationales proches géographiquement ou thématiquement des communautés paysannes

(d’où émanaient ces questions), et reformulées entre paysans et chercheurs afin d’aboutir à des projets

de recherche co-construits.

Ces derniers ont permis entre autres de trouver des pistes de solutions de lutte agroécologique contre

des ravageurs du haricot niébé, d’entretenir la biodiversité cultivée au sein des vergers de figuiers et

de dattiers en Algérie, par exemple. Dans ce cadre BEDE a également travaillé avec l’association des

Semeurs du Lodévois-Larzac et l'Association Vétérinaires et Éleveurs du Millavois sur la question de la

démocratisation de la recherche et des formes que peuvent prendre les partenariats entre chercheurs

et associations.

Des documents de synthèse en matière de démarches collaboratives en agrobiodiversité ont

également été rédigés, mais tous les projets de recherche-action co-construits n’ont pu être menés à

terme par manque de financements pérennes.

Ce programme a pris place en même temps que le projet DARE27 (Democratizing Agricultural Research

in Europe) également porté par BEDE, qui entre 2013 et 2015 a permis l’organisation de 4 rencontres

constituant un premier réseau européen multi-acteurs (paysans, activistes, chercheurs) permettant

l’échange d’expériences sur l’innovation paysanne et la recherche collaborative en agriculture en

Europe.

Il s’agissait là d’une première étape d’un processus visant d’abord à réfléchir à une méthodologie, puis

à intégrer les différents acteurs de ces collaborations au sein de projets de recherche-action pérennes,

développant une gestion dynamique et une meilleure valorisation de la biodiversité agricole. Ces deux

ans d’expérimentation des «  Laboratoires Hors Murs  » ont ainsi ouvert de nombreuses pistes de

recherches mais ont également fait surgir le manque crucial d’un maillon  : un cadre de concertation

permanent où les agriculteurs puissent échanger de manière régulière avec un panel de chercheurs

autour de leurs questions. BEDE a donc besoin pour continuer son projet «  Laboratoire Hors Murs  »

d’un tel cadre de concertation associations/chercheurs, or un tel cadre correspond assez bien à ce qu’il

est possible de faire avec une BdS. BEDE cherche donc maintenant à faire naitre une BdS, qui ne serait

cependant pas à son usage exclusif, mais au sein de laquelle elle pourrait effectuer une étape de ses

projets «  Laboratoire Hors Murs  ».

26 agropolis-fondation.fr

27 http://www.bede-asso.org/collaborations-par-theme/coconstruction-savoirs-biodiversite-cultivee/oser-

democratiser-la-recherche-en-europe-dare-democratizing-agricultural-research-in-europe/

Parallèlement à ce projet, la Maison des Sciences de l’Homme de Montpellier faisait l’objet d’une

importante restructuration la conduisant à formuler un projet d’avenir et un positionnement original

pour garantir sa pérennité dans un espace régional en pleine reconfiguration. En effet, le Languedoc

Roussillon a fusionné avec Midi Pyrénées en 2016, mettant en danger l’existence d’institutions existant

dans l’une et l’autre région quand elles étaient distinctes.

Pour que la MSH-SUD de Montpellier conserve une place dans l’espace institutionnel régional il lui

fallait se positionner face à son «  homologue  » toulousain. Elle a donc produit un projet scientifique,

qui vise à favoriser la recherche interdisciplinaire à travers des appels à projets, l'hébergement de

plateformes de recherches et la formation des étudiants aux méthodes interdisciplinaires, mais

cherche également à développer les relations des citoyens avec le monde de la recherche. Cette

réflexion sur les liens entre citoyens et recherche est conjointe avec celle de l'association ALLISS

(ALLIance Science-Société), qui cherche à promouvoir les coopérations entre recherche, acteurs

sociaux et acteurs économiques et à produire des recommandations pour les puissances publiques

basées sur ces expériences de coopération.

De ce projet scientifique émerge alors la volonté de la MSH d’aller à la rencontre du tissu associatif de

Montpellier pour identifier des moyens et innover en matière d’articulation sciences/sociétés, en

offrant son espace renouvelé dans les locaux de Saint Charles pour accueillir, promouvoir et participer

à l’animation de cette articulation. Les Assises Sciences-Société co-organisées par la MSH et ALLISS en

partenariat avec tous les organismes de recherche et de formation supérieure de Montpellier, sont une

traduction concrète de cette volonté. Elles ont permis aux chercheurs et acteurs de la société civile

d'échanger sur ce thème entre le 3 et le 5 juillet 2017, afin de faire reconnaître l'importance d’actions

collaboratives pour renforcer le soutien des institutions et des politiques publiques. Ces Assises ont

ainsi offert l’opportunité pour BEDE et la MSH de présenter le projet de BdS en Occitanie encore en

gestation, et de chercher des partenaires.

La vision de la BdS Occitanie par BEDE.

Le projet de créer une BdS initié par BEDE est ainsi inséré dans un projet plus large porté par la MSH-

Sud. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il reprendrait le concept de « laboratoire hors murs  ».

Pour BEDE, il s’agit de mettre en place les moyens d’un cadre de concertation pérenne entre

scientifiques et paysans, avec une structure qui survivrait aux ponctuels projets de recherche action

participative (d’une durée toujours limitée à deux ou trois ans), en s’appuyant sur des financements

institutionnels localisés et stabilisés en complément de financements plus classiques d’appels à projets.

La mise à disposition de locaux et l’engagement d’un salarié à la fois pour la MSH-Sud et la BdS,

permettraient en effet d’assurer l’animation de rencontres régulières, nécessaires pour la formulation

et la reformulation des questions paysannes, mais aussi de respecter les temps des chercheurs et des

paysans, avec des financements permettant d’engager et d’encadrer les opérateurs, étudiants en

master, doctorants ou chercheurs, qui pourraient ainsi mener à bien des programmes de recherche à

la demande du terrain.

Cette BDS est aussi pensée comme une des étapes concrètes du processus de renouvellement de la

recherche agricole promu par BEDE, en s’appuyant sur l’expérience des associations qui ont déjà eu ces

partenariats avec la recherche grâce aux Laboratoires hors murs ou à travers d’autres projets. Cette BdS

vise également à sécuriser les interactions pour que les associations et les agriculteurs puissent

s’impliquer et s’exprimer aux côtés de scientifiques, c’est pourquoi il est essentiel que son

fonctionnement soit co-construit.

Les autres acteurs de la BdS

Bien que l’association BEDE soit à l’origine de cette idée de boutique des sciences en Occitanie, elle est

loin d’être seule à porter le projet et à souhaiter qu’il aboutisse.

Localement la MSH-SUD, (Maison des Sciences de l'Homme, «  Sciences Unies pour un autre

Développement  ») est une émanation de la COMUE de Montpellier, structure qui associe des

universités, grandes écoles et tous les organismes de recherche présents autour de Montpellier.

Installée sur le site récemment rénové de St-Charles à Montpellier, elle dispose de nombreux locaux

(mais relativement peu de financements).

C’est elle qui a réuni lors des Assises Sciences-Société les acteurs du monde de la recherche, citoyens,

associations, entreprises et élus pour construire un dialogue constructif entre savoirs d’origines

différentes. L'un des enjeux étant de développer des coopérations équilibrées et durables, c'est dans

le cadre de cet événement qu’ont eu lieu les premiers ateliers de présentation et de co-construction

de la Boutique des Sciences. Même si le travail de création a été délégué à BEDE, cette BdS serait

hébergée dans les locaux de la MSH et animée en partie avec cette institution, il s’agit donc bien d’un

co-portage (deux réponses conjointes à des appels d’offre ont d’ailleurs été rédigées et sont en attente

de décision des bailleurs  : COMUE et Fondation de France).

Les Petits Débrouillards (lespetitsdebrouillards.org), premier réseau national d‘éducation populaire

à la science et par la science et premier réseau national d’éducation au développement durable dispose

également d’une antenne montpelliéraine et est intéressé pour assurer une mission de médiation entre

les associations avec lesquels elle est en contact et la Boutique des Sciences, de la même façon que

BEDE informe les associations paysannes de l’existence de la BdS. Ces deux médiateurs permettent

donc de toucher un large réseau associatif.

Au niveau national l’association Sciences Citoyennes28, par l’intermédiaire de Glen Millot (salarié),

accompagne les différentes BdS françaises, et à ce titre participe aux différentes étapes de démarrage

de la BdS Occitanie. Cette association est impliquée à différents niveaux dans le mouvement actuel de

réappropriation citoyenne et démocratique de la science, afin de la mettre au service de la

connaissance comme bien commun. Cette association cherche en effet à refonder le système de

recherche autour d'un nouveau contrat non marchand entre sciences et société, permettant aux

associations et aux citoyens de participer à l'orientation de la recherche.

En tant que stagiaire je me suis intéressé à ces interactions Sciences-Société non pas dans l’idée d’une

meilleure performance des entreprises et/ou d’une amélioration du fonctionnement de la société

actuelle grâce à la recherche, mais parce que je suis convaincu de l’effondrement à venir de la

civilisation thermo-industrielle, après lequel des modèles complètement différents de société et de

recherche scientifique seront indispensables. Notre avenir à plus ou moins long terme sera donc tel

que je le conçois un monde beaucoup plus incertain qu’actuellement, dans lequel la mise en place

d’adaptations pertinentes à l’évolution de l’environnement climatique et social sera déterminante. La

co-réflexion et la réalisation conjointe de ces adaptations entre scientifiques et autres acteurs

impliqués de la société civile me semblent être les meilleurs moyens de faire évoluer la société

(scientifiques inclus) dans une direction souhaitable. Mais la forme de cette « interaction  » est à

réfléchir en détail, étant donné la défiance d’une partie du milieu alternatif (que j’imagine être celui

de demain) à l’égard des scientifiques qui, de leur côté, s’arrogent le droit de prescrire ce qui leur

semble bon pour la société et de prétendre qu’ils sont bien en interaction avec la société civile29.

L’action de la sphère politique se résumant au niveau national à un rôle de facilitateur de l’activité

28 sciencescitoyennes.org

29 Voir zad.nadir.org/spip.php?article4180 en réponse à zad.nadir.org/spip.php?article4151, une initiative de

l’EHESS pour défendre la ZAD en tant qu’intellectuels.

économique et, au niveau local à des actions engageant des acteurs de la société civile avec peu de

moyens. Dans le prolongement de ce stage, je réaliserai d’ailleurs un service civique sur Montpellier

pendant l’année scolaire 2017-2018, et souhaite à titre bénévole m’investir dans le démarrage de la

BdS, en participant à l’atelier-scénario ainsi qu’aux éventuelles réunions à venir de démarrage et de

fonctionnement de la BdS.

Les associations du RSP constituent un troisième groupe d’acteurs partenaires. Elles sont constituées

d’agriculteurs organisés qui défendent une agriculture biologique et paysanne. Celle-ci est définie

comme une agriculture sociale et territorialisée, caractérisée par des pratiques non standardisées,

valorisant la diversité du vivant et les interactions entre humains et plantes cultivées : les paysans y

sont des producteurs d’agro-biodiversité30. Ces associations en Occitanie, ont déjà des expériences de

collaboration avec des chercheurs mais les jugent soit trop brèves – dans le temps -, soit trop ciblées

en faveur d’enjeux qui leur échappent, soit encore trop limitées par les règles de financement actuelles

de la recherche dite «  participative  ».

Le Réseau Semences Paysannes insiste depuis sa création en 2003 sur la nécessité de co-construire les

connaissances sur les plantes cultivées entre praticiens et chercheurs31 pour lutter contre la

prolifération des variétés industrielles et contre la dépendance semencière, imposées par les grands

groupes. Contre les producteurs d’artefacts, l’artificialisation des milieux et des semences, ces

producteurs revendiquent leurs propres compétences en matière de pilotage de la biodiversité32.

Plusieurs programmes européens ou nationaux auxquels le RSP a contribué33 ont souligné toutefois le

poids des obstacles réglementaires (leur logique descendante et asymétrique qui nie toute

compétence aux agriculteurs), limitant les innovations et les débouchés économiques pour les variétés

de pays, niant toute reconnaissance officielle aux semences paysannes et aux variétés

II] Enquête et atelier de présentation du 3 juillet

La méthode de montage d’une BdS à Montpellier a suivi celle préconisé par Science Citoyenne. Nous

reprenons donc ici ces principales étapes d’une démarche déjà expérimentée ailleurs et que j’ai pris

en charge, et réalisé, pour les acteurs initiateurs présentés ci-dessus.

Une enquête d’intéressement

Avant de lancer la création d’une BdS il est nécessaire de connaître les attentes, les besoins et éventuels

points de vue de multiples partenaires potentiels (chercheurs, associations, étudiants, bailleurs...) de

ce type de dispositif. Pour cela une enquête par questionnaire a été conçue et réalisée entre le 15 juin

et le 1er juillet (deux questionnaires en ligne différents ont été proposés pour les associations et les

chercheurs). L’enquête a été adressée à des listes non exhaustives, établies avec BEDE et Pascale Moity-

Maïzi.

Un atelier de présentation

En même temps que ce questionnaire, des invitations ont été envoyées par mails aux groupes visés

(chercheurs, institutions locales, associations). Il ne s’agissait pas seulement de faire remplir le

questionnaire mais aussi d’inviter tous les acteurs potentiels à l’atelier de présentation qui se

déroulerait pendant les Assises Sciences-Société à la MSH.

30 Note d’intention de BEDE pour des dispositifs pérennes de recherches actions participatives en soutien à la

gestion dynamique de la biodiversité cultivée in situ. 2017.

31 RSP, BEDE, FSC, PEUV, 2011

32 Blandin 2009 ; Larrère, 2002

33 FSO 2012, REPERE 2009, SOLIBAM 2014

1) Rédaction du questionnaire et réalisation de l’enquête

Chaque questionnaire (annexe vi) a été accompagné d’un texte expliquant les contours d’un Boutique

de Sciences. Les premières questions à destination des organisations de la société civile (terme qui

regroupe les associations, coopératives, groupements d’agriculteurs, collectifs citoyens…) portaient sur

l’identification des thématiques qui les intéressaient ou qu’elles traitaient. Une seconde partie du

questionnaire devait permettre d’estimer leur capacité à s’investir dans des projets de recherche. Une

troisième partie du questionnaire devait nous renseigner sur leur niveau et sources de financement

ainsi que sur le nombre de salariés présents dans la structure. Une question portait également sur la

familiarité des associations avec le monde de la recherche. Une estimation de l’intérêt pour les

différents aspects du dispositif ainsi qu’un espace d’expression libre en fin de questionnaire leur

permettait de décrire les projets qu’elles envisageaient de mener en lien avec la BdS.

Les questions à destination des chercheurs portaient d’abord sur le type et les thèmes de leurs

recherches, puis sur leur implication potentielle dans les différentes missions de la BdS, sur leur

familiarité vis-à-vis d’interactions avec la société civile et sur leur intérêt général pour le dispositif.

Les associations comme les chercheurs étaient également invités à donner leur avis de façon ouverte

sur l’initiative, puis à indiquer leur mail s’ils souhaitaient être tenus au courant des suites de la

démarche.

Ces différents questionnaires en ligne étaient inspirés par ceux qui avaient été utilisés auparavant par

la BdS de Lille lors de son enquête de préfiguration. Ils ont été adaptés au contexte montpelliérain,

caractérisé par le projet de créer une BdS thématique, s’adressant à des associations travaillant dans

les champs de l’agroécologie, de la biodiversité et de l’alimentation.

L’enquête a donc été logiquement envoyée aux associations et chercheurs déjà sensibilisés par ces

thématiques voire ayant déjà manifesté un intérêt pour le projet, mais également à des listes de

diffusion plus larges (via recensements de listes d’associations en ligne). Au total, 239 associations et

162 chercheurs ont été sollicités par mail direct, donc sans compter les personnes ayant reçu l'enquête

par des mailing listes qui ont également été utilisées. D'autres acteurs (chambres d'agriculture,

responsables région et Métropole) ont également été invités à participer aux Assises et éventuellement

à transférer le mail auprès d'acteurs intéressés, chercheurs ou associations. Les taux de réponse sont

assez bons pour un questionnaire par mail, avec 28 associations et 38 chercheurs qui ont effectivement

répondu. Ces réponses sont à considérer en nombre de répondant et non en potentiel pourcentage de

répondants, car le nombre de personnes ayant effectivement reçu le mail ne nous est pas connu (envoi

sur des listes de mails de taille importante, diffusion du mail de contact au sein des réseaux…)

2) Déroulement de l’atelier de présentation

Suite à cette enquête dite de préfiguration, l’atelier de présentation permet à la fois de présenter le

principe des boutiques des sciences et d’exposer les résultats de l’enquête. Les boutiques des sciences

sont en effet des dispositifs qu’il est nécessaire de présenter car ils sont peu connus, tant dans le monde

de la recherche que dans la société civile. L’enquête de préfiguration permet aux organisateurs de

justifier auprès de bailleurs de l’intérêt des chercheurs et des associations pour ce type de struct ure,

de recenser les acteurs souhaitant s’impliquer dans la démarche et à travers eux de se faire une

première idée des orientations que pourra prendre la BdS.

Contexte Assises Sciences-Société à la MSH-SUD

L’atelier de présentation a eu lieu pendant les Assises Sciences Sociétés, événement organisé dans les

locaux de la MSH-SUD. Ces assises ont réuni pendant trois jours, du 3 au 5 juillet 2017, des acteurs du

monde de la recherche, des citoyens, des associations, des entreprises, ou encore des élus. L’objectif

était de construire un dialogue entre savoirs d’origines différentes, et de développer des coopérations

équilibrées et durables autour de cette thématique de dialogue renouvelé entre les sciences et la

société.

Une cinquantaine d’ateliers ont ainsi eu lieu pendant ces trois jours, dont un grand nombre sur des

thématiques très proches voire recoupant celles de la boutique des sciences. Le nombre très important

d’intervenants et d’ateliers a cependant obligé le déroulement en simultané de réflexions semblables,

qui auraient gagné à être construites entre tous les intervenants concernés.

Une prise de note collaborative au cours de tous les ateliers et quelques référents chargés de suivre un

grand nombre d’ateliers ont permis d’élaborer rapidement une synthèse générale de l’événement, qui

a montré entre autres choses l’importance et la diversité des structures de médiation dans ce dialogue

science-société.

C’est donc au cours de cet évènement qu’a eu lieu notre atelier, en deux sessions, le lundi 3 juillet. Les

participants à cet atelier étaient les initiateurs du projet de BdS, des invités extérieurs sollicités pour

faire part de leurs propres expériences des BdS, et un public large de personnes curieuses ou

intéressées, pour un total d’une cinquantaine de personnes.

1ère session  : contexte de l’évolution des BdS en Europe et en France

Différents intervenants invités ont ainsi pu préciser la notion de BdS au cours du premier atelier  :

-Glen Millot, de l'association Sciences Citoyennes, a fait une présentation générale du dispositif des

Boutiques des Sciences en France et en Europe, et a détaillé comment Sciences Citoyennes

accompagne les BdS françaises.

- Bertrand Bocquet, initiateur de la BdS de Lille, a présenté cette expérience née en 2014.

- Pauline Bryère, de la BdS de Lyon, a présenté cette dernière-née en 2015.

- Sophie Martin : chercheuse à l'université de Montpellier, a présenté la plateforme de recherche action

COGITHON, à destination des personnes en situation de handicap mental, hébergée à la MSH et dont

le fonctionnement se rapproche de celui d’une BdS. L’enjeu de sa présence était de voir dans quelle

mesure les deux dispositifs pourraient à moyen terme fusionner ou cohabiter au sein de la MSH.

Il s'agissait de montrer qu'il existe différents modèles de fonctionnement de BdS qui naissent du

contexte et des attentes locales. Le contenu de cette session a ainsi été repris dans la description que

j’ai faite des boutiques de sciences en Europe et en France, (p.5-6).

2ème session  : Contexte de l’émergence d’une BdS en Occitanie

Bob Brac de la Perrière, coordinateur général de l’association BEDE, a exposé les raisons qui avaient fait

émerger l’idée d’une boutique de science en lien avec la MSH. Ces éléments ont été décrit page 11 et

12, puis analysés page 16

J’ai ensuite exposé les résultats de l’enquête de préfiguration pour permettre à tous de prendre

connaissance des différents points de vue d’acteurs, de leurs convergences et divergences éventuelles,

puis de faire un point sur le niveau d’intérêt et d’implication potentiel des acteurs ayant répondu à

l’enquête. Les résultats ainsi que leur analyse sont disponibles pages 18-19.

Echanges et propositions autour de la BdS en Occitanie

A la suite de ces exposés, des discussions ont porté sur les différentes expériences de chacun en termes

de recherches collaboratives, sur les pistes de financements et sur le nom que l’on souhaitait utiliser

pour remplacer le terme de «  boutique  », considéré comme inadapté. Une première tentative

d’identification des degrés d’implication possibles des personnes présentes, dans une future BdS à

Montpellier, a été conduite, mais ses résultats ne sont pas pertinents  : il était encore trop tôt, et de

plus pour un public disparate, de se positionner clairement sur des rôles ou formes d’engagements

dans une BdS.

III] Synthèse des contenus de l’atelier de présentation et analyse des

résultats de l’enquête.

Environ 75 personnes ont assisté à la première session et environ 50 à la deuxième. Les participants

étaient majoritairement issus du monde de la recherche et de la formation, mais des acteurs du

monde associatif étaient également présents.

1) Synthèse du fonctionnement des BdS exposés pendant la 1ère session

Il s’agit ici de synthétiser le fonctionnement, les spécificités et points communs des différentes BdS

présentées en première session, afin d’en extraire des éléments de réflexions pour le montage de la

BdS en Occitanie.

Fonctionnement de la BdS Nord de France :

A Lille les demandes ou questions des associations sont recueillies par un dépôt en ligne, par mail ou

par rencontre. Un Conseil d’orientation stratégique hiérarchise les demandes recueillies. Puis les sujets

sélectionnés, souvent assez vagues, sont précisés au cours de 2 ou 3 réunions dans les bureaux de la

BdS, entre le Conseil d’Orientation Stratégique et la structure demandeuse.

Ce Conseil d’Orientation Stratégique (COS) est constitué d’une quinzaine de personnes, dont une

moitié de chercheurs, « experts  » bénévoles dans différents domaines, d’un représentant de la CSTI de

Lille, d’un représentant de la Comue (qui est le salarié de la BdS à mi-temps), d’un représentant de la

MESHS (institution qui met à disposition les locaux), et de 2 ou 3 représentants du monde associatif.

Sa composition est en fait assez variable selon les disponibilités et l’intérêt de chacun à participer à la

reformulation des questions ou sujets, mais les chercheurs y constituent néanmoins un noyau assez

stable.

Il s’agit aussi pendant les réunions qui suivent le travail de sélection du COS, d’expliquer à l’association

demandeuse quel type et quel volume de travail il est possible de réaliser en prenant pour référence

la durée d’un stage de master 2. Un enseignant-chercheur pertinent est ensuite identifié comme tuteur,

et un étudiant est ensuite recruté par cet enseignant ou par une annonce sur la plateforme des stages

de l’université. Les enseignants-chercheurs, bien que souvent occupés, sont intéressés par la

démarche.

La convention de stage se fait alors entre la BdS, l'association demandeuse et le tuteur enseignant. Les

projets de recherche coutent environ 5-6000€, et sont financés par la BdS, qui assure donc à la fois le

financement et le lien avec le monde de la recherche.

Le stage commence en février et est encadré par la BdS tout au long du processus, puis l’étudiant

présente ses résultats par oral et écrit à l’association demandeuse qui les valide. Un rapport de forme

académique est ensuite présenté en septembre, et mis en ligne sur la page de la boutique de Lille34.

En termes de point faibles la BdS de Lille fait face à des financements limités malgré un intérêt

important des chercheurs et des étudiants, ou même de certains praticiens, collectivités ou bailleurs

sociaux dont les demandes sont refusées faute de moyens. Ainsi, seuls 4 projets ont été menés depuis

le lancement de cette BdS.

34 cue-lillenorddefrance.fr/?q=culture-patrimoine-societe/boutique-des-sciences

Sa force principale réside dans l’attention qu’elle porte à la phase préliminaire de reformulation de la

demande entre le bureau de la BdS et l’association demandeuse, ce qui fait que de nombreuses

associations sont intéressées, plus d’ailleurs que ce que la structure peut traiter, alors que la boutique

ne fait pas de publicité. Cette BdS envisage cependant de former d’autres acteurs pour constituer un

réseau de relais physique au sein du territoire (médiathèque, autres associations) afin qu’ils puissent

informer de l’existence du dispositif et relayer des demandes vers la BdS. Une volonté existe également

de mettre à profit les activités en enseignement supérieur ou en expertise qui occupent maintenant

les 20% du temps des doctorants. Elargir la base de chercheurs impliqués et stabiliser les membres du

Conseil Scientifique d’Orientation est fortement souhaité par les membres de la BdS. Cette stabilité des

engagements est au moins aussi importante que celle des financements, pour garantir la pérennité du

dispositif.

Fonctionnement de la BdS de Lyon  :

A Lyon, la collecte des demandes se fait par le même biais, avec cependant une plus grande difficulté

à trouver des associations intéressées. Cette difficulté est peut-être due à la forte intrication de la BdS

dans l’environnement universitaire, mais peut-être également liée au nombre très limité de projets

financièrement réalisables, qui entraîne peut-être un épuisement des demandes associatives. Une

stratégie de communication paraît nécessaire mais n’est cependant que peu efficace pour faire

émerger les demandes de partenariats de la part des associations. Les associations rurales sont

néanmoins bien représentées dans les structures demandeuses, ce qui est la preuve d’une certaine

visibilité de la BdS malgré son ancrage institutionnel très marqué.

Les demandes sont généralement recueillies jusqu’en juillet pour un traitement l’année suivante. Ici

c’est un Conseil Scientifique de la BdS qui reformule et hiérarchise les demandes recueillies. Il implique

des personnes du milieu universitaire, et réunit environ 10 personnes en septembre pour étudier et

préciser les demandes déjà un peu mises en forme et sélectionnées pendant l’année scolaire

précédente.

Ce conseil scientifique identifie les formations de Master et les stagiaires qui pourraient y répondre, à

travers une ou des offres de stage rédigées par la BdS. Le recrutement des étudiants se fait donc entre

septembre et décembre, puis une rencontre par projet a lieu entre associations, étudiants et tuteurs

de stage au début du stage en février, pour confirmer la forme de la question reformulée par le conseil

scientifique.

Les étudiants effectuent ensuite leurs stages dans les locaux des associations, encadrés par leurs

tuteurs associatifs respectifs, leur tuteur académique et un encadrant de la Boutique des Sciences.

Trois formations réparties au cours des stages permettent de rassembler les étudiants qui effectuent

des stages au sein de la BdS pour leur permettre d’échanger sur leurs stages, d’approfondir leurs

connaissances sur la recherche participative, et de se former à l’échange avec les associations

(communication et forme des rendus oraux et écrits).

Les stagiaires sont ainsi encadrés par un tuteur associatif, un tuteur académique et un tuteur de la BdS,

et sont payés par la BdS, ce qui facilite la réalisation des projets. Les synthèses vulgarisées sont ensuite

présentées lors de restitutions publiques, et le rapport vulgarisé est également postée sur le site de la

Boutique des Sciences de Lyon35.

Les restitutions publiques ont du succès, preuve que le rendu intéresse à la fois les acteurs demandeurs

mais aussi le reste de la société civile, et les étudiants sont très satisfaits de ces stages, qui les forment

au dialogue recherche-société civile, et à l’interdisciplinarité ; qui leur donne aussi le sentiment d’être

35 boutiquedessciences.universite-lyon.fr

utiles. Un point fort de cette boutique des Sciences c’est son financement pérenne et conséquent

(financement Idex), qui lui permet de disposer de deux salariés à mi-temps et de financer les salaires

des stagiaires. La BdS de Lyon cherche maintenant à consolider ses liens avec les autres activités du

service qui l’héberge au sein de l’université, avec par exemple des consultations citoyennes, et souhaite

comme Lille inclure davantage les étudiants en doctorat.

Depuis son démarrage officiel en 2013 et grâce à une importante reconnaissance institutionnelle, la

BdS de Lyon a encadré 37 projets, et a élargi le modèle « classique » basé sur un stage de 6 mois d’un

étudiant en master 2 à des projets tutorés insérés dans le cursus, ou des «  challenges  » faisant

intervenir un grand nombre d’étudiants pendant 48h autour d’un problème soulevé par une

association. Une logique pédagogique forte est donc à l’œuvre dans cette boutique très intégrée au

fonctionnement de l’université. Cette force est aussi une faiblesse liée aux décalages entre calendriers

(scolaire / exigences des acteurs du terrain). Cette BdS essaie d’y remédier par une diversification des

méthodes d’intervention, en réalisant par exemple un « hackaton » ponctuel rassemblant un grand

nombre d’étudiants pendant quelques jours sur une question de la société civile et pour des projets

plus courts, ou en proposant des projet tutorés insérés dans le cursus des étudiants.

Points communs, divergences et éléments de réflexions  :

Ces deux BdS ont en commun de s’être dotées d’une charte rapidement après leur création qui, bien

que non contractuelle, permet de préciser les termes de la coopération entre structure qui fait une

demande, enseignant-chercheurs et étudiants.

Ces deux BdS cherchent également aujourd’hui à diversifier et accroître le nombre d’enseignants

chercheurs impliqués dans le dispositif car elles sont toutes deux plus ou moins restées sur la base des

chercheurs initialement intéressés par le projet.

Le stage M2 de 6 mois de février à juillet est également une contrainte commune, qui fait que les

étudiants et les associations, bien que satisfaits, ont parfois un sentiment d’inachevé, auquel pourrait

par exemple répondre un suivi post-recherche sur les impacts de la coopération.

Dans la même optique, elles se posent la question du dépassement de la logique opérationnelle autour

de «  micro-projets  ». Ce dépassement est souhaité à Lyon, afin de pouvoir élargir l’utilisation des

résultats de la recherche sur d’autres territoires et auprès d’autres organisations, ce qui est envisagé

d’ici quelques années. Bertrand Bocquet de la BdS de Lille souhaite aussi accumuler un certain nombre

d'expériences pour monter en généralité, et travailler sur la notion de recherche participative, mais

précise cependant que la BDS n'est pas le seul dispositif intéressant, et qu’il existe d'autres possibilités

pour poursuivre le travail engagé sans que la BdS ait vocation à tout centraliser.

Ces deux exemples montrent également l’importance d’une reconnaissance institutionnelle locale de

la BdS, qui reste la porte d’entrée pour accéder à des financements pérennes, autorisant le

financement autonome des projets de recherche. Il est cependant impossible de se mettre

complètement à l’abri des aléas politiques, et la stratégie visée par BEDE et ses partenaires et de

diversifier au plus possible les sources de financements de la BdS en Occitanie.

Ces deux BdS sont en réalité relativement similaires dans leur fonctionnement par rapport à la diversité

au niveau européen, et le quatuor demandeur/stagiaire M2/tuteur académique/tuteur BdS donne

l’impression que l’on a finalement affaire à des plateformes d’offres de stages, donc à des dispositifs

assez orientés vers la formation des étudiants. Contrairement à la vision des initiateurs de la BdS en

Occitanie, l’accent est au final peu mis sur les interactions entre chercheurs et associations,

(notamment une faible attention semble donnée à la découverte et à la compréhension du terrain de

travail des associations par le monde de la recherche). Comme nous le développerons plus loin, les

étudiants peuvent dans ce contexte à la fois être le lien entre monde associatif et monde de la

recherche, mais risquent également d’être une barrière entre ces deux mondes qui n’échangent pas si

facilement.

Tableau 1  : Comparaison des différentes Boutiques des Sciences françaises

ENS Cachan Echop’a science Boutique des Boutiques des Boutique des Sciences en

(Grenoble) Sciences Nord de Sciences de Lyon Occitanie ?

France

Types de stage et  ? stage M2 De L1 à M2 M2 préféré De L1 à M2 Doctorants ?

d’étudiants probablement

Types de Etudes biblio De 1 à 8 mois, biblio et 6 mois, biblio et Biblio ou terrain  : 6 3 ans ? Objectif de

production et de terrain terrain (enquête) mois + autres formes publication ?

retour moins « BdS  »

Nombre d’études 2 études en 3 6 études en 2 ans 4 en 2 ans 37 en 5 ans Deux projets pilotes en

réalisées et durée ans 2018-2019 ?

de

fonctionnement

Acteurs Etudiants, peu Bureau, Référent Conseil Scientifique Conseil Scientifique A définir, importance des

« internes  » d’informations boutique, Référent et d'Orientation constitué acteurs associatifs

faisant scientifique, Encadrant. constitué de d’universitaire,

fonctionner et Chercheurs et de la tuteur associatif,

interagir la BdS Société civile tuteur académique,

tuteur BdS.

Origine des  ? Complémentarité COMUE  : ½ salarié Très intégré dans la Envisagé  : Région, MSH

financements Europe (Perrares) et MESHS (≈MSH)  : COMUE (service pour locaux, Métropole,

région (appel locaux médiation), Idex pour Agropolis Fondation,

Université citoyenne et Région  : 4 ans. Au début Fondation de France,

solidaire) Financements financements iSite Muse ?

Européens et

Université de Lyon

(PALSE)

Thématiques Toutes, mais Toutes (fourneau à Toutes (recherche Toutes (beaucoup) Agriculture voire juste

abordées les études bois, techniques de sur la BdS, agrobiodiversité dans un

réalisées ont construction, compost, immigration et premier temps, puis

porté sur la potager urbain, engagement élargissement à la santé

biodiversité, précarité et secteur de associatif, trame et l’alimentation à

et les OGM la connaissance, verte et bleue, l’avenir.

demande sociale en coopération

histoire) associative

internationale)

Date et initiateurs 2005 par des 2011 par l’association Fonctionne depuis 2013, suite à une BEDE et MSH-SUD en

de la BdS étudiants, à Adreca  : Association 2015, suite à initiative du directeur 2017, en cours de

l’arrêt depuis pour le développement l’initiative d’un de la COMUE en montage

2008 d’une recherche groupe de 2010

citoyenne et active, à chercheurs au sein

l’arrêt depuis 2013 d’un labo en 2012

Lien vers charte 36 Site non fonctionnel 38 Cf annexe ii « Charte de bonne

mais charte conduite  » du Réseau

accessible37 Semences Paysannes ?39

36 http://boutiquedessciences.free.fr/pmwiki/uploads/Main/charte_bds_cachan_2004_04_15.pdf

37 https://adrecacontrevent.files.wordpress.com/2014/07/echopascience_rapportqualitatif_2012.pdf

page 24 pour le fonctionnement, page 29 pour la charte.

38 http://www.cue-lillenorddefrance.fr/sites/default/files/charte_bds_ndf.pdf

39 http://www.semencespaysannes.org/bdf/docs/spsynth6mai.pdf

2) Enjeux et stratégie de l’association BEDE

Il serait abusif de parler de «  la vision de la BdS que porte BEDE  », car ses membres se posent encore

entre eux la question de savoir comment se positionner par rapport à ce projet. Leur vision est donc

plurielle et évolutive. Il s’agit donc ici de synthétiser et d’analyser la vision actuellement à l’œuvre dans

cette association, sous réserve d’évolutions ultérieures, pour orienter les discussions de l’atelier et pour

défendre l’idée d’une gouvernance associative qui ferait la particularité de la BdS en Occitanie.

Bob Brac de la Perrière, coordinateur salarié de BEDE n’a donc pas présenté une expérience de BdS,

mais a présenté la position de l’association dans ce projet, par rapport aux différents risques perçus.

Risques perçus par l’association

Un des risques est de fonder une BdS dont les membres associatifs n’ont pas une vision claire, ou

n’arrivent pas à organiser leurs besoins autour d’un fonctionnement détaillé. Un second risque c’est

que les chercheurs et/ou les bailleurs orientent le pilotage du dispositif vers des méthodologies de co-

construction qui ne soient pas suffisamment à l’écoute des besoins des acteurs de la société civile. Les

programmes de recherche risquant alors de s’orienter vers une recherche conventionnelle pseudo-

participative, incompatible avec la vision de la recherche que porte BEDE. Ce risque d’une implication

décroissante des membres associatifs est donc étroitement lié avec celui d’une certaine méfiance vis-

à-vis de l’implication d’organisations qui pourraient ne pas être en phase avec le projet de la BdS selon

BEDE.

Positionnement de BEDE

Afin d’avoir certaines garanties sur l’implication et les valeurs des différents partenaires, BEDE souhaite

dans une certaine proportion choisir les participants qui seront conviés aux ateliers scénarios, donc

identifier des associations et chercheurs qui ont déjà eu des partenariats avec BEDE ou autres membres

du RSP. Cela offrira de plus une certaine unité sur les valeurs fondamentales du dispositif, unité

nécessaire pour s’entendre autour du projet commun qui sera posé pendant l’atelier scénario.

Pour se prémunir d’une dérive potentielle de la BdS vers un fonctionnement déconnecté des besoins

du terrain, BEDE propose également à ses partenaires potentiels un pilote de la BdS. Ce pilote (annexe

viii) reste évidemment à discuter. Il permettra néanmoins d’expliquer aux partenaires potentiels, et

notamment aux bailleurs, que cette BdS cherche à mettre en place un modèle de recherches

collaboratives, différent des modèles habituels de recherches participatives. Il s’agit cependant de

financer de manière durable ce dispositif et les projets de recherches qui seront conduits à travers lui,

et BEDE a donc répondu à divers appels d’offres, auprès de fondations telles que la Fondation de France

ou encore la Fondation Agropolis, qui annoncent vouloir favoriser le développement d’une recherche

en lien avec la société civile. Des discussions sont également en cours avec la Région Occitanie pour

capter des financements complémentaires de moindre ampleur. Un appel à projet de type CSTI a été

envoyé, la réponse a cependant été négative.

L’atelier scénario, et la réflexion collective qu’il permet sur le fonctionnement de la BdS, a aussi pour

rôle d’après BEDE de compléter les attentes identifiées pendant les Labo Hors Murs sur

l’agrobiodiversité. BEDE ayant déjà une certaine connaissance de la recherche collaborative, il ne s’agit

pas de suivre à la lettre le modèle de BdS développé ailleurs en France ou en Europe, mais de s’en

inspirer voire de le faire évoluer car les valeurs fondamentales portées par les BdS correspondent à

celles portées par BEDE. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la méthodologie adaptable utilisée pour le

montage des BdS, qui permet de construire des structures en phase avec les besoins des porteurs et

des territoires.

Pour résumer, il est donc considéré comme capital - sans que BEDE soit l’entité aux commandes du

dispositif - qu’un portage des projets par la société civile soit garanti, afin que la boutique des sciences

sécurise l’interaction, et que les associations soient sûres de pouvoir s’exprimer et que leurs avis soient

effectivement pris en compte. Ainsi, il s’agit de trouver des partenaires convaincus par le projet et ses

valeurs, avec lesquels la forme de la BdS puisse être débattue. C’est avec eux qu’il faudra composer au

sein du ou des bureaux/conseils/commissions, qui seront décidés et dont les membres seront désignés

pendant les ateliers scénarios.

3) Analyse des résultats de l’enquête

Du côté des organisations de la société civile, avec 28 réponses représentant 21 associations, 1 SARL,

et 2 SCOP, (plusieurs répondants par organisation) les profils des intéressés sont liés à l’agriculture, à

la préservation de l’environnement ainsi qu’à la formation/éducation. 17 répondants signalent un

intérêt certain à court ou moyen terme pour ce projet, cependant même pour les mieux dotés le

manque de financement est un facteur limitant de leur investissement dans la conduite de recherches

portées grâce à ce dispositif.

Eléments limitants pour le développement des activités

des 17 associations intéressées (plusieures réponses possibles)

Plus de ressources (financières, personnel, Plus d’expertise scientifique de la part de Plus de connaissances techniques

temps) membres de la structure extérieures

Pour les thèmes d’activités, l’agriculture, la formation et la défense de l’environnement dominent  :

Quel sont les domaines qui correspondent

le plus à l'activité de votre structure?

Défense de l'environnement

26%

Agriculture

37%

Action Santé

5%

Défense des droits et des

causes

5%

Formation et éducation

Action sociale

18%

Culture

7%

2%

En termes de thèmes des projets de recherche, très peu de ces acteurs font allusion aux thématiques

de la santé et de l'alimentation. Soulignons également que pour certains la BdS est également perçue

comme un partenaire de formation.

Ils évoquent en effet à peu près tous l’agriculture, avec des questions ciblant des problèmes précis :

  • Comment nommer Les semences paysannes pour qu’elles restent un bien commun?

-Comment utiliser/valoriser l’urine humaine sur spiruline, vigne ou bioponie

  • Vérifier Les effets du BRF de pin sur la croissance des plantes et la vie du sol

-Comment développer un verger sec méditerranéen pour l’agroécologie

  • Projet pilote agroécologique

-Comment évaluer l’impact des pratiques agricoles sur les nappes phréatiques

  • Faire une typologie des consommateurs en boutiques paysannes et marchés

-Faire une typologie des participants au mois de l’agroécologie (septembre 2017)

Mais quelques-uns proposent aussi des thèmes plus généraux:

  • Transition agroécologique en zone inondable
  • Programme pluridisciplinaire en agroécologie et agroforesterie
  • Etude des Complémentarités Biodiversité et Potager

Du côté des chercheurs, 38 ont répondu (sur plus d’une centaine de personnes contactées)  : ils sont

issus de champs disciplinaires très variés, avec cependant une majorité de chercheurs issus des

sciences humaines et sociales (SHS)  :

Disciplines des chercheurs interrogés

Science de l’éducation

5% Sciences biologiques

16%

Economie

14%

Sciences physiques et

mathématiques

14%

Agronomie

5%

Sciences de la santé

3%

SHS

43%

Il s’agit peut-être ici d’un biais lié à l’accès limité aux adresses de tous les chercheurs universitaires

montpelliérains (l’université de Montpellier qui comporte le plus d’enseignants-chercheurs en sciences

du vivant en particulier, nous était presque inaccessible). De plus, le temps très court et la période

estivale n’ont pas joué en notre faveur dans l’exhaustivité des réponses

A l’exception d’un seul chercheur, tous se sont dits intéressés ou très intéressés par ce projet de BdS,

Ils s'interrogent cependant sur le terme de "boutique" et préfèrent plutôt celui d'"atelier". Ils

soulignent également une évolution en cours des financements de projets de recherches participatives,

vers plus d’injonctions aux interactions du monde de la recherche avec la société civile.

On constate aussi que ces répondants ont déjà une certaine familiarité du monde des associations à

Montpellier car de nombreuses organisations ont déjà travaillé avec eux sur des projets de recherche,

ce qui a permis à plusieurs d’entre elles d’avoir déjà réfléchi aux difficultés, notamment financières,

exigées par la coordination d’un projet avec des chercheurs.

4) Synthèse et leçons à tirer des discussions

Les discussions ont ainsi principalement pris place pendant la deuxième session de l’atelier. Très

dynamiques, elles ont montré un niveau d’intérêt élevé des participants.

Orientation des thématiques

La question de l’orientation des projets de recherche vers les thématiques de la santé, envisagée dans

un premier temps, a été abandonnée suite au trop faible nombre de réponses et de personnes

présentes dans ce domaine de compétences lors de cet atelier, malgré un pôle santé important sur

Montpellier. Les chercheurs et les associations de ce domaine ont été difficiles à cibler, par manque de

connaissance du milieu médical par l’association BEDE et par les personnes-ressources du stage. Il s’agit

cependant d’une communauté qui pourrait être intéressée à terme, et qui a déjà développé ses propres

outils participatifs autour desquels il serait intéressant d’échanger. La BdS en Occitanie n’est donc pas

définitivement fermée à cette thématique, un élargissement des sujets de recherche est toujours

possible à l’avenir.

Cependant la phase de construction de la BdS et de définition/sélection de projets pilotes sera conduite

avec une majorité d’acteurs déjà connus des porteurs de la BdS, lesquels n’ont d’ailleurs pas tous pu

participer à l’atelier. Il s’est ainsi avéré difficile de toucher toutes les associations et tous les chercheurs

pour l’enquête initiale malgré des listes de destinataires déjà très larges (la trop courte période

disponible pour la réalisation de l’enquête/invitation, et la période estivale pendant laquelle elle a été

menée ont sans doute joué en défaveur de l’enquête et de la participation à l’atelier). Pendant les

discussions de cette seconde session, une question a dominé  : « Comment on communique (pour et

dans le cadre de la future BdS) ?  », c’est à dire à travers quels outils et dans quels lieux physiques (ou

en ligne). Elle est apparue importante car elle oriente dès le départ les publics ciblés.

Importance de l’étudiant

Le rôle de l’étudiant (master ou doctorant) a été souligné à plusieurs reprises, car en tant

qu’intermédiaire entre le monde de la recherche et les associations, c’est lui qui est chargé d’échanger

avec les associations pour qu’elles s’approprient et appliquent le protocole co-constuit, et pour qu’elles

puissent se former et développer leur propre vision de la méthode scientifique. Ainsi, pour faire de la

recherche auprès de paysans, il est important que l'étudiant ait un minimum de formation et que

l'agriculteur n'ait pas à l' « encadrer  ». Le choix de l’étudiant est donc crucial pour les associations, qui

devront avoir leur mot à dire lors de la phase de recrutement d’un « chargé d’étude  ».

On peut alors souligner l’absence quasi-totale d’étudiants autres que le stagiaire dans ces sessions et

dans la réflexion sur la création de cette BdS. Une attention particulière devra y être portée si l’on

souhaite les impliquer, qu’ils soient ingénieurs, master 2 ou doctorants. Cette association des étudiants

dans la création de la BdS pose également la question du type d’étudiant qui participera au projet de

la BdS, les stages courts termes de M2 étant jugé par BEDE comme trop limités.

Rappel des initiatives déjà existantes en recherche collaborative

Certains collectifs du RSP ayant plusieurs expériences de projets de recherche, ils ont déjà rédigé des

chartes autour de la recherche participative. La prise en compte de ces documents sera ainsi essentielle

au cours de la construction de la BdS Occitanie.

La « Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault  » représentée lors de cet atelier a rappelé

qu’elle a toujours fonctionné (depuis environ 150 ans) comme une BDS, en synergie avec la fac de

pharmacie, cependant à destination exclusive de ses adhérents. Cette société dispose d’un site où sont

publiés en accès libre des travaux40 . D’une manière plus générale, elle nous permet de comprendre que

les sociétés savantes sont des acteurs stratégiques, dont l’importance n’avait pas été identifiée lors des

premières réflexions. Du fait de leur expérience en matière de recherches collaboratives ces acteurs

méritent d’être mobilisés dans la co-construction de la BdS Occitanie.

La question de la différence entre les BdS et différents programmes de recherches collaboratives tels

que les PSDR et les PICRI (cf p.9) a également été posée. Bien qu’ils semblent assez proches de l’objectif

de co-construction des méthodes de recherches portés par les BdS, ils ne sont pas considérés par tous

comme des dispositifs mettant en place de véritables méthodologies de co-construction de la

recherche en lien avec la complexité de la demande associative. Il ne s’agit cependant pas de les

évacuer mais de s’inspirer avec prudence de ces modèles dont les dimensions innovantes ont été

soulignées par ailleurs.

Prise en compte de l’expression de la société civile au sein de la BdS.

Un paysan ne pourra pas porter seul une demande de recherche. Il a donc été souligné que rejoindre

une association ou un collectif était non seulement facile mais également important par exemple

autour des réflexions et pratiques sur les semences.

Le souhait de parité entre membres de la société civile et autres membres de la BdS a été exprimé par

Bob Brac de la Perrière (BEDE), qui a souligné le risque d’une dérive du fonctionnement vers des

logiques trop institutionnelles, dont la société civile risque d'être exclue. Il insiste donc sur l’importance

que ce dispositif soit animé ou porté par une association, en précisant que l’objectif de BEDE n’est pas

de centraliser toutes les recherches participatives de Montpellier mais bien d’accompagner celles qui

entrent dans son champ de compétences  !

Co-légitimité du partenariat chercheurs/associations

La visibilité et la légitimité sont également recherchées par les associations qui souhaitent collaborer

avec les chercheurs qui ont les mêmes préoccupations qu’elles. La BdS cherche donc à développer une

reconnaissance de la société civile notamment vis-à-vis des financeurs de la recherche. Il s’agit pour les

membres des associations qui s’engageront de faire reconnaitre leur propre travail de recherche,

d’accéder à des financements au même titre que les organismes de recherche, permettant de garantir

une rémunération compensatoire du temps passé pour la recherche (temps de réunions,

d’encadrement, de valorisation - séminaires, forums etc-). Il s’agit donc de reprendre un mécanisme

déjà formalisé par le RSP (Réseau Semences Paysannes)  : c’est là un principe éthique partagé par tous

ceux qui se sont investis dans l'émergence d'une BDS Occitanie. Cette question du financement et donc

de la valeur du temps de recherche et des connaissances coproduites est un élément essentiel à penser

ensemble.

De façon complémentaire les chercheurs ont également fait remarquer que pour eux aussi la

collaboration avec la société civile au sein d’une BdS reconnue, pouvait être source d’une meilleure

légitimité, notamment pour accéder à des financements qui exigent des partenariats recherche-société

40 s2hnh.org, avec par exemple des travaux sur la mouche de l’olivier

civile et pour mieux valoriser leurs engagements auprès d’associations pour co-produire des

connaissances avec elles. Cette légitimité est cependant à nuancer avec le fait qu’une partie

relativement importante du monde de la recherche déconsidère encore ce type de partenariat,

estimant qu’ils aboutissent à des résultats de moins grande qualité scientifique, difficilement

valorisables en publications. On a même affaire parfois à une critique de ce type de partenariat comme

preuve d’un manque d’imagination des scientifiques qui vont chercher leurs questionnements auprès

de la société civile.

Financement

Financements et impacts de la recherche ont été très liés dans les discussions, nous les rapportons ici

de façon séparés pour la clarté du propos.

En terme de financement, il est tout d’abord nécessaire de différentier les moyens attribués aux projets

de recherches (salaires du ou des opérateurs, frais de transport, équipements…) et les moyens

attribués à la BDS elle-même (salaire de l’animateur qui s’occupe de la logistique et des échanges,

bureau, salle de réunion…). Une réponse à appel à projet de la Fondation de France a été proposée

pour le financement de projets et d’une partie du coût de fonctionnement de la future BdS. Pour

compléter la prise en charge de ces coûts structurels, la stratégie visée par BEDE et la MSH est de capter

des financements pérennes de la part de la Région et de la Métropole. Le réseau européen des

boutiques des sciences Living Knowledge est également en train de chercher des pistes pour favoriser

à l'échelle européenne un appui financier direct des COMUE aux BdS, sur le modèle de Lyon. Il faut

rappeler que la MHS-SUD fait partie de la COMUE de Montpellier, mais disposant de peu de moyens

financier elle est prête à mettre gratuitement des bureaux à disposition de la future BdS Occitanie.

Concernant d’autres pistes de financements davantage axées sur la prise en charge des projets

thématiques que porterait la BdS, il a été souligné que de plus en plus d’appels à projets (ceux de la

Fondation de France, ou de la Fondation Agropolis notamment)cherchent à intégrer des collectifs

régionaux auprès des chercheurs. Dans ce sens, la Coordination européenne des Semences

Paysannes ("Libérons la diversité Europe") qui effectue une veille sur ce type d’appel à projets est une

base arrière pertinente. De plus, au niveau européen les financements FEADER (Fond européen

agricole pour le développement rural, faisant partie de la PAC) permettent de financer des stages de

type PEI à Supagro, il serait intéressant d’explorer de quelle façon ils pourraient être utilisés par la BdS.

L’idée d’une intégration dans l'iSite MUSE ou dans les EUR (Ecoles Universitaires de Recherche) a

également émergé pendant les discussions, BEDE et la MSH n’y sont pas opposés et sont en train

d’étudier cette possibilité qui n’avait pas encore été envisagée.

Le modèle promu par la BdS est donc celui de projets de recherches partant des praticiens, pour

lesquels un collectif chercheurs-société civile cherche des financements à travers le dispositif reconnu

au sein de la MSH. La possibilité de fonctionner dans l’autre sens, c’est-à-dire dans une logique de

réponses à des appels à projet portées par des scientifiques, sur des thèmes spécifiques et certes

négociés en partie entre les uns et les autres, a également été évoquée. Cependant ce modèle existe

déjà, BEDE comme le RSP en ont une bonne expérience (BEDE est actuellement partenaire avec le RSP

du projet COEX porté par le CIRAD principalement et financé par la Agropolis Fondation) ; il s’agit avec

la BdS de partir des initiatives du terrain plutôt que de se «  rajouter  » comme partenaires sur de gros

projets dont la gestion et les enjeux finaux comme les résultats échappent encore à la société civile.

L’objectif de non-marchandisation des résultats de la recherche, un des critères d’acceptabilité de la

demande historique pour les Boutique des Science, a également été discuté. Aujourd’hui ce critère

est variable selon les boutiques des sciences en France. Il a été précisé que sur des problématiques

agricoles, les associations et les paysans évoluent dans un cadre de rentabilité de leurs activités, mais

la BdS se place cependant dans une logique différente de celle d’un bureau d'études, car le

«  produit  » n’est pas l’expertise du chercheur, mais à la fois les résultats et la démarche d’échange et

de co-construction entre les chercheurs et les associations. C’est un des points qu’il sera nécessaire

d’éclaircir lors de la formalisation de la BdS en Occitanie.

Pour finir, le financement des recherches portées par des associations ou dispositifs type BDS repose

toujours sur de longues négociations, et la diversité des sources de financements (région, recherche,

fondations privée…) est importante afin de garantir une certaine pérennité et une impartialité

nécessaire du dispositif comme des résultats des recherches.

Impact ou utilité de la recherche ?

En lien donc avec la question des financements, la question de «  l’impact  » et de l’utilité de la recherche

a constitué un point central des discussions en seconde session de l’atelier. Des situations négatives

ont été décrites, de projets de recherche «  participatifs  » où les chercheurs et étudiants ne reviennent

pas auprès des paysans qu'ils ont mobilisés, ou qui produisent des connaissances dans un langage qui

n'est pas partagé. La BdS s’engagerait à modifier ces pratiques, ce qui suppose un engagement initial

des chercheurs et des étudiants à changer leurs habitudes académiques, en systématisant les

restitutions locales et la co-construction d’un langage commun, qui permettrait une innovation sur les

concepts utilisés par chacun.

La question de l’impact est stratégique. Mais la notion elle-même pourrait porter à confusion dans la

mesure où certains organismes de recherche, tels que l’INRA, l’utilisent déjà pour décrire ou évaluer

«  l’impact  » non d’une recherche mais d’une publication  : cet impact est mesuré avec un certain

nombre de critères notamment le nombre de fois où elle est citée, renvoyant a priori à la fréquence

d’utilisation et à l’étendue de la diffusion des résultats. Pour une BdS, il ne s’agit pas de mener une

simple « vulgarisation  » des résultats, terme potentiellement dévalorisant et également sujet à débat.

L’objectif porté par les différents participants est bien de conduire tout un processus de production

d'un langage commun avec co-validation des résultats de la recherche selon des critères co-construits,

qui implicitement renvoient à des impacts. Ainsi, au terme du projet de recherche, les résultats doivent

être compréhensibles et de qualité pour tous sans être moins bons que les résultats issus d’une

recherche « conventionnelle  ». Cet objectif ambitieux nécessite donc un apprentissage réciproque, car

chacun doit prendre l'habitude de travailler avec l'autre et comprendre ses exigences et critères ou

normes d’action.

En ce sens l’articulation entre les intérêts du chercheur, de l'association, de l’étudiant voire même du

salarié de l'association, doit être mûrement réfléchie. Car si tous les acteurs ne sont pas intéressés et

engagés par tout le processus et par les résultats de la recherche, il est à craindre que l'utilité du temps

investi soit considérée comme faible voire nulle. Or la compréhension d’un autre point de vue visant

à développer un langage commun exige une motivation et une disponibilité importantes, incompatibles

avec un désintérêt vis-à-vis du projet de recherche. Il est donc important que les associations

s’approprient aussi la démarche, laquelle peut amener des réflexions innovantes tant pour le projet de

recherche lui-même que pour le fonctionnement et les objectifs de l’association. L’exemple a été donné

d’une association qui vient en appui technique aux collectivités sur la « Trame verte et bleue  », sur un

projet de recherche qui cherchait à évaluer l’appropriation de ce concept de « Trame verte et bleu  » et

l’acceptation ou le rejet des aménagements par les acteurs locaux, habitants et jardiniers. L’étude ayant

montré que ces acteurs locaux ne connaissaient quasiment pas le concept, il a été conseillé à

l’association de développer ou de réorienter ses objectifs afin de faire d’abord connaitre le dispositif et

les aménagements au public cible comme première étape vers l’objectif d’appropriation.

Dans l’autre sens, le monde de la recherche doit également comprendre la vision des praticiens, et

accepter de se familiariser avec des visions du monde et du vivant parfois plus sensibles que

« scientifiquement rationnelles  ».

L’idée a aussi été évoquée de se mettre en lien avec des équipes professionnelles de la valorisation de

la recherche, et de passer par ces services pour rendre plus vite accessibles les résultats de la recherche

co-construite au plus grand nombre. La responsabilité de la BdS vis-à-vis de la diffusion de ces résultats

est ici évidente, c’est pourquoi il est envisagé d'évaluer systématiquement les impacts et enjeux

multiples des recherches menées au sein de la BdS : changements des visions de la recherche, utilité

sociale, environnementale, politique, etc...

Quelle dimension réellement régionale pour une structure basée à Montpellier ?

Le fait que la BdS soit portée par BEDE et dispose d’un espace à la MSH, qu’elle soit de ce fait fortement

implantée à Montpellier pose la question de l’ambition régionale du dispositif. A travers les différents

réseaux et contacts des porteurs du projet de BdS ainsi qu’à travers des étapes événementielles telles

que les Assises Sciences Société, l’objectif est d’atteindre cette échelle régionale dès les premiers

projets, dans l’optique d’accéder à un plus grand nombre de financements. Un pôle à Toulouse est jugé

nécessaire, et c’est dans cette optique qu’un représentant du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse

s’est déclaré d’emblée intéressé par un partenariat. Il s’agit maintenant d’évaluer si ce genre de

structure est bien un relai interdisciplinaire et neutre qui pourrait participer activement à la BdS

Occitanie. A Toulouse également Laurent Hazard, chercheur INRA, partageant les valeurs portées par

BEDE et par le projet BdS, constituerait un relai pertinent pour construire cette dimension régionale.

Enfin, le collectif Agroécologie (collectif-agroecologie.fr) semble également être un partenaire

potentiel dans cette ville.

Autres rôles de la BdS

Quelques interventions ont également mis sur la table la question des autres rôles potentiels de la BdS,

avec par exemple une proposition de construire, tester et formaliser d'autres modes d'interactions

entre société civile et monde de la recherche, ou encore une proposition de créer un «  label  » BdS, qui

certifierait différents projets comme réellement collaboratifs et qui ferait prendre conscience et

connaitre les sciences citoyennes.

La taxonomie

Le changement de nom du dispositif a été considéré comme impératif afin d’enlever la notion

marchande, et pour mieux définir ses contours et ses fonctions possibles, au-delà de transmettre des

demandes des OSC aux chercheurs. « Atelier  » et «  Passerelle  » ont été proposés comme alternatives.

Une façon de réfléchir à cette question est de discuter collectivement autour d’une grille

«  lieu/action/sujet  »  :

Lieu/dispositif  : Boutique, Fabrique, Atelier, Passerelle, laboratoire hors murs, interface…

Action  : Production, co-construction, collaboration, coopération…

Sujet  : Science, recherche-action, connaissances…

Des noms plus libres ont également été proposés  :

BOSS  : Boutique Occitane de Sciences Société

COCORICOS  : CO-COnstruction de Recherche Innovante de COnnaissances pour la Société

FOSC  : Fabrique Occitane des Sciences Citoyennes

Tentative de méthode participative

Un nuage de post-it a ensuite permis à chacun d’exprimer ses attentes ou sa vision du projet d’une

Boutique des Sciences. Dans le même temps il était proposé à chacune des personnes présentes dans

la salle d’indiquer son niveau d’implication possible dans cette prochaine BdS, avec quatre niveaux

possibles :

Gouvernance / conseil d'experts / porteur de projet / être tenu informé

Pour l’instant seuls des chercheurs sont intéressés par les missions pourtant centrales de gouvernance

et de conseil « d’expert  » (le mot « expert  » a également été discuté, conseil d’orientation ou de

reformulation conviendrait peut-être davantage). Il manquait cependant encore une vision claire des

charges, rôles, relatifs à ces niveaux d’implication, c’est donc un point qui sera re-discuté pendant les

ateliers scénarios qui constituent l’étape suivante dans la construction d’une BdS.

Cet exercice collectif a également permis de montrer la difficulté qu’il pouvait y avoir à utiliser des

méthodes d’animation participatives.

5) Difficultés de l’atelier de présentation

Ces deux sessions, bien que réussies au vu de la richesse des échanges, ont cependant souffert de

quelques lacunes, que nous détaillerons ici dans une optique d’amélioration continue.

La forme peut-être trop universitaire et peu interactive des exposés a peut-être été à l’origine de la

désaffection d’un certain nombre de personnes entre les deux sessions, qui s’est traduite par un

nombre inférieur de participants dans la seconde session (passé de 80 à 50). De même la séance des

post-it, qui se présentait comme un exercice interactif n’était au final pas assez claire (ni pour le public

ni pour les organisateurs…), elle aurait mérité plus de préparation et une formalisation de la trame

d’animation.

Pendant cet atelier un choix a été fait de ne pas distinguer chercheurs institutionnels et membres

d’associations, afin de rappeler que les savoirs sont d’égales valeurs, que la société civile peut être

porteuse d’une démarche de recherche et que les acteurs de la recherche peuvent être porteurs d'une

démarche civile. Une répartition des différents acteurs selon une distinction qui se base sur les

méthodes d’actions et l’identification de leur environnement d’action aurait cependant permis de

collecter des données sur l’origine des participants, afin de quantifier la part de chacun dans le collectif

et de réduire l’impression finale qu’il y avait une majorité de chercheurs institutionnels dans le public.

Faire circuler une feuille de renseignements à remplir de façon non obligatoire aurait été souhaitable

pour permettre aux participants d’indiquer leur milieu voire leur implication souhaitée, et de collecter

les adresses des personnes intéressées. Cela nous aurait permis d’obtenir une estimation du «  rapport

de disponibilité  » entre associations et chercheurs institutionnels à cette période de l’année,

particulièrement chargée pour les paysans membres d’associations.

Le peu de temps disponible pour la réalisation et l’analyse des résultats a déjà été souligné, et nous

pouvons rappeler à titre de comparaison que les enquêtes de préfiguration des BdS de Lille ou de Lyon

ont chacune duré plus d’un an. A une autre échelle, une discussion et un point clair sur ce qu’on

attendait du stagiaire pendant l’atelier de présentation (qui n’a certes pas non plus pris l’initiative d’une

telle rencontre) auraient peut-être facilité mon implication : je me suis en effet senti un peu désengagé

de mon rôle pourtant prévu d’assistant animateur.

IV] Perspectives

A la suite de cet atelier de présentation, la méthode de « fabrication  » d’une Boutique des Sciences

proposée par Science Citoyenne et que suit BEDE préconise l’organisation d’un atelier dit « Atelier-

scénario  », qui permet de formaliser un peu plus la structure.

BEDE souhaitait initialement organiser l’atelier scénario en septembre, cependant devant l’importance,

pour la suite du processus, d’une bonne organisation de l’atelier scénario et du choix des participants,

cet atelier a été reporté à fin 2017. Des participants dont des praticiens concernés ayant déjà été

repérés pendant les Laboratoires Hors Murs, cet atelier ne s’appuiera pas forcément sur tous les

participants du premier atelier de présentation comme cela est classiquement le cas pour le montage

d’une BdS, mais privilégiera des praticiens familiers des Laboratoires Hors Murs et du projet de BdS en

Occitanie. Ce report de date permettra également de connaitre l’ampleur des financements

disponibles, qui ne seront validés qu’en octobre, afin de réfléchir sur des bases concrètes.

1) L’atelier scénario

Il avait initialement été imaginé que l’atelier-scénario prendrait place pendant le mois de l’agroécologie

en septembre, afin de disposer des acteurs associatifs du monde paysan qui avaient prévu de se libérer

à cette période, mais aussi car des financements de la région étaient prévus.

Suite au report de financement de la Région et parce qu’aucun acteur initiateur, en particulier

l’association BEDE ne peut s’autoriser à auto-financer l’organisation de cet atelier sans garantie de

financement externe, ce rendez-vous a été reporté de quelques mois, les membres des associations

paysannes étant de plus davantage disponibles en hiver.

Cet atelier-scénario qui sera aussi organisé en deux temps, permettra ainsi aux différents acteurs qui

souhaitent contribuer à la naissance et au développement de la Boutique des Sciences en Occitanie

d'échanger leurs points de vue, souhaits, attentes, doutes, critiques et suggestions autour de ce projet

afin de le concrétiser.

Concrètement, il s’agira de  :

- définir collectivement l’objectif de la BdS de Montpellier/Occitanie

- de s’accorder sur une vision partagée du dispositif (statut, organisation, gouvernance, nom,..),

- de répartir les premières étapes (réalisables à court terme) entre les participants,

- enfin de développer un plan d'action pour mettre en œuvre à plus long terme le schéma de

fonctionnement collectivement accepté.

Ces différentes étapes mises en discussions sur deux demi-journées permettront ainsi d’échanger pour

répondre à 4 objectifs complémentaires :

  • identifier Les divergences et Les similarités de perception entre Les acteurs
  • définir ensemble des perspectives et visions souhaitables
  • se répartir Les actions qui aboutiront au schéma de fonctionnement souhaité par tous
  • prendre conscience des problèmes à venir

La méthodologie privilégiée pour ces deux demi-journées est détaillée dans un «  Livret du

participant  » (annexe vii), inspiré largement de ce qu’avaient proposé les acteurs de l’association

Sciences Citoyennes pour le montage de la BdS de Lille.

Les participants à ce futur atelier ont été pré-identifiés. L’enjeu est qu’ils soient équitablement

représentés par catégorie d’action, en étant peu nombreux pour que les discussions puissent avoir lieu

plus facilement. Ainsi ce prochain atelier comprendra 20 personnes issues de 4 groupes acteurs  :

Associations, Chercheurs, Bailleurs, Etudiants.

Il s’agira alors de préciser collectivement un schéma de fonctionnement précis, peut-être en partant

du fonctionnement proposé par BEDE suite aux expériences des Laboratoires Hors Murs. Cependant, il

est clair pour tous que le fonctionnement de la future BdS ne doit être défini ni par BEDE ni par la MSH,

ni par un bailleur  : il ne s’agit pas d’imposer un modèle juridique et/ou de fonctionnement qui

conviendrait à l’un ou à l’autre, cela devra être décidé avec l’accord - ou du moins l’expression - de tous,

à la fin de l’atelier scénario.

Afin cependant de donner une idée de la diversité et de la complexité des activités possibles de la

future BdS, BEDE propose sa vision, (annexe viii), qui sera confrontée aux attentes, besoins et visions

potentiellement différents des autres acteurs. A noter qu’il ne s’agit que d’une structure de

fonctionnement, et non d’une structure juridique qu’il serait présomptueux de poser dès à présent.

2) La phase transitoire

Suite aux décisions prises pendant l’atelier scénario, des actions seront à réaliser par les différents

groupes responsables dans les mois suivant, afin d’arriver à une structure fonctionnelle d’ici la fin de

l’année civile.

3) Les projets-tests

Les projets-tests, dont les modalités de choix seront à préciser pendant l’atelier scénario pourront ainsi

prendre place, dès le début de l’année 2018, après l’atelier-scénario.

La bonne réussite de ces différentes phases passe par une implication forte des participants pendant

l’atelier scénario, mais également à sa suite car c’est eux qui réaliseront les actions décidées

collectivement. C’est pourquoi il est important que l’association BEDE s’assure de la motivation et de

la compatibilité de ses membres et des participants de l’atelier scénario, et c’est pourquoi BEDE

sélectionne pour partie des personnes avec lesquelles elle sait pouvoir collaborer rapidement.

V] Conclusion

Ce stage, malgré sa courte durée, m’a permis d’échanger avec de nombreuses personnes. Les réflexions et

les interactions entre le monde de la recherche et la société qui s’y sont développées m’en ont fait saisir la

complexité, et la nécessaire adaptation de toute co-construction à chaque contexte. En effet, les points de

vue et les attentes des acteurs intéressés sont différents entre les différents groupes (chercheurs,

associations, étudiants) mais aussi au sein même de ces groupes. De plus, chaque projet de co-construction

prend place dans un milieu associatif et institutionnel qui varie, et avec lequel il faut rentrer en interaction

pour le connaitre et pour se faire connaitre.

J’ai également approfondi ma vision du monde associatif, notamment au niveau du rôle des associations

militantes et/ou professionnelles qui n’ont pas les mêmes exigences que les associations étudiantes. Je

n’avais ainsi que peu conscience de l’importance des stratégies, basées sur la compréhension fine du

fonctionnement des institutions et des jeux politiques, qu’elles doivent mettre en place pour faire évoluer

la société vers les valeurs qu’elles défendent. Ainsi, même si ce stage m’a permis de prendre connaissance

de la méthode à utiliser pour mettre en place des dispositifs de type BdS, il m’est maintenant évident que

la mise en place dans un autre contexte de ce genre de dispositif est facilitée par la légitimité du porteur

auprès d’un grand nombre d’acteurs différents.

Je pensais de plus avant d’effectuer ce stage qu’une certaine autonomie financière était envisageable pour

ces recherches collaboratives dont les questions émanant des paysans. J’imaginais ainsi des recherches

autours de problèmes techniques, qui auraient été économes car le paysan y aurait été le technicien et ses

terres les parcelles d’expérimentations. Cette recherche aurait certes pu être co-construite, mais elle

n’aurait pas eu la dimension sociale et politique que revendique une recherche co-construite dans une BdS.

Le modèle de la Boutique des Sciences n’est donc pas celui d’un CETA , ni d’un champ-école, et j’ai au cours

de ces quelques mois compris que ce modèle visait une co-construction de connaissances d’un autre type

que la simple connaissance technique. Bien que ces autres dispositifs de recherches se placent dans un

objectif de changement social, ils se restreignent au changement social grâce au progrès technique, ce qui

me semble maintenant devoir être questionné.

Il s’agit donc pour le chercheur participant à un projet type BdS de dépasser une vision « technico-

économique » du praticien, et d’échanger avec lui sur des problèmes qui ont toujours des facettes sociales

et politiques à considérer en elles-mêmes. La question de l’appellation juridique des semences paysannes

est un exemple fort de l’intérêt des paysans pour ces aspects politiques. Cependant même les demandes

plus techniques, par exemple sur les semis direct de vergers sec, n’ont pas pour fondement unique la

maximisation des profits. Or la compréhension de ces problèmes multi-facettes demande de la part du

chercheur une prise en compte fine du système de réflexion et d’action du praticien, et même le partage de

certaines valeurs. Dans l’autre sens, si le paysan veut se faire paysan-chercheur, le modèle des BdS lui permet

d’approfondir des thèmes qui vont au-delà les aspects techniques agronomiques.

Ce stage m’a ainsi fait comprendre que certaines associations ont envie de se rapprocher du milieu de la

recherche sur des thématiques qui ne sont pas uniquement techniques, et que certains chercheurs au sein

d’un grand nombre de disciplines sont également intéressés pour travailler avec ces associations autour de

questions transversales. L’enjeu des BdS est donc de disposer des appuis financiers et institutionnels qui

permettent la mise en place des outils méthodologiques pour mener à bien ces projets de recherches,

lesquels cherchent à faire évoluer la société de façon concertée grâce à un dialogue entre deux mondes.

41 Centre d’Etude Technique Agricole, structure généralement associative, dans laquelle un ingénieur ou un

technicien, souvent salarié, effectue le suivi scientifique des expérimentations menées à l’initiative et chez les

agriculteurs membres du CETA

VI] Références bibliographiques et web

Sur les tiers lieux  : Olivier Cléach, Valérie Deruelle et Jean-Luc Metzger, «  Les “tiers lieux”, des

microcultures innovantes ? », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 46-2 | 2015,

mis en ligne le 21 avril 2016, consulté le 04 septembre 2017. http://rsa.revues.org/1526

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiers-lieu#Diff.C3.A9rents_types_de_tiers-lieux

Sur la recherche action associative : «  L’accompagnateur chercheur engagé  » Dominique Cottereau,

«  Recherches-actions associatives  : Le praticien réflexif ou la recherche sans

«  chercheur  »  », Éducation relative à l'environnement [En ligne], Volume 13 - 1 | 2016, mis en ligne

le 13 mars 2017, consulté le 04 septembre 2017. http://ere.revues.org/302

Sur la “Community-based participatory research”  : https://www.rri-tools.eu/how-to-stk-csos-co-

create-community-based-participatory-research. «a partnership approach to research that equitably

involves, for example, community members, organizational representatives, and researchers in all

aspects of the research process and in which all partners contribute expertise and share decision

e

making and ownership» (projet européen RRI Tools, 7 PCRD)

https://en.wikipedia.org/wiki/Community-based_participatory_research

Sur des «  paysans-chercheurs  » qui peuvent être très orientés vers les aspects agronomiques et

techniques  : https://www.dailymotion.com/video/xphexh

Sur les boutiques des sciences dans les pays du sud  :

Florence Piron, Les boutiques des sciences et des savoirs, au croisement entre université et

développement local durable  :

https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1/chapter/les-boutiques-des-sciences-

et-des-savoirs-au-croisement-entre-universite-et-developpement-local-durable/

«  La recherche participative exemples de programmes publics  », Sciences Citoyennes, 2011.

http://sciencescitoyennes.org/wp-content/uploads/2012/12/Recherche-participative.pdf

«  Les boutiques de sciences comme outils pour les sciences en société  », Bertrand BOCQUET,

http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna62/lna62p24.pdf

«  Promouvoir la recherche participative  », François Veillerette et Christian Vélot, 2017.

https://sciences-critiques.fr/promouvoir-la-recherche-participative/

Rapport Houiller (INRA) sur les sciences participatives  : http://www.sciences-

participatives.com/Rapport

«  Pour une intelligence publique des sciences  » revue Alliage, Isabelle Stengers, 2011.

http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3239